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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un été pour grandir.


Le narrateur, Erri de Luca, passe l'été de ses dix ans sur l'île d'Ischia, au large de Naples, où sa famille napolitaine retrouve la nature et la mer. Cette année-là, il est seul avec sa mère car son père est parti en Amérique tenter fortune, il est un peu l'homme de la famille. C'est un enfant studieux et taciturne. Sur la plage, il pratique assidûment les mots croisés. Il lit beaucoup et apprend à pêcher.



Il rencontre une fillette sérieuse, qui vient du Nord, lit des polars et étudie le comportement des adultes à travers le prisme de l'instinct animal.



Leur amitié suscite des jalousies et trois gamins de l'île vont lui mettre une raclée. Il ne se défendra pas ; en effet, il pense : « Je dois me débarrasser de ce corps d'enfant qui n'arrive pas à grandir. […] je dois […] me faire tabasser jusqu'à ce que la coquille se casse. Puisque je n'arrive pas à la forcer de l'intérieur, il faut le faire de l'extérieur. »



Aujourd'hui, le narrateur a cinquante ans. A travers l'écriture, il fait le lien entre ce qu'il a appris cet été-là et ce qu'il est devenu adulte faisant de ce texte un récit d'initiation morale et surtout amoureuse ; il « sai[t] que cet amour à peine éclos contenait tous les adieux suivants. »



Un texte clairement autobiographique, beau et émouvant, écrit dans une langue dense et poétique qui est la marque de son auteur.





Ecouter Erri de Luca invité par Alain Veinstein dans du jour au lendemain sur France Culture...
Lien : http://www.franceculture.fr/..
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Cinquante ans plus tard,Erri de Luca retourne en pensée sur l'île d'Ischia, l'été de ses dix ans.
Il nous offre ce garçon peu causant,"c'était ma spécialité rester silencieux",aimant la plage,les mots croisés,la pâche à la ligne,les sorties en barque avec les pêcheurs.
L'^le,c'est la liberté après les mois en ville,à Naples. Il est avec sa mère.
Sur la plage,il rencontre la "ragazzina" ,un peu plus âgée,qui écrit des histoires d'animaux et que convoitent trois autres garçons,eux aussi un peu plus grands.
Elle parle de justice,question importante à leur âge."Pendant qu'elle parlait des animaux, elle mettait dans sa voix une passion de justice"
L'enfant de dix ans se désole de ce que son corps ne grandisse pas aussi vite que son esprit.
"Je le sais depuis un an,moi je grandis et mon corps non. Il reste derrière."
A tel point qu'il accepte que son enveloppe soit déchirée afin de libérer sa croissance.
"Aujourd'hui je le sais que le corps se transforme ....avec la lenteur d'un arbre."
Dans la dernière partie du récit s'intercalent des scènes de l(âge adulte, le vagabondage de la pensée,des souvenirs.
Erri de Luca a la capacité de transmettre une réelle émotion ,par une narration de faits quotidiens qui s'ouvre sur des thèmes importants.
Son écriture fluide tend au lyrisme tout en restant ancrée dans la réalité de l'île.
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Les poissons ne ferment pas les yeux est un très beau récit autobiographique où l'auteur se penche sur l'année de ses dix ans.
C'est sur l'été passé sur la plage d'une île au large de Naples, l'île d'Ischia, que se concentre le texte. Son père est parti aux Etats Unis avec sa soeur. Il se trouve seul avec sa mère. Il veille sur celle-ci, porte son sac, lui prépare un café. Comme une parenthèse dans la vie d'Erri de Luca, ces vacances sont le théâtre d'une transformation chez l'enfant qui accède à une grande liberté sur l'île. Plutôt en retrait de ses camarades, il fait l'objet de harcèlements. Il perçoit leurs persécutions comme une nécessité, presque fatale, comme un rite initiatique. Il sent que la fin de son enfance est arrivée. Ce moment est aussi marqué par la rencontre d'une fillette de son âge dont il ne se rappelle plus le nom. Elle s'impose à lui comme une figure féminine déterminante et marquante.
L'écriture d'Erri de Luca est fine et sensible, souvent poètique aussi. Elle sait exprimer la sensualité qui se dégage des êtres et de la nature. Elle est intelligente et pleine de réflexion sur des sujets variés, comme le sens du verbe aimer, ou l'attirance pour les Etats Unis d'Amérique à la période d'après guerre. Les livres sont très présents, ceux que lisent sa grand-mère et la fillette, les polars, les lectures de sa mère à la plage, et ceux qu'écrivent la fillette - elle est écrivain et se passionne pour les histoires d'animaux.
En 2016, Erri de Luca confie à Christine Marcandier dans son grand entretien : « Je suis partout comme un autre, dépourvu d'invitation ». Dans les poissons ne ferment pas les yeux, ce sentiment d'être étranger au monde est très présent ( Il est assez voisin de la posture des personnages de Camus). L'auteur l'a certainement ressenti dès ses plus jeunes années. La relation mère-fils est aussi touchante. Aux liseuses de Bordeaux (https://liseusesdebordeaux.org/), il explique la place privilégiée qu'occupe encore sa mère dans sa vie d'adulte : "J'avais ma mère comme première lectrice. Depuis sa mort, je n'en ai plus. Je suis moi-même mon lecteur."
La clairvoyance de l'enfant qui n'occulte pas sa candeur est très bien rendue. Son sens de la justice et la distance qu'il met dans son appréhension du monde en font un être particulièrement attachant.

