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3,4

sur 368 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Elle a un petit grain, notre Viviane qui donne son titre au roman : comme l'attestent ces pertes de connexion inopinées avec la réalité quotidienne . Et puis il faut quand même être fêlée pour envisager de tuer son psychiatre à coups de couteau, et, qui plus est, de suivre, espionner et même interroger toutes les personnes suspectées dans cette enquête ! À croire qu'elle ne fait pas une coupable convaincante....Dans son univers incohérent, les relations mère fille sur 3 générations sont très particulières, à la limite de la maltraitance, amplifiant l'atmosphère de suspicion autour de l'héroïne. Mais que cache cette enquête parallèle et les curieuses relations qu'elle noue avec les proches de la victime?

Une des originalités du roman est l'utilisation successive de différents pronoms personnels, qui modifie au fur et à mesure la focale et la distance du lecteur par rapport au personnage en scène. le résultat est très intéressant.

Très agréable lecture, par la construction, l'analyse psychologique des personnages, et la chute, mais chut!

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Elle s'appelle Viviane, c'est moi, c'est nous, c'est vous. Bref, l'auteure nous plonge immédiatement dans le fil du roman en nous identifiant tout de suite à cette femme, âgée de 42 ans, mère d'une petite fille, ayant un bon emploi mais qui et malheureusement en train de se séparer de son mari.

Viviane est déprimée, elle ne se sent pas bien et en veut particulièrement à son psychiatre qui ne lui fournit pas les réponses qu'elle attend de lui mais se contente de lui retourner ses propres questions. "Mais pourquoi fait-il cela ? " aurait-elle envie de hurler, si bien qu'elle envisage de le tuer à coups de couteaux...ce qu'elle fait ! du moins...

Bref, je ne vous en dis pas plus ! Ce livre est assez déconcertant car la romancière passe tantôt du "vous", au "nous", puis au "elle"...bref elle fait tout pour nous emmêler les pinceaux, à nous, lecteurs. J'avoue que c'est ce qui m'a le plus déconcerté dans cette lecture mais après avoir lu les deux dernières pages, je dis tout simplement "Chapeau" et vous encourage à le découvrir et surtout, à ne pas abandonner trop tôt. Ce serait dommage !
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Si Flaubert avait écrit ce roman, il aurait sans doute dit : "Viviane Élisabeth Fauville, c'est moi".
Ce personnage est troublant. Troublant de réalisme et de vraisemblance. Troublant parce qu'au bord de la folie, ou déjà dedans : à vous de voir. En tout cas, on ressent que cette fêlure qui apparaît chez cette femme ordinaire pourrait nous toucher nous aussi à un moment donné de notre vie.
Vivre un mauvais évènement au mauvais endroit au mauvais moment, et hop, tout peut basculer.
Une des forces de ce court roman est que l'on ne regarde pas Viviane Élisabeth de l'extérieur, mais de l'intérieur. On tourne autour, puis l'on entre en elle, jusqu'à devenir elle, à partager ses pensées.
C'est très bien fait et ça nous bouscule dans nos certitudes... et si cela m'arrivait ?
Personne n'est à l'abri : nous sommes tous Viviane Élisabeth Fauville.
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Viviane Elisabeth Fauville a 42 ans, un bébé de 3 mois, des cartons pas déballés dans son appartement et un bon salaire en fin de mois qu'elle admet ne pas mériter. Viviane Elisabeth Fauville a certainement aussi un je ne sais quoi de pas réglé avec sa mère pour garder depuis 8 ans sans vouloir le vendre ni le louer son appartement parisien d'une valeur certaine.
Viviane Elisabeth Fauville n'a plus tout à fait de mari, ni tout à fait sa conscience. Depuis peu, Viviane Elisabeth Fauville n'a plus de psychanalyste, par contre elle a un objet incongru dans son sac à main, c'est bien là le problème...
Ce premier roman de Julia Deck est assez stupéfiant de maîtrise. Véritable performance narrative, il propose au lecteur différents points de vue. L'alternance entre le "vous" qui capte le lecteur , le "je" qui accompagne les démarches d'Elisabeth , le "elle" qui introduit une distance comparable à l'éloignement de l'état de conscience, tout cela est particulièrement habile.
Et quand on croit, par la valse des pronoms personnels, avoir fait le tour de tous ces points de vue, le livre en réserve en fait un dernier assez inattendu.
Psychologie subtile, suspense et maîtrise narrative, autant d'arguments pour découvrir cet auteur.


Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Voilà : je retrouve la Julia Deck de " Propriété privée" : singulière, provocatrice, inquiétante.
C'est qu'elle est tout ça, Viviane Elisabeth, et bien plus encore. Julia Deck joue à la présenter sous des formes et des vocables différents. C'est déstabilisant à souhait et on n'a d'autant moins de mal à imaginer le mal- être de cette quadragénaire, nantie, enfin mère, qui pourrait être comblée MAIS qui est suivie par un psy avec lequel elle n'entretient pas les meilleures relations.
Ecriture vive, précise, s'adressant au lecteur indifféremment à la 1ère, 3ème personnes du singulier, 2ème personne du pluriel... Diantre ! Qui est-elle donc cette dame Elisabeth? Et la lectrice que je suis se laisse embarquer en quête de la solution. Pas si simple que ça avec l' astucieuse auteure qu'est Julia Deck.
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Viviane Elisabeth Fauville en mille morceaux.

«Vous êtes Viviane Elisabeth Fauville, épouse Hermant. Vous avez quarante-deux ans et, le 23 août, vous avez donné naissance à votre premier enfant, qui restera sans doute l'unique.»

Viviane Elisabeth Fauville a un bébé âgé de seulement douze semaines, son mari l'a quittée quelques semaines plus tôt et elle a emménagé dans un appartement dans lequel les cartons de déménagement sont encore presque tous intacts. Désorientée, perdue, elle a appelé son psychanalyste à l'aide qui a eu pour seule réponse sa neutralité froide et sa démarche psychanalytique au long cours. Alors, dans un moment de rage, elle l'a tué en le poignardant avec un couteau de cuisine de luxe, cadeau de mariage de sa mère qui se trouvait opportunément dans son sac au moment de la séance. Là, elle a perdu la mémoire et la raison, à moins qu'elle n'ait été complètement fêlée depuis toujours ?

«Vous n'êtes pas tout à fait sûre, mais il vous semble que, quatre ou cinq heures plus tôt, vous avez fait quelque chose que vous n'auriez pas dû. Vous tâchez de vous remémorer l'enchaînement de vos gestes, d'en reconstituer le fil, mais chaque fois que vous en tenez un, au lieu d'attirer mécaniquement le souvenir du suivant, il retombe à plat dans le trou qu'est devenue votre mémoire.»

La police, logiquement, enquête sur le meurtre. Bourgeoise quadragénaire avec un bébé en bas âge, cadre d'entreprise bien installée dans son poste de responsable de la communication pour les Bétons Biron, Viviane Elisabeth Fauville n'a rien d'une coupable, et les enquêteurs portent leur attention sur des suspects plus prometteurs. Viviane Elisabeth Fauville se pense invisible, et mène dans Paris une enquête parallèle aux buts obscurs et fous. On suit sa dérive intérieure et ses errements dans des rues et des lieux de Paris décrits avec une précision d'enquêteur, tandis qu'elle suit et aborde les suspects pour connaître leur vie.

Empruntant les ingrédients d'une intrigue policière, ce premier roman très réussi de Julia Deck (éditions de Minuit, 2012) emporte le lecteur dans une enquête psychanalytique, dans les brumes mentales de cette femme à l'identité fracturée, dont les seuls points d'ancrage sont sa fille, chose immobile et sage dans son berceau, et l'appartement de sa mère décédée qu'elle refuse de vendre en dépit du bon sens.

