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4,09

sur 1483 notes
Que dire de plus sur Mauvais Genre ? Ce roman graphique est devenue un titre incontournable depuis sa reconnaissance et ses multiples prix en 2014. Chloé Cruchaudet a signé une oeuvre majeure.
L'auteure fait montre de tout son talent pour nous présenter une histoire incomparable dans laquelle les émotions tourbillonnent au gré des différentes nuances de noir et de blanc, de touches écarlates et d'une délicate atmosphère sépia.
Mauvais Genre est un album incontournable de par sa richesse de tons. Nous assistons d'abord à une tragédie, celle d'un homme brave brisé par la Grande Guerre. Cet homme devient déserteur et trouve refuge dans le travestissement, secondé fidèlement par sa femme et son amour inéluctable. Ce qui devait n'être qu'un travestissement de passage, afin de se cacher auprès des autorités, finit par devenir progressivement un mode de vie, une danse libre où sexe libertin et violence du quotidien se côtoient avec panache sans mélodrame.
Mauvais Genre est un album incontournable car il ne nous laisse pas de marbre. Impossible de ne rien éprouver pour ce couple et pour cette relation intense aussi bien cruelle que passionnée, froide et complice... L'auteure a su écrire des personnages forts, que ce soit à travers l'épouse dévouée et le mari marqué. Leur traitement est plutôt surprenant.
Mauvais Genre est un album incontournable par les différentes thématiques abordés. La quête de l'identité, le mode de vie "libertin" dans un climat intolérant , le statut de l'homme , de la femme dans une société cloisonnée par l'intolérable semblent être constamment interrogés avec délicatesse et entrain. Mais ces questions seraient dénuées de sens sans le climat de la Grande Guerre qui apporte à la fois un début et une fin de réponse.
Camille Cruchaudet s'attache à aborder toutes ses thématiques avec un indéniable talent graphique. le noir et blanc auréolé de sépia prédomine tantôt dans une luminosité presque salvatrice, tantôt dans la noirceur radicale des tranchées et du paysage en ruine. le rouge, couleur de LA robe, véhicule aussi bien la violence et l'amour emmenés par le fil de l'intrigue.

Mauvais Genre est un album incontournable car il est révélateur de ce que peut représenter tout le talent du neuvième art.

Merci encore une fois Chloé Cruchaudet pour votre travail.

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Médiathèque, que je t'aime! (Et non, je n'aime pas Johnny Hallyday) Je me mets à lire pas mal de BD. Pour le moment, je n'achète pas n'étant pas encore très à l'aise mais il semblerait que je sache les choisir.


Cette BD est l'adaptation d'un essai que je ne connais pas. J'ai quand même le chique de choisir des BD qui tourne autour de la Première guerre mondiale. Je ne le fais pas exprès. Je le jure. En la feuilletant à la médiathèque, je m'étais dit "elle sort de l'ordinaire. Je la prends". Et effectivement, ça sort de l'ordinaire. L'histoire nous semble bien romantique au début avec ces deux personnes un peu gauche mais tellement honnête. Ce couple nous touche jusqu'à ce que la guerre arrive. Tout va changer.


En effet, Paul déserte. Il va devoir se déguiser, cacher qui il est aux yeux de tous sauf de sa femme afin de survivre puisque c'est bien de cela dont il s'agit. Néanmoins, la guerre a fait son oeuvre sur lui tout comme sa nouvelle identité et les découvertes qui en découlent. C'est parfois déconcertant. Je sais que je n'aurais jamais lu cette BD en tombant sur certaines pages. Ma pudeur en a pris un coup mais pas totalement.

En effet, le choix des couleurs, les graphismes adoucissent la dureté de ce qu'on lit et voit. Que cela soit les morts pendant la guerre ou les bois de paris, rien n'est censuré mais cela ne choque pas complètement. On sait mais on n'est pas dégouté. On nous pousse à ouvrir les yeux sans brutalité. On arrive à comprendre le pourquoi du comment. L'humain est prioritaire. On suit juste la descente aux enfers de Paul qui entraine doucement sa femme dans cet enfer mais jusqu'où?


