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4,02

sur 388 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jean-Laurent del Socorro nous offre, pour son premier roman, une plongée dans un Royaume de Vent et de Colères, un opus plein de punch au coeur des guerres de religion du XVIe siècle marseillais.

Dans Royaume de Vent et de Colères, le lecteur se rend vite compte des deux plus grandes forces du récit : d'abord son contexte accrocheur, ensuite ses personnages réalistes. le contexte du roman nous emmène en 1596 au milieu de la cité phocéenne alors qu'elle est soumise depuis cinq ans au consulat ligueur de Charles de Casaulx. Celui-ci est en proie à l'isolement, tiraillé entre l'avancée inexorable du nouveau roi de France, Henri IV qui a renié le protestantisme, et la fuite plus ou moins volontaire de ses alliés catholiques ; toutefois, le consul de Marseille est loin d'être le personnage principal ici, voire même un personnage secondaire, bien au contraire. Dans ce pan d'histoire de France finalement peu connu, nous avons le plaisir de suivre avant tout deux femmes et deux hommes qui constituent les narrateurs en alternance : Victoire, l'archétype de la mafiosa assassine ; Axelle, l'ancienne mercenaire devenue tenancière ; Armand, prêtre et maître de l'Art-bon (seule composante magique du roman) accessoirement en fuite avec son compagnon Roland ; enfin, Gabriel, chevalier sans terres torturé par les remords qui sent que son heure est venue pour briller une dernière fois au combat, dont la prégnance physique est magnifiée par la couverture de Milek Jakubiec (je salue bien bas le réalisme de son graphisme). Ils constituent une galerie de personnages touchants auxquels le lecteur peut s'attacher facilement, galerie à laquelle s'ajoute Silas dont le rôle est primordial dans l'histoire en lui-même comme dans la façon de nous le narrer. C'est d'ailleurs clairement mon personnage préféré, puisqu'il compose finalement le personnage passe-partout, mais intrigant, dans l'histoire qui finit par persister le plus durablement dans mon esprit.

Si nous essayons d'analyser la structure de ce roman dans l' « ordre d'apparition », il faut reconnaître dès le départ que Jean-Laurent del Socorro happe son lecteur avec ses chapitres véritablement brefs. le fait d'utiliser constamment la 1ère personne du singulier y est pour beaucoup, évidemment, tout comme l'impression d'entrer directement dans une pièce de théâtre classique avec une unité de temps, de lieu et d'intrigue. Nous sommes dans un terrain potentiellement connu (même si vous n'êtes pas familier du contexte) et sur un terreau fertile pour l'organisation de l'imagination du lecteur. le rythme est pressé d'entrée de jeu et l'impression de laisser pas mal de choses sur le côté est forte. Malgré tout, cela invite indubitablement à s'immerger complètement dans le récit. de sérieux doutes peuvent apparaître quand la deuxième partie débute. En effet, après avoir planté le décor avec quatre-cinq personnages forts et attirants, l'auteur fait non pas un bond en arrière pour, comme c'est traditionnellement souvent le cas, « raconter comment nous en sommes arrivés là », mais bien plusieurs en alternant la longueur des flash-backs et là l'alternance des personnages se fait drôlement sentir puisque nous naviguons à travers une cinquante d'années d'histoire (la deuxième moitié du XVIe siècle en somme). Or, pour le lecteur lancé gaiement dans l'évolution des personnages dans un décor bien planté avec une intrigue attendue car tendue dès le départ, ce rétropédalage fait mal. Somme toute, il est donc facile de cibler pour ce roman les défauts de ses qualités. Malgré cela, notez que, même si on trouvera les textes bien souvent trop courts et prétextes à une avancée du récit par étapes bien jalonnées, les chapitres qui dépassent les trois pages recèlent de très bonnes idées scénaristiques : sans y trouver un style flamboyant à chaque fois, le fond fait vraiment plaisir à lire. Et d'ailleurs, ce sont sur ces entrefaites que l'intrigue se remet en route avec la troisième partie et l'aboutissement de ces bonnes ficelles scénaristiques : les wagons se raccrochent dans une mécanique bien huilée dans une conclusion bien maîtrisée avec juste ce qu'il faut de mystérieux.

