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3,48

sur 145 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le sel.
Celui de la mer.
Celui des larmes.
Celui qui anhilie le goût.
Celui de l'amertume.

Voici ce qui remplit une famille.
Deux frères, une soeur, chacun ressasse leurs sombres pensées à l'égard du père ou de la mère. Des enfants défigurés sous la houle d'un père trop austère et d'une mère trop distante.
A l'approche d'un dîner qui vont les rassembler, les souvenirs affluent comme un venin pour justifier l'agonie de leur vie actuelle.

Fanny a perdu sa fille quelques années plus tôt, elle ne s'en remet pas, entre son fils et son mari, elle vacille.
Faute à qui ? Son père, sa mère ?
Albin voit son monde s'éloigner, son épouse, ses enfants. Pourtant il fut chéri par son père, qui voyait en lui son clone idéal. Faute à qui ?
Jonas est homosexuel. Pas simple dans une famille aseptisée aux moeurs irréprochables. Il peine à s'accepter, à être libre, à vivre sa vie. Faute à qui ?

Vous l'aurez compris, ce roman soulève carte après carte pour trouver le coupable, le fautif. C'est tellement rassurant de désigner un coupable.

Y aura t-il la place pour le pardon dans cette famille en souffrance...
Faut-il vider cette souffrance dans le puits de l'amertume pour en être quitte ?

Voici tout l'art de ce roman qui distille bien des sentiments, des questions et un portrait psychologique d'une famille désunie.
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La situation est on ne peut plus simple.
Une famille sétoise va se réunir pour un repas organisé par Louise, veuve d'Armand. Ses trois enfants, aujourd'hui adultes, parents eux-mêmes pour la plupart, devraient y être.
On ne peut plus simple, en apparence. On pressent vite que « Passe moi le sel » ne devrait pas être la seule chose qu'ils auront à se dire.

Le ressac maritime en toile de fond, les souvenirs affluent rapidement au gré des chapitres consacrés aux différents protagonistes, mettant à jour les ressentiments nés d'un climat familial lourd de la violence plus ou moins contenue du père aujourd'hui décédé, lourd d'un héritage obstrué par des liens ancestraux rigides, piégés qu'ils semblaient tous être dans ce bout de France à l'atmosphère iodée et l'horizon immuable.
La pensée des uns et des autres se densifie, explore le passé, met à jour les zones de rancoeur, tisse les liens névrosés d'une famille ordinairement tortueuse, élabore la toile d'une psyché collective finalement complexe. Comme dans quasiment toutes les familles, pourrait-on penser.
On pense aussi à un film psychologisant (voire chiant) dont le cinéma français est friand. Il faut dire que l'écriture de del Amo est elle-même assez visuelle quand elle n'explore pas les états d'âme («L'étang de Thau glissait au long des rails, à mesure que Sète s'éloignait, sous un ciel ventru, dans un petit jour gris de rentrée scolaire. Les eaux tendaient un miroir de métal où les nuages moutonnaient, scindés par l'ondulation fiévreuse des lignes à haute tension » ).
Une écriture exigeante qui fait la force de ce roman à mon humble avis, écriture charnelle et évocatrice, à l'épithète musclée, dont la puissance ne s'effrite pas à l'abordage de thèmes aussi ambitieux que la mort, le sexe ou l'amour.

Après l'insoutenable « Règne animal », voilà un auteur que je ne manquerai pas de suivre, même si « Le sel » ne m'a pas complètement emballé.
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J'ai découvert Jean-Baptiste del Amo avec Une éducation libertine, un roman dont j'avais adoré autant l'écriture que le sujet, aussi ais-je tenu absolument à lire le sel.

Ce roman est cependant bien différent du premier, à tous les points. Nous sommes ici dans une sorte de huis-clos familial, dont l'atmosphère s'alourdit au fil des pages, un huis-clos qui ne durera qu'une journée, mais qu'elle est longue ! le père est mort il y a déjà plusieurs années, mais sa figure, son caractère hantent encore chacun des membres de la famille. Ce soir, les deux frères et la soeur doivent se retrouver avec leurs conjoints respectifs et les enfants pour dîner chez leur mère. le roman nous présente chacun d'eux, dans l'attente de ce dîner. Tous plongent en eux-mêmes, dans leurs souvenirs, retournent dans l'enfance, cherchent les jours heureux, et retrouvent, toujours et encore ce père qui semble peser si lourd sur leur vie actuelle, même s'il n'est plus.

Tous sont tourmentés, bons à s'allonger sur le divan d'un psy, angoissés, incapables de communiquer à leurs proches leurs sentiments, incapables de stopper les non-dits, de faire face à la réalité et au passé… On parle bien ici, sous les mots, de maltraitance psychologique. Ou comment l'attitude des parents peut détruire une fratrie, et toute une famille.

