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sur 879 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il sort aujourd'hui en librairie ! Une soigneuse, connue pour prendre la suite des médecins quand la science a rendu les armes, est appelée à Fond du puits pour veiller sur un jeune garçon. Mais il est temps pour elle de passer le flambeau. Son fils, formé des années durant et destiné à lui succéder, se met en route à sa place, vers cette ville de campagne engoncée entre deux collines basses. Arrivé à destination, amené par le prêtre au chevet du malade, le fils est saisi par l'histoire de la ville et de ses habitants. À travers la langue des choses cachées, une capacité qui, tel un pouvoir magique, permet d'entendre l'indicible, de lire entre les lignes et de voir l'invisible, il ressent la tristesse et les souffrances. Des événements difficiles ont eu lieu au Fond du puits. Des femmes ont été meurtries dans leur chair. Au coeur de ce passé douloureux, le fils identifie deux figures responsables d'un drame intime : le père de l'enfant malade et sa propre mère, déjà venue par deux fois dans le village pour y exercer sa magie.

Si le nouveau roman de Cécile Coulon, se déroule de nos jours, il prend place dans un endroit hors du monde et hors du temps, un lieu où le présent n'est jamais advenu. Fond du puits n'est pas entrée dans la modernité. Il y règne encore les croyances de l'Ancien monde et l'impression tenace d'être enchevêtrée à une terre qu'on ne peut pas fuir. Terre inconnue et hostile, ce village développe chez le lecteur un sentiment d'étrangeté, tout en lui rappelant qu'il ne s'agit pas d'un lieu fantasque, mais bien d'un petit bourg ancré dans la réalité et dans le territoire national. Grâce à cette fondation, Cécile Coulon peut déployer un récit fantastique dans la forme, mais parfaitement contemporain dans ses questionnements de fond, sans recourir aux métaphores ou à l'illustration. Dans une ambiance lugubre à souhait, La Langue des choses cachées se confronte frontalement aux violences contre les femmes, aux non-dits et à la résilience imposée de force aux victimes.

Tout y est intense, bref et terrible. Prenant le contrepied des grandes fresques qui multiplient les scènes mais limitent le langage, Cécile Coulon opte pour un récit resserré, portée par une langue qui ne cesse de se déplier, laissant supposer en sous-texte que la langue des choses cachées est aussi celle qui permet par la puissance du verbe de se substituer au déploiement narratif. Ce format offre au roman la possibilité de glisser vers le conte, le récit mystique, quasi religieux, qui oscille entre atmosphères funestes – on pense à l'approche horrifique de Mariana Enriquez – et poésie sensible, à la fois farouche et réconfortante, à l'image du personnage de la mère.

Lorsqu'un jeune enfant décède, les hommes d'Église, soucieux de rasséréner parents et famille, sans pouvoir se dresser face à l'injustice, disent qu'il y a deux moyens de percevoir de telles tragédies : conclure à l'absurdité de l'existence ou croire dans les mystères de la vie, hors de portée de la pensée humaine. La Langue des choses cachées met en scène cette dualité entre l'absurdité et le mystère. La mère et le fils cherchent à rétablir l'équilibre. Ils accompagnent le mystère et donnent aux événements un sens que les mortels ne peuvent pas discerner. Et en même temps, ils sont eux-mêmes le jouet de l'absurdité, condamné à prendre des décisions iniques pour compenser ou réparer la folie des hommes.

Voilà ce que nous dit le magnifique La Langue des choses cachées : même celles et ceux qui ordonnent le mystère se font dévorer par l'absurdité du monde. Un texte unique et une somptueuse réussite, à mi-chemin entre la réalité et le domaine des forces occultes.
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Prologue et épilogue encadrent une fiction qui fonctionne comme un conte en soulignant sa portée morale et philosophique.
Dans un lieu et un temps indéterminés, la Mère a appris au Fils la langue des choses cachées. Vieillissante, elle l'envoie seul au chevet d'un enfant mourant, dans le hameau le Fond du Puits.
Là le fils entend les voix du passé, les cris des femmes étouffés des générations précédentes, la violence du père. Il reconstitue ce qu'a fait la Mère il y a 20 ans pour effacer les conséquences immédiates de cette violence et va modifier le cours des choses. Son action est alors semblable à la mort qui semble agir aveuglément mais rétablit un autre équilibre.
De courts chapitres d'une prose poétique parfois incantatoire qui dénoncent toutes les turpitudes de la condition humaine et le poids du silence.
L'écrivaine se doit de mettre en mots les choses cachées. Merci Cécile Coulon.
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La nuit encore, la nuit toujours. Dans le Fond du Puits, il semble peu probable que ses rayons réussissent à percer la poix, la noirceur. Non celle de la nuit mais plus ténébreuse encore, celle que renferment les hommes qui y vivent, bien qu'humains, ils ne méritent pas tous d'être nommés ainsi. Eux qui vivent là où les rêves finissent échoués sur un banc de sable, telle une baleine à l'agonie.

