Le cas Tartarin aurait-il pu figurer dans les pages du DSM III, le manuel diagnostique des troubles mentaux ou dans l'un des chapitres de l'ouvrage "Comment gérer les personnalités difficiles" du célèbre psychiatre
Christophe André?
-Ques aco? aurait questionné en retour l'interpelé.
Nan, nan, nan! Je suis un tueur de lions, dix, vingt mille nobles bêtes. A moi, préince, le Sahara!
-C'est un Teur, auraient vertement repris la foule, verdissant sous l'outrage, des tarasconnais avides de ses faits d'armes mirifiques.
Notre Tartarin, c'est un mythe, auraient ils rajouté pour clouer le bec définitivement à ses détracteurs.
Oui,
Alphonse Daudet conteur hors pair, porte parole des gens simples et des doux rêveurs, qui a su chanter la Provence du haut de son moulin,
qui a écrit de nombreux livres à succés comme "
Le petit chose" et dont certains des contes comme "
La chèvre de monsieur Seguin" ou "Trois messes basses" resteront à jamais dans les annales,
Alphonse Daudet donc, a crée ce personnage de Tartarin, petit rentier épris d'héroïsme, vantard,comique, aux moustaches et à l'allure grassouillette d'un 'Hercule Poirot' d'opérette, que l'on étiquetterait à notre époque d'égo surdimensionné, de mytho à tendance schizo pour parler comme dans les magazines branchés. Mais, coquin de sort ! Quel homme, son Tartarin, quel aventurier qui a fait rêver à sa suite ses lecteurs hilares!
Son jardin c'est l'Afrique, son bureau, armé jusqu'aux dents, c'est le monde, il aborde la nuit les ruelles sombres de Tarascon, se ramasse sur lui même comme un jaguar pour contrer d'éventuels attaquants, défie les ombres,et puis il n'y a pas un mais deux hommes en lui, rien que ça! Mi Tartarin-Quichotte, mi Tartarin-Sancho, il y va, car entre croire qu'on y est allé et y être véritablement allé, il n'y a qu'un pas.
Et là, il y est, c'est sûr, on l'a vu partir. Où? Chez les Teurs, pardi, un peu algériens, mésopotamiens, turcs,grecs,africains, c'est que les tarasconnais et la géographie, là aussi, ça fait deux!
-Pan! Pan! Pan!
-C'est lui!
Le fusil crépite, le couteau tangue à la ceinture, la figure rougeoit sous la chéchia, le révolver vibre à peine dans la poche de son pantalon bouffant.
-C'est lui, c'est Tartarin le Teur, tueur de lions.
Et nous voilà aux côtés des tarasconnais à acclamer son retour dans la petite gare de Tarascon non moins célèbre que celle du Figueras de
Dali!
Ah ce Daudet! Quel conteur! Encore un immortel!