AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B00XWQVYE0
Simon & Schuster (30/09/2014)
5/5   3 notes
Résumé :
Nous n’avons pas encore dans notre base la description de l’éditeur (quatrième de couverture)
Ajouter la description de l’éditeur

Vous pouvez également contribuer à la description collective rédigée par les membres de Babelio.
Contribuer à la description collective
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
LA KLEPTOCRATIE DE POUTINE

Un grand avantage des élections dans la démocratie "éclairée" ou "arrangée" de Poutine est qu'elles ne réservent strictement aucune surprise (désagréable) au chef du pays et la "nea-nomenclatura" ou la fine équipe de profiteurs de son entourage, comme le châtelain-boyscout Dmitri Medvedev et le collectionneur de montres exclusives et accessoirement porte-parole du Kremlin, l'autre Dmitri de service, Peskov, qu'aucun journaliste étranger ne prend au sérieux.

Dans son livre, basé sur des années de recherches minutieuses, Karen Dawisha, née en 1949 dans le Colorado aux États-Unis, docteure en sciences politiques, professeur à l'université de Miami à Oxford en Ohio et épouse d'Adeed Dawisha, né à Bagdad, grand spécialiste du monde arabe et professeur à plusieurs grandes universités, analyse comment une si gigantesque corruption est possible et qu'elles en sont les conséquences pour le Russe moyen.

Le sous-titre de cet ouvrage très détaillé (459 pages) est : "Who Owns Russia ?" ou 'À qui appartient la Russie ?'

Annonçons la couleur tout de suite : Les 2 réalités qui me déplaisent foncièrement chez cet ex-officier du KGB sont 1) son rêve de restaurer le territoire de l'URSS avec pour résultats des conflits à toutes ses frontières à la seule exception de la Biélorussie et 2) son vol organisé de l'État qu'il est supposé gouverner, au détriment de son peuple qui doit se contenter de bas salaires et de pensions ridicules.

Mon épouse vient de rentrer de Moscou, où elle a participé à un congrès sur les handicapés, et elle m'a un peu raconté les conditions de vie du moscovite moyen (salaires par rapport au niveau des loyers et prix des produits et services). Pas brillant du tout, malgré les ressources pétrolières et en gaz naturel énormes. Avec la présente chronique, je sais que je n'obtiendrai jamais un visa touristique pour la Russie, mais franchement un pays gouverné par un Poutine ou un Erdogan ne me tente pas outre mesure.

Quelques chiffres pour illustrer l'ampleur des détournements financiers : "Transparency International" estime les frais de corruption à 300 milliards de dollars par an, c-à-d 37 fois plus que les 8 milliards prévus pour des projets d'intérêt prioritaire dans le domaine de la santé, l'éducation et de l'agriculture. La fuite des capitaux se situe à 335 milliards ou 5% du produit national brut. 110 milliardaires contrôlent 35% de la richesse du pays.
À titre de comparaison : dans l'index sur 2017, que cette organisation vient de publier (le 22 février), le pays le moins corrompu est la Nouvelle-Zélande, suivi du Danemark et de la Finlande ; la Belgique et la France y figurent respectivement à la place 16 et 23 ; la Russie occupe la place 135, ex aequo avec le Paraguay et la Papouasie-Nouvelle-Guinée ; le dernier de la classe est la Somalie, à la place 180.

L'histoire de la corruption massive a débuté, en fait, au moment de la perestroïka sous Gorbatchev, fin des années '80. Des hauts dignitaires communistes craignant l'effondrement de l'URSS, ont, soit pour des raisons idéologiques, la survie du Parti comme force dominante, soit pour des motifs personnels, leurs avantages matériels, commencé à mettre en sécurité à l'étranger des richesses du pays. La vente des richesses (pétrole, gaz, or, argent, platine...) et leur investissement hors de Russie furent confiés aux agents du KGB résidents à l'étranger, comme Poutine à Dresde en République Démocratique Allemande. C'est l'époque de l'essor des oligarques et leurs coopérations avec des groupes mafieux sous Eltsine. À ce propos, je recommande l'excellent ouvrage de David E. Hoffman "The Oligarchs" de 2011.