Le fils de la guérisseuse la voit, il ne voit que ça. Non avec ses yeux mais avec son corps. Sa mère lui a appris à voir, au-delà du visible, ce qui est, ce qui fut, ce qu'aucun autre ne sait observer.
L'homme aux épaules rouge a tant détruit, tant souillé ces femmes, méprisant leur féminité, méprisant la vie.
Les forces et les saccages du passé agissent malheureusement également sur le présent, rien ne peut les étouffer, aucun placard se saurait étouffer les cris antérieurs à celui qui entend la langue des choses cachées, celle qui répare, celle qui brise, celle qui enflamme tout, celle qui suit son propre plan.

Ce qui n'est pas dit est plus terrible encore que ce qui est évoqué.
Un récit flamboyant, lu en apnée, d'une traite, comme hypnotisé par le feu dans ce qu'il a de plus beau et de plus terrible. L'écriture de Cécile Coulon sait où frapper, et elle frappe fort et vise juste, en plein coeur brisé.
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Parlez vous la langue des choses cachées ?

Il existe sur la Terre, des êtres susceptibles de voir, d'entendre, de percevoir l'indicible.
La Mère, tous la connaisse. Elle prend de multiples apparences. Mais on la reconnait de loin. Elle guérit l'invisible. Elle soigne les maux. Elle connait les remèdes. Elle parle la langue des choses cachées. Inlassablement, chaque jour, elle transmet son savoir à son Fils. Pour qu'il puisse à son tour arpenter la Terre et réparer les autres.

La langue des choses cachées recèle un trésor.
Un conte puissant qui se lie d'une traite, brutalement, comme si notre sort en dépendait.
Un roman qui fleurte avec le fantastique et l'invisible.
Un livre que le lecteur fixe, des tournures poignantes, presque animales qu'il ancre au fil des pages.
La langue des choses cachées, une langue que beaucoup devrait parler, pour éclairer la noirceur humaine.
Une frêle luminosité qui persiste, qui rejette le chaos.

Merci Cécile Coulon pour ce roman d'une puissance vertigineuse.
Je l'ai refermé, à contrecoeur, mes émotions sans dessus dessous, comme si la fièvre m'avait prise. Ma première pensée : "J'aurai voulu l'écrire".
Le talent ne requiert pas forcément d'écrire des pages et des pages : Il suffit seulement de conter l'indicible.
Bravo !

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Nouveauté de cet hiver 2024, je renoue avec Cécile Coulon que j'avais déjà lu et aimé avec Une bête au Paradis. La langue des choses cachées est un titre qui me plaît bien et une couverture tout autant séduisante. Alors j'en profite.

Avec ce roman, je retrouve son univers, cette ruralité brute faite de personnes écorchées par la vie comme par les autres, fatiguées par une forme d'isolement où la promiscuité noue les drames intime du quotidien et cache l'indicible dans une entre-soi nauséeux. La langue de Cécile Coulon, en poétesse accomplie s'accorde à la grâce de cette simplicité et rend parfaitement le malaise du vice latent.

La langue des choses cachées est de ces contes noirs et magnifiques qui remuent, qui prends les tripes pour les mettre sur une table de bois lardées des blessures salies de sa fonction. Cécile Coulon remue la boue et nous éclabousse de sa prose nerveuse et impudique.

J'ai aimé cette intrigue simple, cette touche de magie, ses personnages comme autant d'archétypes à déboulonner. J'ai aimé être écoeuré. J'ai aimé souffrir. J'ai aimé vivre ce roman et pour ça, merci.
Lien : http://livrepoche.fr/la-lang..
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Coupeurs de Feu 🔥 

La langue des choses cachées.

Une touche de gothique,  un soupçon de sacré, une lanque  poétique, une ambiance sombre et lumineuse à la fois, le tout dessine un merveilleux  et fascinant conte initiatique. Entre les mots de Cécile Coulon se glissent la noirceur de nos âmes, les tourments d'hommes et de femmes, la violence et les cris, oppressants, de certains, le silence des autres ; le trait d'union, ici, ce jeune "rebouteux", formé par sa mère, vieillissante, qui vient de se retirer . Il vient d'être appelé, justement, et pour la première fois, il sera seul maître à bord. Semeur d'espoir. D'équilibre.

