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sur 693 notes
Bel hommage à un ami perdu, à travers de portrait sans complaisance mais beaucoup de tendresse.
C'est à la fin du lycée, dans les années 80 que la bande se constitue, des étudiants prometteurs, y compris Thomas, même si, déjà, les résultats dont il ne doutait pas ne sont pas à la hauteur de ses espérances. Sciences-Po, c'est un piètre succédané quand on vise Normale Sup. Ça ne marche pas en France, qu'à cela ne tienne, Les Etats-Unis sauront reconnaître sa valeur. et Thomas s'embarque dans des années de déménagements, de postulation, d'amours aussi définitives que transitoires, d'alcool, un peu, d'insomnie, beaucoup, d'exubérance et de déconvenues qui peu à peu sapent les bases fragiles d'une personnalité pas ordinaire.

On est immergé avec Thomas dans le milieu universitaire américain, avec sa hiérarchie des établissements, ses codes internes, sa liberté pédagogique et ses limites infranchissables (le principal piège que Thomas n'évite pas, c'est l'interdiction absolue d'avoir une relation avec une étudiante). Les repères historiques sont également adroitement insérés. c'est une belle évocation, à la fois littéraire et pédagogique, des Etats-Unis de la fin du vingtième siècle, sans oublier les références nombreuses à la musique, et à la littérature, puisque Thomas est un
"vingtièmiste" spécialiste de Proust.

Parlons des amours de Thomas, et de son talent de séduction. Elles sont toutes vite attirées par le charme et le bagout du frenchy, prêtes à passer sur ses excès. Ana, Elisa, Olga (une folle grave celle-là), Nora, elles ont toutes été sincèrement aimées. Aucune n'est restée.

Peu à peu, le portrait révèle les failles qui expliquent le prologue dramatique, avec la découverte du corps de Thomas. Les indices sont subtilement amenés, l'insomnie, les excès, les échecs aussi, dont on ne connaît pas clairement la cause, mais qui pourraient bien être liés à des agissements inopportuns du jeune homme. Pour aboutir à une claire explication qui donne la cohérence et la raison d'être du récit.

Tout cela est très bien fait mais…

Le choix de l'auteur de s'adresser au personnage principal par un tutoiement est une épreuve pour le lecteur. On comprend l'intention, qui correspond à une sorte d'éloge funèbre où l'on s'adresse au défunt, en retardant le moment où l'on ne pourra plus s'adresser à lui. Mais il faut, en tant que lecteur, presque visualiser ce dialogue mortuaire pour suivre l'intrigue. D'autant que c'est Catherine, l'auteur, qui parle. Certes, au fil de la lecture, la gymnastique s'acquiert, mais il faut tout de même un certain temps pour naviguer aisément dans le texte.


Belle écriture (malgré le procédé) pour une belle lecture.

Merci à Babelio et à Gallimard pour leur confiance

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Comment parler de ce récit biographique minutieux et bouleversant qui embrasse à peu près sur vingt ans la vie de Thomas Bulot, le héros, ami, confident et premier lecteur de l'auteur, sans une émotion intense ?

Il s'est donné la mort le 22 avril 2008, à 39 ans, dans l'université où il enseignait, à Richmond, en Virginie .

Du livre, Thomas est tout à la fois le sujet, - le destinataire- .
Il est écrit à la deuxième personne du singulier , au "tu" et la tragique énigme......le mystère......
Tout au long de cette oraison poignante et nostalgique, l'auteur interroge et cerne au plus près les pensées, la subjectivité, la sensibilité instable, aiguë de son cher ami disparu.


Ils se sont connus en 1986, au moment des manifestations contre la loi Devaquet.
Inséparable de Nicolas, le frére de Catherine, Thomas sort beaucoup, il a 18 ans, elle en a 26, et dispose déjà de solides acquis universitaires..
Ils deviennent amants, l'entente est forte et immédiate .
Elle le quittera bientôt mais l'affection demeure intacte, ils resteront amis.
Quand il rate le concours de l'ENS, il part pour les Etats- Unis et l'université de Colombia......
Catherine remonte le fil de son parcours sinueux..Elle décrit ses espoirs, ses histoires d"amour passionnées .
Thomas est entouré d'amis, ils se multiplient autour de lui, à Paris et aux Etats- Unis.

