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4,18

sur 535 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

« Elles étaient toutes brisées et pourtant incassables. Elles existaient ensemble comme un tout solidaire, un orchestre puissant, les organes noués en ordre aléatoire, un grand corps frémissant. Et j'étais l'une d'entre elles. »

Face à l'avènement d'une société totalitaire, révolte et sororité se mettent en place.
C'est politique, c'est féministe, c'est queer et c'est une superbe lecture !

La langue est savoureuse, j'ai mis tout plein de post-its pour relire encore et encore certaines phrases si joliment tournées ou criantes d'actualité. J'ai également envie de lire tous les ouvrages qui ont servi à nourrir l'écriture de ce roman, ainsi que de reprendre ma lecture de Guérillières de Monique Wittig que j'avais lâchement abandonnée.

En définitive, lisez-le ! 🔥
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Viendra le temps du feu m'a transportée bien au-delà de mes espérances. Un régime autoritaire proche de notre époque ; une communauté de femmes à la Wittig, dans les Guérillères, qui vit à la frontière de la Ville ; un groupe de résistants homosexuels cachés dans un bar de strip-tease. Dès le début, on sait qu'un drame a eu lieu chez les Guérillères. Seules ont survécu Eve, qui est retournée dans la Ville pour élever son enfant, et hantée par le souvenir amoureux de louve, ainsi que Grace, qui vit dans les quartiers populaires, habillée en homme. le roman se penche également sur le point de vue de Louise, qui refuse d'avoir un enfant et qui découvre, par hasard, dans la cave du club de strip-tease dans lequel elle travaille le soir, une caisse de livres de l'Ancien-Monde ; mais aussi celui de Raphaël, son compagnon, qui l'a épousée platoniquement pour la protéger des politiques de natalité.


Toutes ces voix se mêlent dans un récit contemplatif qui met l'accent sur la psyché des personnages, sur leur rancoeur montante vis-à-vis du régime, sur les souvenirs nostalgiques d'une époque révolue. Puis, l'action s'enchaîne, les marges s'organisent, la Ville s'embrase. Le-a lecteur-ice assemble peu à peu les pièces du puzzle et comprend comment le monde a glissé dans ce régime et, dans un élan cathartique, jubile face à la révolte qui anime petit à petit les personnages.


Viendra le temps du feu, c'est également un récit d'amour. Amour de soi, de Louise qui tente tant bien que mal de trouver sa place malgré la pression des autorités, amour passionnel, d'Ève qui aime désespérément Louve, sa partenaire perdue ; amour pour sa communauté, de Grâce envers ses anciennes camarades guérillères décédées ; amour pour les hommes et la révolution, de Raphaël dans les salles à l'étage du bar.


Le récit est aussi terriblement actuel. Les politiques du régime autoritaires rappellent presque explicitement le fascisme dans lequel bascule lentement la France et le monde autour de nous. Les femmes sont forcées d'enfanter et subissent des examens intrusifs lorsqu'elles faillent à leur devoir, l'homosexualité et la transidentité sont interdites, les violences policières battent leur plein, le régime censure et détruit les livres, les réfugié-e-s climatiques sont reconduits aux frontières


Bref, je recommande à 1000%

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Une dystopie sous forme de roman choral où les pièces du puzzle se mettent en place petit à petit. J'ai été pas mal déstabilisée par le début du texte car on suit plusieurs personnes qui évoluent dans des sociétés qui semblent radicalement opposées. Pendant le premier tiers, je me demandais si la séparation était temporelle ou spatiale et je ne vous donnerai pas la réponse.

Mais surtout ce livre se démarque par son côté envoûtant dans l'écriture qui rend la lecture étrangement mystique. Ces histoires entremêlées sont une ôde aux mots et à la liberté. Un cri pour nous faire réaliser que nous ne sommes pas voués qu'à produire et à nous reproduire.

On découvre l'histoire de plusieurs personnes qui vivent à une époque où le taux de natalité a dramatiquement chuté. Par conséquent, l'injonction à former un couple hétérosexuel et à la procréation est omniprésente. L'autrice nous présente les conséquences de l'intérieur. Ce texte est rempli d'intimités croisées. La sororité exacerbe aussi cet aspect mais la relation de Louise et Raphaël, empreinte d'engagement, non romantique, m'a extrêmement touchée.

Même si on est sans cesse balloté d'un personnage à l'autre, on savoure l'expérience que ça procure et c'est bien là toute l'essence de ce livre. S'abreuver des multiples possibilités de vivre sa vie malgré le carcan des règles imposées. Un rappel sur l'importance de se choisir la vie qu'on veut et sur le droit de la partager avec qui on veut qui résonne comme un droit inaliénable.

Ce roman traite d'une très belle façon la question de l'amour, de l'absence, de la peur de l'inconnu et de l'altérité. Il y a un engagement très juste dans l'inclusivité qui m'a beaucoup touchée. Tout est naturel et à sa place dans la multiplicité de ces histoires.

