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4,02

sur 388 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Des fois, on entend tellement de bien d'un livre qu'on est un peu inquiet en le commençant, trop d'attente peut tuer un livre. Ici il n'en fût rien, mes attentes ont été largement récompensées !

Pour une fois, je commencerai par parler de l'écriture de l'auteur. J'ai beaucoup aimé la narration au présent, qui dynamise le récit. Les chapitres sont courts et s'enchaînent avec un rythme enlevé. Cela changeait vraiment de mes dernières lectures, et avait comment un petit goût de fraîcheur très agréable.

Le cadre m'a également sorti de mes habitudes. L'histoire prend place pendant la république de Marseille et j'avoue que cette période historique m'était inconnue. J'ai vraiment apprécié ce cadre "réel" augmenté par un peu d'artefact de fantasy, avec les artbonniers et leur magie. le tout se mêle très bien et donne un fond passionnant pour une histoire pleine de combats, d'intrigues, de meurtres, de politiques, d'amour. L'auteur alterne entre les souvenirs et le présent, ce qui permet de découvrir individuellement l'histoire de chaque personnage, tout en gardant le suspense sur ce qui se passe à Marseille en 1596. Il arrive à nous tenir en haleine jusqu'à la fin, qui arrive bien trop rapidement.

Ces personnages plein de gouaille et de caractère sont également l'une des grandes richesses de ce roman. On va suivre leur histoire personnelle, puis, le lecteur va les voir s'entremêler afin de former une histoire riche en rencontres. Une mention spéciale pour Axelle, qui change de beaucoup d'héroïnes rencontrées lors de mes lectures. Cette mercenaire tente comme elle peut d'être une mère et une aubergiste, alors qu'elle n'aspire qu'à retourner au combat. J'aurai aimé en apprendre plus sur elle, comme pour la majorité des personnages. Je suis d'ailleurs ravie que l'auteur nous ai gratifiés d'une nouvelle sur Gabin. Elle est très touchante, juste parfaite.

Pour conclure, j'ai tardé à lire ce livre, alors ne faites pas comme moi, lisez-le dès à présent. Vous passerez un très bon moment, tout en apprenant plein de choses. En plus, c'est un one-shot, donc pas de suite à attendre ou de série interminable, quoi que ... j'en redemande, moi !
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Ayant découvert Jean-Laurent del Socorro grâce à Je suis fille de rage, c'est tout naturellement que je me suis laissé tenté par cette belle réédition de son premier volume : Royaume de vent et de colères.

Comment résister à la tentation ? Il faut dire que les éditions Actu sf ont fait du beau travail pour l'occasion. le livre est présenté dans un format intermédiaire entre le livre de poche et le beau livre. La couverture est épaisse, l'écriture sur la tranche est dorée, la couleur, le dessin, le marque-page, le papier… bref tout concourt à faire ici de ce roman une sorte de vieux livre qui n'en est pas un.

Que dire de plus que ce qui n'a pas déjà été dit sur le contenu ? Pas grand-chose…

L'histoire évoque un épisode peu connu des Guerres de religion finissantes : le siège de Marseille. le tout transposé dans un monde de fantasy dans lequel la magie tient une place de peu d'importance. Voilà qui ne devrait frustrer personne et fait une belle entrée en matière pour débuter la fantasy.

Le roman nous offre une belle histoire qui est principalement le fait de ces personnages. A chaque chapitre, c'est quelqu'un d'autre qui l'on suit. Et en tout il faudra compter sur une petite dizaine de personnages.
Il s'agit ici d'un véritable chef d'oeuvre qui se lit d'une traite ! Difficile de lâcher cette lecture, tant celle-ci est immersive.

Les lecteurs plus à l'aise avec la fantasy trouveront ici et là des influences et c'est un véritable jeu d'essayer de les découvrir.

Je ne saurais que vous conseiller cette lecture pour tant de raisons et plus, mais restons à l'essentiel : lisez et vous comprendrez. Promis vous ne regrettez rien.

Les plus chaleureux remerciements sont de rigueur, l'auteur nous régalant de nous nouvelles et d'un interview sous forme de bonus. Il serait bien regrettable de bouder son plaisir !
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En 2015, Jean-Laurent del Socorro faisait une entrée remarquée en littérature fantasy avec la publication de son premier roman Royaume de Vent et de Colères. Ce roman percutant connaît un succès immédiat en librairie. Pour preuve, il reçoit le prix Elbakin du meilleur roman francophone.