Toutefois, on ne peut décemment pas s'appesantir sur la structure de ce roman sans signaler qu'en deuxième niveau de lecture, les signes fourmillent pour multiplier les allusions à la chance, au sort et aux choix de chacun. L'intention de l'auteur semble, en effet, se porter de manière conséquente sur les signes qui bordent les destins des différents personnages. Ainsi, les allusions au jeu d'échecs sont légion, ce qui correspond bien à l'ambiance des dernières heures du consulat de Charles Casaulx à la tête de Marseille tenue par la Ligue : des sacrifices plus ou moins volontaires, des échanges de bons procédés, et même des prises parfois inattendues. Mais c'est le fameux tarot de Marseille qui recèle sûrement le plus d'anecdotes ici ; les noms des atouts de ce jeu de cartes, par exemple, sont parfois repris pour symboliser des objets cruciaux dans l'histoire, le Chariot et la Roue de Fortune en tête ; de même, dans la deuxième partie, les chapitres sont numérotées selon une formule de « 12 fois 4 » (12 chapitres par personnage principal), ce qui pourrait (le conditionnel ici est de rigueur) signifier quelque chose autour des « couleurs » dans un jeu de cartes, mais là cela révèlerait surtout de ma propre imagination à voir des signes partout. Enfin, cette intention de focaliser même la structure sur le destin des personnages me renvoie à ma propre vision de l'Histoire : l'Histoire est, pour moi, une façon d'étudier les choix, le sort et les tactiques de personnes ayant eu leur part dans des événements de plus ou moins grande importance (importance qui importe en fait peu, puisqu'il est souvent plus utile de se consacrer sur les réactions des personnages). La nouvelle qui clôt ce volume, « Gabin sans ‘‘aime'' », ne fait que renforcer cette agréable impression, même si cela se sent un peu que le personnage aurait pu, et dû au départ, constituer une voix alternative supplémentaire et qu'elle a fini par ne pas aboutir.

En définitive, je suis sûrement un peu trop dur parfois dans cette critique, mais comme précisé plus haut, ce roman a les défauts de ses qualités (expression très bateau, mais qui correspond à mon état d'esprit sur ce sympathique premier roman) ; il constitue malgré cela un bon moment de lecture, et ce d'autant plus qu'une telle utilisation d'un fait historique ne pouvait que me convenir. Royaume de Vent et de Colères est un roman de chez ActuSF qui, encore une fois, nous sort de l'ordinaire, et c'est ce qui compte : nous avons là quelque chose de frais, de neuf et d'encourageant.

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Enfin.
J'ai enfin pris le temps de lire le premier roman de Jean-Laurent del Socorro, après des années de tergiversations, à voir passer des critiques a minima élogieuses. Il aura fallu l'occasion d'un challenge et d'une lecture commune avec Nadou38 pour franchir le pas. Je la remercie de m'avoir accompagné.

Foin de suspense : ce livre est objectivement impressionnant de qualité.
Le fond historique est incroyablement maîtrisé et très instructif. J'ai un peu parcouru le 16ème siècle français au cours de mes lectures, mais je n'avais jamais ne serait-ce qu'entraperçu tout se qui s'était passé autour de Marseille. La domination de la Ligue catholique, les interventions intéressées du duc de Savoie, le pouvoir personnel dictatorial de Charles de Casaulx, la reprise en main par Henri IV. Tout cela est d'une grande richesse.
La forme est épatante. Roman choral, composé de chapitres courts donnant chacun la voix à un personnage qui parle à la première personne. Cela induit un rythme, une chanson particulière à cette histoire, comme des voix de ténor, soprano, alto et basse. Les intervenants sont peu nombreux, et la répétition de leurs interventions permet d'approfondir leur caractérisation en permanence. L'auteur joue beaucoup avec le point de vue, n'hésitant pas à nous faire revoir la même scène sous plusieurs angles, imprégnée d'émotions différentes.
Ces personnages m'ont eu l'air tous sortis d'une tragédie grecque. Un point commun qui ressort chez quasiment chacun d'entre eux est le regret. le regret d'avoir eu la vie qu'ils ont vécue, le regret d'avoir fait tel choix, ou de ne pas l'avoir fait, ou de ne pas avoir eu le choix. Ce ne sont pas des dieux qui les manipulent, qui les obligent à l'héroïsme ou au crime, c'est simplement le rouleau compresseur des événements. Les personnages n'en paraissent pas plus libres pour autant. C'est e regret de devoir être emporté par la vie qui ressort le plus vivement.
Silas le Turc échappe à cette définition, et peut-être Gabin aussi. Ce dernier est trop jeune pour regretter ; sa vie est devant lui. Gabriel est le seul dont je n'ai pas vraiment compris le comportement (attention SPOIL)
La pincée de fantasy qu'apporte l'Artbon est juste ce qu'il faut. J'aime beaucoup cette façon de considérer la magie ; quelque chose d'exigeant qui détruit petit à petit celui qui ose l'utiliser. On n'est pas éloigné de l'utilisation d'un certain anneau. Orson Scott Card est un autre auteur qui apprécie ce donnant-donnant.

