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sur 514 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mon premier roman giratoire.
Nul besoin d'un oracle pour deviner (ou d'un devin pour "oracler") que les gilets jaunes allaient vêtir les muses de certains de nos romanciers, inspirés par l'occupation de nos ronds-points citronnés.
Face à ce roman, couleur forcément jaune Grasset, je craignais autant la caricature du jaunard sur sa chaise pliante que l'apologie de la révolte. J'avais tort.
Si le mouvement de colère, qui semble déjà dater d'un siècle, sert de toile de fond à son histoire, Grégoire Delacourt offre un nuancier qui oscille avec poésie entre colère et espoir.
Les couleurs justement, structurent avec les chiffres, le monde imaginaire de Geoffroy, 13 ans, qu'une forme d'autisme isole des autres enfants, mais aussi de son père. Ce dernier, Pierre, qui se sent inutile et incapable de s'occuper de son propre enfant occupe un emploi de vigile à mi-temps dans un supermarché après un licenciement. Il va trouver dans le mouvement des gilets jaunes un certain réconfort auprès de ses copains d'infortune et un exutoire à sa colère. Il lui faut trouver des responsables à son chagrin et à ses échecs.
Sa femme, Louise, est infirmière dans un service de soins palliatifs, aussi dévouée et bienveillante avec ses malades qu'avec son fils. La mort, c'est sa vie et elle la rend la plus douce possible.
La lumière qui jaillit de ce récit s'échappe des histoires d'amour qui transcendent ce drame social.
Histoire d'amour d'enfants entre Geoffroy et Djamila, jeune fille charmée par la pureté et le caractère lunaire du jeune garçon.
Passion également dans l'urgence de l'éternité entre Louise et un homme en fin de vie.
Amour enfin révélé d'un père pour son fils, une fois la colère dépassée.
Trois phrases où mes verbes font grève, par solidarité.
Tout est bien qui ne finit pas forcément bien mais cette prose nerveuse et cette pureté de l'écriture offrent un récit d'une profonde humanité où même un cynique comme moi n'a plus pied.
Seule réserve, le trop plein de calamités. Après les masques, pénurie de mouchoirs en tissus ou en papier à prévoir. Que fait le gouvernement ? A trop forcer la dose, le roman perd un peu en justesse, notamment avec l'histoire parallèle de Djamila, pourchassée par des frères imbéciles, obsédés par la religion et leur réputation dans la cité.
Le titre mystérieux du roman est tiré d'un poème d'Aragon en hommage au poète Federico Garcia Lorca assassiné en 36 par les franquistes. A choisir, j'aurai sauté un vers et choisi de baptiser ce très beau récit, « Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront », évoqué dans la quatrième de couverture… jaune.
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Grégoire Delacourt , pour moi , c'est tout d'abord une rencontre à " lire à Limoges " , voici quelques années , à une époque où, si ses qualités d'écrivain n'étaient pas encore vraiment reconnues , sa joie de vivre , son humour , sa modestie m'avaient séduit, au point de m'en faire , non pas un ami , ce serait prétentieux et inexact , mais un personnage dont le nom m'était devenu familier au point de ne jamais rater le moindre des ses écrits, la moindre de ses apparitions dans les médias. On le sait , son écriture est " nerveuse " , des phrases minimalistes , taillées dans le diamant , alignées pour composer la plus belle des poésies, des chapitres courts , voire très courts . Un style personnel percutant parce que d'une limpidité extraordinaire . Ce roman ne déroge pas à la règle, il serait vraiment dommage d'ignorer cette si belle plume mise au service des plus humbles dans un monde en pleine déliquescence. Les humbles , ce sont les gilets jaunes , Pierre , Louise et les autres , ceux dont le combat va peu à peu céder face à la force des institutions et de l'opinion publique et puis ce seront de superbes , de magnifiques mais improbables histoires d'amour .... L'amour , seul doux mais utopique refuge dans un monde où le poids des traditions écrase toute volonté d'émancipation, d'accès au bonheur au - delà de tous les préjugés....C'est un roman de la désespérance et de l'espoir , un très beau texte sur la force de l'envie de vivre qui doit résider en chaque être, quel que soit l'obstacle à surmonter . Delacourt est un auteur connu et reconnu qui , peut - être devrait désormais quitter un monde qu'il décrit si bien , pour se lancer vers d'autres problématiques, d'autres sentiers . Il en a les compétences et ses lecteurs attendent peut - être un " souffle nouveau " , l'expression d'une maturité littéraire nouvelle , plus forte , moins " observatrice " d'un monde qui " va comme il va " , mais plus tournée vers " un ailleurs " , un " autre monde " utopique ", peut - être, mais moins " connu " , moins " parcouru " , moins " banal " . Delacourt , c'est beau , vraiment beau , mais avec cette plume , j'en suis certain , cela peut devenir " génial " et l'on n'aura plus cette impression de " lassitude " qui s'installe peu à peu vers la fin du roman .Je me répète , cet homme m'a impressionné par son charisme et sa joie de vivre , son humour . Un homme parmi tous ceux qui font " bien besoin " dans le monde tourmenté qui est le nôtre aujourd'hui . du rêve , Grégoire, donnez- nous du rêve, encore plus , même si ce n'est que le temps d'une ( belle ) lecture .
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Dans la nuit froide et noire, ils sont six, entassés dans la voiture. Unis, prêts au combat, rouges de colère. Parmi eux, Tony, Jeannot, Sylvie et Pierre... Pierre, vigile à mi-temps à Auchan, las de sa vie qu'il rêve plus juste. Pierre qui n'en peut plus de cette misère sociale. Pierre qui, comme des milliers d'autres, va endosser son gilet jaune fluo. Et tandis que les amis font barrage au rond-point, Louise, sa femme en blouse blanche, arpente les couloirs de l'hôpital, au service des soins palliatifs. Accompagner, soutenir, emprunter d'autres chemins. Au petit matin rosé, elle retrouvera son fils, Geoffroy. Un enfant autiste qu'elle et son mari n'ont jamais pu approcher. Sa maladie l'isole, l'éloigne des autres, notamment de son père qui n'a jamais essayé d'apprendre à l'aimer, à le comprendre. Seule Djamila, sa peau caramel et ses yeux vert véronèse, voit en lui un être précieux et unique...

