Très curieux, ce roman. J'avais été déçu par mon premier Delzongle (Cataracte) et j'ai lu avec plaisir ce second roman jusqu'aux quarante dernières pages où tout a dérapé dans une succession de rebondissements tous plus invraisemblables les uns que les autres. C'est dommage.
Je trouve que
Sonja Delzongle a un certain talent pour écrire des thrillers qu'elle gâche avec détermination par des situations abracadabrantes. Ici, c'est en fin de roman, comme s'il fallait absolument inventer des péripéties ahurissantes pour surprendre le lecteur. La construction était bonne, l'écriture très correcte et, patatra, tout s'effondre comme un château de carte dans un final digne d'une série B américaine. Je lui en veux presque…
Son imagination est extrêmement vive et affutée, mais elle devrait la canaliser quelque peu et éviter de tomber dans des facilités qui la desservent. Ça démarrait bien pourtant. Ces animaux qui mourraient, ce bruit mystérieux, ces recherches vers la compréhension du phénomène, etc. Déjà, l'invention du petit groupe d'Orban qui travaille en solo commençait à sentir un peu le roussi, mais je suis joueur, j'ai l'esprit souple, et je suis prêt à passer sur beaucoup de choses pour le plaisir de la lecture. Mais quand c'est trop, j'arrive à saturation et je bloque.
Par ailleurs, même l'extrême fin (la toute dernière phrase) est un ultime rebondissement qui donne une impression d'inachevé puisqu'il permet de poursuivre éventuellement sur 500 pages supplémentaires si on le souhaite.
Il y a enfin une méconnaissance un peu agaçante de certaines structures comme des laboratoires de recherche. Elle n'a aucune idée de la manière dont fonctionne un institut de recherche public, ni le statut de ses chercheurs, et son rachat par un laboratoire privé (matériels et chercheurs inclus) est assez grotesque. Et que dire de notre héroïne qui dispose dans le laboratoire public où elle travaille d'un microscope électronique à balayage, mais qui s'en serait acheté un pour elle-même (pour quoi faire grand Dieu ?) et l'aurait installé dans son appartement. Eh bien, on peut dire qu'elle a vraiment beaucoup, mais vraiment beaucoup d'argent, cette chercheuse (et beaucoup de place dans son appartement…).
En fait, ne boudant pas mon plaisir de la lecture, j'avais poursuivi avec un simple haussement d'épaule amusé, décidé à passer outre ces idioties (il y en a d'autres). A la condition de continuer à apprécier le roman jusqu'au bout (car j'aime bien les histoires, même un peu déjantée), ce qui, hélas, n'a pas été le cas. Je vais quand même mettre trois étoiles, car j'ai été pris par l'action presque jusqu'à la fin (avant de craquer).
Coïncidence, on m'a offert un Delzongle pour Noël. J'aurais donc une troisième chance. On verra (on ne sait jamais).