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3,94

sur 793 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avec ce récit très court (+ une petite nouvelle d'une dizaine de pages pour terminer), Erri de Luca nous démontre une nouvelle fois sa grande qualité de conteur. Comme toujours chez lui (en tout cas dans ce que j'ai lu), il y a une économie de mots, tout est méticuleusement pesé et soupesé pour aller à l'essentiel, on se laisse porter par la narration efficace et brillante, une ode à dame nature et à la liberté à travers deux personnages que De Luca réussit à rendre attachant, ce qui avec un chasseur et un chamois n'était pas forcément évident. le poids des années conjugué avec celui d'un papillon est le coeur du roman Toute la poésie de De Luca aussi.
Un petit livre pour un grand plaisir.
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L'écriture de Erri de Luca est sobre et épurée. Minimaliste.
Il n'y a pas un mot de trop. L'économie de mots est compensée par une musicalité qui exprime des sentiments extrêmement profonds.

Dans ce conte l'auteur nous livre une fabuleuse ode à la nature, aux cycles de la vie, un face à face de deux forces qui se confrontent, l'espace d'un instant, aussi brève que le frémissement des ailes d'un papillon.
Alpiniste émérite, Erri de Luca nous gratifie toujours d'un fondement autobiographique, ce qui rajoute encore plus d'épaisseur au conte. Dans ses écrits il y a toujours la notion du temps qui passe et la recherche constante du bonheur dans les choses simples de la vie, de moments de bonheurs arrachés, volés…

Baignant dans un climat aussi concret que poétique, ce petit roman envoûtant et singulier a la force du mythe et l'impalpable ambigüité du réel.

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Que pèse un papillon ? Presque rien, et pourtant il est celui qui va faire trébucher définitivement l'homme, « plume ajoutée au poids des ans »

La montagne.
Un chamois, maitre de sa harde depuis des années, plus grand, plus fort, plus entreprenant, plus audacieux, mais vieux à présent.
Un homme, un braconnier, solitaire, vivant à l'écart des hommes dans une cabane sans confort, mené par l'espoir d'enfin abattre celui qui lui a toujours échappé. Lui aussi est vieux à présent.

Leur histoire va se nouer en une journée. Une journée merveilleusement relatée par les mots d'Erri de Luca. Une écriture poétique, doucement nostalgique, tragiquement descriptive. Les mots se mêlent aux images d'Andrea Serio pour mieux nous évoquer ces montagnes, la fierté sauvage de cet animal splendide, l'eau qui coule furieusement, l'homme et son fusil.

Et se mêlent à cette évocation de cette journée d'automne, réflexions sur la vie, comment elle nous façonne, ce qu'on en attend , le déclin qui s'amorce, l'acceptation de ce qui viendra inéluctablement.

Un livre que j'ai découvert grâce à la merveilleuse critique de mon ami Eric (CasusBelli) que je vous invite à aller lire (la critique, le livre aussi d'ailleurs). Celui-ci est classé, à tort je pense, dans le rayon jeunesse de ma bibliothèque. Je ne l'y aurais jamais trouvé.
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Voici une nouvelle d'une grande poésie qui conte la confrontation entre le roi des chamois, un mâle dominant, majestueux, qui règne depuis de nombreuses années sur son harem et ses fils et un braconnier, chasseur de chamois, vivant en ermite dans la forêt au pied des Alpes. le temps est venu pour chacun d'eux de tirer sa révérence et le faire en beauté.
C'est très beau et le poids du papillon donnera un final brillant.

Suit une seconde nouvelle de moins de dix pages « Visite à un arbre » qui dénote tout le respect d'un homme envers un pin des Alpes.

Une lecture émotion.
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Très beau et court récit qui relate le dernier face à face entre deux vieux solitaires fatigués, un chasseur, alpiniste chevronné mais vieillissant, et un vieux mâle chamois. Ils sentent leur fin approcher et savent que cet hiver sera leur dernier sur les sommets des Alpes. le chamois domine sa harde depuis des années, il ressent pourtant le poids des ans et sait que sa suprématie est aujourd'hui menacée par les plus jeunes qui vont désormais vouloir le détrôner. Ce chamois, souvent deviné, parfois aperçu, mais jamais à portée de fusil du chasseur braconnier qui pourtant n'a jamais hésité à tuer. Tous deux - chacun à sa manière roi de la montagne – possèdent une connaissance exceptionnelle de leur milieu et vont enfin se retrouver face à face pour une ultime possibilité de combat…