Grégoire Delacourt, dans ce roman social, donne la voix à la France d'en bas. Sur fond de guerre sociale, économique et politique, où le jaune fluo donne sa couleur au pays pendant de nombreux mois, l'on suit, principalement, Pierre et sa famille. Lui qui se bat pour avoir un petit bout de lune, meurtri dans son rôle d'homme et de père, elle qui, accompagnant les derniers jours des patients, protège avec un amour infini son fils, et celui-ci qui vit dans son propre monde. Doux-amer, douloureux parfois, ce roman regorge de tendresse, de douceur mélancolique et d'amour. L'auteur dépeint, avec une profonde humanité, une galerie de personnages ancrés dans l'actualité et aborde des sujets qui le sont tout autant tels que la misère, les gilets jaunes, le racisme, la violence parfois, l'injustice, la religion...Un roman arc-en-ciel, à la fois sombre et lumineux, ensoleillé par une plume poétique...
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Des hommes et des femmes revêtus de gilets de lucioles, des laissés-pour-compte, des petits, des sans-dents, des fainéants, ceux qui ne possèdent rien, agglutinés à un rond-point autour d'un brasero. On n'avait pas soupçonné leur colère, leurs chagrins, on n'avait rien vu venir, alors la détresse avait revêtu des gilets jaunes fluo. Ils rêvaient à nouveau, ils étaient ensemble et c'étaient bien, les amitiés s'enracinaient, les désillusions sont un ciment.

« Il fallait redevenir des bêtes Les maîtres ne reculent que devant des chiens qui mordent. »

Parmi ses révoltés il y a Pierre, sa colère prend sa source dans sa lâcheté d'homme et ses faiblesses de père. Il est un connard de vigile à Auchan que personne ne regarde, comme un chien et encore les chiens on les caresse. Son enfant a consumé son amour pour Louise.

Louise est infirmière dans une unité de soins palliatifs, elle réconfortent ceux qui souffrent, ceux qui partent. Elle sait trouver les mots justes qui permettent de mener les mourants à une joie insaisissable qui permet le lâcher-prise.

Leur fils Geoffroy est un enfant de 13 ans sans personne dedans. Il sait tout ce qu'il y a dans les livres, mais il n'en parle pas parce qu'on ne lui demande jamais rien. Il ne supporte pas qu'on le touche. Il possède une mémoire impressionnante. Tout ce qui est nouveau l'effraie. Il perçoit le monde à sa façon. Seules les couleurs le rassurent. La vie de Geoffroy va changer quand il va croiser les yeux vert Véronèse de Djamila 15 ans. Elle est irradiante de beauté. Les deux enfants sont la pièce manquante de l'autre.

