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3,64

sur 695 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un très beau roman.
Un très bel hommage rendu avec une jolie plume et une figure de style que je n'avais jamais rencontré, l'utilisation de la deuxième personne.
On a ainsi l'impression que l'autrice parle à son ami perdu, qu'elle lui raconte sa propre vie qu'il n'aurait pas complètement vécu.
On connait la fin dès les premières pages mais on est emmené dans cette histoire et l'envie de comprendre comment il a pu en arriver à une telle extrémité.
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Elle l'avait rencontré parce qu'il était un copain de son petit frère. Elle avait quelques années de plus, il aimait plutôt ça, ils sont devenus amants. Puis amis. Il était brillant, d'une intelligence vive, d'une culture insatiable, d'un charisme rayonnant. Tout le monde l'adorait. Il pouvait aussi se montrer sombre, il s'éloignait alors, de tous, de tout, incapable même de sortir de son lit, tout son grand corps douloureux. Et puis l'horizon s'éclaircissait, sans qu'il comprenne comment ni pourquoi, le goût lui revenait, de travailler, de sortir, de jouir, de vivre. En cycles. Il souffrait de troubles bipolaires mais ne l'a su que tardivement, n'a pas réussi à enrayer les cycles correctement. En 2008, à trente-neuf ans, il s'est suicidé. Catherine Cusset écrit ici un roman à sa mémoire, en s'adressant directement à lui (deuxième personne du singulier, donc), et retrace sa vie mouvementée en se mettant dans le même temps au plus près de ses pensées, de sa vie intérieure – ou de ce qu'elle en imagine. (« Tu sais, Catherine, les gens ont quand même une vie intérieure. » lui avait-il dit, vexé de ce qu'elle avait écrit sur lui dans un de ses romans.)
C'est le douzième roman de Catherine Cusset et je l'ai trouvé très réussi, acéré, nerveux, passionnant dans ses grands mouvements entre les continents, terrible dans ses descriptions de la vie universitaire américaine (où la médiocrité seule semble récompensée…), brillant dans ses citations culturelles, prenant, bien mené et… très froid. Je n'ai à aucun moment ressenti les émotions de la narratrice, et au lieu de penser à de la pudeur, c'est un parallèle avec l'entomologie qui m'est venu. Car indéniablement, si le portrait est minutieux il n'est pas chaleureux.
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L'autre qu'on adorait est l'histoire de Thomas Bulot, racontée par sa meilleure amie Catherine. Dans ce roman, Catherine est la narratrice, elle utilise un "tu" pour désigner Thomas, et non un "il" car, comme elle l'explique dans l'épilogue, « "Il" est trop distant, comme si je parlais de toi à un autre. "Il" te tue encore un peu plus ».

Thomas est mort. Catherine retrace son parcours depuis ses 17 ans à Paris, jusqu'à son suicide à 39 ans. L'histoire de Thomas se passe entre la France et les États-Unis, entre 1986 et 2008. C'est le récit d'un jeune universitaire spécialisé en littérature et cinéma, qui a tout pour lui : l'intelligence, la beauté, les amis, les petites-amies... Malgré tout, il enchaîne les échecs, professionnels et sentimentaux. L'histoire de Thomas est celle d'une chute.

Cette chute est partiellement la conséquence de sa maladie : Thomas est bipolaire. Mais il serait trop simple d'expliquer ses nombreux échecs par ce seul facteur, ce que tente de faire Thomas. Même si le personnage reste attachant vu à travers les yeux de sa meilleure amie, celle-ci ne cache pas ses défauts : Thomas se révèle au fil des pages un personnage égocentrique trop sûr de lui, et qui ne se remet jamais en cause.

L'un des atouts de ce roman repose sur ses nombreuses références historiques et culturelles : le récit est relié aux événements historiques auxquels Thomas assiste (la manifestation contre la loi Devaquet en 1986, le drame du 11 septembre 2001, la candidature d'Obama à la présidentielle...). le récit est aussi traversé par de multiples références littéraires, musicales, cinématographiques... Thomas est un homme cultivé, spécialiste de Proust, dont les mots se font écho au destin du personnage : « Remonte à ta mémoire ce passage du *Côté de Guermantes* où Proust écrit [...] que la mort élit domicile en nous longtemps avant de nous tuer, et que pendant ces années, elle se fait connaître de nous comme un voisin ou un locataire "liant". Ce n'est pas d'aujourd'hui que tu sais que tu vas mourir. Tu le sais depuis toutes ces années où la mort est venue habiter chez toi ».