Derrière l'histoire individuelle de cette femme en morceaux affleurent avec beaucoup d'humour des messages grinçants sur la bourgeoisie et le déclassement social, la violence des relations professionnelles, et les dictats plus ou moins impératifs adressés aux femmes.

«Au bout de la rue Louis Blanc, les Sri-Lankais cèdent la place à une population plus cosmopolite, proposant des cigarettes de contrebande ou plantée au milieu du boulevard avec des caddies de marrons chauds, et vous songez qu'il y a loin de ces marrons-ci à ceux qu'on vous offrait devant les vitrines animées du boulevard Haussmann lorsque vous étiez encore une vraie bourgeoise, circulant du 5e au 16e arrondissement entre les appartements de votre mère et de vos grands-parents, dans la bienheureuse ignorance de cet est parisien où logent les classes sociales intermédiaires et sévissent les tueurs en série.»

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/04/05/note-de-lecture-viviane-elisabeth-fauville-julia-deck/
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Il m'arrive de prendre presque au hasard sur un table de librairie un livre publié chez minuit, je suis rarement déçu. Je ne sais pas si celui-ci m'a attiré par la quatrième de couverture, typique du genre, ou s'il m'a été conseillé par un(e) libraire, que j'aime aussi écouter.
L'avantage de faire la soixante-huitième critique d'un livre (toute référence politique exclue, mais les chiffres ne sont plus jamais innocents, comme me l'avait appris une chanson de Guidoni), l'avantage donc de passer après tant d'autres est qu'on est dispensé de l'exercice souvent mal réussi sur Babelio d'en dire assez mais pas trop sur l'intrigue. (notez que certains en disent volontairement trop et que c'est un enchantement, voyez les critiques de Nastasia-B).
Donc juste quelques notes personnelles : si vous craignez d'être dérouté qu'un personnage soit désigné par à peu près tous les pronoms personnels possibles et qu'en plus le même pronom, inhabituel dans cet usage, s'applique à plusieurs personnages à distance d'un paragraphe, commencez donc par un classique de ce qu'on a appelé le Nouveau Roman, par exemple La Modification. Car ce livre est aussi un exercice brillant de d'utilisation de la langue ou de variations de point de vue. Attention aussi à l'utilisation de la folie comme cache à évidences.
Mais si ce style typique de minuit (et qui me rappelle quelquefois l'art poétique de Verlaine : sans rien en lui qui pèse ou qui pose... pas la couleur, rien que la nuance...) ne vous rebute pas, vous apprécierez aussi quelque chose de balzacien dans ces portraits de bourgeoisie parisienne, et quelque chose d'oulipien (là je sens que j'en fais trop, mais ça m'amuse, pas vous?) en lisant ce livre comme un roman policier dont le coupable est désigné en quatrième de couverture ; tout le monde ne s'appelle pas Ackroyd.
Une touche finale d'exagération? Est-ce que le titre n'a pas quelque relent Durassien?
Résumé : roman pour snob parisien (mais pas que, comme on dit de nos jours) qui m'a bien plu et tenu jusqu'à la dernière page.
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J'ai lu Viviane Elisabeth Fauville et le triangle d'hiver de Julia Deck (Ed de Minuit). Ses héroïnes sont de douces frappadingues à l'identité troublée, à la mémoire bizarre, et c'est un peu comme si Lol V. Stein de Duras se retrouvait dans un roman policier, parce que l'auteur arrive à mettre dans ses histoires à la fois une dose de fantaisie originale, et du suspens (ce sont des intrigues "à chute")... La première, après une séparation douloureuse, cherche à cacher qu'elle a tué son psychanalyste et la deuxième usurpe l'identité d'une romancière rohmérienne: "Bérénice Beaurivage", cachant sous sa capuche une chevelure qui fait d'elle la sosie imparfaite d'Arielle Dombasle... Ces jeunes femmes sont attachantes, parce qu'elles font de leur mieux, ces filles seules, paumées, veulent reconstruire à partir de débris quelque chose qui ressemble à une identité. Et pourquoi pas une identité de voyou ou de criminelle. Il y a de la beauté et de la poésie en elles, un vertige lié à la possibilité du vide. Bref, j'ai trouvé la lecture de ces deux romans hautement agréable, pas prise de tête, les phrases sont vraiment belles, et j'ai été attirée par la profondeur et la singularité de son univers marqué par une empreinte très féminine. On sourit à plusieurs reprises, on est un peu effrayé, on est finalement assez surpris.
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Mon impression est que Julia Deck, notre auteur, ne doit pas porter les psys en très haute estime. D'ailleurs, personne ne semble regretter celui dont la mort brutale plonge Viviane Elisabeth , son personnage, dans une sidération proche de la folie...
Et, pour accentuer le sentiment de vertige, de plongée dans la déraison, elle s'applique à faire osciller son récit entre d'une part une extrême méticulosité, une sorte de frénésie d'ordre logique, et d'autre part un véritable éparpillement de la personnalité. Ainsi, Viviane Elisabeth est d'abord un "vous", parfois un "on " très impersonnel, mais elle parle aussi à la première personne ("je") , ou bien ses actes nous sont présentés à la troisième personne ("elle").
D'où, peut-être, le sentiment de froideur ressenti par certains lecteurs:
en particulier dans les passages où apparaît le vous, il s'agit en effet d'une femme qui s'est mise à distance d'elle-même, qui cherche à se couper de ses émotions. Il faut dire que, avec un psychisme déjà très fragile (elle s'est figée dans une relation très étrange avec le souvenir de sa mère) elle a subi coup sur coup de sacrés traumatismes, à la fois professionnels, sentimentaux, et... judiciaires.
Par ailleurs, on voit bien que cette femme essaie de se raccrocher aux plans des lignes de bus ou de métro, au quadrillage des rues, aux précisions d'horaires. Mais on ne peut que se sentir inquiet pour la toute petite fille qu'elle promène constamment dans ses bras, et qu'elle risque d'élever sans réelle chaleur affective.... reproduisant sans doute ce qu'elle-même avait connu avec sa propre mère.