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Mais qu'il est beau ce livre. Déjà un joli titre et un contenu si poétique .
Ce petit garçon de 10 ans veut grandir , veut changer de corps. A cet âge , il apprend la vie avec d'un côté la méchanceté et la brutalité de ses camarades et de l'autre côté , il apprend l'amour avec une petite fille de son âge . Et il ne ferme pas les yeux quand elle l'embrasse.......
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Erri de Luca a dix ans, et il a lu tous les livres, tout du moins un bon nombre de ceux de son père qui forment, dans leur appartement, des châteaux aux tours immenses, forteresses littéraires dont il ne sort guère. Entre les lignes, il pense avoir compris les forces et surtout les faiblesses des adultes, « qui n'étaient pas les géants qu'ils croyaient être ». Cela ne le rend pas plus sociable, de connaître les caractères humains ; de fait, il rejette le verbe « aimer », qui a généré tant de monstruosités entre eux. C'est l'été, sur la plage, à l'écart, il observe ses semblables. Une fille de son âge l'observe à son tour. Elle est différente, tout comme lui : du coup, elle lui parle. Elle se déclare écrivain. Il le deviendra. C'est ce qu'il nous raconte, cinquante ans après, dans une langue riche d'images, christiques parfois : « Tes mains font guérir. » Dit-il. « C'est ta deuxième phrase d'amour. » L'écrivain a raison : « En lisant, on rencontre des phrases sismiques. »

(Parue dans Blake n°59)
Lien : http://tmblr.co/Z4Dxcn1EvHAib
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Sur une île dans le golfe de Naples, le narrateur vient d'avoir dix ans ; il y termine ses vacances avec sa mère, tandis que son père, après la seconde guerre mondiale, est parti en Amérique chercher du travail. Calme, grand lecteur et contemplatif, cet enfant ne se lie pas aux garnements de la plage, et va attirer l'attention d'une fillette du « nord », qui partage elle aussi son temps entre lecture et baignade ; les conversations qu'ils échangent vont susciter l'animosité des autres garçons, au point de déclencher des actes d'une extrême violence.
Le narrateur revient cinquante ans après sur ce mois de septembre à la saveur si particulière, avec beaucoup de sensualité, de finesse, d'abnégation aussi. C'est un roman initiatique empreint d'une grande finesse et d'une poésie savoureuse. Tout en restant réaliste, ce texte lumineux nous offre à voir une réalité symbolique : les poissons ne ferment pas les yeux.
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La tentation est immédiate de se plonger dans toute nouvelle publication d'un livre d'Erri de Luca. Ce petit opuscule ouvert, la lecture de ce roman autobiographique est rapide, vive, franche et alerte comme le style de l'auteur qui ne s'encombre pas de superlatifs.
L'argument est simple, ce sont les vacances du jeune Erri avec sa mère, alors que ce dernier avait dix ans et que son père absent cherchait fortune aux États Unis.
Entre les baignades quotidiennes,la plage avec ses jeux et ses lectures, les pêcheurs et leurs filets, les glaces du goûter que l'on imagine extraites d'une de ces voiturettes de glaciers des années 50, tout aurait été parfait si une jeune fille de dix ans également et trois autres garçons n'étaient venus rompre la belle harmonie du jeune Erri en vacances.
Erri de Lucca cristallise autour de cet été là, ses premières expériences marquantes, celles du passage de l'enfance à l'adolescence. Il nous présente des relations singulières, parfois franchement oedipiennes, avec sa mère. Il évoque son père, qui en recherche d'un eldorado aux Etats-unis occupe par son absence, on l'aura compris, une place étrange dans cet univers rude de la Naples d'après guerre, ville éprouvée, ville d'existences rationnées où "chaque goutte d'eau compte", où pour l'enfant Erri l'absence du père a dû être une authentique souffrance.
Ce livre n'est assurément pas une autobiographie à la Doubrovsky ou s'étalent sans vergogne toutes les avanies d'un psyché désabusé.
Au contraire, ici tout n'est que densité, retenue, les faits ne servent que de liens impérieux entre les souvenirs d'enfance, et ce que l'homme adulte en a fait. Sont ainsi évoquées les premières expériences de l'autorité, de la violence, de la féminité par cette fillette-femme sorte de Lolita qui semble l'ignorer, de l'amour authentique qui dans la cosmogonie d'un enfant de dix ans, n'a pas encore ce nom, de l'amitié, de la solitude, de ce combat qu'est parfois la vie......
On aimera ce livre pour le style épuré de l'auteur et l'authenticité profonde du propos. On aimera ce livre pour l'évocation sublime du premier baiser.
On sera probablement un peu surpris par la très forte maturité des réflexions et pensées du jeune Erri de 10 ans, mais la mémoire n'est-elle pas aussi un prodigieux miroir déformant? Pour les amoureux de l'auteur, un livre indispensable afin de mieux comprendre le monde qui l'a construit et comment sa personnalité s'est forgée par ces minuscules expériences de l'enfance hautement fondatrices.
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