Dans ce roman, l'auteur, Catherine Cusset, dresse un portrait délicat, comme un hommage à un ami disparu. « Verra-t-on comme je la vois la courbe de ta vie, cette ligne qui prend un grand tournant quand tu pars à vingt-trois ans aux États-Unis et qui, telle une voiture de sport, fonce vers un mur contre lequel elle va se fracasser ? »
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Voilà un livre qui me laisse perplexe. Car j'ai été déroutée par le style narratif à la seconde personne du singulier. (Ce n'est qu'apres l'avoir terminé que m'est revenue à l'esprit le concept de "relation-klaxon" de Jacques Salomé. Peut-être est-ce cela qui m'a gênée? ) L'auteur s'adresse à son ami disparu et retrace sa vie de ses 17 ans à ses 39 ans, l'âge auquel ce garçon brillant et en apparence amoureux de la vie et de ses plaisirs se suicide. Dans les critiques on parle d'empathie rare et je vous avoue que j'ai eu beaucoup de mal à y trouver une quelconque empathie. Des années auparavant son ami avait été profondément blessé par le portrait qu'elle dressait de lui dans un roman en cours d'ecriture dont elle lui avait fait lire les pages le concernant.Il le lui avait exprimé et ce roman-ci est censé réparer cette blessure là. Personnellement, et ce n'est que mon opinion, j'ai trouvé qu'il ne réparait rien du tout et la plume acérée de C. Cusset dresse un portrait sans concessions et sans aménité. A la toute fin il transparaît enfin !un peu de tendresse pour cet '"ami qu'elle adorait". Il n'en reste pas moins que ce roman est formidablement bien écrit et très prenant et que l'on s'attache au personnage et qu'on le suit dans sa descente aux enfers avec passion.
Et vous qu'en avez-vous pensé ?Dites-moi...
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🎶 Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage et l'on oublie la voix
Le coeur, quand sa bat plus, c'est pas la peine d'aller
Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien
Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
L'autre qu'on devinait au détour d'un regard
Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit 🎶
....

Un livre consacré à la perte d'un ami suicidé (on l'apprend dès le prologue), écrit comme on écrirait une éloge funèbre. Catherine Cusset s'adresse, avec un tutoiement, à Thomas Bulot, un jeune universitaire brillant, ami de son frère et qui a été son amant, puis son ami.
Le tutoiement est à appréhender, il peut surprendre. Un détail, parce que l'écriture de Catherine Cusset est très belle.

Sans aucune concession, elle retrace la vie de Thomas, la fin du lycée en 1986, son parcours universitaire chaotique aux États-Unis, ses amours fous et sincères, ses doutes et ses espoirs, ses excès, ses abus...Une homme adoré de beaucoup, un « être poétique » comme il se définissait lui-même, une personnalité mouvante, qui rattrapée par certains troubles psychologiques et la détresse qu'ils engendrent, se cogne et sombre ...

« Tu es parfois sujet à des accès de dépression pendant lesquels ta vision du monde est d'un pessimisme absolu. C'est le cas en ce moment. Tu as hésité à me parler de cette humeur qui envahit ta vie, telle une marée noire et tue en toi tout désir, de ce vide qui t'engloutit comme des sables mouvants. »

Un livre qui fourmille de citations littéraires, Proust notamment - Thomas écrit une thèse sur "Proust et le classicisme" -, et de références musicales.

Catherine Cusset rend un très bel hommage à cet ami disparu, un hommage poignant, empreint de vérité et écrit dans un style acéré. Elle se souvient de ce beau parcours de vie, elle le retranscrit avec lucidité, elle interroge aussi...

« Tu vas mieux. Sans raison. Ton énergie revient avec le printemps. Quand tu te réveilles le matin, la journée ne t'apparaît plus comme un désert impossible à traverser. »

J'ai dévoré ce livre mais un petit hic, malgré tout, je m'attendais à davantage d'empathie de la part de l'autrice/narratrice, de charge émotionnelle. L'emploi du "tu" y est certainement pour quelque chose.

