Me voilà bien embarrassée après avoir tourné la dernière page de ce tout nouveau roman de
Grégoire Delacourt au vu de tous les avis élogieux publiés.
L'auteur revisite les grandes heures de manifestations qui ont bousculé la France et leurs dirigeants (quoique ?) à partir de fin 2018, ces gilets jaunes des ronds-points, oubliés, désespérés, révoltés et déterminés.
Pour cela
Grégoire Delacourt campe des personnages attachants, il s'attarde sur des tranches de vie, ceux qui bossent dur, gagnent peu et surtout pas assez pour une vie décente. Méprisés et ignorés par les politiques de tout bord depuis fort longtemps, ils vont sortir de l'ombre. Leur colère sera terrible.
Les personnages campés sont attachants et réalistes dans leur quotidien, Louise, Pierre, Geoffroy, Julie….. et tous les autres.
Pourquoi alors cet agacement qui me gagne ?
Je constate que l'auteur se laisse aller à des réflexions maintes fois entendues, des redites sans nuances qui n'apportent aucun éclairage sur le contexte social et tuent l'intensité du récit.
Un discours martelé avec une conviction qui frôle le trop plein ; tout y passe, comme un état des lieux de tous les maux de notre société !
Le tout avec de multiples invraisemblances qui nuisent au récit.
Pourtant, que l'histoire entre Geoffroy et Djamila est réussie, empreinte de poésie ! Elle tranche habilement avec la noirceur et la violence du contexte. Les descriptions de la forêt et de la nature qui l'entoure sont très réussies, invitent à se ressourcer parmi les arbres.
Pourvu que cet Eden ne soit pas rattrapé par la violence, que l'innocence demeure !
En résumé, je ressors de cette lecture dubitative et déçue, pourtant touchée, comme beaucoup par les personnages fort émouvants.
Qui a dit « ce n'est pas avec de bons sentiments qu'on fait de la bonne littérature » ?