Le temps d'une nuit, dans la nature, au Fond du Puits, un enchantement. Superbe !

Merci Cécile Coulon.
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Car c'est ainsi que tous les prédateurs se comportent, me dis-je ce matin en observant mon chat dont le regard indomptable semble dépositaire de certitudes étrangères pour moi. Rien n'est plus efficace pour marquer tout territoire que d'en arroser copieusement d'abjections ses limites et d'y semer les restes d'intestins sanguinolents non dévorés de souris ou autres petits rongeurs tels des panneaux signalétiques annonçant le joug de la violence régnant ici en maitre. Car le propos de ce roman est bien la violence inhérente à la condition humaine : elle règne en maîtresse absolue sur la vie des hommes tout comme elle est en est la déesse adorée au pied de laquelle ils y déposent régulièrement leur obole. L'usage de la conjonction causale introduisant le prologue du roman ne laisse aucun doute au lecteur sur les intentions de la romancière et le capture dans les filets du récit pour ne le relâcher que la dernière page tournée. Comme dans toute tragédie grecque, le coryphée – ici le narrateur omniscient - annonce d'emblée le drame à l'oeuvre – puisque constitutif de toute action humaine. « Car c'est ainsi que les hommes naissent et disparaissent, en prenant avec les cieux de funestes engagements ». Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, au nom de la vérité ou de la justice, pour purger le mal et clore la boucle, on peut le justifier, se défendre, argumenter avec logique, le résultat reste le même : chaque vie humaine sème son lot de violences.
Cécile Coulon propose dans son dernier roman une sorte de conte initiatique où elle place un jeune homme naïf – le Fils – dans un moment charnière, celui où reprenant l'activité de guérisseur pratiquée par la Mère jusqu'alors, doit se révéler à lui-même et aux autres en tant que tel. C'est dans l'intervalle d'une nuit peuplée d'ombres et de cris que le jeune guérisseur va sonder les coeurs et les secrets d'une communauté qui se tient serrée au Fonds du Puits pour en accoucher d'une vérité mort-née : comment sauver l'innocence quand chacun par son silence garantit toute impunité à la violence ? le Fils qui est venu pour faire l'exercice de son don devra d'abord défaire les noeuds coulants du passé, ceux pendant au cou des villageois comme ceux qui étouffent son propre coeur, noués années après années patiemment par la Mère.
Entendre la langue des choses cachées, c'est laisser parler tout ce qui ne se dit pas mais tout ce qui montre le Mal dévorant, qui formule les maux du corps. C'est le don de la Mère qui en a fait don au Fils et avec lui, les injonctions et les interdits dont le Fils décidera de se défaire lors de sa mue, rituel de passage vers ce territoire où nul retour n'est possible, celui de la prise de conscience et de l'exercice du libre arbitre « en prenant avec les cieux de funestes engagements ». La fin suscitera sans nul doute des débats et elle est justement intéressante en ce sens que - comme une parabole de récit philosophique - elle invite à prolonger la dialectique, dépasser le pour et le contre, le Bien et le Mal, l'ombre pour voir la lumière. Peut-être invite-t-elle aussi au silence pour - à nous aussi - laisser entendre les échos de cette langue des choses cachées ?
Coup de coeur !
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Alors que la nuit s'étend délicatement, s'immisce dans chaque recoin, et recouvre les dernières lueurs d'un jour mourant, un jeune guérisseur arrive dans un village. Il est immédiatement frappé par des visions du passé. du sang, des cris, de la violence. Des vies ont été prises et d'autres bafouées. La langue des choses cachées lui livre les noirs secrets des villageois et l'erreur commise des années plutôt par sa mère.

Avec un lyrisme incroyable, Cécile Coulon enferme le lecteur dans un huis clos hors du temps, qui durera jusqu'à ce que le jour renaisse. Poésie brutalisante, sublime et terrifiante, venez écouter la langues des choses cachées et embarquez pour un voyage mystérieux.
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Oh cet art du conte que nous offre encore Cécile Coulon dans ce livre .
Une impression permanente à la lecture d'être plongée par la puissance allégorique et l'intrigue dans un conte d'avant le vingtième siècle... on pourrait oui se croire dans un temps et un espace du passé lointain, dans les vies ordinaires des femmes, des hommes, des enfants, des "bêtes"...
Et pourtant, le sujet est si brûlant d'actualité : la violence humaine , et qui pour faire rempart à celle-ci, pour "rétablir l'équilibre, l'ordre du monde..."

Ici, un fils ayant appris auprès de sa mère des dons de guérisseurs fait justice...

