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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
François, dix-sept ans, est le dernier né d'une fratrie de cinq, dans une famille de paysans, un peu fada, comme il le dit lui-même, mais plein de bon sens.
François est en quête de plusieurs vérités : pourquoi sa mère n'est plus là ? Il ne se souvient même pas d'elle, c'est un sujet tabou, son père pique des colères violentes quand il ose aborder le sujet. Pourquoi sa soeur Maryse qui tenait tellement à lui est-elle partie, l'a-t-elle laissé ? Pourquoi frère Jean-Paul s'est-il jeté du toit ? Pourquoi est-il interdit de passer la rivière ? Pourquoi le père bannit-il ceux qui la franchissent ? Que sont les ruines calcinées qui surgissent des herbes folles sur l'autre rive ?

Déterminé à trouver seul les réponses, il va frapper à la porte du curé du village pour apprendre à lire et pouvoir ainsi enquêter, et fort de ce nouveau savoir, osera-t'il passer cette frontière dressée par son père, malgré sa promesse ?

C'est avec un très beau style narratif que l'autrice nous raconte un bout de vie de ce garçon de ferme candide, à l'humour et l'autodérision remplis d'humanité. Il est peut-être nigaud et légèrement bébête, il a cependant une profondeur d'âme qui devrait servir d'exemple à ses frères indifférents et son père, un vrai rustre.

Cette courte lecture m'a accordé un moment de plaisir intense. Mon seul bémol : j'aurais aimé que ce bout de chemin aux côtés de François soit plus long, j'ai regretté de le quitter si vite.

Merci aux nombreux Babeliamis qui m'ont donné envie de lire ce beau roman !
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François a 17 ans. Mais quand il nous raconte sa vie, on ne le dirait pas parce qu'il parle comme un enfant. C'est décousu, c'est naïf, les phrases partent parfois dans tous les sens. C'est parce que François est un fada comme ils disent. Pourtant, il en a des idées dans sa caboche, même si elle est traversée de courants d'air. Il ne connait que la ferme et ses cochons, François. Il se demande s'il a une mère et pourquoi sa soeur Maryse a traversé la rivière pour ne jamais revenir; mais il ne peut pas poser de questions, son bourru de père le talocherait.

C'est toujours un exercice délicat pour un auteur que d'avoir l'audace de faire tenir le rôle de narrateur à un personnage qui n'a pas les bases pour maîtriser la langue. Souvent, c'est un enfant; ici, c'est un jeune homme de 17 ans, sans éducation. Geneviève Damas a brillamment réussi son pari. Une fois qu'on a pris le pli du style narratif, très vite, on est vraiment avec François, dans sa tête et à ses côtés. Parce qu'il est touchant François, qu'on a envie de le consoler, de le prendre dans ses bras et de lui murmurer que ce n'est pas ça normalement la vie.

Geneviève Damas nous propose ici un merveilleux personnage, un de ceux qu'on n'oubliera pas de sitôt. Parce que sous ses dehors de simplet, il est pétri d'humanité son François, notre François. Et on sent sous la surface qu'il est capable de bien belles choses, que c'est la vie qui ne lui a pas (encore) permis de s'épanouir. Parce qu'il ne semble pas fait du même bois que ses rustres de père et frères, parce qu'il s'est choisi une truie, Hyménée, comme meilleure amie, parce qu'il est prévenant avec la vieille Lucie, parce qu'il est compatissant, empli d'empathie alors que le bonheur semble avoir déserté sa ferme. C'est pour tout cela que l'on aime François et qu'on lui souhaite le meilleur.

L'autrice ne sombre à aucun moment dans le misérabilisme. Son roman est même lumineux sous la crasse et la fange. C'est une pépite, un petit trésor, très dense et très émouvant. Une petite merveille de roman !
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Il a promis, François. Promis à son père qu'il ne passera jamais la rivière. Pourtant, c'est pas l'envie qui lui manque. Surtout depuis qu'il a vu sa soeur, Maryse, l'aînée de la fratrie, passer la rivière, devenir toute petite jusqu'à disparaître. Il a eu beau l'appeler par son prénom, parce qu'il ne trouvait pas les mots pour la retenir, elle est quand même partie. À la ferme, où le travail ne manque pas et où chacun vaque à ses occupations, face à un père autoritaire et dur, à deux frères indifférents et peu affectueux, François trouve du réconfort auprès de ses cochons, Hyménée étant sa préférée. Grâce à l'attention de Roger, le prêtre du village, le jeune garçon tentera de trouver un sens aux mots, retrouver la mère qu'il aurait eue et comprendre tous ces silences, pourtant lourds de sens...

