Citations sur La nature exposée (183)
J'écris ce qui m'arrive cet hiver. Quand j'écris, je parviens même à comprendre quelque chose. Je le comprends au moment où j'écris quelque chose. Je le comprends pas au moment précédent. (p. 124)
Dans le bureau du rabbin qui dit au sculpteur :
"Etre condamnés à mort nus. Tel fut le sort de mon peuple au siècle passé, dans le désert d'Europe. Dévêtus avant d'être tués : les assassins répétaient en automates les préparatifs de la crucifixion d'un juif."
Troublé par ces informations, je me cogne à une pile de livres qui s'écroulent par terre. Je suis confus, je les ramasse, je m'excuse. Il m'aide en disant de ne pas m'inquiéter pour les livres.
"Ils ne sont pas fragiles, ils résistent mieux que nous à l'usure, au gel, aux exils et aux naufrages. Leur prodige est de savoir prendre le temps de celui qui lit. On ouvre Homère et on le trouve à côté de soi. On le ferme et il s'en retourne dans ses siècles."
... il existe des livres qui font ressentir un amour plus intense que celui qu'on a connu, un courage plus grand que celui dont on a fait preuve. C'est l'effet que doit produire l'art : il dépasse l'expérience personnelle, il fait atteindre des limites inconnues au corps, aux nerfs, au sang. Devant ce moribond nu, mes entrailles se sont émues. Je sens un vide dans ma poitrine, une tendresse confuse, un spasme de compassion. J'ai mis la main sur ses pieds pour les réchauffer.
Ils sont cocasses ces États qui mettent des frontières sur le montagnes, ils les prennent pour des barrières. Ils se trompent, les montagnes sont un réseau dense de communication entre les versants, offrant des variantes de passage selon les saisons et les conditions physiques des voyageurs.
Je m’arrête, je me campe devant lui. Un écrivain ? Tout est faux, il a inventé cette histoire. Qui peut croire que je rendais l’argent ? On les connaît les écrivains, ils vendent des histoires. L’aubergiste me regarde de travers : «Ne sois pas rabat-joie. Pour une fois que ce fichu pays intéresse quelqu’un. » Quels bobards puis-je lui débiter ? «Avec le succès du livre, d’autres témoins interviewés ont confirmé eux aussi les passages gratis. Ils veulent faire une émission pour nous inviter eux et moi. » C’en est fini de ma petite satisfaction d’être encore utile. L’attention, la publicité mettent fin aux traversées par ici. Je réponds à l’aubergiste que même sur mon lit de mort je ne reconnaîtrai jamais l’avoir fait gratis.
Autrefois, il y avait les explorateurs qui découvraient des peuples inconnus,en fouillant à travers le monde. Aujourd'hui, il y a ces visiteurs qui débarquent sur une terre ferme, qui demandent comment elle s'appelle et où elle se trouve. Ils sont inquiets d'être loin de l'endroit qu'ils ont écrit dans leur poche.
Dans une statue, on doit entrevoir le sang. Ici, les veines sont gonflées jusqu'à l'impossible . Ici est représentée la mort d'un athlète en plein effort.
: il existe des livres qui font ressentir un amour plus intense que celui qu'on a connu, un courage plus grand que celui dont on a fait preuve. C'est l'effet que doit produire l'art : il dépasse l'expérience personnelle, il fait atteindre des limites inconnues au corps, aux nerfs, a sang.
La montagne est mon hospice. Un jour, ce sera elle qui me fermera les yeux et qui les donnera aux corbeaux, leur morceau préféré.
L'autre nuit, j'ai aimé ton dos. Il ne pèse pas sur tes hanches, fort à l'attache du cou. Si Jésus avait été crucifié à soixante ans, il aurait eu ta taille.