Pour un auteur qui se plaît davantage à écrire des nouvelles de science-fiction, s'atteler à un plus grand format, qui plus est, dans un autre genre, lui réussit tout aussi bien. Lecteur avant d'être auteur, Jean-Laurent del Socorro n'est pas un créateur d'univers comme peuvent l'être certains de ses confrères, à l'image du chef de file Mathieu Gaborit, dont il apprécie, d'ailleurs, la bibliographie. Il n'aborde pas la fantasy par ce biais, et préfère l'insérer dans un contexte historique fort en jouant sur l'évolution d'un groupe de personnages aux caractères contrastés et aux destins entremêlés.

1596, Marseille est gouvernée par le consul Charles de Casaulx. Cette indépendance autoproclamée nargue depuis trop longtemps le roi Henri IV. Ce dernier estime que le temps est venu de se lancer, avec ses troupes dans la reconquête de l'intégralité de son royaume, afin de devenir pleinement le roi de France. Les agissements des ligueurs catholiques de Provence n'ont que trop duré. Alors que dans les coulisses de l'Histoire, un siège se prépare, l'auberge de la Roue de la Fortune est le théâtre d'événements importants qui vont influencer le destin du royaume de France. Des personnages vont s'y croiser et chacun aura un rôle à jouer même s'ils n'en ont pas tous consciences. Que ce soit cette ancienne capitaine mercenaire, ce chevalier retraité, cette vieille intrigante à l'allure inoffensif ou encore ces deux jeunes hommes qui semblent vivre un sevrage difficile, tous sont des pièces maîtresses de l'auteur pour nous dévoiler l'envers du décor d'un moment fort de l'Histoire.

Royaume de Vent et de Colères enchaîne des chapitres courts qui donnent à tour de rôle le point de vue de l'un des personnages sur l'histoire. Dès le départ, cela donne un bon rythme à l'action. Jean-Laurent del Socorro a pris le parti de partager son livre en trois parties. Une première qui permet de faire connaissance avec chacun de ses héros qui arrivent à tour de rôle à l'auberge, une seconde qui met en lumière des moments-clés de leur passé et éclaire sur les raisons de leur présence à ce moment critique de l'action et une troisième qui révèle le dénouement.

La magie de ce roman s'exprime par l'intermédiaire de l'Artbon. C'est une sorcellerie dangereuse. Elle consume celui qui la pratique. Elle est comme une drogue qui finit par avoir raison du magicien. Alors qu'elle pourrait servir à soigner, elle est uniquement utiliser comme une arme de destruction massive bien utile pour un roi en reconquête.

Il est l'auteur d'une fantasy historique digne des plus grandes plumes du genre... plus d'infos sur Fantasy à la carte
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Avec ce nouveau titre, je découvre un nouvel auteur français et quelle découverte ! A peine commencé, j'ai senti que j'étais devant une très belle plume et une très belle aventure. Jean-Laurent del Socorro m'a séduite dès les premières lignes et cela ne s'est jamais démenti tout au long de cette uchronie à la narration presque cinématographique sur la chute de la République de Marseille pendant les Guerres de Religion.

D'habitude, je ne suis pas trop friande des uchronies même si j'avoue que ce sont des contextes qui change de la fantasy classique. Ici, c'est tellement bien fait que je n'ai aucune reproche à faire. L'auteur nous livre le contexte pierre après pierre avec une rare facilité. Tout est simple, cohérent, compréhensible même pour quelqu'un qui ne connait pas parfaitement les Guerres de Religion. de plus, c'est présenté aussi de façon très addictive grâce à une atmosphère pesante très immersive.

