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Connaissez-vous Lydie Dattas ? Elle est poétesse, bénie des fées qui se sont penchées sur son berceau pour lui offrir l'art de la grâce et de la rébellion. Elle vécut durant vingt-cinq ans avec Alexandre Bouglione, dompteur de fauves, issu d'une grande dynastie gitane et appartenant à la famille du cirque.
C'est à cette occasion que le couple accueille un jour dans l'immeuble familial le poète Jean Genet.
À la suite d'une dispute avec le poète, voulant se réconcilier avec celui-ci, Lydie Dattas écrit La Nuit spirituelle. C'est donc le texte d'une recherche de réconciliation, mais dans cette dispute Lydie Sattas fut aussi meurtrie en tant que femme ; aussi ce texte pose aussi la question d'une malédiction spirituelle féminine et plaide l'égalité de l'esprit créateur des deux sexes.
C'est ce texte dont je veux vous parler.
C'est un poème sur vingt-deux pages.
C'est un texte écrit comme on jette un gant après un outrage.
Il prend sa source dans la région de l'âme, un endroit intime que nous possédons et qui nous échappe aussi. Lydie Dattas nous rappelle que les tréfonds de l'âme sont parfois des lieux douloureux et obscurs. La lumière parfois y accède, c'est à la fois un mystère et un miracle.
C'est un lieu désertique, façonné d'errance et de malédiction.
L'auteure parle de l'humiliation d'être une femme, elle convoque pour cela sa chair et son âme. Les mots de cette femme sont un besoin de reconnaissance immense.
Alors nous nous plongeons dedans pour y puiser l'or et la nuit.
Ici, en quelques mots ramassés comme dans un mouchoir, il est question d'intelligence, de beauté, de bonté aussi et de misère. La lumière vient nous éclairer sur les pas et les phrases de ce texte magnifique.
C'est un chant, un cri, une consolation, la face maudite de la beauté, mais aussi l'envers qui capte la lumière de celui qui reviendra peut-être.
La lumière de l'une est faite de la nuit de l'autre.
C'est la lumière d'une femme qui exprime le besoin de liberté et la splendeur du monde, le besoin d'amitié forcément aussi.
Chaque phrase devient alors une vibration, comme celle d'un violoncelle...
C'est l'histoire d'une nuit qui retient l'aube pour écrire ce texte, qui s'incline devant la beauté, qui a mal et déchirant l'âme, s'en échappe pour exprimer une joie à venir.
Ce sont des mots qui touchent, ces mots m'ont ému.
Jean Genet les prit comme une gifle, demanda pardon, je les emporte en moi comme des fragments à la fois douloureux et éblouissants.
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"Je ne veux plus la voir, elle me contredit tout le temps. D'ailleurs Lydie est une femme et je déteste les femmes" aurait dit Jean Genet suite à l'une de leurs rencontres. "Cette parole qui me rejetait dans la nuit de mon sexe me désespéra".
Pour récupérer l'amitié de Genet, sans doute pour lui en mettre plein la vue aussi et se venger, Lydie Dattas écrit ce recueil de poèmes.
Parce que femme, toute pensée, toute beauté, plonge dans les ténèbres. La nuit recouvre tout éblouissement lorsqu'il vient de la femme, l'âme boit l'ombre, la nuit féconde l'esprit, tout est destiné à mourir, à s'enfoncer dans la noirceur, la beauté lumineuse, incandescente, n'est pas pour la femme.
En descendant ainsi, d'un poème au suivant, de plus en plus loin de la lumière, Lydie Dattas, paradoxalement, exalte la spiritualité de la femme et se moque de Genet, qui, suite à la lecture de ce recueil, reste pantois et se repent.
L'écriture est belle, profonde, harmonieuse, mais je l'ai trouvée malgré tout très répétitive d'un poème à l'autre, et l'intention n'est pas d'une évidence absolue. Quant à Genet, il démontre bien qu'on peut être sensible et misogyne.
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La nuit spirituelle de Lydie Dattas réveille ma colère.
Elle trahit et crée une pierre de consolidation du patriarcat. L'hypocrisie d'une femme qui se positionne fictivement dans l'ombre du géni masculin, dans l'obscurité par rapport au créateur de beauté des mâles. Et tout cela pour mériter un regard condescendant de personnes qui finalement nous déleste vers une impasse.
L'impasse de la beauté devenu Dieu et de l'homme (le mâle) devenu créateur. Et elle dans une stase répétitive leur dit, « regardez, je sais reconnaitre votre grandeur et je le reconnais avec vos propres mots ! »
La fin du patriarcat ?
Elle est inscrite dans les évangiles.
Si le patriarcat commence avec Adam et Eve, et Eve enfantant des enfants fratricides, Si La louve nourrie Remus et Romulus, Étéocle et Polynice, Sit Et Vansata et certainement beaucoup d'autres. L'ordre Patriarcal chez les humains s'installe.
Et puis Arrive Marie.
Marie qui conçoit d'elle-même un enfant qui génétiquement serait femme et qui sera homme, Jésus est le premier iel de notre civilisation.
Joseph, un patriarche, Joseph comprend la grande métamorphose qui s'opère et il accepte alors Marie et son enfant. Il s'efface pour eux et devient le père du silence. Il laisse la place a quelque chose de nouveau qui vient de naitre.
Mais le patriarcat ne va pas accepter de se laisser disparaitre sans se défendre. Et 2000 ans après, l'émancipation de la moitié de l'humanité devient une possibilité.
Des poétesses comme Christine de Pisan, Louise Labé, Marceline Desbordes-Valmore, Anna de Noailles, utilise les mots pour créer, en étant ce qu'elles sont elles prétendent à participer à la création du monde au même titre que tous les humains et pas à la façon des mâles dominants de leurs temps.
Mais ce n'est pas le cas de Lydie Dattas. Et je ne peux la déposer sur ce chemin qui conduit l'humanité entière et ensemble. Elle se conjugue au genre dominant et pas en accord de proximité. Je fus très déçu par cette lecture.
Très déçu et finalement je me rends compte que je n'aime ni Jean Genet, ni Jean Grosjean et ni Ernst Jünger.
J'attend la venue de la dernière étape en littérature, « ciel » du iel ! Je ne veux pas voir un star trek ou le commandant et une commandante et que l'histoire intérieur reste la même. Je préfère les Bene Gesserit du cycle de Dune !