Avec une acuité inouïe elle montre qu'au milieu d'eux, qui le chérissent et lui pardonnent tout, il s'enfonce dans une solitude qu'il tisse à coups de sautes d'humeur, de comportements addictifs, de hauts, de bas, d'inadvertance , d'imprudence, d'accés d'impatience, de caprices qui ruinent ses amours et son parcours professionnel.
Universitaire, il est passionné de Proust et de Nina Simone, spécialiste de cinéma ......Il enchaîne les emballements et les déchaînements , se cogne souvent contre un mur......
Quelle gaucherie innée, quelle malédiction ont- elles conduit ce jeune homme ambitieux, brillant, charmeur et attachant à multiplier au cours de sa brève vie les mauvais choix et les maladresses , les hésitations et les occasions manquées ?
On apprend , à la fin le motif de ses souffrances......
Avec une empathie profonde , elle rend ses fêlures incroyablement palpables au lecteur ........
Elle restitue, interroge ou imagine en remontant la courbe d'une vie ..
Celle d'un être avec ses forces et ses failles jusqu'au dernier moment .......un être partagé entre le soleil et la nuit qu'il finit par choisir !
Un récit musical et bouleversant qui déroule la mécanique implacable d'une descente aux enfers !
L'intimité dévoilée d'un homme souffrant et la restitution de la dignité à un ami disparu .
Dense, cruel, addictif , douloureux et lumineux à la fois !
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Ce récit est un hommage à un ami récemment décédé - il s'est suicidé.
La narratrice, une certaine Catherine universitaire et auteur, raconte la courte vie de Thomas en s'adressant à lui à la deuxième personne du singulier.
Le portrait du défunt est accablant : Thomas apparaît comme égocentrique, de mauvaise foi, immature, manipulateur, s'étonnant des trahisons d'amis et de femmes qu'il ne respecte guère.

Comme dans la plupart de ses ouvrages, Catherine Cusset donne dans l'autofiction, et joue avec les mises en abyme.
Lorsque la narratrice fait lire à Thomas un passage de son manuscrit retraçant sa vie, il est furieux, vexé : « Un texte qui n'est pas seulement blessant, mais mauvais. »
Réaction de Catherine : « Tu es partial, soit, puisqu'il s'agit de toi, mais tu n'as aucun doute. Tu te rappelles la phrase de Proust dans une lettre à son ami Halévy : 'C'est à la cime du particulier qu'éclot l'universel.' Mon livre n'atteint aucune cime ; il ne t'atteint même pas en profondeur. Il reste au ras des pâquerettes. J'ai transformé ta vie en un fil chronologique dont j'ai ôté toute substance pour la juger à l'aune du succès en suivant des critères purement sociaux. » (p. 175)

Verdict lucide !
« blessant, mauvais... ras des pâquerettes, fil chronologique [sans substance] ». Je n'aurais pas osé, mais puisque l'auteur le dit... Ce passage m'a fait un bien fou, résumant parfaitement ce que je pensais du portrait de Thomas dressé par Catherine, « une de ses meilleures amies » (sic).

Le récit tourne en rond, à l'instar de la vie de cet homme qui cumule les échecs professionnels et sentimentaux. On étouffe avec Thomas dans un milieu universitaire étriqué, où les diplômes et la Culture gonflent l'ego mais ne donnent pas les clefs pour s'ouvrir aux autres - monde de requins où l'on se persuade, pour se consoler de stagner, que ce sont les plus médiocres qui réussissent.
Pas d'éclaircie dans cette histoire sombre, mais un éclairage, lorsque Thomas apprend de quoi il souffre. On s'en doutait, mais j'ai trouvé ces pages particulièrement poignantes ; elles m'ont convaincue que j'avais bien fait de poursuivre cet ouvrage que je trouvais jusqu'alors sans intérêt, ennuyeux, mal fichu (je me suis parfois perdue entre le 'je' et le 'tu', alors que je ne suis pas particulièrement rétive à ce procédé narratif).

J'ai lu à peu près tous les romans de cette auteur, mon préféré reste 'Un brillant avenir'. Je n'ai aimé ni 'Confessions d'une radine' ni 'Jouir'.

# playlist : 'Avec le temps' (Leo Ferré), 'Suzanne' (Leonard Cohen), Nina Simone...
~ bibliographie : Marcel Proust, Serge Doubrovsky...