En effet, les choix narratifs du romancier nous font plonger de plein pied dans l'histoire. On démarre en suivant une panoplie de personnages sur des chapitres très courts (3-4 pages) la veille de la chute de Marseille. On apprend ainsi rapidement à les cerner. On découvre leurs enjeux personnels mais aussi ceux plus globaux avec eux. Puis alors que la chute devrait avoir lieu, on nous fait basculer dans leur passé et on revient en arrière à des moments différents pour comprendre ce qui les a forgés et comment ils sont arrivés à Marseille ce jour-là. C'est assez fascinant la façon dont il nous fait naviguer entre les périodes sans jamais nous perdre, mais aussi comme il nous attache à ces personnages qu'on suit sur un si petit nombre de pages au final. Il pourrait en réapprendre à bien des auteurs fleuves pour cela.

Pour l'histoire en elle-même, j'ai aimé l'importance que les personnages y avaient. Ce sont eux qui font tout le sel des événements qui se produisent sous nos yeux que ce soit Axelle, l'ancienne mercenaire tenancière d'auberge, Gabriel, chevalier tiraillé par ses choix passés, Victoire, chef des assassins de la ville qui fait tout pour garder sa place, ou Armand, le magicien qui fuit les persécutions avec son compagnon. Leurs petites histoires qui nous paraissent bien éloignées les unes des autres font former une vraie toile dans la dernière partie alors que se jouent inéluctablement les derniers jours de la République marseillaise. C'est beau, c'est fort, c'est intense, c'est tragique et on ne nous épargne pas.

Je suis complètement tombée sous le charme de la plume de Jean-Laurent del Socorro dont c'est ici le premier roman ! En plus, d'une maîtrise rare de son histoire, ses personnages et sa narration, il délivre aussi des phrases magnifiques qui font mouche comme avec le jeune Gabin, qui se présente comme étant « un gamin sous le « aime ». Je ne pensais pas aimer autant ce titre et j'en suis la première surprise. Je suivrai avec avidité ses prochaines parutions. J'ai déjà son titre Boudicca en ligne de mire ^^
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Premier livre de cet auteur, j'en avais entendu parler mais je ne m'étais jamais lancée. Quelle idée d'avoir attendu tout ce temps car ce livre contient tout ce que j'aime.
Un pan d'histoire (ici la chute de la république de Marseilles par Henri IV que je ne connaissais pas du tout), un soupçon de fantastique, une galerie de personnages "ordinaires" loin d'être manichéens, et une intrigue composée de flash-backs qui dévoilent par petites touches le passé des personnages et ce qui les a mené à cette situation précise.
Après une présentation des personnages qui m'a semblée un peu difficile au début (les chapitres sont courts pourtant), je me suis fait happée par la petite histoire dans la grande jusqu'à avoir les plus grandes difficultés à la lâcher.
Une belle construction d'intrigue au rythme maîtrisé, un style efficace, une brochette de personnages torturés, déchirés entre leurs valeurs et leurs faiblesses, un peu de culture... J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre.
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Relu pendant le Bingo du Plib, Royaume de vent et de Colères m'a transportée à nouveau dans cette uchronie autour de Marseille et des guerres de religion, en 1596. Et je n'ai pas été déçue…

Mon avis :

Un titre évocateur

Un Royaume de vent et de colères, c'est avant tout un roman qui évoque le Mistral de Marseille et la colère de ses habitants. Ou plutôt ses colères car les raisons de chacun peuvent être différentes.

A travers une galerie de personnages bien dessinés, Jean-Laurent del Socorro nous dresse le portrait d'une ville et d'une époque marquée par les luttes de pouvoir et la religion. Ainsi, Axelle ancienne mercenaire convertie en aubergiste brûle d'une soif de combats étouffée une vie domestique par amour pour son mari. le chevalier Gabriel, éprouve une rage honteuse envers lui-même suite à sa conversion forcée à une religion qui lui a volé sa famille. Armand hait le Roi qui l'utilise au nom d'une tradition religieuse à des fins militaires, au détriment de sa santé et de celle de ses disciples. Et de manière plus générale, les taxes sans fin des plus pauvres enrichissent les plus riches sans apporter de contrepartie font de Marseille une ville sur le point d'exploser en début de roman.

Dans une intrigue haletante, proche d'une mise en scène théâtrale ou d'une partie d'échec, l'auteur déroule son histoire en alternant les temporalités. Passé, Présent, Futur… il joue avec le temps afin d'expliquer le parcours de chaque personnage et ce qui guide leurs actions. L'écriture est incisive, proche de la nouvelle avec un chapitrage découpé selon la voix d'un personnage. Progressivement, la tension monte, jusqu'à son apogée en troisième partie de roman où l'orage politique éclate et balaye tout sur son passage.

