De la contagion

L'interdisciplinarité est toujours une méthode intéressante lorsque la problématique étudiée a de multiples aspects. Ici, la contagion et sa polysémie se prête agréablement à l'exercice.

D'abord, ce recueil de plus de 400 pages est le résultat d'un beau travail universitaire. Les sujets sont travaillés, pensés et essaient de répondre au mieux à la commande. Certains fonctionnent très comme la transmission des standards et des coutumes dans les écrits chinois, la contamination des moeurs dans l'antiquité Romaine par l'afflux massif de richesses orientales ou les dogmes sous-jacents de la colonisation en Afrique. J'ai beaucoup aimé l'originalité du chapitre sur l'arrivée de la valse allemande en France, qui contaminent, enflamment les esprits après une période de Terreur. Ah oui, il faut noter que de la Contagion est tout de même très historique.

D'autres sujets arrivent moins, selon moi, à capter cette notion comme ceux sur la solitude, la liturgie ou ceux de la ressemblance entre les textes, à l'inverse d'un autre sujet sur la transmission des erreurs d'interprétation dans les calendriers. Tous les sujets ne sont pas forcément adaptés à la thématique et/ou au format.

Petits plus pour : Danse (les valses), le chapitre sur l'antisémitisme, le chouette sujet sur les ex-votos (la contamination d'un milieu par le biais d'objets abandonnés là), la contagion de la violence sociale au moment de la Révolution culturelle. Et on en parle de l'excellente postface de Piketty ? Economique, politique, comme il faut.

Dense malgré son format de notes courtes, ce livre saura intéresser tous les passionnés de contagion, malgré la période, par toutes les dimensions abordables. Un grand merci à Babelio, Masse Critique, et les Editions Vendémiaire pour ce livre. Vous assurez !

Un recueil à plusieurs voix. Les thématiques, des mots par ordre alphabétique, avec à chaque fois, la notion de contagion sur une thématique qu'elle soit historique, politique, religieuse, sociale, etc…à travers l'histoire humaine. Les textes sont courts et richement documentés à chaque fois, avec une bibliographie et parfois une iconographie.
J'ai trouvé cet ouvrage instructif, bien que la lecture ait été inégale, l'intérêt pour les sujets étant plus ou moins fort. Comme il s'agit de textes écrits par des chercheurs au CNRS, certains sont ardus, pour un lecteur non averti, surtout quand le sujet renvoie à un contexte méconnu. L'intérêt de ce recueil est qu'il est possible de lire les textes dans n'importe quel ordre. Les titres des textes sont des mots, ils apparaissent par ordre alphabétique.
On prend conscience que tout est contagieux en ce bas-monde, qu'il s'agisse de l'aluminium, du bâillement ou de l'antisémitisme.
L'homme reproduit, c'est son fonctionnement. Quand il s'agit des dessins sur un calendrier du Moyen âge, on s'aperçoit, par le biais d'erreurs dans la reproduction des dessins, qu'il répète « bêtement » sans comprendre, et sans souci d'originalité. J'ai particulièrement aimé le texte Ex Voto et Littérature, sans doute plus accessibles. Je relirai sans doute ces textes qui, ne serait-ce que pour la multitude des auteurs, est une richesse et offre un panel de points de vue très large.
Merci à Babelio et aux éditions Vendémiaire qui ont accompagné cet ouvrage d'une petite carte manuscrite.

La contagion sous tous ses angles et toutes ses formes… Etant donné tous les domaines différents que cette notion peut recouvrir au sein des comportements humains, il a été jugé utile que différents chapitres concernant différents phénomènes de contagion allaient illustrer la pluralité des exemples de contagion susceptibles de se manifester à travers l'histoire. de manière brève, disons que l'ouvrage a les qualités de ses défauts : si un chapitre intéresse moins qu'un autre, on y trouve toujours la jouissance de pouvoir en trouver certains, voire beaucoup, intéressants. le revers de la médaille, c'est que le phénomène de la contagion n'y est jamais analysé au sein d'une grille de lecture sociologique, les mécanismes du mimétisme social n'y sont pas décortiqués sociologiquement au profit du regard historique (d'où un chapitrage relativement court). Néanmoins, la lecture reste agréable et nous pousse à percevoir l'ampleur de tout ce que la contagion embrasse : une foultitude.