Pourtant, malgré toutes les fleurs que je dépose aux pieds de ce roman, j'ai eu du mal à l'apprécier à sa juste valeur. Oh j'appréciais chaque fois où je me plongeais dedans, mais aucune folle envie de poursuivre ne s'emparait de moi. Chaque fois que je refermais le livre, la sensation de plaisir disparaissait vite. Et aujourd'hui il ne me reste guère d'émotion rémanente associée à sa lecture.
Et je ne comprends pas pourquoi.
Je soupçonne que la raison est ailleurs, en dehors du livre lui-même. Peut-être une saturation de lecture. C'est étrange mais réel.
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Cinq personnages pour cinq destins.
Un roman chorale mettant en scène Axelle, Gabriel, Victoire, Armand et Silas pour cinq histoires qui vont se croiser pour le meilleur et pour le pire.
Le style de la narration est assez particulier, les chapitres sont courts et se conjuguent à la première personne, c'est assez intimiste, nos personnages étant par ailleurs assez torturés dans une période plutôt sombre de l'histoire de France, à savoir les guerres de religion.
Le parti pris de l'auteur est de nous proposer trois parties distinctes que je définirais comme, l'introduction, la présentation des personnages, la conclusion personnelle de chaque destinée, ce qui donne un rythme atypique à cette histoire, la césure du milieu occasionnant ce que j'ai ressenti comme une cassure dans le récit.
Pour parler des personnages, je les ai trouvé trop stéréotypés, sauf peut-être Gabriel et Silas, pour tout dire, la comtesse est le personnage qui m'aura intéressé le plus alors qu'il s'agit d'un second rôle...
Je n'ai pas non plus été transporté par la trame du récit dont la teneur aurait tenu de la nouvelle sans la présence des cinq personnages, une anecdote plus qu'une histoire en fait, ajoutons que le classement en littérature fantasy est quasi anecdotique.
Dans le même parti pris narratif, j'ai lu plus abouti avec "le cercle de la croix" de Iain Pears.
Cela dit c'est bien écrit et je l'ai lu sans ennui, les bonnes critiques et le prix obtenu par le roman faisant que j'en attendais peut-être plus.
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C'est l'auteur rencontré aux Imaginales qui m'a lui-même incité à tenter l'aventure (un personnage dont la générosité n'a d'égale que la modestie, ce qui ne gâche rien)… Mais bon avec les Guerres de Religion, Marseille et la Fantasy, il n'avait pas besoin de beaucoup d'arguments pour me convaincre… L'oeuvre avait donc au départ tout pour me plaire, mais patatras le panégyrique d'Ugo Bellagamba sur la vraie littérature en préface m'a complètement douché…
Il a fallu repartir à l'assaut, et avec les phrases de quelques mots, les paragraphes de quelques lignes et les chapitres de quelques pages difficile de retrouver l'oeuvre de ouf tant vantée en préambule. Un prologue en forme d'huis-clos, où on glisse d'un personnage à l'autre avec des travellings de film d'auteur… Ah ce moment là j'ai eu peur, très peur… Et puis ouf, la magie de l'auteur fait son oeuvre et la musique de son écriture permettent d'accéder à l'essentiel !