Lien : https://tsuvadra.blog/2020/1..
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Lydie Dattas a rencontré Jean genet. Dans ce livre, elle répond poétiquement à ce moment de rejet. Mais, cette réponse est aussi un appel à la reconnaissance littéraire ou peut-être à la reconnaissance féminine, ou indissociablement les deux.
C'est mon premier livre de Lydie Dattas, et je comprends que Ernest Junger, Jean Grosjean et Jean Genet lui-même aient rendu un hommage épistolaire à cette auteure. Quelques pages de ce petit livre et votre vie est repeuplée. Comme l'écrit Jean Genet : « On est giflé par la distance que vous prenez avec le lecteur. Votre parole est comme projetée par un rayon qui viendrait de très loin, et puis la langue est magnifique. Vous êtes une grande grammairienne. »
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Un texte qui fait chaud et froid comme une gorgée d'alcool fort. Puissant et envoutant.
En tant qu'illustratrice on m'a souvent dit, ou reproché un travail sombre, chose que j'accepte, que je reconnais et que j'assume. Cependant il me manquait souvent les mots pour l'expliquer.
Lydie Dattas les a trouvés.
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De la langue de Lydie Dattas naît la plus pure et la plus incisive Beauté. Recueil écrit pour conjurer la malédiction féminine que Genet lui avait si insensiblement jetée à la figure (« D'ailleurs Lydie est une femme et je déteste les femmes »), elle plonge dans la nuit la plus profonde pour, « en lui donnant raison », lui donner « tort ». S'enfonçant dans l'intimité d'une âme à jamais bannie de la lumière et de l'art, Lydie Dattas inscrit le nom des femmes dans la poésie. Car sous sa plume, la nuit brille.
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Un texte magnifique, peut-être trop beau, trop pur, trop exigeant, pour être apprécié par le plus grand nombre. C'est en tout cas comme ça que je m'explique le peu de notoriété de cette excellente auteure.
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Un livre d'une densité poétique extraordinaire, qui, malgré sa forme courte, vous imprègne longtemps. La langue est splendide, classique, maîtrisée, et l'auteur ne lâche pas le thème qui l'occupe. Un bémol toutefois : il semble que par moments la vérité de l'aveu frise, malgré sa sincérité dont on ne doute pas, quelque chose de "surjoué", qui laisse apparaître comme un soupçon de d'artificialité morale.

Mais non, Madame Dattas, les cimes de la spiritualité ne vous sont pas refusée (et vous le savez fort bien).





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