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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Connaissez-vous DAZAI Osamu (1909-1948), l'enfant terrible des lettres japonaises ? L'écrivain à la vie dissolue, qui se met à nu dans chacun de ses livres ?

Cette anthologie chronologique de dix-huit nouvelles à la première personne, « certaines étant plus fictives que d'autres"; précise Didier Chiche dans son introduction, permet de donner cent vues du personnage. L'introduction puis les préfaces pour chacune des nouvelles aident à se repérer dans la vie pour le moins chaotique de l'artiste et donnent également des précisions d'ordre culturel.
Osamu a fait de ses tourments, de ses faiblesses, de ses excès, de son dégoût de lui-même, de son désespoir incommensurable, la matière de ses livres. Il se dédouble sans arrêt, du début à la fin de sa vie. Il vous prend d'abord par la manche, vous guide chaleureusement dans sa vie comme dans ses voyages. Il fait de vous son confident, avec auto-dérision, simplicité et drôlerie. Et puis il vous assène des vérités terribles.
L' écriture de Dazaï a bien sûr évolué au fil des ans mais on la reconnaît. Elle a l'air prise sur le vif alors qu'elle est totalement maîtrisée, moderne, riche d'effets et va bien au-delà du récit-confession.
Osamu écrit sur les contradictions du Japon, sa bien-pensance et sa dureté mais aussi sur son désarroi et son humiliation et puis sur sa beauté de toute éternité. Son Japon multi-faces, est raconté dans la formidable nouvelle éponyme. le Fuji c'est Dazaï, quand il devient populaire. Iconique, stéréotypé, laid, vaniteux mais si on fait l'effort de bien le regarder, finalement beau et digne.
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J'ai passé de nombreuses semaines avec ce recueil d'Osamu Dazai. Mauvais signe ? Pas du tout ! Ici, c'était bien pour prendre le temps de déguster chacun des textes. Je ne reviendrai pas sur le contenu de chacun d'entre eux, tellement je me suis évertué à mettre en ligne de multiples citations. En fait, je n'en avais jamais mis autant tirées d'une même oeuvre. Sans être forcément toutes de pures perles littéraires, elles ont le mérite de dévoiler et reconstituer tel un puzzle la personnalité et le destin de cet écrivain finalement assez peu connu en France, et pourtant aujourd'hui très cher au coeur des japonais.

En effet, à travers ces récits, Dazai nous livre tout simplement ses mémoires : une rencontre, un moment dans sa vie, un état d'esprit, lui offrent autant de prétextes à se raconter. Pour saisir d'un trait sa vie particulièrement agitée et tragique, le récit « Huit tableaux de Tôkyô » est sans doute le plus éloquent et complet. Pour faire court, celui qui est né Shûji Tsushima, au sein d'une famille bourgeoise à la nombreuse fratrie, s'est très vite inscrit en rebelle contre son milieu, y compris politiquement, étant attiré par les idées communistes. Il rêve d'une carrière littéraire sans totalement s'en donner les moyens, faute de persévérance et surtout en raison d'un caractère fantasque, mêlant un fort égocentrisme et un manque de confiance en lui chronique. Amoureux des drogues, et de la bouteille, où il engloutit le peu d'argent qu'il gagne, il vit trop souvent grâce à l'aide financière d'un de ses frères. Il en profite, mais très endetté, il se sent coupable et bon à rien. Pourtant, il possède bien un talent littéraire naturel, qu'il gâche trop souvent. Il est obligé de bouger au moment de la guerre, deux habitations successives ayant été détruites par les bombardements. D'abord marié à une ancienne prostituée, il est trompé plusieurs fois, et finit par se séparer de cette femme qui finalement aura sans doute le plus marqué sa vie sentimentale. Il se remariera…Et après deux tentatives de suicide infructueuses plus tôt dans sa vie, il finira à la quarantaine par y parvenir, accompagné d'une jeune maîtresse. Car entre ses fréquents moments de dépression, le bougre est aussi un cabotin qui aime séduire. Une personnalité à la fois autocentrée et masochiste, qui se révèle au fil des pages à la fois agaçante et finalement très attachante, car lucide, mais un poil naïf avec les femmes, et non dénué d'humour et d'auto-dérision. Un adolescent ! Sa mort prématurée laisse à son oeuvre un goût d'inachevé et des regrets. Elle est riche de nombreuses nouvelles, mais force est de constater que ses deux romans phares, La déchéance d'un homme et Soleil couchant, ont été écrits dans les toutes dernières années de sa vie…alors même que, dans l'intuition qu'il ne vivrait pas vieux (il pense très souvent au suicide), il intitulera précisément son premier recueil de nouvelles bien structuré, publié en 1936, « Mes dernières années ». Cent vues du Mont Fuji est une oeuvre clé pour comprendre le parcours de vie de cet étonnant artiste.