Le Vent :
Nous sommes le 17 février 1596 et Henri IV est sur le point d'achever la reconquête du royaume de France par la prise de Marseille qui s'est érigée en République indépendante. le Consul Charles de Casaulx (successeur de Jules César ou annonciateur de Napoléon Bonaparte ? ^^), fait face seul à l'armée royale après le ralliement de la Ligue au roi nouvellement converti à la religion catholique, la défection de Charles-Emmanuel de Savoie et le retrait de Philippe II d'Espagne.
Le côté historique est impeccable car bien documenté, et la manière dont les personnages historiques et les personnages fictifs s'entremêlent est joliment maîtrisée. Ceux que l'auteur a choisi de mettre en avant veulent tous entamer une nouvelle vie permettant d'oublier celles qui furent les leurs, mais ils subissent les événements avant d'être rattrapés par l'amère fin dans un récit découpés en 3 actes avec unité de lieu, de temps et d'action… Jean-Laurent del Socorro n'échappe ainsi pas à sa formation d'homme de théâtre ^^

Les Colères :
- Axelle, guerrière reconvertie en tenancière, est en colère contre ce que sa mère a fait d'elle…
- Gabriel, le huguenot converti de force, est en colère pour avoir survécu alors que toute sa famille a péri…
- Armand, le maître artbonnier en fuite, est en colère contre son ordre qui a transformé des guérisseurs en guerriers…
- Victoire, la maîtresse assassine, est en colère contre la société qui ne laisse aucune place aux femmes, et qui l'a obligé à effectuer des choix qu'elle regrette fortement
- Ce bon Silas garde pour lui ses secrets, et ce n'est pas ses courtes interactions avec Victoire et ses longs monologues avec son tortionnaire qui vont nous en apprendre davantage. Je ne sais pourquoi, je n'ai pas arrête de penser à l'auteur déguisé en Rochefort avec une pomme à la main… mdr
L'auteur a certes fait le choix de la tragédie plutôt que de la comédie, mais force est de constater qu'il a réalisé ce qui à ma connaissance est de plus proche de Joe Abercormbie, la comète de la fantasy britannique. Ses personnages auraient parfaitement leur place dans l'un de ces livres, et parfois la frontière est très mine entre untel / unetelle et untel / untelle… C'est sans doute ici l'humanisme à la Sergio Leone qui fait le pont entre les deux auteurs.
J'ai retrouvé en l'auteur un peu des intentions d'écriture de Fabrice Colin, de Mathieu Gaborit, de Laurent Gidéon ou d'Estelle Faye : l'auteur très empathique a de la tendresse pour ses personnages et nous la fait partager (mais comme j'ai fortement senti le trope du cape et épée, sa place est peut-être entre Pierre Pevel et Jean-Philippe Jaworski ^^) : oui on s'attarde sur la romance gay entre un éraste et un éromène, sur le beguin d'une strong independant women qui pense être passé à côté de sa vie, sur les fantômes qui hantent un chevalier qui cherche à oublier à défaut de se racheter, et sur les doutes d'une femme qui n'a trouvé sa place ni en tant que guerrière ni en tant que mère… Oui, on fait la part belle à l'introspection, et pourtant il faut souligner que l'auteur développe un talent de dialoguiste d'une redoutable efficacité, et ses tirades sont remplies de bons mots et de punchlines !


