Abby n'avait pas besoin d'avoir des amis pour se sentir bien. Elle était célibataire, se suffisait parfaitement à elle-même et appréciait sa solitude. A vingt-huit ans, elle avait toujours pris seule ses décisions, et cela lui convenait. Quoique... Peut-être était-ce justement à cause de cette indépendance qu'elle appréciait autant la compagnie des humains. Enfin, pas n'importe laquelle. Elle aimait être avec des personnes chaleureuses. Stimulantes. Des esprits intelligents avec qui partager des idées et en débattre.
On ne sourit pas lorsque, assis à la barre des témoins, on se retrouve face à trois juges austères, une armada d'avocats tous plus sévères les uns que les autres, un public nombreux. des journalistes et un prévenu au regard fixe. On se contente d'énoncer ses nom, prénom, âge, adresse et qualité quand on vous le demande, de préciser lorsqu'on vous prie d'être plus précis et de répondre aussi honnêtement que possible à chaque question posée.
...L'amour est une impulsion irrésistible. Durant tout le temps de ce procès, durant ces nuits que nous avons partagées, nous avons pu nous persuader que nous étions tout simplement insouciants... mais nous avions tort. Entre une impulsion irresponsable et une impulsion irrésistible, la différence est énorme. Ce que nous avons fait l'a été au nom de l'amour. Il n'y avait rien d'irresponsable dans tout cela.
Le sexe, enfin. Ah ! le grand, l'ineffable S majuscule...Souci premier de tout
homme normalement constitué. L'œil mauvais, elle lâcha un juron en claquant la porte de sa chambre. Là aussi, elle n'avait pas tout dit. Les femmes modernes étaient plus libres que jamais et pouvaient satisfaire leurs désirs.
Je l'aime. Je ne l'aime pas. Je l'aime. Je ne l'aime pas. Oh, bien sûr, le bon sens s'évertuait à lui seriner qu'elle ne pouvait pas être en train de tomber amoureuse de cet homme! C'était impossible. Oui, mais alors, pourquoi son cœur entamait-il une rumba endiablée à chaque fois qu'elle pensait à Ben ?