La rencontre a eu lieu hier, à l'initiative de Babelio, dans le 11e arrondissement, non loin du domicile parisien d'un auteur que la langue française parlée quotidienne intéresse parce que c'est la vraie vie.
Et vous avez eu beau temps ? est la neuvième publication de
Philippe Delerm de textes courts. L'expression est étrange mais l'auteur nous a expliqué qu'il n'y avait pas d'autres mots pour caractériser ce genre d'écrit qui se trouve être le type de littérature avec lequel il existe le plus.
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C'est cette spécialité qui lui a permis d'entrer en 1997 chez Gallimard, par une petite porte, celle de la collection Collection L'Arpenteur pour laquelle il réalisera la meilleure vente avec
La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.
Il n'a perçu aucun à-valoir (une avance sur les droits d'auteur à venir) et le premier tirage fut limité à 2000 exemplaires. Personne ne se doutait de l'immense succès que cet ouvrage allait être. Il n'avait jusque là publié que de la poésie, aux éditions du Rocher où son éditeur lui avait tout de même affirmé : on est sur que vous êtes un auteur. Un jour ça se saura.
Ça se sait, effectivement, même si le chemin fut long pour arriver à ce treizième livre, tous genres confondus, car il a publié aussi des romans. Lorsqu'il fait le bilan de son travail, l'écrivain estime que toute sa production n'est pas du même niveau mais qu'il a su engranger un lectorat fidèle avec cette catégorie des textes courts.
Il est d'ailleurs étonné de constater que ce genre intéresse si peu d'auteurs. Quand il se souvient des discussions enflammées qui animaient la faculté de Nanterre dans les années 70 il est surpris que le roman existe encore à ce point, qu'il envahisse la rentrée littéraire sous une forme si traditionnelle alors que
Nathalie Sarraute et tant d'autres annonçaient sa mort imminente. Les dix auteurs qui se vendent le mieux n'écrivent que des romans.
Après des études de lettres suivies à Nanterre il est nommé en Normandie où il est resté toute sa vie. Depuis septembre 2006, il dirige la collection "Le goût des mots" (éditions Points/Seuil) consacrée à la langue française. Cet ancien paresseux devenu actif anime un club de lettres, un club de football et ... un club de guitare. Mais s'il y a un domaine où il ne fait pas (pas encore) de concessions c'est celui des nouvelles technologies. Il n'est pas membre de Babelio et il y a encore un an ne consultait jamais de mail. Il n'a pas d'adresse personnelle mais accepte désormais de communiquer celle de sa compagne.
Il est sensible à la manière de téléphoner de ses concitoyens, s'amusant de voir quelqu'un parler avec la main posée devant soi comme un livre de messe. Ses petits enfants se moquent de lui en lui demandant Quand est-ce que tu auras un vrai téléphone ?
Philippe Delerm a l'art des petites phrases. Non pas celles que collectent les journalistes désireux de scoops ou de zizanie, mais celles qui dégagent ce qu'il appelle "la perfidie ordinaire". Sa manière d'écrire pactise avec tout ce qui est banal en démontrant que rien n'est banal.
(suite sur A bride abattue)
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