Ce recueil de poèmes (en édition bilingue) est une offrande (terme qui apparaît plusieurs fois) aux dieux (artistiques) à la mémoire principalement et non exclusivement de
Benjamin Fondane.
L'avant-propos de l'auteur, écrit directement en français et daté du 28 mai 1998 commence par : « un volume de vers à la mémoire d'un poète calciné dans un four crématoire auprès d'autres millions de gens vivants pourrait être un témoignage rhétorique de la révolte ou du recueillement propre au pardon. Un livre sur le dérisoire de l'humaine condition de
Montaigne, sinon sur sa grandeur illuminée par “celui qui dans sa paume retient, attendri notre chute”, comme l'écrivait, si je ne m'abuse,
Rilke ».
Son mot de la fin est le suivant : « Mais ce qui n'est pas, peut-être inventé. Quelle joie ! Cela pourrait être la définition de l'Espoir. Qui continue, pareil à la vie après ceux qui sont partis après avoir subi les grandes, les terribles épreuves qui jalonnent toute création… Ils ne sont (plus), mais ils Existent ».
Entre les pages de ce livre qui a échoué dans ma bibliothèque roumaine par je ne sais plus quel miracle de bouquiniste, beaucoup de sensibilité, un ton élégiaque et des portraits esquissés avec raffinement poétique. J'aime beaucoup ce « Bon Dieu qui regarde inquiet le ciel » (p. 55), ces références bibliques et mythologiques.
Benjamin Fondane est élevé au rang d'ange, ange protecteur très certainement.
« Le monde–un déchet dans une vaste
Poubelle.
Un soleil brun se fige.
Un oiseau galactique hulule
Et personne d'Autre que
Le sanglot des derniers condamnés à naître
Dans le galop de cendres du quatrième
Cheval jaunâtre…
Une griffe d'airain trace en calligraphie
L'apocalypse
Sur le ciel… »
(Vox, p. 63)