Réfractaire à lire les séries dans l'ordre, à mes risques et périls, j'avais découvert, il y a quelques mois,
Sonja Delzongle avec "
L'homme de la plaine du Nord", quatrième opus des enquêtes de la profileuse Hannah Baxter et je m'étais laissé emporter dans les méandres des déviances humaines jusqu'aux confins de la démence la plus odieuse. Je n'ai pas tardé à me procurer les trois premiers volumes qui attendent, plus ou moins sagement, dans ma PAL.
L'autrice, que j'ai eu la chance de rencontrer lors d'un salon, est passionnée du continent africain, pas si lointain, y ayant passé de nombreuses années dans sa jeunesse. Elle a une imagination débridée, portée par une plume fluide et incisive. Pas un instant, elle ne lâche son lecteur. Subjugué, il la suit jusqu'au bout de l'horreur, sans forcément se rendre compte de ce qui l'attend.
"
Dust" est un parfait exemple de la manipulation de l'écrivaine. L'Afrique en est le personnage principal avec ses contrastes, ses couleurs mordorées dans une chaleur étouffante et une omniprésente poussière, ses toubabs argentés en safari se pavanant avec mépris devant les miséreux des bidonvilles, mais surtout, ses rites, son folklore, ses sorciers, ses croyances ancestrales, son animalité et sa corruption. le titre du roman, signifiant poussière en français, ne fait pas pour autant référence à l'atmosphère suffocante des lieux, ou si peu. Cette Afrique est très loin de celle décrite dans "La ferme africaine" par la Baronne Blixen et reprise dans le magnifique "Out of Africa" par
Steven Spielberg. Âmes sensibles s'abstenir !
Ce roman très sombre, loin d'un guide touristique, puisque des meurtres sont commis depuis deux ans sans laisser de cadavres derrière eux, évoque une terrible réalité, le sort réservé aux Africains albinos sur leur terre natale. La fiction rejoint (presque) la réalité à en faire froid dans le dos. Hannah Baxter, Française expatriée à New-York, arrive avec ses méthodes bien particulières. Cette enquêtrice, pleine de contradictions et à la vie privée pas si simple, va être confrontée à une kyrielle de personnages aussi colorés que leur continent. Ce sont eux qui donnent corps à l'intrigue et créent souvent une ambiance malsaine à souhait, difficilement supportable.
Dans ses thrillers,
Sonja Delzongle infiltre fréquemment une pointe de militantisme pour une cause bien précise. Avec "
Dust", elle mise sur la différence et les sanctions que la loi du plus grand nombre peut appliquer aux pauvres hères que le hasard a désignés. Son imagination machiavélique l'entraîne vers une noirceur profonde qui ne peut laisser quiconque indemne de ce voyage au coeur de l'Afrique. Je déconseille ce roman à tout lecteur s'apprêtant s'envoler vers le Kenya, ou tout autre pays d'Afrique Noire, sauf pour ceux qui connaissent déjà l'univers de l'autrice et qui aiment frémir en lisant ses histoires !