« Il lui montrait des étoiles que personne ne pouvait voir en plein jour, et elle riait, et elle s'émerveillait. »

Quel plaisir de retrouver la plume de Grégoire Delacourt, il nous offre ici un roman social, ancré dans notre époque. Au fil des samedis de manifestations des gilets jaunes il nous raconte l'émergence du Front national, le racisme, la montée du communautarisme l'intégration difficile des travailleurs immigrés et la colère de leurs fils. La vie des adolescentes dans les banlieues, les garçons qui les sifflent les traitent de putes. L'abnégation des personnels soignants notamment dans les services de soins intensifs, la fin de vie et surtout la peur de la différence.

« Tout le monde le sait, un groupe humain se constitue par l'exclusion d'une ou plusieurs personnes. Un groupe d'élèves c'est pareil. Ainsi les amitiés se façonnent-elles sur le dos d'un gros, d'une grosse, d'un moche, d'une moche, d'un bigleux, d'une bigleuse, d'un étranger, d'une étrangère. »

J'ai beaucoup apprécié sa façon d'expliquer ce mouvement des gilets jaunes venu d'on ne sait où. Grégoire Delacourt fait parler ces femmes et ces hommes avec leurs mots, on voit leurs réactions aux discours des politiques, leurs désillusions, leur désespoir. le lecteur a l'impression d'être au milieu d'eux. Je trouve qu'il a traité ce sujet délicat avec beaucoup de finesse.

C'est un roman d'une telle richesse avec des personnages poignants, roman initiatique et roman d'amour à la fois. L'amour de deux enfants au coeur pur, celui d'une femme pour un homme qui se meurt, celui d'une mère pour son fils différent. Un récit rempli d'humanité,de sensibilité, Grégoire Delacourt sait si bien explorer les sentiments avec une écriture mélange subtil de délicatesse et de poésie.

Merci infiniment aux éditions Grasset pour leur confiance.
#Unjourviendracouleurdorange #NetGalleyFrance

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Alors que la France, en plein chaos, s'enflamme et se pare de jaune sur nos ronds-points et dans les rues de nos villes, Geoffroy, treize ans, vit dans son monde, sa vie est réglée par les couleurs qu'il n'accepte que dans un ordre précis, selon sa propre logique. Sa candeur et ses « différences » émeuvent son entourage.
Pierre, son papa, un homme survolté, bourru et agressif n'arrive pas à communiquer avec lui et sa mère, Louise, infirmière le réconforte et le soutient.
Lorsque son regard croise les yeux de Djamila, tout s'illumine. Des yeux aussi beaux, d'un vert si profond, il n'en a jamais vu.

Plus le tumulte grandit, plus la complicité des enfants s'installe en une douce harmonie de couleurs chatoyantes d'orange et d'azur.
Et s'il suffisait d'un gamin un peu différent, un peu rêveur pour que ressuscite un monde d'amour et d'espoir. Alors, peut-être, comme l'écrit Aragon, « un jour viendra couleur d'orange. »

L'écriture est belle, douce, poétique et lumineuse, l'auteur nous dépeint un monde de désespérance et de révoltes, mais aussi un univers de douceur et d'espoir.

Une très belle lecture.
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Changer les couleurs du monde

Sur fond de crise des gilets jaunes, Grégoire Delacourt a réussi un roman d'une forte intensité dramatique en racontant le destin d'un couple et de leur enfant né «différent».