L'on a tout simplement envie de lui crier à François de traverser la rivière et de partir sans se retourner. Car, que peut-il lui arriver de bon dans cette famille ? Un père violent, taiseux, et inculte, deux frères qui ne ratent jamais une occasion de se moquer de lui ou, parfois, de le faire souffrir. D'autant que Maryse avait certainement une bonne raison de partir, c'est sûr. de même que son autre frère, Jean-Paul, qui, lui, est tombé du toit. Si, jusque-là, François n'avait que du vent dans la tête, il va bientôt avoir, grâce à Roger, des voyelles et des consonnes. Et des mots qui vont donner un autre sens à son passé et à sa vie. Les mots de François, on les cueille, on les attrape au vol, on les reçoit en pleine figure, et ils nous laissent pantois, abasourdis, bouleversés. Ils nous frappent en plein coeur de par leur naïveté, leur sincérité, leur besoin de tendresse, leur reconnaissance, leur joie de vivre, leur amour. Alors, oui, François, traverse cette rivière, ne te retourne pas, même si tu laisses derrière toi ces quelques êtres lumineux qui t'auront aidé, épaulé, embrassé. Passe la rivière, François, même si c'est froid...
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Grâce aux commentaires si positifs postés ici, j'ai découvert à mon tour et j'ai vraiment adoré cet "immense" petit récit de 158 pages.
C'est une écriture magique et hypnotique dont on ne se lasse à aucun moment.
Je ne vais pas en raconter des tonnes car tout est déjà magnifiquement relaté dans les autres critiques.
Mon ajout rapide :
Je suis bouleversée par la très grande sensibilité et délicatesse qui se dégagent de ce récit grâce à la plume majestueuse de l'auteure.
Peu importe si on ignore où se déroule cette histoire ni à quelle époque, et de la même façon, on ne prête pas davantage attention à quelques invraisemblances, telles que l'enquête sur l'incendie de la ferme d'en face, où l'apprentissage si rapide de la lecture par François. Il a déjà 17 ans, mais on ne l'apprend que plus tard.
C'est sans importance pour ce récit, car la vérité est ailleurs.
Cette vérité on la retrouve dans les yeux de François, tout au long de la narration. Et quelle narration !
Ce personnage si atypique et sensible, crée en nous instantanément une immense onde d'empathie.
Par ses mots simples, touchants et enfantins à la fois, il nous transporte dès les premières lignes, dans son univers, son point de vue et son ressenti au jour le jour.
Fifi, comme le surnommait sa soeur bien-aimée Maryse qui a traversé la rivière un beau jour sans qu'il ne sache pourquoi, il était trop petit à ce moment là, va se poser les bonnes questions et tout faire pour obtenir des réponses, et c'est extrêmement troublant et attendrissant.
Une histoire inoubliable que je vous invite aussi à découvrir sans la moindre hésitation.

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Voici un roman très sensible et qui m'a comme envoûtée. Francois, le narrateur, est un jeune homme de 17 ans, dans un pays qui ne sera pas nommé. Il vit avec son père et ses deux frères dans une ferme à l'écart d'un petit village. le père est plus que rustre, la mère s'est enfuie (peu après la naissance de François), la soeur aînée Maryse s'est également enfuie (François se souvient d'elle comme de sa mère).
C'est un livre très court (114 pages) mais tout est dit, dans un langage très simple car François est très peu allé à l'école.
François a des amis : Roger le curé, Lucie la vielle voisine et aussi Amélie…et peut-être pourrait il devenir ami avec Fanny, la jeune épouse de son frère Arthur.
Sans compter son attachement pour Hyménée, sa truie…
François apparaît comme un peu simple au départ mais son histoire est loin d'être simple et il sait nous la rendre émouvante, plus même, captivante….
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Chez ces gens - là , monsieur on ne parle pas , au sein de la famille Sorrente, mâle , sauvage, brutale, âpre au gain——ni de la mère Victorine , absente depuis longtemps, ni du frère Jean - François , tombé du toit , ni de l'incendie de la ferme voisine où périt naguère toute une famille et moins encore de la soeur tant aimée de François ——-qui franchit un jour la rivière pour ne plus jamais revenir ——
François , dernier de la fratrie , voit bien qu'il n'est pas comme les autres , naïf , analphabète , «  Un jeune fada qui n'a «  que du vent dans la tête » et ses braves cochons Oscar et Hyménée pour seuls confidents .

