Tous ceux qui ont accepter de tirer se rendent dans le rond central avec les deux gardiens de but. Ils sont soudain si loin de tout, prisonniers dans ce cercle de courage.
Le ronron du réfrigérateur. [...] Il monte dans des heures suspendues, des heures de rien, milieu de matinée, milieu d'après-midi, il joue sur la profondeur du silence, en donne la conscience en l'abolissant - c'est un bruit qui fait du silence.
- Ah! vous n'avez pas séjourné au Caire ?Pour moi, toute l'âme de l'Egypte est là ...
Dès lors, la compétition s'accélère.En cinquante kilomètres ferroviaires, les safaris kényans montent à l'assaut des tableaux de Saint- Pétersbourg, la plage de Porto- Vecchio à la mi-juin lutte courageusement contre les palmiers de Maurice en janvier.Mais la petite dame en noir a du tonus.C'est elle qui porte l'estocade, en tirant de sa ceinture une dague assassine:
- L'année prochaine, nous faisons la Finlande en brise- glace.
L'âme sonore de la cuisine, c'est le ronron du réfrigérateur.
C'est comme quand on lit. Au bout d'une demi-page parfois on se rend compte qu'on a perdu le fil, ou plutôt que les mots se sont mis à nous parler de tout autre chose: de nous. On reprend pied, mais c'est toujours difficile de savoir à quel instant précis on s'est échappé vers soi-même. On a eu cette absence.
Le texto surgit dans l’effraction la plus neutre, la plus douce.
« C'est tout à coup comme une musique différente, profondément émouvante, comme toutes les mélodies qui conduisent juste à côté de l'endroit où on pensait qu'elles allaient nous mener. Bien sûr, il s'agit de la traduction d'un mot suédois, qu'un autre mot français aurait peut-être approché davantage. Mais lequel ? On n'a pas envie de chercher, parce que dans son étrangeté "accompli" est parfait ici. Plus que parfait. Il porte en lui un regard neuf. » (p. 77)
Parfois, elle admire vraiment sa mère. Plus souvent, une espèce de pitié attendrie s’allume au fond de son regard, quand elle voit s’approcher la bonne âme espérée, chute obligée du story-board de la séduction maraîchère. Le texte est déjà prêt. La dame au cabas croit-elle l’inventer, ou bien a-t-elle conscience de le dire avec un vague apprêt ? Tant pis si les mots sont un peu cruels pour l’adolescente, c’est si bon de pratiquer la flagornerie rampante, quand la scène s’impose avec autant d’éclat :
- Écoutez, vraiment, on ne sait pas qui est la mère, qui est la fille !
Celui qui risque tout s'expose à découvert. Celui qui n'a plus rien à espérer est tout givré de peur.Sommeil ouvert, sommeil fermé, la nuit dort à l'envers.
L'eau qui bout devient vivante à l'heure du café, le chuintement de la soupe réchauffe à l'avance. Mais l'âme sonore de la cuisine, c'est le ronron du réfrigérateur.