On sent que Jean-Laurent del Socorro a réalisé de nombreuses recherches historiques sur cet événement de l'Histoire de France. Il a su également le vulgariser et y apporter sa touche personnelle. le complot et ses ramifications politiques sont assez faciles à comprendre pour un lecteur peu averti. La présence de l'Artbon, à la fois destructeur et addictif amène une interrogation nouvelle sur l'utilisation de la magie à des fins politiques.

Des personnages forts

A travers ce siège, Jean-Laurent del Socorro nous dévoile des personnages aux préoccupations personnelles proches des nôtres : sacrifier sa carrière à sa famille pour Axelle, faire face à la vieillesse pour Gabriel, accomplir un dernier exploit pour Victoire, faire preuve d'ambition pour Silas.

Les personnages ont également tous des regrets, esquissés au fil de leurs récits personnels : vivre son amour au grand jour pour les deux moines, être bien née ou rencontrer l'amour pour la cheffe des assassins, venger sa famille assassinée pour le chevalier, avoir eu une mère aimante pour Axelle. Seul Silas apparaît comme un être mystérieux dont on sait peu de choses excepté qu'il adore les pommes et qu'il est prêt à tout pour devenir chef des assassins. Il apporte une touche de légèreté dans le récit, malgré la torture dont il est l'objet, avec des scènes à glacer le sang.

L'auteur instille comme toujours un côté égalitaire en montrant des personnages féminins forts et ambitieux, ainsi que des personnages masculins sensibles, à l'opposé de ce qui a pu exister jusque là en Fantasy. Il évoque aussi le racisme avec Silas et le gâchis humain des guerres avec Axelle et sa troupe de mercenaires.

Quelques mots sur la nouvelle présente en fin de roman : Gabin sans « aime »

Après le roman en lui-même, une nouvelle mettant en scène Gabin, le jeune commis d'Axelle, apporte un éclairage sur le passé du garçon et quelques éléments pour mieux comprendre le mystérieux Silas.

Gabin a été élevé par un père violent, suite au décès de sa mère. Il vit avec la peur de la colère de son père, comme de la sienne. Cette colère ressort quand il joue avec ses camarades, à travers des rixes violentes alors qu'il est d'un tempérament doux. Il voit la colère comme une forme malfaisante qui prend possession de lui ou de son père lorsqu'il a bu.

Axelle voit en lui l'enfant qu'elle a été et lui fait une place dans son auberge, dévoilant un coeur tendre derrière sa carapace de soldat. Silas le croise pendant une planque pour la guilde et s'émeut également de sa situation. Il y répondra à sa manière…

Le récit est narré par Gabin avec ses mots d'enfant, ce qui apporte une dose de légèreté à ce sujet sérieux.

Comme il s'embrouille parfois et confonds des termes proches phonétiquement cela occasionne des passages hilarants. La confusion entre mort et maure est tout simplement géniale.

Avec cette nouvelle, Jean-Laurent del Socorro décrit la situation des enfants battus et la manière dont ils gèrent leurs émotions et leur passé afin de tenter de vivre une vie normale. Gabin pense qu'il n'est pas digne d'être aimé à cause de sa colère qu'il ne maîtrise pas. Axelle et Silas lui apprendront deux manières de s'en sortir. A lui de choisir la sienne.

En conclusion : Ce premier roman de Jean-Laurent del Socorro est d'une justesse littéraire et d'une intelligence rare pour le tout jeune auteur qu'il était en 2015. Son style synthétique et percutant, aux thématiques actuelles nous interrogent sur le sens de l'existence tout en nous divertissant. Avec la publication de Bouddicca, on sent un prélude à ce qui éclatera dans Je suis Fille de Rage, à la manière du Mistral sur la ville de Marseille. Un Royaume de Vent et de Colères est roman historique avec une pointe de magie qui vous emmènera au coeur d'un complot dont vous ne sortirez pas indemne.
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Royaume de vent et de colères est un tout petit livre qui se base sur des évènements réels mais qui sont maintenant un peu tombés dans l'oubli. de 1591 à 1596, alors que la France est déchirée par la succession de Henri III et que les Catholiques massacrent allègrement tous les Protestants qui passent à leur portée, Marseille s'était établie en République catholique indépendante avec le consul Charles de Casaulx à sa tête. Ce pan de l'Histoire complètement oubliée de nos jours trouve son apogée le 17 Février 1596, quand les armées du roi Henri IV menées par le Duc de Guise viennent se masser à ses portes pour mettre fin aux velléités d'indépendance.

