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Guy Debord était à la philosophie ce que le marquis de Sade était à la littérature. Il faut, en effet, voir avec quelle radicalité il s'efforçait de démonter les rouages de cette société spectaculaire qu'il abominait par-dessus tout, j'en veux pour preuve le film qu'il réalisa en 1952 intitulé "Hurlements en faveur de Sade", d'où le concept consistait en un écran noir avec quelques passages de blanc et très peu de dialogues durant 64 minutes. On ne peut faire mieux en ce qui concerne le radicalisme !

Guy Debord s'attaque à la société du spectacle, donc le cinéma en première ligne, parce que d'après lui "Toutes la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation".

A l'heure d'internet et du nombre de médias télévisés que nous possédons, où l'actualité devient une sorte de petit théâtre, par exemple : l'affaire Merah ou le procès DSK, on voit que Debord avait vu juste avant tout le monde.

Ensuite il se perd dans des digression marxistes et sur les luttes de classe mais je vous dispense des détails.

En fin de compte, je pense que ce livre est une lecture qui correspond toujours à notre époque, c'est même une lecture essentielle qui devrait être dans la bibliothèque de chacun.
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Consommateurs somatiques, moutons de Panurge, acrophobes de la vie de consommateur, lécheurs de vitrines, ce livre changera votre vie si vous en avez la force...
La face pourtant non cachée de ce monde capitaliste se dévoilera et vous marcherez plus libre...
Guy Debord s'est suicidé, certes, mais quelques années avant, son ami et complice éditeur Gérard Lébovici est retrouvé assassiné.
Ils ont même été jusqu'a essayer de le rendre responsable du meurtre, car les gens voulant se libérer de ce système dirigé par le profit de certaines classes au détriment des autres et surtout voulant en libérer les autres, dérangent.
Ce livre est un recueil, dont vous pourrez lire les passages de votre choix; ils sont numérotés, même si les idées sont progressives, et vous le trouverez gratuitement sur Internet grâce aux éditions libres Diogène
Lien : http://www.diogene.ch/IMG/pd..
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Une lecture très difficile à appréhender.
Lien : http://ogressedeparis.canalb..
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Quelle est l'actualité de cette édition du centenaire à propos du véritable tabou de notre société ?

Le spectacle est ce qui sépare les hommes entre eux. Il est source de leur passivité et de leur travail forcé. C'est une activité partielle de l'homme, un certain résultat de la production. Il parvient à redéfinir l'ensemble des rapports sociaux, puis l'ensemble de l'existant, ce qui en fait, selon la définition, une idéologie.

Mais ce n'est pas une illusion pour autant [l'automobile, nécessaire pour gagner sa vie, est réelle]. Il remodèle, sans que personne n'y pourvoit (il est dit «autonome») tout l'existant sous la forme d'une dépossession [recomposition de la circulation des centres-villes, qui interdit la marche à pied], sans retour critique, donc uniquement sur le mode de la «contemplation». le producteur lui-même est aliéné (et non simplement exploité), créant un monde «séparé», qui lui échappe [le salarié de la restauration rapide ne peut sincèrement pas exercer son talent culinaire], demeurant cantonné à son activité spécialisée [brevets professionnels visant l'efficacité plutôt que le savoir-faire]. C'est par ce mouvement qu'il s'isole, du fait même de sa socialisation.

Les travailleurs doivent donc retrouver la cohérence de leur lutte dans le devenir commun («unitaire»), perçu à travers la dialectique, description dynamique des rapports de production [au contraire de la lutte statique, «fausse conscience» qui pourrait voir en l'argent l'aboutissement de toute revendication alors que l'artifice monétaire et le caractère factice du besoin ne sont pas bien compris]. Celle-ci est enrichie d'un moyen d'appréhension critique des bases de la production (une «praxis») appelée construction des situations, mettant en contraste la subjectivité de l'individu et la pauvreté de son vécu en faisant apparaître les manques, les contradictions et l'institutionnalisation de ses désirs sous la forme de «médiations» [interrogeant la position de l'employé de bureau qui est aussi sportif du dimanche, de la victime de la mode sans une once d'élégance ou de l'agent du secteur culturel sans accès à la création]. Se prêtant à ce petit jeu, on ressentira peut être le taylorisme de l'intégralité de sa vie quotidienne comme la «spécialisation des images du monde» et constatera que souvent, «le vrai sera un moment du faux» [pareil à l'organisation rationnelle et réfléchie du cadre dans son activité pour une finalité socialement délirante]. C'est que l'individu est poussé à ressembler à la marchandise, allant jusqu'à se modeler sur la célébrité, c'est-à-dire sur une pseudo-personnalité n'étant que fragment [comme le montage des reportages ne fait voir qu'une parcelle voulue de la vie].

