Juliette, une jeune fille qui a seize découvre qu'elle est enceinte de six mois. Ce roman est une longue lettre qu'elle écrit à son enfant à naître, qu'elle a décidé de confier à une famille adoptive. Elle se raconte à lui, explique dans quelles circonstances il a été conçu et pourquoi, après une longue réflexion, elle a jugé meilleur pour lui de le faire élever dans une autre famille. Un très beau texte, finalement optimiste sur la capacité d'une jeune à affronter ce genre de situation qui aurait pu être destructrice.
Avec plaisir, j'ai repris le chemin de
Geneviève Damas, une auteure belge dont j'ai déjà loué les qualités plusieurs fois ici.
Elle aborde ici un thème difficile, en choisissant de se concentrer sur le point de vue de la jeune mère. Son portrait est touchant, exempt de parti pris et brossé avec beaucoup de finesse.
Adolescente, Juliette est tombé amoureuse d'un garçon, comme tant de filles de son âge; il la surnomme «
Bluebird ». le garçon est étranger, de passage dans la ville de Juliette. Il ne cache pas qu'il a une amoureuse dans son pays, mais un coup de foudre pour Juliette l'en détourne. Je n'y ai rien senti de malsain; je ne dirais pas que le garçon est volage, ni qu'il a cherché à dominer Juliette. J'y ai vu une histoire qui entre dans la norme de tant d'histoires entre deux jeunes. Et puis ils ont fait l'amour, tout naturellement, avec tendresse, en pensant s'être prémunis contre toute conséquence indésirable.
Lorsque Juliette découvre sa grossesse, son amoureux n'est plus là. Il est retourné dans son pays. Brusquement.
En manque de réconfort, Juliette quitte la maison de ses parents, qui l'oppressent, pour se réfugier chez sa grand-mère, qui l'accueille avec davantage de bienveillance. D'adolescente insouciante, la voilà devenue adulte, tout un coup, sans avoir eu le temps d'accumuler toute l'expérience qui lui serait nécessaire pour élever un enfant et l'accompagner dans son épanouissement. Aidée d'une psychologue, on la voit entamer une réflexion pour décider de garder son enfant près d'elle ou de le confier à une famille adoptive. Je vous laisse imaginer le poids de cette décision et la maturité dont doit faire preuve cette jeune personne, à mi-chemin entre l'enfant et l'âge adulte, pour la prendre en toute sérénité.
La situation est triste, on pourrait s'en lamenter, on pourrait imaginer une histoire qui se termine avec un ensemble de personnages brisés: la jeune maman, son enfant, ses parents. Mais
Geneviève Damas nous laisse entrevoir une issue plus optimiste, confiante dans le fait que Juliette aura été capable de prendre la meilleure décision, tant pour elle-même que pour son enfant.
Une fois de plus, je suis ravi de mettre en avant une auteure belge en vous conseilleant chaleureusement ce beau texte, écrit dans un style qui évoque celui d'un jeune et qui ne peut assurément pas laisser indifférent.