Tintin, un monument, fut surtout l'une de mes premières lectures. Alors quoi de plus plaisant que de lire ce complément avec un essai documenté et si bien illustré pour comprendre l'affaire Tintin.
Après les accusations de racisme, d'anglosaxons et d'associations francophones, qui pendaient au fameux album "Tintin au Congo", il fallait bien un droit de réponse, celui du journaliste tintinologue
Daniel Couvreur.
L'objet de la polémique est la représentation des populations noires tant du point de vue graphique que du point de vue de leurs expressions verbales. Cela tient de la caricature.
Pour comprendre ce point de vue, il faut évidemment se remettre dans le contexte de l'époque. En 1930,
Hergé a 23 ans quand cette commande lui revient de représenter la "providence coloniale dans le Congo belge". Avec le bon missionnaire qui éduque les populations "peu civilisés" ou singeant la mode européenne avec haut de forme et redingote.
Hergé considèrera plus tard cet album comme une erreur de jeunesse et le réécrira en partie en 1946.
Ce lissage lui servira à mettre plus de cohérence du point de vue graphique avec les albums suivants . Il ajoute donc des couleurs mais sans effacer tous les passages qui dérangent aujourd'hui, comme le Milou moralisateur qui traite de paresseux les passagers du train déraillé qui rechignent à le redresser ou Tintin qui apprend 2+2 à de grands élèves.
Cela fait que l'album a connu une forme de censure dans de nombreux pays, sauf en Belgique et en France, ou du moins des obstacles, pour éviter qu'il arrive trop facilement entre les mains de la jeunesse.
Racisme non, paternalisme oui. le chef de file de la BD congolaise,
Barly Baruti, ne dit pas autre chose de cet album qui est devenu le symbole d'une page d'histoire parfois tragique mais commune entre les deux pays. Il ne faut donc surtout pas le brûler mais le garder tel qu'il est présenté aujourd'hui. Selon lui, cet album n'est pas un sujet de conversation dans son pays tout juste un prétexte à se moquer de la représentation européenne de leur pays voire de leur continent.
Tintin au Congo n'a pas fait de ses lecteurs des monstres et est donc à lire comme un témoignage d'une époque révolue.