Pire, sa relation sociale se réduit au fameux «fétichisme» désignant l'achat comme relation entre individus [vêtements accessibles à cause de la misère des ouvriers, établissant un rapport de soumission «inverse» de l'image de sociabilité de la publicité]. le succès commercial devient alors le seul juge des «projets licites». La marchandise elle-même perd sa capacité d'usage [SUV, voyages intercontinentales en club et piscines superflus] et devenant uniquement support de la valeur d'échange au service du simple «paraître», ou même de l'argent pour lui-même, en cela assimilable à l'archaïsme de l'or.

Rien de nouveau sous le soleil. C'est bien à cause de «l'égalité sur le chronomètre» des producteurs en concurrences, c'est à dire du «quantitatif», que la qualité et la diversité se perdent [contenu des rayons alimentaires ayant une forte chance d'appartenir au même holding, d'être produit dans des usines identiques], et c'est par ce que tous les biens nécessaires à la vie sont soumis au quantitatif (définissant la «survie augmentée») nécessitant mécaniquement de toujours plus exploiter la force de travail pour parvenir à une satisfaction moindre, que personne n'échappe à la marchandise, puisqu'alors la subsistance est rendue impossible.

Sous cette nécessité de reconstituer toujours la rareté, le moyen devient logiquement la fin [PIB et fin du chômage comme objectif de la nation], le contenant le contenu [la télévision ne parle que d'elle-même] et le spectacle devient aussi bien une seconde nature [la problématiques environnementale devient la responsabilité de l'individu isolé, alors que la mise en commun des équipements n'affleure pas le discours], qu'un nouveau sacré remplaçant imparfaitement le «mythe» universel du catholicisme.

Une fausse abondance, qui par son remplacement perpétuel [obsolescence des normes et effet de mode], et par la routine de sa production-consommation, crée un ressenti du temps «pseudo-cyclique», assimilable aux travaux saisonniers du paysan, pour un individu privé du développement de sa vie [absence de formations à l'âge adulte], de la maîtrise de son temps [emploi du temps rigoureux] ainsi que de son «histoire» commune [Le soi-disant progrès est surtout celui du productivisme].

La ville elle-même est privée d'histoire [par l'omniprésence du béton, matériel recomposé qui ne peut s'aménager ni se réutiliser, et par les règles d'urbanismes rigides, déléguant le paysage à la «représentation hiérarchique»]. C'est par ce qu'elle veut concentrer la valeur d'échange, et par ce que l'appréciation de la valeur d'usage est faussée, que la ville désertifie en retour des territoires pourtant viables.

Dans cette idéologie matérialisée, le matériel crée de l'abstraction [les réseaux sociaux, ensemble de machines, s'interposent dans les relations subjectives] et l'abstrait exerce une action sur le concret [la publicité fait acheter], créant un empire qui n'est ni une conspiration, ni un despotisme, mais une recomposition autonome du monde. L'absence de construction authentique de la vie (d'«évènements») et de communauté explique le besoin d'un palliatif, d'une représentation, provoquant l'adhésion à ce monde aux charmes fallacieux.

Les situs sont des artistes qui se sont intéressés au marxisme afin d'expliquer la platitude de la vie quotidienne persistant malgré le contexte d'automatisation prodigieuse. L'ensemble des manières et des savoirs («culture») qui correspondent à cette perspective est l'émancipation de la création subjective partout et tout le temps, et non pas dans les musées pétrifiés ou dans la production morte du secteur tertiaire, et réclame la mort de l'art en dépassant Dada et le Surréalisme.