Affecté aux tâches les plus ingrates, il est dit pour «  simplet » tenu en une sorte d'esclavage par les siens : le père : hirsute , rêveur et renfrogné , mutique le plus souvent , Jules le frère , attaché aux machines , à la ferme, pas avare de claques et de coups , et Arthur , le blondinet , attaché lui, à vendre sur les marchés les produits de la ferme .

Mais François , face à ces silences insupportables, ces colères du Père , cette violence , ces zones d'ombre , où les mots sont absents , les phrases oubliées, tente de sortir de sa condition misérable , à la recherche de réponses :

Quels secrets lui cache t - on ? .
N'a t- il pas une mère lui aussi ? .
Il apprendra à lire , se créera progressivement , grâce à Roger, le curé ,et d'autres amitiés villageoises , une émancipation , par l'apprentissage , lettre après lettre , de la lecture .
Il désirait tant apprendre à lire afin de déchiffrer les inscriptions sur les pierres tombales du cimetière !
Découvrir ses origines le fera accéder à la conscience de soi grâce à l'accession à l'ouverture et à la culture .

Malgré ce chemin ingrat ,il porte en lui tant de sincérité , de joie de vivre et d'amour !
C'est un livre extraordinaire , construit à la façon d'un puzzle aux pièces qui s'emboîtent jusqu'au bouquet final , très riche d'émotions intenses , qui tiennent le lecteur à bout de bras .

Une écriture virtuose , pétrie de grâce , sensible et généreuse , profondément émouvante d'un itinéraire d'éveil : de l'état brut du manque de mots à la conquête progressive du langage articulé , sur les liens familiaux , les secrets de famille , l'éveil progressif à soi .

L'auteure a trouvé le ton juste , poétique , doux , les mots nous enveloppent , nous bercent et nous touchent au coeur.

Un roman très court, profond ,d'une force émotionnelle peu commune , surtout dans la dernière partie .
«  Tu es un homme ,maintenant , François .
C'est fini d'avoir peur de ton père .
Tu es l'ami des MOTS à présent » .

Merci beaucoup aux amis de Babelio qui m'ont fait acheter cet ouvrage !
François vivra longtemps en nous …
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Si tu passes la rivière, tu sors d'ici et tu ne reviens plus jamais. C'est en d'autres termes ce qu'a dit le père à François, le petit dernier d'une fratrie de quatre. François est comme on dit « différent », là-bas, on dit « fada ». C'est à lui qu'incombent les tâches ingrates, s'occuper des cochons par exemple. Sauf que lui, il les aime, ses cochons, il s'en choisit un pour ami, le câline, museau contre museau. Jusqu'au jour où il le reconnaît sur la table du dîner et sur l'étal de charcuterie de sa famille, au marché. Alors, il en choisit « une », car les truies ont pour elles, reproductrices, d'être gardées plus longtemps.

Ce n'est pas le cas de tout le genre féminin : sa mère a disparu, il n'en a aucun souvenir. Sa grande soeur a quitté la ferme, elle voulait « passer la rivière » et vivre enfin sa vie de jeune femme. Toutes ses corvées sont retombées sur François mais il ne lui en veut pas. Il la regrette tellement !

Avec François, nous vivons la vie de gens simples, voire un peu frustes, où l'école est un moindre souci. Pourtant, lui, il veut apprendre à lire, et c'est le curé, son ami Roger, qui va s'en charger. Et pourquoi veut-il savoir lire ? Pas seulement parce qu'il aime que Roger lui lise L'auberge de l'ange gardien de la comtesse de Ségur. Non, il veut être capable de déchiffrer les noms sur les tombes au cimetière afin de fleurir la « bonne » tombe: celle de sa maman dont plus personne n'ose parler, et aussi celle de Jean-Paul, le frère fragile qui est tombé du toit, honteux paraît-il de ce qu'on a découvert sur ses goûts intimes.

Voilà, nous sommes dans un monde d'ignorance, de préjugés, d'intolérance, de secrets de famille honteux, parmi des gens qui ont pour excuse la dureté des jours et l'abrutissement des nuits. Au milieu de tout cela, comme souvent en littérature, le simple, le bienveillant, le sincère. Qui, avec l'aide d'amis inattendus (un curé amoureux, une grosse femme déniaiseuse de jeunes gens) va à son tour vivre sa vie.