C'est en 2018, au moment de la contestation des gilets jaunes, que Grégoire Delacourt a choisi de débuter son nouveau roman. Pierre a rejoint la lutte, tient un rond-point, rêve de jours meilleurs.
Lorsqu'il se retourne, il voit ce jour d'élection présidentielle en 2002 et ses illusions s'envoler. Lionel Jospin a décidé d'arrêter la politique, le Pen sera face à Chirac au second tour. Un choc qu'il partage avec tous ceux qui rêvaient de lendemains qui chantent. Parmi toutes ces personnes, il croise le regard de Louise et ressent, comme une urgence, l'envie de dissoudre ce malaise dans l'amour. L'envie de s'unir, de montrer qu'ensemble, on peut réussir quelque chose. Après coup, il se dira que ce furent sans doute ses trois plus belles années.
Quand son fils Geoffroy est né, la joie de la parenté s'est transformée en nouvelle épreuve. Geoffroy ne réagissait pas. Il était différent.
L'épreuve de trop pour Pierre. Il n'a pas supporté cette injustice, s'est éloigné de Louise, a cherché du réconfort dans d'autres bras. Louise, quant à elle, a choisi de se battre, de ne pas rester spectatrice de son infortune. Elle va utiliser pour Geoffroy la même recette qu'au travail, où elle accompagne les personnes en fin de vie: «Louise aidait ceux qui partaient. Et quand un sourire se posait sur les visages chiffonnés, elle savait qu'elle avait trouvé les mots justes, mené les moribonds à cette joie insaisissable qui permet le lâcher prise». Grâce aux soins qu'elle lui prodigue, cherchant à entrer dans son monde, elle le soulage et le rassure. Geoffroy est différent, mais très doué. Et alors que ses parents se déchirent, se séparent, il va faire deux rencontres déterminantes. Les yeux Véronèse de Djamila, quinze ans, et la cabane où vit Hagop Haytayan, un Arménien qui a choisi de se retirer dans une forêt où les nuances de vert sont nombreuses. Car Geoffroy range sa vie d'après les couleurs. Il aime le vert, il n'aime pas le jaune. Ce que son père ne comprend pas. Il s'obstine à vouloir l'éduquer à sa façon, lui faire partager sa conception de la vie.
Ceux qui devraient vouloir le bien sont ceux qui vont faire le plus de mal. Pierre va faire souffrir Geoffroy et les frères de Djamila vont vouloir imposer leurs préceptes religieux, leur intégrisme à leur soeur et l'entraîner vers l'abîme.
Grégoire Delacourt, en choisissant un poème d'Aragon pour le titre de son roman,
«Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange / Un jour de palme un jour de feuillages au front / Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront», nous en livre la clé. Comme le soulignera Hagop, «les ennuis venaient quand les hommes avaient perdu le sens de la poésie. Étaient restés sourds aux murmures du coeur.»


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Debout les damnés de la terre.
Debout les révoltés.
De toutes mes lectures de l'année, Un jour viendra couleur d'orange, n'est certes pas le plus gai que j'ai lu, mais l'un des plus émouvants, sans aucun doute.
Je ne connaissais pas trop l'écriture de Grégoire Delacourt, c'est mon amie Alexandra qui m'a poussé dans ses bras, si j'ose dire...
Je suis donc allé le rencontrer sur un salon pour un moment mémorable. Un pur bonheur, tant cet auteur est sympathique et disponible.
Mais là n'est pas le sujet de cette chronique, revenons à notre lecture, donc.
Delacourt a pris sa palette et nous raconte la vie en couleurs.
Un véritable arc-en-ciel.
Le jaune de la révolte,  celle de Pierre et ses amis aux gilets devenus célèbres.
Le vert de la nature et des yeux de la jeune Djamila pour lesquels fond Geoffroy, le fils de Pierre et Louise.
Le bleu des murs des chambres d'hôpital où Louise accompagne les malades.
Le rouge des lignes qu'il ne faut pas franchir, de la haine ou de la colère.
Le noir du mal sournois, des jours sombres, des libertés perdues.
Et bien d'autres couleurs encore qu'il décline selon les circonstances, les personnages, les lieux, les événements.
Elle est originale cette idée de peindre la vie des gens.
La vie de ce couple en rupture, de cet enfant, différent, qu'on comprend ou pas, qu'on aime ou parfois pas.
Qu'importe, Geoffroy, lui, il vit dans son monde.
Et, entre nous, on l'envie presque de son innocence.
Grégoire Delacourt nous offre ici un regard sur l'humanité,  sur l'inhumanité même.
Un regard sur l'actualité, brut, sur des gens que nous côtoyons, que nous croisons, que nous ignorons ou que nous défions, des gens que nous aimons, qui nous sont proches ou des inconnus.
Son roman est un film de Lelouch, caméra sur l'épaule, au plus près des personnages.
On s'y attache, d'ailleurs.
Chacun a ses qualités,  chacun a ses failles, tous ont un coeur.
D'accord, je l'ai dit, on n'est pas dans la comédie, mais ce n'est pas un livre sans espoir, au contraire.
Au bout du tunnel, on aperçoit la lumière.
Un jour viendra couleur d'orange...
Vous m'avez touché Monsieur Delacourt, mais pas coulé.
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Grégoire Delacourt aborde beaucoup de thèmes dans ce livre, peut-être trop. Je n'ai pas été séduite par l'aspect social du roman, que ce soient les gilets jaunes ou la radicalisation. Je n'ai pas trouvé qu'il y apportait un point de vue différent.
Ce roman est pour moi avant tout un roman d'amour, servi par l'écriture splendide de l'auteur : L'amour de deux enfants l'un pour l'autre, l'amour d'une mère pour son fils différent, l'amour éphémère d'une infirmière pour un patient en fin de vie, l'amour maladroit d'un homme et d'un père enfoui sous la colère.
J'ai tremblé pour Geoffrey et Djamila, souffert pour Louise et regretté pour Pierre.
Un grand merci aux éditions Grasset pour leur confiance #Unjourviendracouleurdorange #NetGalleyFrance
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Un jour viendra, couleur d'orange, titre emprunté à Louis Aragon (et magnifiquement chanté par Jean Ferrat) est un Delacourt comme l'auteur a l'habitude de nous en offrir. Un regard humain sur le quotidien des hommes et femmes de notre temps. Avec leurs attentes, leurs espérances, leurs actions ou soumissions qui veulent changer le monde ou acceptent le rôle de vaincu.
C'est avec un réel plaisir - que je dois à la confiance de #NetGalley, France et des Editions Grasset - que j'ai renoué avec l'écriture de cet auteur. Toujours avec un phrasé limpide, empathique, Grégoire Delacourt accompagne ici le combat des gilets jaunes, les illusions et désillusions, les résiliences et abandons, la pertinence du combat ou la relativité des engagements.
L'auteur plante son décor dans une famille quelque peu perdue par la crise, la lutte pour l'emploi et puis, drame, en ‘cerise sur le gâteau des difficultés à gérer', un enfant autiste, un enfant que le père ne sait comment prendre et porter vers un futur.
Tout le livre est le reflet de notre époque, de ses combats, utiles, inutiles, disproportionnés par rapport aux enjeux. Dans une société en manque de repères, y compris de repaires, les forces vives se dispersent, se dilapident aux vents des certitudes, miroirs de nos ressentis immédiats et, parfois, dépourvus de tout sens critique.
Avec Un jour viendra couleur d'orange, Grégoire Delacourt signe une chronique de plus de notre temps, de ses envies, besoins et espoirs qui, le plus souvent, ne peuvent se concrétiser qu'à travers des ruptures, souvent douloureuses, et des ouvertures de nouveaux champs relationnels à construire.
Un jour viendra couleur d'orange est un miroir de notre temps. A nous d'accepter de s'y mirer, ou non, et de décider de construire l'avenir qui répondra aux questions suscitées.
Si la lecture de ce roman est assez facile, la réponse qu'il nous invite à poser l'est moins. A nous de nous montrer à la hauteur de ce récit !
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Pierre Delattre, vigile à mi-temps dans une grande surface, et quelques collègues sont en colère contre le gouvernement et leur vie médiocre à attendre la fin du mois avec angoisse. Ils rejoignent les Gilets Jaunes comme tant d'autres de la classe moyenne et participent à des actions parfois violentes contre les symboles de l'Etat. Louise, sa femme, infirmière en soins palliatifs, est fatiguée de mener de front vie professionnelle et personnelle, d'autant plus que son fils autiste de 13 ans, Geoffroy, subit régulièrement des brimades à l'école et qu'elle doit s'en occuper seule puisque Pierre s'en désintéresse. Geoffroy rencontre à l'école Djamila, de deux ans plus âgée que lui, qui va lui apporter un peu de réconfort mais certains voient d'un mauvais oeil cette relation. Comment garder espoir quand tout va mal autour de soi ?

