Durant la première guerre mondiale, un aviateur français, qui pourrait être Védrines, est allé atterrir en terre lorraine derrière les lignes allemandes pour y déposer un officier chargé d'une mission spéciale.
François de Curel, dramaturge talentueux, a brodé sur ce thème un drame en trois actes que Claude Autant Lara adaptera au cinéma, en 1960, sous le titre "Le bois des amants".
Cette pièce a été saluée en son époque comme l'une des oeuvres les plus fortes et les plus parfaites du théâtre contemporain.
C'est un drame d'action où l'humanité des personnages ne verse jamais dans le mélodrame. C'est une tragédie émouvante sur l'amour et la mort, la rencontre entre Paul Parisot, un soldat, devenu héros pour l'occasion et Victoria, figure allemande pétrie d'un patriotisme qu'elle est prête à oublier pour un instant d'amour.
Les dialogues, par leur justesse ajoutent à la vérité des personnages et la vieille haine, heureusement aujourd'hui disparue, fait surgir sous le choc violent des circonstances une tragédie abondante en événement et fertiles en péripéties.
C'est un drame construit avec maîtrise, plein d'émotion. Attachée, bien sûr, à son époque par les événements qu'elle évoque, cette pièce est pleine d'un patriotisme qui paraît, aujourd'hui, désuet. Pourtant, à mieux y regarder, derrière l'évocation du sentiment national, apparait, peut-être pour la première fois, comme un éclair traversant le deuxième acte, le point de rencontre des esprits français et allemands.
Cette pièce, qui a marqué son temps, est une oeuvre puissante et tragique qu'il est bon de redécouvrir avec le théâtre du début du vingtième siècle.