• Merci à Babelio et aux éditions Gallimard.
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Catherine parle à Thomas.
Thomas, pour faire bref, c'est un ex.
Un ex de Catherine.
De Catherine Cusset.
Enfin… de la narratrice.
Enfin on ne sait plus ma pauvre Liliane, avec cette récurrente pratique de l'autofiction chez l'écrivain hexagonal du XXIème siècle, on ne sait plus…

Quoi qu'il en soit voilà la vie de Thomas détricotée par Catherine qui remonte le temps à partir de son suicide (celui de Thomas, pas de Catherine). Je ne spoile rien du tout, le roman commence là, au décès de Thomas, point de fuite des lignes de Catherine qui s'enchaînent, aussi denses et intenses que cette quête de reconnaissance où se consumera l'existence de l'imprévisible et flamboyant Thomas.

On sait que Catherine a voulu rendre hommage à Thomas. Seulement voilà, si j'ai pu suivre le garçon avec intérêt, voire compassion, je n'ai ressenti aucune empathie chez la narratrice, et ça, ça me chiffonne sévère.

Ma lecture achevée je ne parviens toujours pas à dissiper le malaise induit par ce récit paradoxal, analyse pertinente d'un point de vue intellectuel mais curieusement indigente sur le plan émotionnel.

La faute peut-être à cet usage méthodique de la deuxième personne. Le Tu qui tue. Qui tue l'intimité en prétendant la créer. Ce Tu déjà déploré chez Sophie Divry* ou Emmanuel Dongala*, artificiel parti-pris à mon sens, qui complique la narration et suscite la distance, plaçant le lecteur en marge d'un dialogue intime dont il se sent exclu. Pire, ce Tu qui s'adresse à Thomas m'est apparu un peu "jugeant", presque accusateur, au mieux maladroit.
Je pourrais en pondre des kilos comme ça sur cet emploi du Tu qui me turlupine mais bon, on ne va pas passer la nuit là-dessus non plus.

Pour en revenir au roman proprement dit, je constate en conclusion que si brillants que puissent être l'intellect et les beaux diplômes de l'auteure, il manque ici pour moi le souffle universel d'une intelligence émotionnelle, autrement dit l'essentiel de ce qui me touche dans la vie en général et dans un livre en particulier.

Je me doute que mon ressenti sera loin de faire l'unanimité, « mais comment qu'elle se la pète la Lolo avec ses grands mots » pourras-tu donc objecter (oui oui, je dis « tu » parce que moi c'est bien à toi que je m'adresse là). Tant pis, j'assume et résume cette antinomie toute personnelle : J'ai dévoré l'histoire de Thomas, j'ai détesté le regard de Catherine.
Voilà.


* La condition pavillonnaire
* Photo de groupe au bord du fleuve


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Comme Annie Ernaux, comme Anne Wiazemsky, comme Christine Angot, mais avec sa voix bien à elle, Catherine Cusset construit une oeuvre largement autobiographique, dévoilant lentement les pans de sa vie. "L'autre qu'on adorait" pourrait laisser penser qu'elle décentre son regard en écrivant l'autobiographie de Thomas, son ami, suicidé dès le prologue du livre.

Elle le fait sous un forme qui nous tient en haleine : l'oraison funèbre écrite au disparu. C'est Catherine (je) qui parle à Thomas (tu) par-delà la mort, nous faisant ainsi entrer dans l'intimité de leur relation tour à tour amoureuse (il fut son amant) puis amical.

Elle raconte (ou imagine à partir des bribes qu'elle en connaît ?) l'histoire de ce garçon brillant et séduisant dont la - courte - vie fut une accumulation d'échecs. Mais qu'on ne s'y méprenne pas. L'échec d'une vie, chez Catherine Cusset, intellectuelle assumée, normalienne, agrégée, c'est rater le concours de l'ENS ou se voir refuser un poste de professeur à Princeton. La sociologie des livres de Catherine Cusset est bien particulière : des intellos désargentés à cheval sur les deux rives de l'Atlantique.

Pour autant, l'histoire de Thomas n'a rien de nombriliste. Si le monde dans lequel il vit est - comme chez David Lodge - "un tout petit monde", ses tentatives toujours vaines d'y trouver sa place sont poignantes. Sisyphe de l'amour, Thomas tombe amoureux. Elisa. Ana. Olga. Mais, par sa faute ou par celle de ses compagnes, ces relations font long feu. Insuccès identiques sur le front professionnel : après l'échec à Normale Sup, c'est la thèse trop ambitieuse sur "Proust et le classicisme" que Thomas mettra plus de huit ans à boucler, c'est le recrutement dans une université de l'Ivy league qu'il rate par excès de confiance, c'est les séjours décevants dans des petits universités de l'Oregon et de l'Utah... jusqu'au suicide.
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Je n'ai rien contre les héros peu aimables, je ne suis pas à la recherche d'une empathie à tout prix, hein, mais alors faut que ce soit de bons gros salopards qui font vibrer chez toi d'autres sentiments. Cet autre qu'on adorait, c'est juste un intellectuel petit bourgeois maniaco-dépressif, assez insupportable, plutôt veule et égocentré.
Il a été le meilleur ami, après avoir été l'amant, de l'auteur, et malheureusement, moi je ne l'ai pas adoré du tout en lisant le récit chronologique des vingt dernières années de sa vie. J'ai même eu du mal à ressentir l'attraction, le charisme et l'intellect brillant de ce personnage décrit comme tel.