De l'histoire des échecs de la gauche (forcément un peu hors-contexte), retenons l'émergence de la trahison, déjà dans la joute entre Marx et Bakounine, ainsi que dans le manque d'authenticité des conflits de classes noté par Rosa Luxembourg. Quant au conseillisme, il est si peu discuté qu'il est difficile de s'en faire une opinion. En quoi des intérêts particuliers n'y referaient pas ressurgir une forme de spectacle?

Les thèmes ajoutés à la vulgate marxiste sont finalement peu nombreux mais importants (consommation aliénée, temps figé, idéologie rétroagissant sur le matériel, création libératrice, la médiation comme racine du mal). En particulier, pour une identification plus rigoureuse du prolétariat, on lira avec bonheur « La métamorphose du bourgeois » de Jacques Ellul. Parlant de la rareté et de la séparation, on pourra lire aussi Ivan Illitch comme un complément exclusif, car pensant sur une base difficilement conciliable (dialectique matérialiste versus non-neutralité de la technique).

J'ai déjà trop simplifié la tâche du lecteur pressé pour ne pas lui demander de faire au moins l'effort de consulter un bréviaire du Marx, et de ne pas trop s'arrêter sur le renversement du génitif, sous peine de faire passer pour agaçant ce qui se veut simplement insolent!

Évidemment, pour être complet, il faudrait faire deux ajouts contemporains.

Ainsi, le crédit, initialement distinct du spectacle, comme réallocation temporelle et interpersonnelle de temps de travail, en devient grâce au système bancaire le principal soutien, de par son abondance, renforçant le délire de la valorisation des capitaux, terrains immobiliers, NFT etc.

La pollution partage les caractéristiques du spectacle ,en est exactement concomitant et le détrône comme principal résultat de la production. Comme lui, il produit de la rareté [géo-ingénierie], interdit l'histoire, et l'on voudrait ici aussi faire oublier la possibilité d'examen du coeur du réacteur. Mais cette fois c'est la nature qui est rendue moins riche, renforçant ainsi les «présuppositions» qui justifient le système. En même temps, le credo conservateur qui voudrait «la passivité plutôt que le chaos» est mis à mal…

On le voit, le spectacle est partout, et c'est pour cela qu'il peut être combattu partout!




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L'auteur (en 1967) cite Lukàcs : « plus la rationalisation et la mécanisation du travail augmentent, plus l'activité du travailleur perd son caractère d'activité pour devenir un attitude contemplative » (in Histoire et conscience de classe, 1923).
J'ai travaillé comme matelot avec des mariniers, comme ouvrier agricole, comme programmeur informatique, comme formateur, je ne me suis pas senti contemplatif.
Certes, il y a beaucoup de spectacle dans notre société, dans toutes les sociétés du monde, même dans celles qui se sont réclamées de Lukàcs. Oui, nos débats télévisés sont conçus comme des spectacles…

J'avais essayé de lire ce livre en 1976, et l'avais perçu comme une mise en abîme à partir d'un thème : « Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation ».

J'ai réessayé quarante-cinq ans plus tard…

Il n'y a pas dans ce livre de démonstration, pas même de progression : l'idée est formulée dès le départ et déclinée page après page, paragraphe après paragraphe. (les mathématiciens ont un nom, qui m'échappe, pour de tels raisonnements qui se mordent la queue. Par exemple, à partir du postulat que a+b=c je peux vous faire dix pages de calculs impliquant des séries de Fourier, des intégrales triples et la théorie des ensembles et vous démontrer que b=c-a).

J'ai en face de moi une tasse de café.
Le café a été cultivé par des paysans sud-américains. Je ne pense pas qu'on puisse percevoir leur activité comme un spectacle.
La tasse vient probablement de Chine, où des paysans déracinés surveillent des robots face à des affiches dénonçant le capitalisme… et vantant Lukàcs et consorts.