Comme une mise en abîme, le roman fait l'éloge des livres, du pouvoir des mots et des histoires qu'on se raconte ou desquelles on est privés. Cet aspect bien que secondaire imprègne tout le texte et le message est porté tant par l'histoire que par la plume et le format choisi.
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Ce roman n'est pas simplement une dystopie, mais bien une dystopie féministe et engagée politiquement, inspirée de Monique Wittig et d'auteurs comme Paul B. Preciado. Une ville close qui a rasé une colonie de femmes libres, qui (sur)vivaient entre elles, basée sur la sororité, l'autonomie, l'amour, la liberté. de cette colonie ont réchappé quelques femmes, qui vivent de nouveau parmi les Autres, ces gens qui travaillent pour l'Etat totalitaire, qui ne remette rien en question. La difficulté d'exister parmi ces personnes quand on a connu autre chose, quand le discours officiel n'a rien à voir avec la réalité du monde.

On alterne les points de vue de ces femmes et de Raphaël, un homme qui n'est pas comme les autres non plus. On découvre la vie cachée, nocturne, secrète de toutes ces personnes qui veulent autre chose, qui veulent brûler pour reconstruire, qui veulent être. On découvre le passé, les secrets, les sentiments de ces femmes, au moment de basculement.

Au-delà des thématiques d'une grande actualité, sur la politique, l'identité, le genre, les relations humaines, la société, c'est surtout un magnifique roman. Wendy Delorme écrit avec une plume sublime, c'est beau à lire, ça percute, ça touche, ça reste dans la tête et dans le coeur. Et parce qu'un plaisir n'arrive jamais seul, au-delà de l'écriture merveilleuse, c'est d'une grande érudition. L'autrice mélange à son intrigue des références à des penseurs et penseuses très pertinent.e.s, on sent qu'elle est enseignante-chercheuse en plus d'être écrivaine. Engagée dans plusieurs collectifs féministes, elle réussit ce tour de force d'être érudite et poétique à la fois.

Ce n'est jamais lourd, ça ne fait pas étalage de connaissance mais c'est tout de même soutenu par des philosophies profondes, j'adore ce mélange qui fait réfléchir tout en touchant en plein coeur.
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Je n'ai pas souvenir d'avoir déjà lu un roman tel que celui de Wendy Delorme. Tout m'a happée progressivement et par surprise. Les femmes omniprésentes. La douceur. La violence. La simplicité. La complexité. Roman choral inscrit dans un futur proche, et inspiré d'un présent qui depuis des années envoie des signes précurseurs de ce qui pourrait advenir. Les migrations climatiques. le repli sur soi pour sauvegarder, s'approprier plutôt en exclusivité les moyens de survie. Les résistances de celles qui refusent d'accepter le rôle qu'on leur assigne. L'invention d'autres formes de (sur-)vivre ensemble, à la marge. Les frontières qui excluent, les interdits pour éviter de nourrir des révoltes, et ceux qui, malgré tout, en clandestinité, s'aiment, lisent, imaginent d'autres possibles.
C'est tout à fait étonnant. Les voix d'Eve et de son enfant, de Louise, de Grâce, Raphaël, Rosa, je penses que j'aurai envie de les entendre à nouveau, de les relire, pour me nourrir encore de leur force et de leur singularité.
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C'est une dystopie qui me rappelle Margaret Atwood ou Naomi Alderman mais en plus poétique. Je trouve la plume de Wendy Delorme plus lyrique et envoûtante. Nous n'avons que des bribes sur le contexte mais nous devinons aisément les enjeux: crise écologique, sociale, politique et sanitaire. Frontières fermées, ressources comptées, citoyens contrôlés manu militari. En marge mais aussi depuis l'intérieur, des êtres se regroupent et tentent de fuir le système imposé. Roman chorale : chaque chapitre est une voix d'homme ou de femme qui raconte sa trajectoire, mais la voix n'est pas donnée aux « autres » (= l'Etat, la police, le système mis en place). Ces forces résistantes gagneront-elles face à la main de fer qui régit et contrôle tout ?
Viendra-t'il le temps du feu ? En tout cas, les braises sont chaudes.

J'ai été happée par ce roman qui résonne dans notre époque, j'ai aussi été effrayée car en tant que bonne pessimiste sur l'avenir social et écologique, je réalise que ce roman pourrait s'inspirer d'une réalité future.
J'ai été admirative de ces hommes et ces femmes combattantes qui jettent leur corps dans la lutte.

Je vous le conseille. C'est un livre qu'il faut lire!
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C'est mon premier Wendy Delorme et je suis conquise ! Dans cette dystopie féministe, elle met en scène une chorale de personnages qui tentent de (sur)vivre dans une société où les libertés n'existent plus.

