Cette nouvelle humanité qui est en train de naître doit être une humanité de débat. Cela est très fatigant mais très passionnant, c'est la source de la vie.
Les délirants disent toujours qu'il faut être fou pour ne pas voir ce qu'ils voient. Les seuls à avoir des certitudes sont les délirants. L'évidence est certainement le plus grand piège de la pensée.
Boris Cyrulnik. – Je vote pour vous ! Je pense que l’Occident est effectivement un fragmenteur – et encore « frag », ce n’est pas sûr ! ...
La parole, c'est à la fois merveilleux et terrible. Vous avez parlé de génocide... En effet, dès l'instant où l'on devient capable d'habiter le monde virtuel - que l'on invente avec nos récits -, on peut très bien se haïr et désirer logiquement se tuer, pour l'idée que l'on se fait de l'autre et non pas pour la connaissance que l'on en a. A cet instant, on échappe aux mécanismes régulateurs de la nature et l'on devient complètement soumis au monde que l'on crée. Et c'est alors le plus moralement et le plus logiquement du monde que l'on fabrique et constitue des génocides."
La fonction maternelle consiste .. à avoir un enfant pour lui donner les moyens de la quitter.
Lorsqu'on travaille avec les enfants sans famille, on se rend compte qu'ils n'ont qu'une idée en tête, "appartenir". Dès l'instant où l'on appartient à une mère, à une famille, à une langue, à une culture, on se constitue son identité, on devient quelqu'un.
On a compris que notre pensée doit fonctionner en faisant un jeu entre l'ordre et le désordre. Le désordre pur, c'est le dissolution générale, l'ordre pur, c'est la congélation générale...
Paul Valéry disait que deux grands dangers menacent l'homme, le désordre et l'ordre. Si l'on vit dans le désordre, l'on ne peut donner forme au monde que l'on perçoit. On perd sa cohérence, on est confus, on part dans tous les sens, on ne peut plus éprouver. Il faut donc un ordre, mais pas seulement, car l'ordre se pétrifie, se transforme en doctrine et finit par être désadapté du monde vivant...
Lire Montaigne, c'est pratiquer une hygiène de l'esprit, c'est s'auto-observer, réfléchir sur le rôle de la civilisation, créer les barrières qui empêchent le déchaînement.
Car se mettre à la place d'un autre, c'est s'enrichir, mais c'est un effort, c'est aller à la découverte d'un nouveau continent mental, d'une nouvelle manière de penser, d'une nouvelle manière d'être homme.