Un mot sur le style, qui selon moi est la marque d'un écrivain populaire qui ne sacrifie pas la qualité : à une dominante faite de simplicité, qui flirte parfois avec la platitude, se mêlent de nombreux passages de très haute tenue littéraire. La traduction influant évidemment sur l'impression laissée au lecteur français, il est difficile de dire si cette apparence d'une certaine inconstance en est le résultat où si c'est une caractéristique de la version nippone. C'est probablement le cas, ce qui traduirait l'instabilité de l'auteur dans sa personnalité même.

Un écrivain à découvrir sans faute en ce qu'il s'inscrit parmi les géants de la littérature japonaise du XXème siècle, et parce qu'il est une icône pour une partie de la jeune génération de Japonais.
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Très belle lecture, avec de faux airs de "facilité". on ne peut pas parler de ce livre sans aborder la vie de son auteur; Osamu Dazai, car c'est de lui qu'il s'agit dans cette série de nouvelles plus ou moins courtes. Dazai est né au sein d'une famille privilégiée du Japon, il a trois frères aînés,et je ne sais plus combien de soeurs, deux je crois,et ce n'est pas anodin d'en avoir oublié le nombre , il n'en parle quasiment jamais, contrairement à ses frères.Le père meurt assez tôt dans la vie de cette famille influente, et c'est au frère aîné, âgé alors d'environ vingt ans, de s'occuper de la famille. Dès le début, Dazai montre des signes de "turbulences". Il est l'enfant terrible au coeur tendre, incapable d'exprimer ses émotions, mort de timidité avec tout le monde, la tête pleine de rêve et de projets, mais aussi de dégoût envers tout le monde et de "malaise" quant à ses origines. Il balance sans arrêt entre l'absolue certitude de son génie, et le désespoir complet devant sa "nullité", entre le mépris pour ce que pensent les autres -écrivains ou non- de son oeuvre, et le désir secret, douloureux d'avoir leur approbation. Alors il se comporte honteusement, s'endette, boit, ne finit pas ses études alors qu'il la promis tant de fois- et sincèrement- à son frère afin que celui ci continue de l'aider financièrement. Et quand rien ne va (c'est à dire presque tout le temps), que la douleur l'envahit, il tente de se suicider, plusieurs fois, seul ou accompagné, et se rate à chaque fois , (mais pas celle qui l'accompagne), jusqu'à cette dernière tentative. Sans oublier les maladies, la toxicomanie, la guerre. Cent vues du mont Fuji parle de tout ça, sans détour, simplement, très simplement, avec un style qui semble être l'évidence même de l'écriture, directe, mais tout en profondeur et sincérité. Les descriptions sont limpides, lumineuses. Les nouvelles sont tantôt drôles, tantôt touchantes, et d'autres fois douloureuses (avec l'impression de voir le Tombeau des Lucioles). Et c'est toujours Dazai qui se lamente, se plaint, promet de faire des efforts, avoue ses torts, mais reprend ses vieilles habitudes....et pas une fois il n'est condamnable, parcequ'il souffre, profondément, et c'est superbement retranscrit dans ce livre, donnant envie de voir ce que ça donne avec une oeuvre de fiction.
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Dazai Osamu est mort en 1948, mais il fait toujours l'objet d'un culte au Japon. Pour avoir été en révolte contre une société rigide et conformiste, il demeure l'éternel favori des jeunes gens. C'est un riche héritier d'une famille de classe dirigeante; qui le bannit pour avoir sympathisé avec les idées communistes. de ce fait, il restera très souvent dépendant de son frère, chef de la famille et devra toujours trouver les moyens pour survivre. Ses relations avec les femmes ont été sources de beaucoup de scandales : il a vécu avec une geisha de basse extraction, puis a laissé une jeune femme, qu'il connaissait à peine, mettre fin à ses jours dans le premier des trois "suicides d'amour" et, comble du scandale, il a exploité ces événements pour en faire la source de son inspiration littéraire. Tout cela est décrit ou suggéré de façon romancée dans Les Cent vues du mont Fuji.
Mr Dazai est un écrivain maudit, qui s'est noyé dans l'alcool, les femmes et autres. Ce que l'on ressent à travers ce livre c'est surtout son désespoir, une lucidité cruelle sur ses insuffisances et tout ce qu'il détruit (lui-même et autour de lui). Mais en même temps, les épisodes se succèdent harmonieusement, de façon c'est dynamique, et c'est bourré d'humour et d'auto-dérision. L'épisode du chien errant est hilarante et très savoureuse. Enfin, j'aime la nostalgie dans les descriptions de la vie quotidienne du Japon au début du siècle.
Lien : http://toshoedwige.blogspot...
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Les nouvelles de ce livre sont comme les confessions que nous feraient un ami proche. Petites histoires drôles et cruelles sur la difficulté de vivre, et sur celle du métier d'écrivain. Osamu Dazai ne s'épargne pas.
Le livre est riche en documents photographiques, beaucoup de visages, ceux de sa famille et de ses amis, de ses amours, mais surtout celui de Dazai bien sûr, en noir et blanc, triste et mélancolique.
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