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EAN : 9782707322401
154 pages
Editions de Minuit (06/09/2012)
3.4/5   362 notes
Résumé :
Vous êtes Viviane Elisabeth Fauville. Vous avez
quarante-deux ans, une enfant, un mari, mais il vient
de vous quitter. Et puis hier, vous avez tué votre
psychanalyste. Vous auriez sans doute mieux fait
de vous abstenir.Heureusement, je suis là pour
reprendre la situation en main.
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Critiques, Analyses et Avis (93) Voir plus Ajouter une critique
3,4

sur 362 notes
Une femme se balance sur sa chaise à bascule, berçant tranquillement son bébé, essayant de remettre ses souvenirs dans le bon ordre. Qu'a-t-elle fait aujourd'hui ? Parfois, tout est si confus… Elle a pris le métro, pour se rendre dans son ancien appartement, celui qu'elle partageait avec son mari qui a demandé le divorce. C'est la concierge qui lui a ouvert la porte, le temps pour elle de récupérer le courrier. Sauf qu'à défaut de courrier, ce sont les couteaux, cadeau de mariage de sa mère, qu'elle met dans son sac. Une crise d'angoisse l'amène à prendre un rendez-vous d'urgence avec son psy. Que faire de sa fille, pendant ce temps ? Tout est si confus. Et quand cet abruti lui a demandé d'être une gentille fille, elle s'est rappelée des couteaux, ces couteaux cadeau de mariage de sa mère, qui est morte à présent, et qui sont toujours dans son sac…


Viviane Elisabeth Fauville, c'est moi, c'est toi, c'est elle, c'est vous… Facile en tout cas de se reconnaitre dans cette femme quarantenaire et jeune maman, cadre supérieur et en cours de divorce. D'ailleurs, l'auteure ne s'y trompe pas et n'hésite pas à utiliser alternativement le vous, le je, le tu, etc… Ce procédé qui déstabilise le lecteur déstructure également la narration, à l'image de l'esprit Viviane.

Ce petit livre intelligent évoque avec beaucoup de brio les difficultés d'être une femme aujourd'hui. Etre une mère aimante, c'est possible. Une épouse comblée, ça arrive. Avoir une carrière brillante, pourquoi pas. Ce qui est compliqué, bien sûr, c'est de se transformer en Wonder Woman qui mène tout de front à la perfection. Sans compter l'injonction sociétale à "se réaliser", à être heureuse. Car à moment donné, il y a toujours une petite poussière qui vient enrayer la belle logistique qui ne tient finalement qu'à un fil. Dans ce cas, on peut consulter un psy. Ca arrive, et des fois aussi, c'est utile. D'autre fois, on peut tomber sur un charlatan, qui nous prend de haut et dont l'objectif est d'assécher votre compte en banque.
Des fois, rien ne va plus, mais on ne peut pas rester assise sur sa chaise à bascule, en regardant son bébé dormir. Alors on la laisse dormir toute seule dans sa chambre, en vérifiant qu'elle n'aura pas froid et en s'assurant par des moyens que les autres réprouveraient qu'elle ne se réveillera pas. Et on fait des choix. de préférence les plus mauvais. On ne fait pas exprès, mais il y a des moments où l'on n'est plus capable de prendre du recul, de réfléchir aux conséquences de ses actes. Et puis on s'auto-flagelle, en forçant la rencontre avec ceux qui fréquentaient le psy poignardé, sa femme, sa maitresse, d'autres encore…

Viviane Elisabeth Fauville, c'est moi, c'est toi, c'est elle, c'est vous ; c'est un peu de nous, un nous possible, un nous en devenir, si jamais un grain de poussière venait à enrayer la belle logistique de notre vie qui ne tient finalement qu'à un fil.

Une très belle découverte !
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Elle s'appelle Viviane, c'est moi, c'est nous, c'est vous. Bref, l'auteure nous plonge immédiatement dans le fil du roman en nous identifiant tout de suite à cette femme, âgée de 42 ans, mère d'une petite fille, ayant un bon emploi mais qui et malheureusement en train de se séparer de son mari.

Viviane est déprimée, elle ne se sent pas bien et en veut particulièrement à son psychiatre qui ne lui fournit pas les réponses qu'elle attend de lui mais se contente de lui retourner ses propres questions. "Mais pourquoi fait-il cela ? " aurait-elle envie de hurler, si bien qu'elle envisage de le tuer à coups de couteaux...ce qu'elle fait ! du moins...

