C'est au travers d'une famille à première vue banale que le lecteur va s'immiscer dans la société d'aujourd'hui.
Cette famille est composée de Pierre, le mari, licencié d'une entreprise, il n'a pu retrouver "qu'un" emploi de vigile à mi-temps dans un hypermarché.
Louise, l'épouse, infirmière à l'hôpital général de la ville au service des soins palliatifs. Elle accompagne des patients de tout âge en fin de vie. Souvent, cela ne dure que quelques jours.
Et puis, Geoffroy, le fils de 13 ans : autiste qui a une mémoire extraordinaire et donc une masse de connaissances puisées dans les livres. Mais il refuse d'être touché et il a besoin de pratiquer compulsivement certains rituels pour se rassurer. Il associe nombre d'événements, de choses aux couleurs de l'arc-en-ciel. Il est rejeté par les autres de son âge sauf par Djamila.
Des protagonistes extérieurs :
Djamila, 15 ans, jeune Kabyle menacée par ses propres frères. Elle doit se plier à leur volonté de vivre comme le veut leur religion : port du voile et emprisonnement familial.
Ils sont les parias de l'école.
Enfin il y a aussi Hagop, un homme des bois solitaire et généreux, arménien ayant échappé au génocide qui sait écouter, entendre et protéger les deux jeunes.
Pierre va rejoindre les Gilets jaunes avec sa maîtresse pour prendre sa revanche sur la vie : sociale (licenciement, sentiment d'être oublié par la société...) et familiale : le handicap de son fils (il est en colère contre la réalité qui a anéanti son espoir d'enfant "parfait").
Le couple se délite donc dans cette morosité ambiante.
Malgré tout, Louise maintient sa tête hors de l'eau notamment grâce à l'un de ses patients auquel elle s'attache plus que ce ne permet la déontologie.
Grégoire Delacourt nous invite à découvrir une fresque actuelle de notre société, en manque de repères, soumise à des diktats venus d'on ne sait où, rejetant ceux qui n'entrent pas dans le moule. On y découvre cependant beaucoup d'humanité, d'empathie et de délicatesse mais aussi de la poésie. Rien que le titre déjà , emprunté à
Aragon : "
Un jour viendra, couleur d'orange" nous donne à imaginer beaucoup de choses.