Louise, la mère, a parfois l'impression que sa vie n'est qu'un échec : mariage raté, enfants mal dans leur peau… mais il lui reste cependant quelques bribes de souvenirs heureux auxquels elle s'accroche, tout en se berçant d'illusion sur le fait d'avoir fait ce qu'elle devait et comme elle le devait. Elle est néanmoins consciente qu'elle aurait dû protéger ses enfants de son mari, de sa violence, qu'elle aurait dû plus souvent s'interposer entre eux pour les protéger.

Fanny est en dépression chronique depuis la mort de sa fille, et est persuadée de ne pas avoir été aimée par sa mère, avec laquelle les relations restent difficiles. Jonas, le petit dernier, chouchou de sa mère et honte de son père quand il était enfant, assume son homosexualité depuis peu, mais reste cependant fragile. Albin, le fils ainé, que le père prit sous son aile pour en faire un marin, comme lui, pour le modeler selon son exemple, reproduit la rigidité de son père et ne laisse en aucun cas les sentiments prendre le dessus sur la morale qu'il s'impose (et impose aux autres).

Il faut dire que le père lui-même a eu une enfance pas évidente, obligé de fuir l'Italie par les montagnes, de se battre pour survivre, puis pour nourrir sa famille, et qu'il fut également lui aussi dominé par son propre père. Reproduction de schémas destructeurs assez typique des familles à problèmes…

Bref, ce n'est pas la joie, par ici… Et c'est d'ailleurs sans joie que j'ai lu ce roman. J'ai pourtant trouvé intéressant au début les descriptions des différents personnages, la plongée dans leur passé, dans les images du souvenir, puis j'ai trouvé ça lassant, et plombant. Des familles comme celles-ci, bien sûr que ça existe, et que c'est révoltant, mais ces gens ne m'ont pas émue, trop occupés qu'ils sont à se regarder le nombril, absolument pas ouverts aux autres, repliés sur leur malheur. Hop, tous chez le psy, et ça ira mieux, je vous le dis, moi !

Dommage également que l'auteur s'essaye à expliquer les raisons du mal être de chacun des membres de cette famille dans la dernière partie du roman. J'aurais préféré rester sur ce constat d'échec, avec juste les descriptions des uns et des autres, le retour sur certaines scènes, sans qu'on m'explique noir sur blanc le pourquoi du comment. Je crois que le roman en aurait été plus puissant (et moins long, également…).

J'ai de plus été extrêmement déçue par l'écriture de l'auteur. Autant j'avais été subjuguée dans son premier roman par son style, foisonnant, riche, si vivant, autant je l'ai trouvé ici ampoulé et peu naturel. On dirait qu'il a cherché dans le dictionnaire les mots ou les tournures de phrases « pour faire bien » ou cultivé. Ça ne sonne pas naturel, mais guindé, travaillé à outrance, et donc bien sûr, du coup les sentiments ne peuvent pas remonter à la surface. Certaines phrases sont complètement alambiquées et tordues, d'autres sont faites pour rire avec des allitérations dignes de Racine ! A coté de ça, l'auteur frôle parfois le vulgaire avec des mots grossiers, on est un peu perdu…

Bref, pour terminer par un jeu de mot facile, une lecture sans sel pour moi...