Bref, je ne vous en dis pas plus ! Ce livre est assez déconcertant car la romancière passe tantôt du "vous", au "nous", puis au "elle"...bref elle fait tout pour nous emmêler les pinceaux, à nous, lecteurs. J'avoue que c'est ce qui m'a le plus déconcerté dans cette lecture mais après avoir lu les deux dernières pages, je dis tout simplement "Chapeau" et vous encourage à le découvrir et surtout, à ne pas abandonner trop tôt. Ce serait dommage !
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Elle a un petit grain, notre Viviane qui donne son titre au roman : comme l'attestent ces pertes de connexion inopinées avec la réalité quotidienne . Et puis il faut quand même être fêlée pour envisager de tuer son psychiatre à coups de couteau, et, qui plus est, de suivre, espionner et même interroger toutes les personnes suspectées dans cette enquête ! À croire qu'elle ne fait pas une coupable convaincante....Dans son univers incohérent, les relations mère fille sur 3 générations sont très particulières, à la limite de la maltraitance, amplifiant l'atmosphère de suspicion autour de l'héroïne. Mais que cache cette enquête parallèle et les curieuses relations qu'elle noue avec les proches de la victime?

Une des originalités du roman est l'utilisation successive de différents pronoms personnels, qui modifie au fur et à mesure la focale et la distance du lecteur par rapport au personnage en scène. le résultat est très intéressant.

Très agréable lecture, par la construction, l'analyse psychologique des personnages, et la chute, mais chut!