Cela m'a semblé très très très long et ennuyeux car très répétitif ( - conquêtes féminines - échecs amoureux – procrastinations professionnelles – emballements – désenchantement etc ) sans que le singulier de la vie de ce personnage ne débouche sur une réflexion universelle a minima, ce que je recherche lorsque je me plonge dans un roman portrait. Là jamais le récit ne se hisse plus haut que ce personnage somme toute très banal dans ses souffrances.

Surtout, le choix de l'oraison funèbre m'a profondément gênée : dès le premier chapitre, on apprend le suicide de Thomas. L'auteur s'adresse donc à lui et son récit se retrouve littéralement bouffé par un «  tu » envahissant. Cet exercice de style a sans doute empêcher que je vibre alors qu'on sent combien l'auteur a aimé cet ami. Sur les dernières pages, j'ai enfin senti la chair, le sang et l'âme de Thomas, trop tard donc.
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Dans ce livre, est l'auteure reconstitue l'histoire de Thomas, son héros, élève brillant qui va rester marqué par son échec à l'ENS. Il part aux USA pour se construire une « nouvelle vie », « Comme c'est différent de la France, où un simple nom sur une liste marque la réussite ! Ici, quelqu'un s'adresse à toi, te dit le plaisir qu'il aura à te connaître. C'est ta première victoire, le premier but que tu atteins après l'avoir visé ».

Il a un poste et va pourvoir enseigner, commencer sa thèse sur Proust. L'auteure décrit bien la différence entre les deux pays car, elle aussi, vit là-bas, ancienne maîtresse, devenue meilleure amie.

On assiste à cette fuite en avant de Thomas, dans ce pays immense, au rythme effréné, qui semble plus ouvert, dans cette ville qui lui ressemble « Tout de suite, tu te sens chez toi. C'est une ville de la nuit, une ville pour insomniaques.», mais il n'arrive pas à se tenir à cette thèse et se disperse, oscillant entre Proust et le cinéma, autre passion de sa vie et croque la vie à belles dents.

Catherine Cusset parvient extrêmement bien à reconstruire son itinéraire, ses amours et décrit de très belle manière l'alternance des insomnies avec des activités débordantes, les addictions, au sexe, à l'alcool, les amours ratées du fait de sa jalousie et son besoin de dominer l'autre et l'argent qui file entre les doigts… les déménagements d'une ville à l'autre des USA au gré des affectations de plus en plus dévalorisantes et les caisses de livres de livres qu'il transporte chaque fois.

Puis, le trou noir de la dépression, où l'épuisement et le pessimisme sont omniprésents, où il reste durant des jours dans son lit, incapable de bouger tout à plus tard, auquel succède le renouveau du printemps, le regain d'excitation, et les amis qui prennent leurs distances, car c'est un rythme qui épuise.

On pense, bien-sûr, aux monomanies dont parle si bien Stefan Zweig, face à cette fixation sur Proust, objet de sa thèse, et l'auteure sait bien transmettre leur amour pour Proust, émaillant son roman de citations, de références qui donnent envie de se replonger dans « La Recherche… »

Par contre, je m'interroge sur la motivation de l'auteure : Catherine Cusset, écrit-elle sous le coup de la culpabilité ? Elle et ses amis n'ont-ils vraiment rien vu venir devant le comportement de Thomas ? Certes on parlait peu des troubles bipolaires à l'époque, et il était toujours entre deux avions ou deux appartements, difficile à saisir. Veut-elle le faire exister à tout prix ?

Je la trouve parfois cruelle avec Thomas, notamment quand elle lui fait lire un de ses livres, dans lequel elle décrit ses amis et le présente comme « l'Albatros » dont les ailes de géant l'empêche de marcher. Jusqu'à quel point peut-on se servir de ses proches pour écrire un livre ?