Le climat s'est effondré, l'eau et toutes les ressources manquent, et la grande ville s'est refermée sur elle-même: les souvenirs et la culture du passé sont interdits, la natalité est sanctifiée et les frontières étanches.

Une communauté de femmes avait réussi à vivre à l'écart de ce nouveau monde, mais les hommes ont fini par détruire ce havre de paix. On suit leur histoire à travers la voix de survivantes, mais aussi celles de quelques "Autres", qui n'ont jamais connu autre chose que cette société mortifère.

J'ai adoré l'alternance des chapitres, les différents personnages et comment leurs vies s'entremêlent. Nombreux sont celles et ceux qui font partie de la communauté LGBTQIA+, et c'est un vrai plaisir car on sent que l'autrice (elle-même lesbienne) fait cela naturellement : rien n'est poussif.

Cette lecture, dans le contexte actuel en France (et ailleurs), secoue bien. La répression des manifestations, la censure culturelle, l'encouragement à enfanter... le roman a été publié en 2022 et tout ce qu'on y lit est plus proche de nous que jamais. Si cela peut être déprimant par moments, il y a aussi beaucoup d'espoir dans une fin que j'ai trouvée très belle : oui, le temps du feu viendra.
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Dans une société où hommes et femmes sont condamnés à produire et à se reproduire, nous suivons les pensées et le parcours de plusieurs personnages "inadaptés" à ce monde d'après. Alors que les livres sont interdits (seuls sont autorisés ceux tirés des programmes de la télévision), que les catastrophes climatiques se multiplient, que les eaux montent tandis que la sécheresse dévaste les sols, les réfugiés ne sont pas acceptés dans la société tenue par quelques uns et viennent s'échouer pour mourir au bord des frontières. Les souvenirs du monde d'avant "La Grande Disparition" ont été soigneusement effacés, les crises successives devenues de simple occasions de commémoration, et c'est ainsi que le "Grand Deuil National" va donner naissance au "Pacte national". Dans ce territoire apparemment préservé aux frontière closes et aux êtres sourds à la misère ambiante, reste-t-il encore une part d'humanité ? Un roman d'anticipation diablement d'actualité, qui met en scène des personnages en lutte contre un système tout puissant.
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Futur (proche) post-apocalyptique
Les actions humaines - autant que l'inaction politique - a entrainé un changement climatique rapide et dramatique, ce qu'il reste de la planète est soit désertique soit empoisonné. Les nations survivantes n'ont pas résisté à la tentation du repli totalitaire, enfermant les populations dans des cités murées, liberticides et acculturées.
Tournant le dos à la résignation et malgré les risques mortels qu'ils et elles courent, des résistances naissent et se développent: une sororité hors les murs survit dans la nature et accueille les migrants, des femmes déterminées à ne pas faire d'enfant pour ne pas nourrir le système, des hommes fuyant ou des gens organisant l'extinction de la cité… parce que nécessairement viendra le temps du feu
Roman dystopique qui reprend les thèmes de 1984, Farenheit est la servante écarlate, en ajoutant beaucoup de références contemporaines (Paul Preciado, notamment), on ne peut cependant le réduire à un amalgame d'influences. Par la narration chorale, l'autrice (que je ne connais pas mais que je viens de noter dans ma liste des autrices à suivre) donne à ses personnages une dimension humaine incroyablement vivante et réelle, tout en restant poétique.
Parce que la Révolution peut également passer par là.
Un roman incontournable aujourd'hui.
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Quelle découverte et coup de coeur.

J'ai découvert Wendy Delorme à la Grande Librairie il y a quelques semaines et je n'avais pas vraiment eu de coup de coeur.
Et puis j'ai acheté son livre et c'est une vraie belle découverte.
Une dystopie comme je les aime avec des personnages qui ne sont vraiment pas éloiugnés de notre monde actuel.
Un jour viendra le temps du feu c'est ce qui va arriver et politiquement ce livre est d'une actualité folle.
Que ce soit au niveau des déréglements climatiques, du droit des femmes, de la représsion et des pertes de libertés de plus en plus présent dans nos pays.
Les personnages de W Delorme sont attachants, et nous rencontrons et ecoutons leur histoire en tournant les pages.
Je me suis senti abandonné dans ces histoires avec une envie d'utopie et de vie de libertés qui pourraient revenir dans nos sociétés.
J'ai apprécié aussi l'écriture et que l'écriture et les livres soient au coeur de ce roman.
W Delorme nous dit que ce sera par la lecture et l'écriture que nous pourrons laisser des traces et ouvrir les voies de liberté vers tout le monde.
Sans livre et sans écrits les dictatures ont toutes les clés pour priver de liberté leurs concitoyens mais avec les livres et l'écrit, le peuple a toujours des armes pour combattre ces dictatures.
ce livre est donc très politique et une des meilleures dystopies que j'aui lue depuis ces derniers mois.
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