Roman paysan, voyage initiatique plein de jolies images parmi les détails crus du quotidien, sous une plume inventive et sensible, un premier roman plein de charme d'une autrice belge que je continue à découvrir avec grand plaisir.
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COUP DE COEUR !! un vrai, un vrai de vrai...
Un roman qui m'attendait sagement dans un coin de ma bibliothèque, un roman sorti par hasard à l'occasion d'un challenge, un roman à lire et à relire ...
François est le petit dernier d'une fratrie de 4. C'est Maryse sa soeur ainée qui s'est occupée de lui mais un jour elle a passé la rivière sans se retourner malgré la colère du père. François est un peu nigaud, il s'occupe des cochons et vit dans l'ombre des siens, une famille de taiseux où la violence est latente et les secrets bien enfouis .
Comment vous parler de ce roman? j'avoue ne pas trouver les mots adéquats. Comment vous faire partager la magie de l'écriture de Geneviève Damas ? Tout est là en quelques lignes, en quelques pages François croisant le sourire de Roger, le curé du village, François découvrant le plaisir d'avoir un ami, François allant de l'avant sans rien renier, François voulant comprendre le pourquoi du comment. Tendresse, bienveillance, amitié, nature face aux taiseux.
Mes mots sont maladroits mais si l'occasion se présente n'hésitez surtout pas ouvrez ce roman vous ne le regretterez pas!
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François, dix-sept ans et un peu benêt est le dernier d'une fratrie de cinq enfants. Il vit dans une ferme où l'amour et les mots n'existent pas, où les secrets sont lourds comme le plomb.
Il décide de lever le voile sur son passé et la disparition de sa mère dont il ne sait rien et veut comprendre pourquoi il ne peut absolument pas passer la rivière.

Pour l'aider dans son projet, il se rapproche de Roger, le curé du village qui va d'abord lui apprendre à lire.

Livre intense et court, c'est le premier roman de Geneviève Damas dont j'avais déjà adoré Bluebird.
Ici encore le narrateur, François, est le « héros » du livre et j'avoue que j'aime ce style. On est directement plongé dans l'histoire, on vit les évènements avec lui. On aime son cochon et déteste son père.
François, tellement attachant. Un « fada » au grand coeur et à la tête pleine d'air mais qui va tout faire pour essayer de se sortir de sa condition.

Un très très bon moment lecture.

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François Sorrente est un jeune adolescent qui a grandi avec une barrière infranchissable juste en face de sa ferme. Cette barrière, c'est la rivière. Celle que sa soeur Maryse a traversé quelques années auparavant sans jamais revenir. Celle que sont père lui interdit de franchir sous peine d'être banni de la maison familiale.

Ça tombe bien, l'univers de François est si petit qu'il ne voit même pas pourquoi il partirait. Ce n'est pas qu'il est heureux, entouré de son père et de ses deux frères, mais il n'est pas malheureux non plus. En tout cas, c'est ce qu'il pensait avant de se lier d'amitié avec Roger, le curé du village. A force de se côtoyer, une idée folle va naître : François, ce simplet un peu brutal mais au grand coeur, veut apprendre à lire.

En à peine 115 pages, Geneviève Damas crée un univers, une atmosphère et des personnages auxquels on s'attache dès les premières lignes. Dans ce roman, c'est François qui se raconte, avec toute la sincérité que ses mots lui permettent. Son apprentissage de la lecture va aussi apporter son lot de questions, maintenant qu'il peut enfin mettre des mots sur ce qu'il ressent. Où est sa mère ? Pourquoi est-ce qu'il n'apparaît sur aucune photo de famille ? Qu'est-ce qui a poussé sa soeur Maryse à quitter la ferme ? le secret qui entoure la famille Sorrente va se dévoiler peu à peu tandis que notre jeune adolescent découvre le monde.

Geneviève Damas est une véritable voix dans le petit monde de la littérature belge. Dans Si tu passes la rivière, son style évolue au fur et à mesure du récit et de l'apprentissage de François. Une simplicité et une justesse dans l'écriture, riche en métaphores, qui m'a profondément séduite. Il n'y a pas un mot de trop dans ce court roman, et pourtant tout est dit.
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