J'aime beaucoup le titre, emprunté à la sublime chanson de Léo Ferré : « Avec le temps va, tout s'en va, l'autre qu'on adorait… ».

Un livre très perturbant, intense et dérangeant, qui fait beaucoup réfléchir, interroge, déstabilise le lecteur noyé dans le rythme de la vie de Thomas comme dans l'écriture elle-même, et que j'ai beaucoup aimé.

Note: 8,5/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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L'autre qu'on adorait, c'est Thomas, un jeune homme brillant qui se suicide dans les premières pages du livre et dont on découvre ensuite tout le parcours en forme de dégringolade, faite de hauts de moins en moins hauts et de bas de plus en plus bas...

Si je n'ai pas adoré l' "autre", j'ai adoré le livre ! Il décrit à merveille une personnalité atypique, toujours dans l'excès et le déséquilibre, attachante mais insupportable, et la spirale infernale qui peut broyer ceux qui sortent du cadre.

Je n'ai pas trouvé que Catherine Cusset manquait d'empathie pour l' "autre", car on sent qu'elle l'adore comme elle le déclare dans le titre. Mais j'ai trouvé qu'elle, comme (presque) tous les autres, prenait ses souffrances à la légère, ne tentait pas du tout de l'aider ou juste de l'envoyer consulter, et ne souhaitait le voir qu'aux périodes où il pouvait l'amuser ou lui apporter quelque chose...

Thomas s'est donc retrouvé bien seul devant ses souffrances et sa maladie, et l'amour de sa soeur du bout du monde n'a pas suffi à le sauver. Cette vie gâchée m'a touchée et révoltée. Elle m'a fait réfléchir à la maladie mentale, au soutien qu'on peut apporter, mais aussi plus généralement à ceux qui ne sont pas tout à fait adaptés à la société et n'obtiennent pas le succès qu'ils pensent mériter.
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Tu te caches derrière les mots pour exister. Ils sont ton rempart contre la médiocrité. Tu débordes de vie pour échapper à la mort. Tu aimes les femmes. Tu aimes les séduire. Tes amis sont une bouée qui te maintient à flots. Ta vie est faite de haut et de bas. Tu es parfois porté par la houle puis tu redescends au creux de la vague. La mer se déchaine. La tempête fait rage. Tu n'arrives pas à écrire le livre qui te propulserait vers des sommets radieux. Les femmes finissent par te glisser entre les doigts. Elles ont toutes été l'Amour ultime. Les blessures se succèdent. Les cicatrices tiraillent.
Catherine t'a bien connu et relate ta vie dans un long roman dans lequel tu t'es perdu. le rythme est haletant, effréné. Une parade contre l'ennui. Mais la descente est infernale … inexorable. Parfois tu reprends gout à la vie au travers de nouveaux espoirs. Moi aussi. Mais la fin est dans le prologue. Il n'y aura pas de sauvetage. J'assiste impuissant à ton naufrage. J'essaie de ralentir le rythme de la lecture pour te laisser du temps. le temps de se ressaisir, de se redresser. Mais le niveau de l'eau ne cesse de monter.
Sur la pointe des pieds, je respire les dernières gorgées d'air dispersées çà et là au plafond … Thomas … Thom
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Dans ce magnifique roman, Catherine Cusset nous emmène dans une histoire douce et tragique, bercée par la musique des années 80.
« Avec le temps... Avec le temps, va, tout s'en va L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
L'autre qu'on devinait au détour d'un regard Entre les mots, entre les lignes et sous le fard D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit Avec le temps tout s'évanouit »
Pour que tout ne disparaisse pas « Avec le temps », comme le chante Léo Ferré, la narratrice se souvient de « L'autre qu'on adorait », Thomas, qui vient de se donner la mort dans une chambre d'hôtel.
Thomas qu'elle a aimé d'une amitié amoureuse, sans pacte de fidélité.
Thomas qui a saboté sa vie peu à peu, de ses études à ses amours, de ses succès transformés en échecs, elle dit la trajectoire d'un homme qui avait tout pour réussir et qui va lentement se consumer.
« L'autre qu'on adorait » est un roman lumineux, une méditation sur l'amitié, servi par une magnifique écriture.
J'ai aimé le « Tu » choisi par l'auteure pour s'adresser au héros, ce qui nous le rend plus proche et tellement vivant. Ce mode de narration m'a donné dès le début du roman l'impression d'être intimement mêlée à la vie de Thomas et de Catherine Cusset.
Un immense merci à Babelio et aux Editions Gallimard pour cette belle lecture.
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