J'ai lu quasiment tous les romans de Grégoire Delacourt, j'en ai aimés certains, d'autres un peu moins. J'étais curieuse de découvrir ce nouveau livre au ton résolument marqué par l'actualité récente, il est en effet question des Gilets Jaunes de 2019, des attentats et des phénomènes de radicalisation.
Ce roman est relativement sombre, reflet d'une société qui va mal, où les inégalités entre riches et pauvres se creusent. Seule la relation toute en tendresse entre Geoffroy et Djamila et celle de Louise et Aurélien apporte un peu de positivité et d'espoir, ainsi que la générosité d'Hagop Haytayan.
J'ai trouvé la description de la personnalité et du handicap
de Geoffroy très juste et je salue le travail de l'auteur qui s'est bien documenté sur certains aspects comme le peuple arménien, les dérives de l'islamisme ou l'autisme.
Les scènes de violence extrême auxquelles Djamila est soumise par ses frères ou les jeunes de son quartier font froid dans le dos mais paraissent malheureusement très vraisemblables, d'ailleurs à plusieurs reprises l'intolérance envers la différence est soulignée dans ce roman.
Le titre de chaque chapitre porte un nom de couleur ainsi que le titre du livre qui paraît assez étrange (référence à un poème de L. Aragon), cela crée un côté visuel et poétique. D'ailleurs, l'écriture de ce livre m'a paru assez poétique à certains moments et joliment travaillée.
Ce livre ne se termine pas sur une note sombre et fataliste, au contraire l'espoir est préservé, j'ai apprécié cette fin ouverte malgré toutes les difficultés vécues par les personnages du livre.
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