L'auteur a composé 4 voire 5 personnages très forts, suffisamment forts même pour que chacun d'entre eux puisse être l'objet d'un roman tout entier. Mais en les associant on parvient à un goût de trop peu, voire d'inabouti. J'ai eu un peu les mêmes sensations qu'un film de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui : des personnages en plein doute qui se croisent et qui s'entrecroisent, et quand on pense qu'ils vont relever la tête et construire quelque chose et ben c'est déjà fini…
La moitié de l'ouvrage c'est des bouts de flashbacks nous permettant de reconstituer l'Histoire des Guerres de Religion de du 24 août 1572 au 17 février 1596 à travers les POVs des personnages principaux (dont on reconstitue également les histoires individuelles), découpés en 12 parties chacun et repartis selon une chronologie quelques peu déstructurée… Originalité n'est pas synonyme de qualité, et ce n'est cette « témérité stylistique folle » qui apporte de la qualité à ce premier roman qui pourtant n'en manque pas du tout… Car le projet est un peu bâtard : roman ? novella ? nouvelles? Ah ça on sent que l'auteur est plus à l'aise comme nouvelliste que comme romancier, mais s'il continue dans sa voie il pourrait bien tout déchirer… Bref, c'est frais, c'est neuf et surtout c'est prometteur car à l'heure du tirage à la ligne sa concision e son efficacité sont des atouts maîtres ! ^^
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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J'avais l'intention d'acheter le Royaume de vent et de colères (ou de l'emprunter à la bibliothèque) dans quelques mois. Mais, cela c'était avant que ma librairie préférée n'organise en son sein, une rencontre dédicace avec plusieurs auteurs de roman Fantasy dont Jean-Laurent del Socorro, le 9 mars prochain! J'ai donc profité de ce dimanche après-midi morose pour lire ce roman d'une traite!

Avant de débuter ma lecture, j'avoue avoir été un peu irritée par la préface signée par Ugo Bellagamba. Certes, ce dernier a beaucoup apprécié le premier roman de l'auteur et le fait savoir ; mais le placer au début incite inconsciemment le lecteur à "devoir" aimer le roman. Pour ma part, je préfère me faire ma propre opinion et je n'apprécie pas que l'on me mette la pression. C'est peut-être un peu maladroit de la part de l'éditeur ActuSF mais, je pense qu'il aurait peut-être été plus judicieux de mettre ce texte en fin de roman afin de laisser "respirer" son lecteur.

Hormis cet écueil qui n'est pas du fait de l'auteur, j'ai beaucoup apprécié ce roman. Il s'agit d'une uchronie minimaliste, dans le sens, où elle ne change pas le cours de l'Histoire avec un grand H, uniquement, dans le cadre local, à Marseille. le roman s'inscrit dans la deuxième partie du XVIème siècle français, au moment où les Guerres de religion entre Catholiques et Protestants font rage et déstabilisent le pouvoir royal. Il s'agit également d'un roman choral (genre littéraire que j'affectionne énormément depuis le Trône de fer de Martin) qui fait intervenir cinq personnages : Victoire, maîtresse de la Guilde des Assassins, Axelle, propriétaire d'une auberge et ancienne mercenaire, Gabriel, un chevalier, Armand, Artbonnier (sorte de moine-magicien) et Silas, assassin d'origine turque.

Ce que j'ai le plus apprécié dans la lecture de ce roman, c'est le grand dynamisme qui s'en dégage. En effet, il est divisé en trois grandes parties : la première fait un état des lieux au "présent", en 1596, puis la seconde nous éclaire sur le passé des personnages par des flashbacks, lorsque la dernière revient en 1596 pour achever le récit. Chaque chapitre, donnant le point de vue des cinq personnages, est court (à peine deux-trois pages). Au tout début, j'ai été très surprise par ce découpage, craignant que le roman ne soit pas assez fouillé et reste trop superficiel. Puis, au fil de ma lecture, je m'y suis faite, laissant les pages défiler et me donnant envie de poursuivre sans m'arrêter.

Le Royaume de vent et de colères est un premier roman de Jean-Laurent del Socorro très maîtrisé et très intéressant. Il mérite largement son Prix Elbakin 2015. de plus, il s'agit du deuxième roman des éditions ActusSF que je lis en une semaine et d'une deuxième bonne surprise. Je vais donc surveiller de très près l'actualité de l'auteur et de sa maison d'éditions.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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La roue de fortune, Une auberge où l’on peut croiser des personnes avec de grandes destinée. Une tenancière d’auberge ancienne capitaine de mercenaires, un chevalier ancien protestant, une cheffe de guilde d’assassin,..
Marseille, 1596, un combat se joue la fin ou la continuité de la rébellion républicaine.
Chaque homme a son rôle à jouer.