Après son service en RDA, de 1985 à 1990, l'obscur Vladimir Vladimirovitch Poutine (°1952) rentre à sa ville natale de St.-Pétersbourg, où il rejoint le KGB local avec comme couverture conseiller du recteur de l'université, Anatoli Sobtchak (1937-2000). Juste avant son départ pour Dresde, il s'était marié avec Lioudmila Chkrebneva, qui lui a donné 2 filles, Maria (°1985) et Ekaterina (°1986), mais de qui il divorça au bout de 30 ans, en 2013, attiré par le charme de la gymnaste Alina Kabaeva, 33 ans plus jeune que lui, et qu'il installa au Parlement, comme présidente de la commission de la jeunesse.

C'est à partir de 1990 que Poutine met son système en place : la construction de réseaux séparés de fidèles, où il figure comme arbitre, leur promouvant à des hauts postes et leur permettant de s'enrichir scandaleusement. Ainsi, ses potes de Dresde, son premier cercle, deviendront chefs d'entreprises, directeurs de banque et même, comme Yevgeni Shlokov, vice-ministre de l'intérieur. Un 2ème cercle fut mis en place avec la création de la banque Rossyia, où la mafia détendait au départ 18% des actions et dont les avoirs aux États-Unis furent bloqués par Obama en 2014. le 3ème cercle était constitué par des "siloviki" en charge de la sécurité, dont certains occupèrent des postes clés dans sa garde prétorienne, devinrent ministres ou furent liquidés, comme Roman Tsepov en 2004 par empoisonnement aux substances radioactives !
Ce processus est aussi décrit dans l'ouvrage intéressant de Masha Gessen "Poutine : L'homme sans visage" de 2012.

Son départ pour Moscou, en 1996, signifia la constitution de nouveaux réseaux et cercles à un niveau toujours plus étendu et puissant. Sur la liste Forbes de 2013 des hommes les plus riches de Russie la majorité étaient des camarades de Poutine, comme par exemple Gennadiy Timchenko dont la richesse était évaluée à 14,1 milliards de dollars (8% des actions de la banque Rossiya et 16% du géant Gazprom) et 5 ans plus tard, à 16,7 milliards de dollars !

De combien de milliards Vladimir Vladimirovitch dispose approximativement, ni Forbes Russie - dont le directeur Paul Klebnikov a été assassiné en 2004, à l'âge de 41 ans - ni Karen Dawisha n'ont réussi à révéler. Fait est qu'il a des sous partout, en Suisse, Panama et dans tous les paradis fiscaux du globe, mais rarement à son nom. Pour cela il a plein d'amis, tel le violoncelliste, Sergueï Roldouguine, son ami de jeunesse et parrain de Maria Poutina, qui est allé investir quelques centaines de millions à Panama ! Par contre rien que la valeur de ses 5 yachts est estimée à 110 millions de dollars. Probablement une peccadille pour l'homme probablement le plus riche du monde.

Comment Poutine est devenu Premier ministre, puis Président, grâce entre autres à l'oligarque Boris Berezhovsky (mort à Londres dans des conditions bizarres en 2013) , son accord avec Boris Eltsine de ne pas faire poursuivre sa famille pour corruption à grande échelle ; sa guerre en Tchétchénie ; ses réélections ; sa modification constitutionnelle pour être réélu ; la liquidation des gêneurs comme Anna Politkovskaïa (2006), Alexandre Litvinenko (2006), Natalia Estemirova (2009), Anastasia Babourova (2009), Stanislav Markelov (2009), Yuri Shchekochikhine (2003), Boris Nemtsov (2015) etc. ...m'amènerait trop loin. J'ai préféré limiter ma chronique sur l'énorme kleptocratie qu'est devenu son pays par ses soins.

Ce que je trouve parfaitement écoeurant dans ces chiffres astronomiques de gains illicites pour lesquels personne n'est inquiété et sûrement pas puni, c'est qu' un enseignant est obligé de donner des cours supplémentaires pour arrondir ses fins du mois, qu'un médecin gagne juste de quoi nourrir sa petite famille....et que cet énergumène d'oncle Picsou sera, le 18 mars prochain, réélu pour un 4ème mandat, jusqu'en 2022 !
Commenter  J’apprécie          3911


autres livres classés : mafiaVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (4) Voir plus



Quiz Voir plus

Petit quiz sur la littérature arabe

Quel est l'unique auteur arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature ?

Gibran Khalil Gibran
Al-Mutannabbi
Naghib Mahfouz
Adonis

7 questions
64 lecteurs ont répondu
Thèmes : arabe , littérature arabeCréer un quiz sur ce livre

{* *}