Autre point positif : le suspens. En effet, on suit un procès mais de qui et de quoi? Jusqu'au bout, on ne le sait pas. On pense savoir mais non. Chaque possibilité est éliminé l'une après l'autre. C'est fait avec intelligence et le soucis du détail.


En bref, une BD flirtant avec l'art qui ouvre les yeux sur les conséquences de l'horreur de la première guerre mondiale.
Lien : https://lessortilegesdesmots..
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Excellent rendu de l'histoire étonnante de Louise et Paul.
Vous pouvez lire l'histoire vraie de ce couple ici: http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20110609.OBS4809/le-travesti-de-14-18.html
et cela ne vous gâtera pas le plaisir de lire le roman graphique que Chloe Cruchaudet en a fait, parce que les dessins sont magnifiques et tellement porteurs d'émotion.
5 étoiles sans hésiter
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J’avais beaucoup entendu parler de cette bande dessinée avant de la lire. Je savais qu’elle parlait du travestissement d’un homme lors de la Première Guerre Mondiale… Et je suis assez partagée : Chloé Cruchaudet montre les horreurs de la guerre et les traumatismes des combattants à travers le personnage de Paul Grappe, l’homme dans toute sa virilité, choqué par la mort de son compagnon, mais aussi toute la folie et la violence qui s’ensuivent…
L’auteur utilise avec beaucoup de justesse son trait de crayon pour exprimer l’amour, la folie ou la peur. A l’époque, le déserteur n’était plus considérée comme un homme et c’est même un délit d’en être un. Et pourtant, la guerre n’est pas considéré comme une chose atroce mais ce sont les hommes refusant le combat, qui sont exécrés...! Je n’ai pas vraiment aimé le personnage de Paul et pourtant, il n’est pas vraiment fautif de sa folie, seulement de refuser d'assister aux morts de ses amis… Toute la dernière partie, pleine de violence et de débauches m’a un peu écœurée mais cette BD a le mérité d’exister et de montrer les différentes folies que les guerres engendrent.
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J'ai gobé cette bande dessinée avec un tel plaisir. Durant la lecture, j'ai ressenti beaucoup d'émotions : de la surprise, à l'effroi, de l'angoisse à la frustration, du plaisir à l'horreur. J'en suis ressortie mortifiée - surtout en sachant que c'est une histoire inspirée de faits réels - !

L'histoire commence juste avant la Première Guerre Mondiale. Paul et Louise se rencontrent dans un bal musette. Tout de suite, c'est l'amour fou. Tout s'enchaîne et ils se marient. Cependant, les premières heures de la guerre sonne et Paul doit partir dans les tranchées. Il y verra l'horreur et la déshumanisation des soldats. Forte tête, il refuse de continuer à se faire tuer au nom d'une patrie qui en fait de la chair à canon. Il quitte le front et devient un déserteur de l'armée. Il doit se cacher et trouve un moyen qui le fait passer inaperçu : il devient femme du nom de Suzanne.

Le couple ainsi réuni va connaître autant de gloires que de déboires. Car personne ne ressort indemne de l'enfer des tranchées et Paul non plus. Il cache son traumatisme et très vite, tombe dans une débauche qu'il veut contrôler. Cette histoire est très poignante car elle n'épargne pas le lecteur et pourtant elle ne cherche pas à nous faire prendre pitié du jeune couple. On les suit dans Paris et dans les coins pas les plus glorieux de la capitale ; on suit surtout Suzanne, personnage extraverti au grand dam de Louise, plus discrète.