Le chasseur et le chassé se confondent parfois et on pense au capitaine Achab qui combat Moby Dick, la célèbre baleine blanche d'Herman Melville.
Un texte poétique riche en symbolique, sans un mot superflu, où Erri De Luca nous fait entrer dans l'univers de la montagne avec sa beauté et ses règles. Il fait un parallèle entre un homme vieillissant et un vieux mâle chamois, nous emmenant jusqu'au crépuscule de leur vie, et propose une réflexion sur la beauté de la nature, la solitude, la vie, la vieillesse et la mort. Un très beau texte.
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Erri de Luca nous offre là un texte court mais dense, un texte où chaque mot compte et est à sa place. Il a la même précision et la même puissante beauté que les gestes (que l'auteur connaît bien) du grimpeur à mains nues qui s'élève tout en souplesse en harmonie avec la paroi. 

Deux solitaires vont se mesurer : le roi d'une harde de chamois qui sent son déclin et qu'est arrivée pour lui sa dernière saison de domination et un braconnier qui, lui aussi, la fatigue le gagnant, compte terminer en beauté en ramenant comme trophée la barbe et les cornes de ce roi majestueux qui le nargue depuis des années.
Au cours des journées qui précèdent leur ultime rencontre nous apprenons à les connaître, partageons avec eux leur approche de la nature, comment ils s'y intègrent l'un et l'autre, comment ils rusent, se préparent, prennent la mesure de leur force et de celle de l'adversaire. 
«Il ne dormait pas avec le troupeau, pas même pendant l'automne de l'accouplement...Il descendait vers la harde à des heures différentes, avec le brouillard, avant l'aube, après le coucher du soleil. Il ne donnait à personne la chance de le prévoir.»
« L'homme ... était incapable de leur complicité avec la hauteur. Eux vivaient dans son intimité, lui n'était qu'un voleur de passage.
Il avait vu les chamois franchir les précipices en pleine course, l'un derrière l'autre, exécutant une séquence de pas identique dans leur prise d'élan.Leur saut était un raccommodage entre deux bords, un point de suture au-dessus du vide. Il enviait la supériorité de l'animal,...»
Et la force de l'animal est surtout d'être entièrement présent à chaque instant.
«Les animaux savent le temps à temps, quand il est utile de le savoir. Y penser avant est la ruine de l'homme et ne prépare pas à être prêt.»
On n'assiste pas à un affrontement entre l'animal et l'homme, plutôt une élévation de l'un par l'autre et... qui aurait pu penser qu'un papillon allait peser d'un tel poids ?.... Je n'irai pas plus loin car cette histoire pleine de poésie sait aussi tenir en haleine.
Un petit texte, «Visite à un arbre», complète ce volume en nous contant la rencontre de l'auteur et d'un pin des Alpes, penché sur le vide : «Une fois par an, je monte saluer l'arbre, j'emporte de quoi écrire et je m'assieds à son pied......Un arbre solitaire a une clôture invisible, aussi large que son ombre à poser tout autour. Avant d'y entrer, je retire mes sandales. Je m'allonge sous sa lumière.»
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Il suffit parfois de quelques mots pour atteindre le sublime. Erri de Luca fait partie de ces écrivains qui séduisent les lecteurs par leur écriture sensible et poétique.
Nul besoin, ici, de long discours pour appréhender la nature humaine.
Dans cette nouvelle, nous retrouvons face à face le chasseur et le chamois qui s'observent depuis de longues années, s'affrontent, et d'une certaine façon se respectent. Mais lorsque la fin sera proche, lequel des deux se montrera le plus noble ?

Une ode à la vie, à la nature avec une économie de mots, juste une parenthèse...
Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Erri de Luca est un taiseux. Un homme plein de sensibilité et de tendresse mais il faut savoir percer sa carapace.

En tout cas, c'est ce que laisse transparaître ses personnages dans ses livres.

Le poids du papillon est un hymne à la force de la nature. L'histoire, un chasseur, un braconnier, à la recherche de son dernier trophée avant de mourir, le chamois le plus vieux de la harde, qu'il traque depuis des années.