On pourrait se trouver face à une chronique historique un peu ennuyeuse mais Jean-Laurent del Socorro fait le choix de la traiter d'un point de vue individuel, à travers des personnages bien précis, qui ont tous une raison de se trouver ici à ce moment là et qui deviennent terriblement attachants en à peine quelques pages.
Il y a Axelle, l'ancienne mercenaire reconvertie en aubergiste, Gabriel, un chevalier converti au Catholicisme pour survivre qui se bat contre ses fantômes, Victoire, une vieille dame à la tête de la guilde des assassins, Silas, qui s'adresse à son bourreau, mais aussi Armand, qui apporte avec lui une petite touche de fantastique puisqu'il est un artbonnier en fuite depuis la Commanderie de Salers avec son apprenti.

Tout s'articule autour du 17 Février 1596, mais la construction du roman permet de revenir sur le parcours de chacun pour comprendre comment ils ont pu en arriver là, jusqu'à ce que tout le monde vienne se croiser à La Roue de la Fortune, auberge marseillaise au carrefour de l'Histoire.
C'est un roman simple, très finement ciselé, aux personnages splendides mais qui rend aussi hommage à une ville pleine de colères sur laquelle le Mistral souffle du début à la fin en venant ajouter une tension certaine à tout ce qu'il se passe.

Tout est joué d'avance et l'Histoire avance à grands pas. Pour autant, on est impliqué dans la vie de ces personnages que l'on connait pourtant à peine et j'avais tellement envie que tous réussissent à s'en sortir.
L'auteur fait pourtant le choix de rester très fidèle à la réalité. Même la petite dose de fantastique intégrée possède son revers de la médaille, le pouvoir maîtrisé par les Artbonniers n'étant pas sans conséquence.
C'est un énorme coup de coeur que j'ai eu pour ce roman, pour ces personnages que l'auteur donne l'impression d'avoir beaucoup aimés, pour cette ville aussi, si particulière, et pour ce vent que j'entends parfois encore souffler dans ma tête et qu'on ne peut pas connaitre sans l'avoir vécu.
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Le rythme narratif, où chaque chapitre constitue un moment passé par un personnage distinct qui est ensuite continué par un autre au chapitre suivant, m'a immédiatement emballée.
Par ce biais, le lecteur est obligatoirement happé par le récit, sans aucun sentiment de ballotage. On se surprend au bout d'à peine quelques pages à souhaiter percer le passé des quelques protagonistes que l'on vient tout juste de rencontrer, souhait assouvi dans la seconde partie du roman. Car s'il est assez court, c'est aussi parce que ce qu'il raconte l'est tout autant, et pourtant on a l'impression de vivre une épopée (qui du coup ne peut par essence pas traîner en longueur), alors qu'il ne s'agit "que" de quelques moments (très) poignants et (très) humains.
Complété par deux nouvelles qui étoffent deux personnages secondaires en fin de volume, ce livre m'a tout bonnement enchantée.
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ALERTE COUP DE COeUR INCROYABLE

Cela faisait très longtemps que je n'avais pas été à ce point touchée par un livre. Jean-Laurent del Socorro a réussi à m'accrocher et m'emmener avec lui et surtout les personnages du roman dans une Marseille de la fin du XVIe siècle, en pleine guerre de religions. Une uchronie historique absolument captivante et puissante où le rythme est tel que le lecteur ne peut lâcher l'histoire/Histoire.

À la Roue de la Fortune, auberge marseillaise tenue par la forte et touchante Axelle, se retrouvent plusieurs personnages qui vont avoir leur rôle à jouer dans cette guerre entre cathos et protestants aux portes de la cité phocéenne, déclarée République indépendante. Toutes et tous se distinguent par un passé lourd, un caractère bien trempé, des relations passionnées ou conflictuelles (Big up à Victoire et Gabriel !)...