Voici pour l'histoire, mais les dessins eux aussi sont magnifiques. On les dirait fait au fusain. La dessinatrice décloisonne l'histoire grâce à des cases de différents formats. Il en va de même pour les teintes : en noir et blanc pour l'essentiel mais certaines touches de couleur apparaissent par ci par là. Ainsi, la robe rouge de Louise devient vite la robe rouge de Suzanne. J'adore également les cases déstructurées petites, grandes, arrondies, en fondu ... Autre point que j'ai apprécié : la première planche. Celle-ci commence en analepse - c'est à dire que la narration revient sur des faits antérieurs après la première planche. Je vous explique ce qui m'a fait sourire dans la première planche : un juge se déshabille pour enfiler une robe ... même si sa robe est celle du barreau et non une robe féminine car c'est ce même juge qui "juge" les actes de Paul comme répréhensibles. J'ai eu l'impression que par cette représentation, Chloé Cruchaudet faisait un pied de nez à tous ces bons penseurs qui jugent avant de regarder ce qu'ils font chez eux.

Cette bande dessinée a été un véritable coup de coeur. Je crois même que je vais me l'acheter pour pouvoir la relire plus tard et déguster les dessins encore et encore. Je me dois quand même d'émettre un avertissement : cette bande dessinée n'est pas à mettre entre toutes les mains ; certains dessins sont vraiment crus et d'autres dépeignent une réalité trop souvent oubliée quand on parle de la Première Guerre Mondiale (je parle bien sûr de la représentation des gueules cassées).
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Mauvais genre est une bande dessinée terriblement d'actualité, traitant du sujet de l'identité sexuelle (en plein débat sur le mariage pour tous et la théorie des genres) et du traumatisme d'un soldat de la Première guerre mondiale (dont nous célébrons le centenaire). Je l'ai repéré avant tout pour les nombreuses critiques positives de la blogosphère et puis parce que je trouvais que les sujets étaient originaux pour une bande dessinée. Et c'est encore une fois grâce à l'opération La BD fait son festival de Priceminister que j'ai eu l'occasion de la découvrir.

La première chose que l'on remarque en ouvrant cette bande dessinée, c'est la qualité des dessins et le parti-pris chromatique : tout est en noir et blanc, à l'exception de quelques rares détails en rouge, qui apportent toute l'énergie vitale au récit. le rouge est à la fois le symbole du sang et donc de la mort, mais aussi du désir et de la vie. Assez contradictoire, tout autant que ce personnage de Paul, qui développe tour à tour deux facettes : son côté masculin et macho lorsqu'il vit ouvertement avant de partir au front, puis son côté féminin et libertin lorsqu'il est déserteur.

Car c'est avant tout échapper au peloton d'exécution que Paul se travestit. Il ne doit sous aucun prétexte être reconnu, alors qu'un avis de recherche pour déserteur est placardé. Il va donc se déguiser, ce qui va lui permettre de sortir de la petite chambre où il était enfermé. Il redécouvre la liberté. Y prend goût. L'argent venant à manquer, il va chercher un travail. En tant que femme, il postule à un boulot de couturière. Et le lecteur découvre avec lui le harcèlement moral et sexuel enduré par les petites mains. Petit à petit, Paul va devenir littéralement Suzanne. Perdu entre sa personnalité première, la peur que la guerre et les atrocités subies lui ont vissée au corps et à l'âme, et une nature féminine qui n'est plus jouée mais complètement intériorisée, Paul ne sait plus qui il est.

Inspirée de faits réels, cette histoire s'appuie sur un dessin fort qui la sert merveilleusement, se faisant tendre par moment, plus âpre et cru à d'autres. Elle pose la question de ce qui fait le féminin ou le masculin en chacun de nous et de la quête d'une identité, le tout dans un décor posttraumatique. Un mélange détonnant.

Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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Tout le monde (ou presque) connaît déjà l'histoire : un homme pour échapper à l'horreur des tranchées va se déguiser en femme pendant… 10 ans, avec la complicité de son épouse. Paul devient donc Suzanne.

Cette histoire est inspirée de faits réels.



Il m'a fallu quelques pages (deux ou trois) pour apprécier le dessin. (Bah oui, je suis novice en matière de bande dessinée et il me faut un peu de temps pour m'ouvrir les yeux !!!) Mais je vous rassure, très vite, j'ai accroché au trait de la dessinatrice, d'une grande finesse, qui traduit parfaitement les mouvements, un trait sensuel, et tout ça dans les teintes des vieilles photos de l'époque, avec juste ces pointes de rouge qui ressortent… le rouge de la mort, des blessures de la guerre, et le rouge de la sensualité, d'une féminité exarcébée…

Le scénario est parfaitement maîtrisé. L'album ouvre sur un procès mais on ne voit pas qui est (sont) l'accusé (les accusés) et surtout on ne connaît pas le motif de l'accusation (ou on croit le savoir… mais non ! c'était pas ça !). La fin m'a donc étonnée (mais peut-être suis-je la seule !), car elle est amenée avec subtilité.

