Au bout de combien de temps se rompt un lien? se dénoue une histoire? L'amour lui, empirait.L'amour idiot,celui qui empêche de vivre.Le désir qui est lui une des portes de l'enfer.
Aujourd'hui encore elle frotte ce souvenir contre sa mémoire et il en sort du chaud, du rouge. Des fulgurances de joie.Elle se revoit, elle se re-sent, entrer dans l'attente comme dans une mer effervescente. L'attendre merveilleusement.
Par un phénomène qui tenait au temps et à l'espace, à l'Histoire et aux lieux, à la violence, par un phénomène qui n'avait rien de magique mais qu'elle voyait distordre l'espace entre eux, les phrases dites par lui devenaient d'autres phrases dans sa bouche. Mot pour mot, les mêmes phrases prenaient un sens qu'elle ne voulait pas. Un sens affreux. Ce phénomène non magique la faisait attendre un homme dont ses ancêtres à elle avaient asservi et massacré les ancêtres. L'exploitation et le massacre se poursuivaient, apparemment, se poursuivaient, oui, avec l'assentissement de certains des siens, mais sans jamais que les siens ne lâchent leur position de dominants.
L'objet précis de son attente - lui, ici. Lui et pas un autre. L'attente était tellement vaste qu'il en était pour ainsi dire dissous. Devenu -lui, cet homme- impossible. Une constellation dont l'existence est connue, visible dans le ciel, mais inatteignable et de ce fait, abstraite, et à la longue, indifférente.
« Elle avait des visions de Kouhouesso ; des apparitions, des éclats. Il travaillait. Il réalisait. Moteur. Ça tourne. Coupez. Elle avait du mal à y croire, du mal à adhérer ; elle était sur un tournage sans jouer. Ne sachant que faire, de ses mains, de ses yeux, de son corps, de ses pensées. Quelque chose flottait, transpiration du monde. Ici à l’Équateur, à la ceinture de la Terre, c’était comme un zona qui faisait lentement comme de l’air qui fige. Tout vibrait dans les blocs de chaleur. Tout gouttait, une grande le tour, en passant par elle, Solange, sur sa chaise. Une maladie qui au terme de la boucle la détruirait. L’Insect Ecran n’y faisait rien : elle se grattait. Des cloques. Kouhouesso semblait insensible aux contingences, il était passé ailleurs, dans la fiction. De temps en temps elle croisait son regard, elle aurait aimé se lever, l’embrasser devant tout le monde, mais à la fin de la journée les pieds de la chaise avaient laissé, dans l’humus permanent, des trous fins et profonds comme ceux des crabe-araignées. »
Il lui parlait du Congo. Pas n'importe quel Congo, pas le petit de Brazzaville, non, le grand de Kinshasa, où très vite il n'y a plus de route mais les longs bras du fleuve.
Et elle était ce fil qu'il avait défait, un personnage détricoté du film, facilement, qui ne manque pas, un spectre qui ne laisse pas le creux de son absence.
Tout vibrait dans les blocs de chaleur. Tout gouttait, une grande transpiration du monde. Ici à l'Equateur, à la ceinture de la Terre, c’était comme un zona qui faisait lentement le tour, en passant par elle, Solange, sur sa chaise.
L'Afrique est une vision d'ethnologue. Il y a des Afriques. Idem pour la couleur noire : une invention. Les Africains ne sont pas noirs, ils sont bantous et bakas, nilotes et mandingues, khoïkhoïs et swahilis.
L'Afrique est une fiction d'ethnologue. Il y a des Afriques. Idem pour la couleur noire : une invention. Les Africains ne sotn pas noirs, ils sont bantous et bakas, nilotes et mandingues, khoïkhoïs et swahilis.