J'avais déjà beaucoup aimé "Monument national ", le dernier roman de Julia, qui était plus enlevé, plus drôle, mais aussi plus méchant. J'ai trouvé celui très brillant dans sa construction, et profondément troublant par les thèmes qu'il aborde ( la psychiatrie , les désordres psychiques, la camisole chimique, la relation mère/fille).
Bref, une réussite , et sens que je ne m'arrêterai pas là. Julia Deck a trouvé en moi une lectrice fidèle et assidue.
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Ce roman a tout du roman contemporain, vous partez sur un chemin et vous vous perdez, le narrateur qui vouvoie est difficile à définir et de l'étrangeté à chaque chapitre.

J'ai bien cru que j'allais rester sur ma faim (fin) ! Je regardais le peu de pages qui me restait à lire en me disant, « oh non, une réponse, même petite » (j'avoue, j'ai horreur des récits sans fin qui finissent en queue de poisson). Mais non, il y a une fin, bon, je n'ai pas eu toutes les réponses à mes questions, de nombreux éléments restent en suspens. L'auteur par son style explicite bien l'horreur du vécu, mais est-ce : réel ou imaginaire, folie ou syndrome post-traumatique ? Tout y est : le flou, l'amnésie, la rencontre avec le réel de la mort. J'ai été emportée dans le rythme, me conduisant à le lire d'une traite.

En somme, un livre déroutant, j'ai été emmenée dans l'histoire, au coeur des rues de Paris, j'ai suivi cette femme double comme ses prénoms, une femme qui semble se distordre, se morceler face à l'insensé.
Lien : http://metaphorebookaddict.w..
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