Un royaume de vent et de colère de Jean-Laurent del Socorro

Premier roman de l'auteur. Celui ci nous plonge fin XVIe siècle, Henri IV, Roi de France, fraîchement convertie au catholicisme, se bat contre Marseille, en consulat. Afin de faire valoir son pouvoir et d'asservir son pouvoir, le roi n'a que d'autre solution que d'éteindre la révolution. Assassinât, trahison, complot, combat et une dose de magie assez discrète, L. del Socorro nous fait découvrir une période sombre de l'histoire de France, « les guerres de religions » avec une touche de fantaisie. Au travers de personnage plus ou moins charismatique comme Axelle, le capitaine de mercenaire, Victoire de la guilde de la savonnière,...
Le livre est divisé en 3 parties avec un ordre particulier, cela permet de créer une attache entre le lecteur et les personnages.
Ce livre est intéressant et enrichissant, et pourrait intéresser un jeune lectorat.
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Voilà bien un drôle de roman chorale, raconté à cinq voix, essentiellement, puisqu'aux quatre personnages évoqués précédemment se rajoute Silas, lieutenant de Victoire, et assassin de son état, qui prend parfois la parole.

Les lecteurs peuvent être, d'abord, un peu désarçonnés par une construction – ou, devrais-je dire, une sorte de déconstruction -, qui donne l'impression d'un jeu de tesselles, dans un vitrail, avec les éclairages changeants au gré des successions de soleil et de nuages.

En effet, les chapitres très courts s'enchaînent à une vitesse qui donne parfois le tournis, chaque personnage apportant sa pierre à l'édifice.

Mais l'on ne passe pas uniquement d'un personnage à un autre, mais également d'un temps à un autre, puisqu'après un prologue à l'occasion duquel les personnages se mettent en place, préparant l'acte final, entre les murs de l'auberge La roue de fortune -, une première partie relativement brève – une cinquantaine de pages, dont l'action se déroule sur la première partie de la journée du 17 février 1596 -, on se retrouve ensuite chahuté, dans la deuxième partie, chaque petit chapitre (d'un maximum de 4 pages) étant consacré à un personnage, à des dates très variables (pouvant aller de 1536 à 1596).

C'est dans cette partie que nous découvrons les histoires de chacun des personnages, leur infinie richesse, leur immense humanité – ou pas -, leurs failles et leurs blessures. Et c'est un véritable tour de force auquel se livre l'auteur, qui parvient, malgré cette forme extraordinairement éclatée, a créer une impression d'ensemble. Précisément comme l'artiste vitrailliste crée, en assemblant des tesselles, une composition cohérente, qui capte la lumière pour la sublimer.

Et puis, dans une dernière partie en forme d'apothéose, la troisième partie, qui décrit la fin de journée du 17 février 1596, à l'occasion de laquelle chacun de nos personnages rencontre finalement son destin. Apothéose de sons, d'images, de couleurs, comme les derniers rayons du soleil viennent frapper nos parcelles colorées, avant de sombrer dans la nuit.

Est-il utile de vous préciser que je suis encore sous le charme de cette histoire, dont j'ai fini la lecture voila quelques heures ? Pourtant, j'y perçois quelques défauts, mais qui en font aussi toute la beauté. En effet, certains chapitres sont tellement courts que l'on aimerait les voir se prolonger encore… mais demande-t-on à une pièce d'un vitrail de nous raconter toute l'histoire de la scène représentée ? Évidemment, non. Alors, il suffit de se laisser emporter dans l'explosion des couleurs…
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Del Socorro s'est très rapidement fait un nom dans la fantasy française, et c'est avec son premier roman, un court one shot de 250 pages, que je vais pouvoir me faire ma propre idée sur cet auteur. de la fantasy historique, dites-vous? Ça devrait plutôt bien se passer...

Nous sommes à Marseille, à la toute fin du XVIème, dans un contexte très incertain où le roi Henri IV, fraîchement converti à l'église catholique, tente de faire main-basse sur la ville, qui à l'époque ne reconnaît pas le roi de France.
Avec une auberge de la ville comme point de départ, nous allons faire la connaissance de plusieurs personnages que le hasard a réuni dans cet établissement. Cinq protagonistes, aussi intriguants que différents l'un de l'autre, vont nous livrer leurs histoires alternativement, sous la forme d'un journal.