Le fait que le récit alterne les points de vue et les backstories des uns et des autres permet de mieux les connaitre, les aimer, les comprendre, les plaindre. le tout en une suite de courts chapitres qui donnent un rythme très soutenu, suivant la même cadence que les évènements politiques. Avec en plus un soupçon de fantastique parfaitement dosé... Impeccable !

J'ai absolument adoré la plume de l'auteur qui ne s'éparpille pas, ne perd pas de temps, vise juste avec une remarquable utilisation de la langue française. Mais je pense que j'ai encore plus apprécié la diversité des personnages (personnes racisées, différentes orientations sexuelles, âges plus ou moins avancés), super rare dans les uchronies à mon sens, et également la dénonciation du sexisme et du racisme faite de façon extrêmement intelligente.

Bref, vous l'aurez compris, ce fut un vrai coup de coeur intégral, avec ajouté à tout cela, le fait que l'action se situe dans ma région d'origine :D
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Je poursuis ma découverte des auteurs français actuels de littérature de l'imaginaire, avec cet ouvrage de fantasy historique. Comme son nom l'indique, ce genre littéraire inscrit l'intrigue dans un contexte historique réel, mais en y incluant des éléments propres à la fantasy : surnaturel, magie, etc. Royaume de vent et de colères, publié en 2015, est le premier roman de Jean-Laurent del Socorro, et a reçu le prix Elbakin.net du meilleur roman de fantasy français la même année. J'ai eu la chance de trouver, totalement par hasard, la version poche du roman dans une bouquinerie de Nantes : et bien c'est un immense coup de coeur, que je vais vous présenter avec le plus grand plaisir !

Nous sommes à Marseille, en février 1596. Dans le chaos de la huitième guerre de Religions, le consul Charles de Casaulx a pris le pouvoir et règne d'une main de fer sur la ville, contrôlée par la Ligue Catholique et refusant de reconnaître l'autorité du roi Henri IV. Alors que les armées royales se présentent à ses portes pour, enfin, mettre un terme à cette insurrection, c'est dans la modeste auberge La Roue de Fortune que va se sceller le sort de la ville, emportant les destinées de cinq personnages dans la tempête de l'« Histoire »…

Le roman se compose d'un prologue suivi de trois parties, adoptant une structure identique. En effet, chaque section comporte une succession de chapitres très courts, tous rédigés au présent et à la première personne, selon le point de vue de l'un des principaux protagonistes. J'ai trouvé que cette structure atypique donnait une vraie identité à ce roman, et j'ai beaucoup apprécié le fait que chaque narrateur adopte un style qui lui est propre pour raconter les événements du présent, mais aussi sa propre histoire.

Dans le prologue et la première partie du récit, on fait connaissance avec les principaux personnages, tous issus d'horizons très différents. Nous avons tout d'abord Axelle, ancienne capitaine de mercenaires à la peau noire, qui a rendu les armes depuis peu pour reprendre l'auberge La Roue de Fortune, à Marseille, avec son mari Gilles et leur très jeune fille Aube. le seul résident permanent de l'auberge est le chevalier Gabriel de Saint-Germain, un ancien protestant qui a vu tous ses proches périr lors de la Saint-Barthélemy, et qui est aujourd'hui le bras armé et le bouclier de la Ligue Catholique. On fait également connaissance avec Armand, un membre de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, qui a fui sa commanderie avec son disciple et amant Roland, et qui s'est réfugié dans l'auberge en attendant de trouver un bateau pour quitter le royaume. Et enfin, les derniers acteurs de cette histoire sont Victoire, qui cache sous son apparence de vieille femme son identité de dirigeante redoutable de la guilde des assassins, et son bras droit Silas, un Turc d'origine maure. Les seules interventions de ce dernier ne sont d'ailleurs situées qu'en clôture de chacune des sections du roman, en faisant le point sur le contexte et les événements, à la manière du choeur des tragédies classiques, mais avec un point de vue cynique et décalé.