Néanmoins, une belle lecture.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Les années 1980, les potes, les copains, les "à la vie, à la mort", ceux qu'on garde malgré le temps qui passe, la distance, les difficultés. Dans ce groupe, Thomas, c'est l'étoile ... Tout est plus avec lui : plus fort, plus beau, plus grand. Il rayonne, c'est un concentré de talents, de dons, de charme (il séduit tout le monde et les femmes en premier). Toutes les fées se sont penchées sur son berceau et lui tout donné, surtout la dernière, celle qu'on ne voit pas, qui attend son heure, dont le poison distillé sourdement, va aboutir 20 ans après le groupe de copains, à l'âge où l'on dit que les hommes changent de conjointe ou s'achètent une grosse cylindrée rouge (la quarantaine, quoi) au suicide de Thomas entre Veuve Cliquot et anti-dépresseurs.
C'est son histoire et celles de ce groupe que raconte C. CUSSET. L'histoire d'une jeune homme qui ne réussit rien, à qui tout échappe : concours, place universitaire, reconnaissance et aussi l'amour. On garde l'impression d'une course permanente avec cet homme, épuisante, rien qu'à lire ses déplacements, changements, ruptures. Alors que ses copains deviennent adultes, se fixent, évoluent globalement de façon positive, Thomas, malgré son énergie et son courage, vit sur du sable, celui déposé par la méchante fée, qui porte un nom connu maintenant : la bipolarité. Une maladie mentale sournoise qui prend son temps pour s'installer, se déclare autour de 30 ans et dont les très hauts et les très bas, mènent malheureusement régulièrement leurs malades vers une solution extrême. C. CUSSET raconte Thomas, qui fut son amant, lorsqu'elle était plus jeune, Thomas, si difficile à suivre, à soigner, à aimer, à comprendre, Thomas adoré de sa mère, morte d'un cancer, trop tôt partie pour continuer à protéger son fils.
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Un bon roman, dans un style original cependant.
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Thomas est un homme exubérant. Plein de fougue, il traverse sa vie avec passion. le portrait de cet être unique est réalisé par Catherine, la narratrice. Tout d'abord amant puis ami de celle-ci, elle retrace la vie, les espoirs et les échecs de Thomas.

Elève brillant, il est passionné de littérature en particulier de Proust qu'il adule. Il partage son temps entre l'art, les lettres et le cinéma. Malgré son talent, Thomas fait face à un milieu universitaire élitiste implacable qui le contraint à s'exiler en Amérique. Il décide de construire sa vie à New-York espérant y construire sa carrière.

Pourtant, son parcours américain sera jalonné d'échecs et de déconvenues. Ses amours, toujours plus intenses, seront aussi le symbole de ses désillusions.

La narratrice nous décrit un être complexe et retrace toute sa vie avec une précision implacable. Finalement, derrière le rire et l'exubérance, se dissimule un être sombre rongé par la solitude et la dépression.

Le point de vue est intentionnellement distancié. Et pourtant, Catherine Cusset nous fait se sentir au plus proche de Thomas, presque comme si, le roman était construit à la première personne. Si la narratrice nous décrit le parcours d'un de ses plus proches amis, nous avons néanmoins le sentiment d'arriver à percevoir, au plus près, la psychologie du personnage. J'ai aimé ce point de vue extrêmement bien amené pendant tout le roman.

Thomas lui disait « Tu sais, Catherine, les gens ont quand même une vie intérieure ». Ainsi, le mystère plane toujours sur les pensées profondes de Thomas. Il demeure toujours une part inaccessible à autrui.

Un roman psychologique dont on se délecte avec plaisir et qui fait réfléchir sur la part enfouie en chaque individu.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Très bon moment de lecture.
L'auteur nous emmène sur les traces d'un jeune homme très brillant, séducteur amoureux des femmes, spécialiste de Proust, bipolaire, fantaisiste, et fascinant, réussissant à nous rendre terriblement attachant cet homme ultra bobo, toujours fauché, émouvant, se brûlant les ailes alors qu'il a toutes les cartes en main pour une brillante carrière.
Beau portrait, style nerveux, excellent moment.
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Captivant et écoeurant. le contexte historique de la seconde guerre mondiale est abordé avec un angle original. L'ambiance est oppressante, glaçante, le récit captivant sans être pathétique ou caricatural.
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