Un roman chorale donc, aux chapitres courts et au rythme soutenu. Au centre du roman, nos compagnons de route se révèlent très intéressants, l'auteur nous gratifiant de caractères et de personnalités accrochantes, et de passés mystérieux qu'il développera dans la majeure partie du roman.
Un style assez simple mais très efficace, percutant même, et qui parvient à jongler avec nos cinq voix. Ajoutez à cela une intrigue rondement menée, où del Soccoro assemble ces destins croisés avec patience et habileté - les reliant au sort de Marseille, et le tour est joué.

Je ne prenais pas trop de risques en me lançant dans cette lecture, étant passionné de fantasy et de romans historiques, mais ce Royaume de Vent Et de Colères se révèle particulierement convaincant, richement documenté sur cette fenêtre de l'histoire, et proposant une foule de personnages très séduisants . A très bientôt JL!
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C'est avec son roman « Boudicca » que j'ai découvert la plume de Jean-Laurent del Socorro. Cela avait été un coup de coeur, aussi je voulais explorer d'autres ouvrages de l'auteur. L'occasion s'est présentée de le faire avec le roman « Royaume de vent et de colères » en lecture commune avec BazaR. Merci à lui de me l'avoir proposé. :)

Bon… disons-le franchement, je n'ai pas eu le même coup de coeur lors de cette lecture mais je l'ai bien appréciée. Ce roman a tout pour grandement satisfaire le lecteur.

En effet, on retrouve l'écriture fluide et agréable de l'auteur, même si un tantinet moins poétique que Boudicca à mon avis. Les chapitres sont courts ce qui donne un récit rythmé et la construction du roman, par la multiplicité des narrateurs, apporte différents points de vue des évènements de manière tout à fait appréciable.

Ensuite, c'est un roman très intéressant historiquement, surtout pour moi qui suis plus que novice dans ce domaine. Cette lecture m'a donné l'occasion de revoir le règne de Henri IV, les guerres de religions, mais aussi d'observer l'importance de la ligue catholique dans les conflits lors de ces périodes troubles.

Del Socorro nous brosse des personnages hauts en couleurs dans ce roman. J'ai beaucoup apprécié les personnages féminins (Victoire l'assassin et Axelle l'ex-mercenaire), des femmes de caractère et indépendantes.
Le chevalier Gabriel est demeuré plus énigmatique pour moi, bien qu'attachant (), et j'aurais aimé que Silas soit davantage développé, il apporte une touche d'humour et de légèreté salvatrice dans ce récit assez triste globalement.
L'une des parties du livre se compose de flash-backs sur les différents moments importants de la vie des personnages (cela part de leur enfance), ce qui nous permet de mieux les cerner. Un choix de l'auteur intéressant mais qui m'a maintenue cependant à une certaine distance, le sentiment d'être une observatrice éloignée.

Un bilan plutôt positif donc même s'il m'a manqué ce petit quelque chose pour totalement adhérer.

Challenge Livre Historique 2019
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En Résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce court roman qui offre une histoire terriblement efficace, mélange de Fantasy et d'Histoire, grâce à une narration éclatée et à un rythme nerveux et entraînant qui n'oublie pas pour autant les personnages. L'univers construit se révèle solide et intéressant, tant par son aspect historique offrant de nombreuses intrigues dans un contexte de guerre de religion et de pouvoir des plus captivants, que par sa légère touche de Fantasy qui offre ainsi un aspect original et efficace. Je regretterai peut-être un léger manque de descriptions par moment, ce qui rendait le cadre un peu léger, mis rien de bien gênant. Les personnages sont une des grandes forces du récit se révélant soigné et surtout humains, arrivant facilement à accrocher et à toucher le lecteur. Les personnages secondaires apportent un véritable plus. La plume de l'auteur se révèle assez nerveuse, avec des chapitres et des phrases courtes, ce qui ne l'empêche pas d'être dense et captivante. Je regretterai peut-être juste un léger sentiment de trop peu sur certains aspects une fois la dernière page tournée, mais rien de dérangeant. Pour un premier roman une belle réussite et je lirai sans soucis d'autres écrits de l'auteur.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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