Dans la première partie, les événements s'enchaînent rapidement sur la même journée et, avant que tout se déclenche réellement, la deuxième opère un vertigineux retour dans le passé. Chaque personnage, à tour de rôle, présente ainsi son histoire au présent par bribes, parfois avec une ellipse temporelle importante entre deux prises de parole, et toujours avec son propre style. Ce journal écrit à huit mains forme ainsi un passionnant puzzle dont les pièces jointes bout à bout dessinent le chemin tortueux, et souvent tragique, que chacun a parcouru pour se retrouver à Marseille, à la Roue de Fortune, en ce jour du 17 février 1596. C'est dans cette partie du roman que l'auteur dresse véritablement le portrait de ses héros, en utilisant de façon brillante les récits de leur passé douloureux pour expliciter leur caractère et leurs motivations. J'avoue être plusieurs fois retourné en arrière pour me resituer dans la chronologie de ces quatre récits parallèles et être certain de bien saisir l'enchaînement des événements. Jamais je ne me suis senti perdu ou submergé par un trop plein d'informations, comme cela peut être le cas dans des romans historiques : j'étais happé par les récits de ces quatre personnages, et les pages se sont enchaînées tout naturellement !

Enfin, dans la troisième partie, on retourne dans le vif du sujet pour vivre les événements du 17 février 1596. le récit est ici tellement réaliste qu'on a vraiment l'impression d'être auprès des différents protagonistes, bien que tout se déroule simultanément dans différents lieux de la cité ! Comme on peut s'en douter, les décisions et les actions de Gabriel, Axelle, Victoire ou Armand auront un fort impact sur l'évolution de situation à Marseille, et eux-mêmes ne seront pas épargnés… Pour clore son ouvrage d'une belle manière, l'auteur a inclus une nouvelle « bonus » qui raconte l'histoire de Gabin, le jeune commis de la Roue de Fortune. Toujours à la première personne, ce court et émouvant récit décrit, avec le regard naïf de cet enfant qui a grandi trop vite dans un climat familial délétère, dans quelles circonstances particulières il a quitté son père avant d'être recueilli par Axelle.

Si l'aspect historique du roman semble assez évident, le côté fantasy est apporté par le personnage d'Armand, un maître de l'Artbon. Cette discipline à mi-chemin entre l'alchimie et la magie exploite les propriétés d'un fragment de pierre incandescente que les Artbonniers portent autour de leur cou dans une boîte carrée en bois, afin de pouvoir utiliser son énergie pour soigner les blessures mais aussi pour enflammer leurs ennemis par exemple. Cependant, l'utilisation de ce pouvoir est à double-tranchant, et entraîne chez ses utilisateurs une véritable accoutumance ainsi qu'une dégradation accélérée de leurs fonctions vitales, un peu à la manière d'un matériau radioactif. Dans le récit, l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem pratique cet art, utilisé à des fins militaires au service de l'armée d'Henri IV, notamment contre la Ligue Catholique lors du siège de Paris. En-dehors de l'utilisation de cette magie, tous les autres éléments du roman ont un fond historique réel, et font intervenir de nombreuses personnalités : cela m'a donné envie, après avoir terminé le roman, de me documenter sur ces figures historiques (ce Charles de Casaulx, quel plaisantin !).

J'ai donc adoré ce roman de bout en bout ! Sa structure, qui évoque d'ailleurs dans le titre de ses différentes parties un tirage des cartes du tarot de Marseille, sert à merveille le récit qui passe d'un narrateur à un autre sans jamais perdre le lecteur. J'ai trouvé que les protagonistes étaient tous très bien écrits et intéressants. Leurs différences d'origine, de parcours, de croyance, d'âge ou de personnalité permettent à l'auteur d'aborder une très grande variété de thématiques, qu'elles soient propres à l'époque ou universelles. Quant au contexte historique, il est parfaitement maîtrisé par l'auteur qui s'est sans doute très bien documenté pour concevoir cette histoire réaliste, en y injectant un soupçon de magie. Depuis la sortie de ce premier roman, Jean-Laurent del Socorro a eu la possibilité de réexploiter son univers dans la nouvelle le Vert est éternel et dans l'ouvrage illustré La Guerre des trois rois. Cette année, l'auteur a publié du roi je serai l'assassin, consacré à la jeunesse de Silas, l'assassin Maure : je suis très impatient de le lire pour me replonger dans cette histoire passionnante !

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