Il y a toujours eu « panem et circenses ».
Debord a dû réduire notre vie toute entière au seul circenses pour la faire tenir dans son axiome.

A mon premier essai, j'avais déjà visité Dachau, pas encore Bergen-Belsen. Je vais paraphraser André Glucksmann : quand on a vu Bergen-Belsen, peut-on encore lire Debord ?

Mais rien n'est perdu, je réessaierai tous les cinquante ans.
Lien : https://www.edilivre.com/app..
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Debord a la fausse réputation d'être un auteur obscur.
Sa prose, héritière du Grand siècle, est au contraire d'une parfaite limpidité.

Sur le fond, par contre, il opte pour une approche ésotérique, au sens philosophique. Il ne s'adresse qu'à des initiés, en s'appuyant sur sa filiation intellectuelle.
Il est donc très difficile de le comprendre, surtout si on n'a pas lu Marx et Lukacs.
Marchant dans leurs pas, il inscrit son concept central dans la continuité de leurs analyses de la marchandise. Il reprend donc les concepts tels quels, sans les expliquer ni les vulgariser.
Quand on ne les a pas, il est donc impossible de pénétrer cet ouvrage.

Ce qui est fort dommage, car à chaque relecture, je me rends compte de la justesse et surtout de l'actualité du propos.
Il suffit par exemple de relire le chapitre sur l'urbanisme pour comprendre une bonne partie du malaise d'aujourd'hui (métropolisation, gilets jaunes, etc.).

Renvoyant dos à dos les deux formes de capitalisme alors existantes (les Etats capitalistes dit monde libre ou spectaculaire diffus et les capitalisme d'Etat ou spectaculaire concentré, qui s'opposaient lors de la guerre froide), le concept de société du spectacle est totalement dénaturé aujourd'hui.
Comme l'est le surréalisme (réduit à l'incongruité), la société du spectacle et le surréalisme ont été amputés de leur charge révolutionnaire, et peuvent être répétés par n'importe qui pour raconter n'importe quoi.

Une lecture essentielle : sa publication un siècle après le premier livre du Capital de Marx est, bien sûr, tout sauf fortuite.
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Un livre intentionnellement d'accès difficile , surtout si vous n'avez pas la grille de décryptage et la boite à outil marxiste de rigueur au moment où il a été rédigé par le pape ( mais devrait-on pas plutôt écrire le Torquemada) du situationnisme. Il n'empêche, c'est un livre a avoir lu. Un petit conseil personnel : commencez par ses "commentaires sur la société du spectacle", plus accessibles.
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C est un livre bien pensé mais compliqué a comprendre sans toute les allusions a d autre auteur, philosophe et politiciens....
Ce livre n'est pas destiné à des lecteurs jeune mais plutôt pour des lecteurs cultiver et ayant des références d autre auteur

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Pour peu qu'on s'est intéressé au préalable à la notion de modernité, ce livre n'apporte rien de plus que son titre : La Société du spectacle. le reste relève, à mon humble avis, de ce qu'il est coutume d'appeler "de la branlette intellectuelle".
Pour une approche plus élaborée d'un système totalitaire, je conseillerais les travaux de Jacques Ellul et plus particulièrement son Système technicien. Sans aborder spécifiquement la société spectaculaire si chère à Debord, ce bouquin décrypte parfaitement (avec un travail de recherche et d'analyse stupéfiant au moyen d'une langue souple et accessible) les divers ressorts d'une modernité non pas seulement aliénante, mais carrément réifiante.
Bref, pour en revenir à La Société du spectacle, je dirais : beaucoup d'esbrouffe pour peu de contenu... ce qui n'enlève rien à l'homme qui, du peu que j'en sais, continue de m'inspirer le respect !
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Ne mentons pas la lecture de ce livre, construit comme un essai politique, est difficile, souvent complexe à comprendre et se présente comme la réalité sans autre argumentation. Néanmoins, malgré une verve parfois impénétrable, ce livre par sa démarche reste une oeuvre forte prompte à remuer l'ordre établi.
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