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Dans une première partie, on apprend qu'une mère (veuve) invite ses deux fils et sa fille autour d'un repas. On a alors les pensées de chacun d'entre eux. Des souvenirs surgissent, des sentiments. Chacun traverse une période de vie qui n'est pas facile et l'esprit de famille n'existant pas entre eux, ce repas ne les rend pas plus gais. Cela aurait pu être intéressant, mais le récit est parfois assez plat.
Dans la seconde partie, j'ai été plus acharnée et l'auteur a su m'arracher quelques larmes. (je suis très sensible...). le récit se fait différemment. On retrouve les personnages et on les suit pendant les quelques heures qui précèdent ce repas. Leur vie s'explique plus précisément par leur passé et on a aussi des indications sur la vie du père, dont les enfants n'ont pas le meilleur souvenir.
On prend conscience aussi que l'histoire se répète, que les gènes sont présents dans chacun d'entre nous. Les chiens ne font pas des chats...
Je suis allée jusqu'au bout du livre et je ne le regrette pas mais j'avoue que j'étais parfois tentée d'arrêter avant. Ce n'était pas passionnant. Certaines descriptions me semblaient bien écrites mais un peu forcées. Ca ne coule pas de source...
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Un dîner de famille. Quoi de plus banal en somme… Louise, veuve d'Armand, veut réunir ses enfants, Fanny, Jonas et Albin, adultes maintenant, autour d'une table dans cette maison de Sète qui les a vus grandir. Une joie comme un de ces moments précieux qui fait le sel de la vie.
Mais dans cette famille aussi tortueuse que tant d'autres, le sel est aussi celui des larmes. le passé jette du sel sur les plaies parfois creusées depuis des générations. On suit à travers le verbe fouillé, très visuel, presque palpable de del Amo, les pensées et souvenirs des personnages à l'approche de ce diner qui fait rejaillir rancoeurs et mémoire douloureuse, à l'ombre du fantôme d'un père et d'un mari violent.
La ville elle-même devient un personnage à part entière, les pages sentent le sel du port, la maladie de l'amant de Jonas, le sang des ancêtres, la terre qui nourrit autant qu'elle enferme, avec son ciel si bleu et si chaud qu'il en devient couvercle empêchant toute fuite. Ce roman dans lequel le présent s'explique peu à peu à l'aune des pensées de chacun devient claustrophobique. Même si j'ai regretté quelques longueurs à mi-ouvrage, je ne peux qu'admirer le talent incroyable de l'auteur pour fouiller la psyché humaine, tissant page après page les contours d'une toile collective dans laquelle chaque coup de pinceau est déterminé par celui qui l'a précédé.
Le sexe, l'amour, la violence, la mort - mort de l'enfant, de l'amant, des rêves de futur – chaque thème est abordé avec une justesse folle et la délicatesse des auteurs amoureux de l'être humain et de ses failles.
Mais… car il y a un mais… tout séduit par le style de del Amo, je ne peux que regretter la façon dont est décortiqué chaque ressenti, chaque sentiment, chaque action, enfermant le lecteur dans un schéma de pensée unique et renforçant encore un peu la sensation de tension éprouvée à la lecture, mais pas dans le bon sens du terme. Là où j'aime retrouver chez des personnages romanesques des réactions ou des mots que je pourrais faire mien, je n'ai que peu apprécié cette dissection extrême de ce qui les a provoqués.
Je referme ce livre avec un avis en demi-teinte, impressionné par le style et un peu déçu par le fond. Oserais-je dire que cela manque un peu de saveur ?
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Le Sel n'est pas un roman qui m'a particulièrement marquée mais qui reste intéressant. Je ne serais pas allée le lire de moi-même. L'auteur joue sur des lieux communs de la littérature pour parler de la société moderne. On est tout de même bluffé par la maturité littéraire de ce jeune homme de 26 ans !
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Qui sont nos parents ? Que sait-on de leurs histoires ? de leurs enfances, de leurs amoures, de leurs vie commune ? La perception, interprétation, intériorisation de mêmes évènements par chacun des membres de la famille avec son caractère et sa sensibilité provoque, peur, joie, rejet, admiration, traumatisme et engendre frustration, incompréhension, explosion, rupture, rapprochement…
Jean-Batiste del Amo nous ouvre la porte de notre propre famille, de notre histoire, de nos incompréhensions, de nos interrogations, des trous et des trop plein qui constituent notre famille, notre vie.
L'angoisse m'a vrillé le ventre en lisant ce livre car je ne sais moi-même rien de l'arrivée de mon père (mort il y a 15 ans) en France, cet immigré italien, abandonné par son père.
Livre émouvant et qui remue nos vies, nous fait nous questionner sur nos jugements familiaux.
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Je découvre l'écriture magnifique de Jean-Baptiste del Amo. C'est un régal pour les yeux et les oreilles... il y a une musicalité dans sa création littéraire, c'est juste et jamais grandiloquent.

Sur le thème éculé de la réunion de famille avec révélations des zones d'ombre des personnages, leur souffrance et non-dits, l'auteur parvient à éplucher une couche d'âme supplémentaire et à entrer en résonnance avec un vécu forcément quelque part universel.

C'est efficace de noirceur sans nous laisser de zones de confort ni de respiration. Je l'ai regretté au final car si un peu de lumière avait réhaussé l'ensemble par petites touches, j'ai l'impression que le tout aurait gagné en force.
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En cette belle journée d'été, Louise s'apprête à recevoir ses trois enfants, Fanny, Albin et Jonas. Un événement très banal que vivent régulièrement de nombreuses familles. Mais si la perspective de ce dîner devrait a priori les réjouir, elle se révèle être source d'angoisse pour ces quatre personnages. Car tous savent que l'ombre du père, mort d'un cancer quelques années plus tôt, va planer sur ce rassemblement familial. Rude marin silencieux et violent, cet homme a régné sur les siens tel un dicateur, les marquant d'une empreinte indélébile. Une cicatrice, résultat d'une profonde blessure, que chacun tente d'enfouir au plus profond de son être. Mais qui se rouvre en ce jour durant lequel les souvenirs remontent à la surface. A tour de rôle, Fanny, Jonas et Albin se racontent et parlent de leurs sentiments envers ce père si dur, et envers cette mère si passive.

La suite sur mon blog...
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