Vraiment, Cécile Coulon est la seule conteuse contemporaine que je connaisse jusqu'à maintenant en littérature française. Et, je suis bluffée par son talent, ayant lu ses deux précédents livres...
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Il reste de nos cris une poussière qui se love entre les pierres, s'agglomerant aux souffrances multipliées au travers des générations. Il subsiste quelque part des milliers de making-off jamais diffusés, encombrant des esprits catacombes. Seuls quelques explorateurs se risquent à traduire ce langage des choses cachées. 


Cécile Coulon nous conte la légende d'une mère dotée de ce don, et de son fils qu'elle forme en apprenti. Une mère qui se meurt d'avoir tant absorbé de coups passés et de vermine enfouie. Alors son fils se rend au Fond du puits, dans ce hameau encaissé où les âmes s'écrasent entre les collines sombres.


Ce roman court vous est soufflé au coin du feu, par une voix sage qui raconte les hommes violents et les plaies béantes. La poésie fermement tissée par l'auteure nous pousse à aimer et hurler avec ses êtres imparfaits, dans cette campagne quelconque, qui représente l'humanité toute entière. 


"Car c'est ainsi que les hommes naissent, vivent et disparaissent, en prenant avec les cieux de funestes engagements : leurs mains caressent et déchirent, rendent la peau si douce qu'on y plonge facilement des lances et des épées. Rien ne les effraie sinon leur propre mort, leurs doigts sont plus courts que ceux des grands singes, leurs ongles moins tranchants que ceux des petits chiens, pourtant ils avilissent bêtes et prairies, ils prennent les rivières, les arbres ruines du vieux monde. Ils prennent, oui, avec une avidité de nouveau-né et une violence de dieu malade, ils posent les yeux sur un carré d'ombre et, par ce regard, l'ombre leur appartient et le soleil leur doit sa lumière et sa chaleur. Ils se nourrissent des légendes qui font la terre ronde et trouée, le ciel bleu et fauve, ils construisent des Vlles géantes pour des vies minuscules et la haine de cette petitesse les pousse à toutes les grandeurs. En amour, ils ne comprennent rien aux secousses du coeur et du sexe, ils tentent de les apaiser, leurs forces sont fragiles, leurs corps mal préparés aux tempêtes des sentiments. IIs ont trouvé un langage pour tout dire ; avec ce trésor, ils s'épuisent à convaincre qu'ils sont les chefs, les puissants, les vainqueurs. 

Qu'importe qu'ils violent des femmes, des enfants, des frères ou des inconnus, qu'importe qu'ils vident des océans et remplissent des charniers, tout est voué à finir dans un livre, un musée, une salle de classe, tout sera transformé en statue, en compétition, en documentaire. Alors, qu'importe qu'ils incendient des bibliothèques, des villages et des pays entiers, qu'ils martyrisent ceux qu'ils aiment, il faut pour vaincre tout brûler, et regarder les flammes monter au-dessus des forêts jusqu'à ce qu'elles forment sous l'orbe des nuages de grandes lettres illisibles. Qu'importe qu'ils passent sur cette terre plus vite qu'un arbre, une maison, une tortue ou un rivage, ils sont si beaux, avec leurs yeux pleins d'amour et leurs mains pleines de sang, ils sont si beaux, avec leurs corps comme des brindilles, ils se tiennent droit, ils imitent les falaises, ils se croient montagnes ou sommets, ils sont si beaux dans leur soif capable de tarir les sources les plus anciennes, ils sont si beaux dans la timidité du premier baiser, cela ne dure qu'une seconde mais après ils ne seront plus jamais grands. Oui, c'est ainsi que les hommes naissent, vivent et disparaissent. 

Au milieu de cette foule aveugle, titubante, certains comprennent les choses cachées. Ils devinent en silence les grands tremblements du corps, les affaissements soudains du sang, ils pos- sèdent le don, la force. Ils se mêlent aux autres et les soignent, les apaisent, ils ressemblent à des hommes et des femmes mais ils portent en eux des décennies de douleur et de joie, ils connaissent le feu, ils l'ont en eux, ils maîtrisent les flammes. Comme des chiens de berger autour d'un troupeau affolé par l'orage, ces gens-là s'approchent d'un corps et immédiatement le corps parle avec eux, S'exprime, ils entendent, écoutent, répondent, ils guérissent, dans un fond de ferme, près d'un Iit sale, à côté d'un berceau cassé, ils guérissent, voilà, on les appelle pour cela, mais autre chose que nous ne comprenons pas. Cest bien Ils ont appris, très tôt, la langue des choses cachées."

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