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Si Flaubert avait écrit ce roman, il aurait sans doute dit : "Viviane Élisabeth Fauville, c'est moi".
Ce personnage est troublant. Troublant de réalisme et de vraisemblance. Troublant parce qu'au bord de la folie, ou déjà dedans : à vous de voir. En tout cas, on ressent que cette fêlure qui apparaît chez cette femme ordinaire pourrait nous toucher nous aussi à un moment donné de notre vie.
Vivre un mauvais évènement au mauvais endroit au mauvais moment, et hop, tout peut basculer.
Une des forces de ce court roman est que l'on ne regarde pas Viviane Élisabeth de l'extérieur, mais de l'intérieur. On tourne autour, puis l'on entre en elle, jusqu'à devenir elle, à partager ses pensées.
C'est très bien fait et ça nous bouscule dans nos certitudes... et si cela m'arrivait ?
Personne n'est à l'abri : nous sommes tous Viviane Élisabeth Fauville.
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Vous êtes Viviane, 42 ans, un bébé de trois mois, un bon boulot. Vous êtes mal, votre mari vient de vous quitter. Entourée de cartons dans votre nouvel appartement, vous bercez le bébé et vous réfléchissez à ce que vous avez fait un peu plus tôt dans la journée : blanc. le lendemain, ça vous revient. Vous êtes allée chez votre psy et comme d'habitude il a été incapable de vous aider alors vous l'avez tué.
A travers une énonciation à la 2ème personne du pluriel (sauf quelques incursions de la 1ère personne sing. ou pluriel et même de la 3ème) Julia Deck nous fait pénétrer dans les méandres des pensées de Viviane, méandres bien tortueux il faut bien le dire. le personnage n'est pas stable, c'est certain et nous, à sa suite, sommes déstabilisés. Car l'auteure nous promène. D'abord donc dans la psyché de Viviane. Elle nous promène aussi dans Paris d'appart en appart : le sien, celui de son mari, celui de sa mère, celui de la nounou où elle dépose-récupère la petite, du commissariat où elle est convoquée où lors des filatures des différents suspects de la police… Elle nous promène car elle nous mène où l'on ne se s'attend pas.
Mon meilleur Julia Deck à ce jour.
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critiques presse (4)
Telerama
03 septembre 2014
L'écriture, à la fois distancée, piquetée d'humour et portée par la folie et la haine, hisse très haut ce premier roman jubilatoire et obsédant, dont l'auteur publie en cette rentrée son second ouvrage, Le Triangle d'hiver.
Lire la critique sur le site : Telerama
NonFiction
27 novembre 2012
Tour à tour Viviane ou Elisabeth, le roman maintient un suspens sur cette femme malgré l’annonce faite dès le début du livre du meurtre du docteur Sergent.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Lhumanite
22 octobre 2012
Julia Deck, pour son premier roman, construit une fiction rigoureuse, très maîtrisée. Elle nous donne un texte brillant dont l’abord tout de simplicité n’est qu’un leurre, un récit pathétique où l’humour ne fait que renforcer le sentiment de panique qui saisit le lecteur à l’idée qu’il pourrait bien être lui aussi Viviane Élisabeth Fauville.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Lexpress
06 septembre 2012
Julia Deck impressionne d'entrée de jeu avec le portrait d'une femme multiple, complexe, qui perd pied et cherche à se raccrocher à la réalité. Une Viviane Elisabeth Fauville capable de mentir, de se faire passer pour une infirmière, ou d'en venir aux mains. Il faut la suivre dans les rues de Paris, à travers un roman littéraire, cinématographique et entêtant qui réserve bien des surprises et promet un bel avenir à son auteur.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Élevée dans l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, la gamme de vos affects s'en est trouvée considérablement réduite et vous n'y voyez aucun inconvénient.
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Lèvre sur siennes tremblotantes, agacements, morsures, dévient vers l'oreille, dents attaquent le pavillon, langue contre lobe, mains sous le tee-shirt, chair de poule. Doigts qui pincent, remontent au collet, saisissent la mâchoire, et quelle mâchoire, si délicate, semble taillée dans du cristal. Main sur nuque, immobilisation de la proie, plaquage complet, serrage de près. Voir ce que ça donne en bas, si ça monte, si ça crépite, mesurer sa frappe, viser juste. Fortes turbulences en zone sismique. Descente des flancs, barrage pantalon, obstacle ceinture, doigts fouillant la boucle, érection d'un nouvel obstacle. Obstacle prometteur. Mains sur mains, sous les couches de tissu, pointes dressées, vigueur redoublée de l'obstacle. Pulls jetés à terre, pantalons les rejoignent, chaussures coincent, enlever les chaussures, gestes flous, précipitation contre-productive, chaussures coincent d'autant plus mais on y arrive, on y arrive. Obstacle majestueux contre dentelle blanche. Harponner l'obstacle, l'intromettre. Obstacle frémit, lutte pour sa survie. Mais déroute, retraite, acharnement inutile, ennemi en fuite, victoire trop facile, absence de péril, triomphe sans gloire. Réagir. Ranimer la bataille. Mains partout, doigts agiles, introduits, regain de flamme, on y croit, on y croit. Flanche pareil. Trouver autre chose. Imagination, imagination. A genoux, Elisabeth. Gorge déployée, efficacité retrouvée. Proie respire, se détend, roue libre enfile boulevard, glisse tout seul. Lièvre se rebiffe. Lasso, lancer, obstacle maîtrisé. Obstacle furieux, rugit, débourse sans compter. Obstacle assoupi.
(P99)
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Les semaines suivantes, vous avez beaucoup dormi, parfois vous avez regardé la télévision. Il s'y passe l'après-midi des choses aériennes situées dans de lointains décors. Des chirurgiens trahissent leur épouse avec des infirmières enceintes de pilotes de l'air, les maris meurent par le truchement de pics à glace, et les veuves roulent en décapotable sur toile de fond azuréenne.
Commenter  J’apprécie          170
Tout en mixant les œufs à la fourchette, vous tentez de vous rappeler ce que vous avez fait aujourd’hui. Le bébé vous a réveillée à six heures. Une faible plainte s’élève dans la chambre encore sombre malgré l’absence de volets. Vous ouvrez un œil, murmurez un air bête, une de ces chansons pop apprises à quinze ans qui sont les seules berceuses que vous connaissez. Puis vous faites chauffer le biberon et filez sous la douche en attendant qu’il arrive à température. L’enfant se retrouve à la cuisine dans vos bras, elle mange et ni l’une ni l’autre ne pensez plus à rien. Vous la reposez quelques minutes dans le berceau pour préparer ses affaires, brosser vos cheveux, allonger vos paupières au pinceau. Ensemble vous sortez.
La nourrice habite rue Chaudron. De votre immeuble, à l’angle des rues Cail et Louis-Blanc, c’est tout droit puis à gauche puis à droite. La nourrice s’en tient à la prestation minimale. Elle veille à la propreté des lieux avec une attention scrupuleuse, prodigue à l’enfant des soins irréprochables et ne se dépense jamais en politesses inutiles. Cela vous convient tout à fait.
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Elle ne se rappelle plus très bien comment regagner son domicile, quelle ligne de métro ou d'autobus l'y conduirait le plus surement. Elle se souvient que ses bras sont vides et qu'il y manque l'enfant dont c'est la place.
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Avec Monument national publié aux Éditions de Minuit, Julia Deck croque les inepties de notre époque à travers les yeux d'une petite fille espiègle. Son père, Serge Langlois, est un acteur inscrit au patrimoine de son pays, il vit dans un manoir où le luxe drape les consciences de velours. Son épouse, ses domestiques, guettent ses faveurs jusqu'au jour où Sandrine débarque au château et rebat les cartes de l'héritage. Les influences sont nombreuses, on voit Echenoz dans le texte, la satire, la prise de conscience par l'humour.
Julia Deck a obtenu une bourse de création du CNL en 2019 pour l'écriture de Monument national. Il s'agit de son 5e roman publié aux Éditions de Minuit. Elle a reçu le prix du Premier roman de l'université d'Artois en 2012 pour Viviane Elisabeth Fauville (Minuit).
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