Citations sur La nature exposée (183)
"en quelques mois, j'ai fréquenté un curé, un ouvrier musulman, un rabbin. Aucun contact avant, et puis les trois la fois, ils m'ont permis de me mettre à leurs balcons, où j'ai éprouvé des vertiges qui me sont inconnus lorsque j'escalade des précipices..."
Le vent souffle de la terre, les vagues arrivent en bataille. Mon visage se détend de la grimace du travail, les yeux fermés, la bouche serrée. Il se laisse défroisser par les rafales de l'air, un massage qui tire des larmes.
Je suis content d'être utile à un âge où, dans cette région, on est voué au pilon, au délire alcoolique, à l'hospice. L'avantage de ne pas être père, c'est de ne pas avoir un fils qui veuille m'enfermer là-dedans.
Depuis quelque temps, des étrangers désorientés arrivent au village. Ils essaient de passer la frontière, les autorités laissent faire pour ne pas avoir à s'occuper d'eux. Nous vivons sur une terre de passages. Certains d'entre eux pourraient s'arrête, mais aucun de ceux qui sont arrivés jusqu'ici ne l'a fait. Une adresse en poche leur sert de boussole. Pour nous qui n'avons pas voyagé, ils sont le monde venu nous rendre visite. Ils parlent des langues qui font le bruit d'un feuille lointain.
Je suis un homme qui ne sait pas poser de questions, même pour une information. C'est sans doute pour ça que j'ignore la foi. La divinité veut qu'on frappe à sa porte, qu'on l'interroge. Il faut une catapulte à l'intérieur de soi pour arriver à cette intimité de s'adresser avec le tu.
En quelques mois, j'ai fréquenté un curé, un ouvrier musulman, un rabbin. Aucun contact avant, et puis les trois à la fois. IIs m'ont permis de me mettre à leurs balcons, où j'ai éprouvé des vertiges qui me sont inconnus lorsque j'escalade des précipices. De leurs balcons, j'ai regardé en bas : la divinité ne se trouve pas dans les atmosphères célestes, pauvres en oxygène. Elle se trouve en dessous, comme fondement du vide et du balcon.
Les paroles de leurs écritures sont de pour aller et revenir de l'abîme.
" Vous êtes croyant ,"
pas dans la divinité, je crois à quelques représentants de l'espèce humaine "
_" qu'entendez vous par sacré"
Ce à quoi une personne est prête à mourir"
_" considérez vous l'homme de la statue comme sacrée ,
La raison pour laquelle il accepte le sacrifice sans se dérobé est sacrée
J'habite près de la frontière, au pied de montagnes que je connais par cœur. Je les ai apprises en chercheur de minéraux et de fossiles, puis en alpiniste.
Je suis content d'être utile à un âge où, dans cette région, on est voué au pilon, au délire alcoolique, à l'hospice. L'avantage de ne pas être père, c'est de ne pas avoir un fils qui veuille m'enfermer là-dedans.
Je fais prendre l'air aussi à mes bouquins, je les offre en lecture, je fais office de bibliothèque municipale qui n'existe pas.
Les livres m'ont servi à connaître le monde, la diversité des personnes, qui sont rares dans le coin. Compacts contre la paroi au nord, ils gardent la maison au chaud.
Ils sont cocasses ces États qui mettent des frontières sur les montagnes, ils les prennent pour des barrières. Ils se trompent, les montagnes sont un réseau dense de communication entre les versants, offrant des variantes de passage selon les saisons et les conditions physiques des voyageurs.