Pour conclure, c'est une BD troublante, avec un homme qui se plaît et se complaît en femme, un basculement d'identité qui va être la cause de la déchirure du couple. J'ai beaucoup aimé ce trouble-là !
Lien : http://krolfranca.wordpress...
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Une BD magnifique en noir blanc et rouge qui revient sur le destin véridique d'un déserteur dans le Paris de la Première Guerre Mondiale puis des années folles. le travestissement, l'homosexualité, les dérives au Bois de Boulogne. C'est une histoire prenante et touchante, originale et sans chichi. On y découvre la vie des femmes à cette époque sombre. Un très bon moment de lecture, et un regard très original sur cette époque.

Une bande dessinée qui a mérité son prix Landerneau!

Critique en entier par ici:
Lien : http://110livres.blogspot.fr..
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Ce livre est inspiré d'une histoire vraie, la vie de Paul Grappe, qui fit les gros titres de la presse à la fin des années 20 grâce à son histoire.

Tout commence comme une jolie romance, un homme (Paul) et une femme (Louise) se plaisent, s'abordent et se marient... Mais nous sommes en 1912 et Paul doit partir faire son service militaire. La guerre éclate, Paul reste sous les drapeaux et part pour le front.
En 1915, alors qu'il ne supporte plus la guerre, il se mutile. Soupçonné par sa hiérarchie, il décide de déserter.
Mais où se cacher et comment survivre alors que les déserteurs comme lui sont destinés à être fusillés, pour l'exemple.
La solution lui apparaîtra naturellement un jour, il lui suffit de devenir Suzanne pour pouvoir sortir librement et avoir une vie "presque" normale.

Avec Paul et Louise, nous sommes plongés dans les années de guerre et le Paris des années folles.

Le livre questionne notamment la santé mentale de ces hommes traumatisés, ayant dû affronter la mort et l'horreur dans les tranchées et pour Paul Grappe, s'ajoute à cela l'automutilation, la désertion et la vie clandestine sous l'apparence d'une femme. Peut-on sortir indemne de tout cela? C'est ce à quoi l'ouvrage de Chloé Cruchaudet tente de répondre.

Je dois avouer ne pas avoir trop accroché. le dessin n'est pas mal, l'histoire intéressante, mais je n'ai pas été embarqué.
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Somptueuse BD qui nous raconte l'histoire vraie du caporal Paul Grappe, déserteur pendant la 1ere guerre mondiale, et qui pour se cacher commence une vie déguisé en femme.

Une façon de survivre, au début. Un jeu avec son épouse. Mais au fil des ans (l'amnistie pour les déserteurs n'interviendra que dix bonnes années après la fin de la guerre), le jeu se transforme en autre chose, détruisant le couple et l'esprit de Paul.

La journée Paul travaille comme couturière, la nuit il est à la recherche de sexe dans le bois de Boulogne, entre orgies et prostitution.

L'auteur nous parle de la difficulté à trouver sa propre identité mais aussi du drame de la guerre. Les souvenirs des horreurs du front hante l'esprit de Paul. le cauchemar de la tranchée, la douleur de voir un camarade tué, la peur de la mort. Même avec des vêtements féminins, même loin du conflit.

Et alors que chaque soldat tentera difficilement de reprendre le cours de son existence après avoir vu tant de sang, le pari de Paul sera double: revenir à la vie en tant qu'être humain ayant vécu une expérience traumatique, et redécouvrir son identité.

Le trait est clair, le minimalisme des couleurs est percutant, le scénario accrocheur, tout est cohérent, solide et parfaitement maitrisé.

Belle découverte.
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