Les descriptions sont époustouflantes et quelle écriture ! Magnifique ! C'est le deuxième livre que je lis de cet auteur, c'est sûr, je ne vais pas m'arrêter là.
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le poids du papillon, c'est l'affrontement de deux rois: le premier , le roi des chamois, le second , le roi des braconniers.
Les descriptions sont superbes pour présenter ce chamois, qui très jeune ayant perdu sa mère abattue par un chasseur, a du se débrouiller seul et a acquis une force exceptionnelle.
le braconnier est un alpiniste solitaire hors du commun qui met son art au service de la chasse.
La fin de ce livre très court est surprenante et magnifique!
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Un chamois, mais pas n'importe quel chamois, le roi des chamois, qui domine sa harde dont il est reconnu comme le maître.
Un chasseur, mais pas n'importe quel chasseur : un braconnier hors pair, qu'on appelle aussi le roi des chamois dans la vallée du fait de ses qualités de chasseur, mais qui se définit lui-même comme un « voleur de bétail « depuis qu'il a abattu un bouquetin.

Et la toile de fond : la nature.

Avec cette écriture majestueuse qui le caractérise, Erri de Luca, l'auteur de « Trois chevaux » ou de « Montedidio » nous livre ici un récit profond et poétique.

Erri de Luca, tout à tour maçon sur des chantiers en France, en Afrique et en Italie, manutentionnaire à Catane, et chauffeur de convois humanitaires dans la Bosnie en guerre des années 1990, se consacre à l'écriture à partir de 1996. Son oeuvre, d'influence autobiographique, invite à la méditation. Elle est très largement traduite, notamment en français, où il obtient le prix Femina du roman étranger pour Montedidio en 2002.

Passionné par la montagne et alpiniste de haut niveau, il a accompagné Nives Merroi, célèbre alpiniste italienne dans ses ascensions de l'Himalaya.

On pense à l'univers de « Vent largue » de Francesco Biamonti : cette nature préservée, ces sommets sur la frontière franco-italienne, traversée par des alpinistes ou des braconniers depuis des générations.

Bien sûr on attend l'affrontement entre ces deux solitaires. Tous deux ont vieilli et savent leur fin proche. L'heure du face à face a sonné et le décor est planté, au milieu des roches, des éboulis et des pins des Alpes.
Bien sûr il faut que l'un ou l'autre aille droit vers la mort, il n'y a pas d'autre issue.
Et le papillon me direz-vous ? Ce papillon qui se colle à la corne du roi du chamois pour finir par peser sur l'épaule du chasseur : l'effet papillon ? La légèreté plutôt, à l'image de ces phrases qui sont tout sauf sophistiquées, à l'image de ce poète qui explique dans une interview qu'il n'est « que de passage », « qu'il n'est pas autorisé à rester », et que la montagne aide à se reconnaître, à trouver sa place dans le monde.

Mais il y a encore bien des pépites dans ce petit recueil de 69 pages. Il y est question de femme, mais aussi de solitude, et de l'incapacité de l'espèce humaine à être dans l'instant présent, contrairement aux animaux.
Le chasseur a rendez-vous avec une femme, une journaliste à qui il faudrait raconter une histoire. Notre chasseur a longtemps hésité à lui donner rendez-vous : d'habitude il fuit la compagnie des femmes en leur préférant sa cabane d'été, mais cette fois-ci peut-être ne pourra-t-il pas céder à l'attirance qu'elle lui inspire.

La nature, omniprésente : les sensations, les bruits, les odeurs, que Erri de Luca connaît parfaitement. La connaissance de la montagne, l'observation des animaux, telle sa science des chamois : on sent qu'il les a observés de tout son soûl à l'image de l'agilité de ces animaux alpins.

Erri de Luca a le talent d'un conteur : il polit ses mots comme un marcheur qui recueillerait un galet dans sa main et qui le ferait tourner dans sa poche incessamment. Il rumine ses phrases pendant de longues heures, et les épure de toute aspérité.
Il faut aussi signaler le talent de Danièle Valin la traductrice – cet ouvrage fut initialement publié en italien en 2009 – qui sait magistralement restituer la langue de Erri de Luca.
Le« Poids du papillon », ce récit qui réussit le mariage de la légèreté et de la profondeur, est donc un hymne splendide rendu à la nature.

S'en suit ensuite un très court récit où l'auteur relate sa visite annuelle à un vieux pin des Alpes, tout tordu, mais comme dédoublé par les racines qui le dresse face au vide.
Une très belle description encore une fois de la puissance de la nature, à l'image de la foudre qui peut tomber à tout moment.

Sans donner jamais de leçon, Erri de Luca redonne un sens à la proximité d'une vie avec la nature :
« Il était en alliance avec le vent, son coeur battait, léger, se chargeant de l'énergie lancée par le ciel sur la terre ». Si ce n'est une belle leçon de vie, en tout cas certainement une magnifique leçon d'écriture.

Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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