Le cheptel

Un thriller rondement mené, aussi addictif que glaçant sur la capacité de l'Homme a être un loup pour ses semblables.
Croyant faire face à un crime passionnel horrible mais malheureusement "commun", les enquêteurs vont très vite comprendre qu'ils ont mis les pieds dans le plus abject trafic, celui qui fait d'un être humain une vulgaire marchandise vendue à des êtres vils aux pratiques les plus sadiques et plus glauques. Celui de la jouissance au dépend du mal de l'autre. Celui du trafic humain qui rabaisse un homme, une femme et même un enfant, au statut de bétail insignifiant, dont même le prénom a une connotation bestiale.
En confrontant le lecteur à cette difficile réalité, invisible sauf à descendre dans les bas-fonds de la société, là où pullulent les esprits sombres et violents, l'auteure vient percuter ses certitudes pour le mettre devant le mal absolu. Menant d'une main de maitre (du genre) son écriture et sa narration jusqu'au dénouement final, elle le laisse sans répit et souvent sans souffle avec une seule question: y a-t-il une limite à ce cauchemar qui semble si irréel mais dont les cadavres et traces de sang viennent rappeler la cruelle existence. En tournant la dernière page, dans un soubresaut édifiant, comme le dernier reflexe du gibier mis à mort, le lecteur ne pourra que conclure que le mal est bien profond, aussi enraciné que les certitudes des membres de ce troupeau d'hommes et femmes manipulé depuis des décennies.
Comme la grande prêtresse mène ses sujets doucement vers la falaise, les aveuglant de sa lumière "divine" pour qu'ils n'en voient pas le vide profond où seule la mort les attends, l'auteure réunit les lettres et les mots pour créer ce cheptel de chapitres et fait du lecteur son propre sujet le poussant à poursuivre sa lecture avec avidité, aveuglé lui par l'intensité et le mystère de l'histoire. Heureusement pour lui, et contrairement au reste du troupeau qui voit l'espoir s'échapper au fil du temps, une fois la dernière page tournée, il aura le soulagement de se dire que cette histoire n'était que pure fiction.
Pourtant, loin de là ou peut être à quelques kilomètres, dans un vaste domaine abandonné ou dans l'obscurité d'un immeuble désaffecté, la fiction rejoins peut-être la réalité, comme la larme qui roule de l'oeil de la bête de ferme finit par se mêler au filet rouge qui suinte de sa blessure rituel, cette saignée qui accompagne la mise à mort d'êtres à l'âme brisée et dont le corps, vendu à l'abattoir, comblera la faim de son client.
Un thriller percutant à tout niveau!

J'ai fini ce roman depuis quelques jours. Parfois, je laisse passer un peu de temps avant de balancer mes horreurs. Comme si le décantage permettait d'y voir plus clair. J'avais plutôt bien aimé « La fille de Kali », parue au même endroit il y a quelques mois, et écrit par la même Céline Denjean. du coup, quand celui-ci est sorti, je me suis dit que le risque de ne pas aimer était somme toute assez limité, même si ça t'arrive, comme à moi d'être déçu par un auteur que tu suis de près.
Dans ce roman, plusieurs histoires s'écrivent. Plusieurs histoires se lisent comme si elles étaient liées par l'horreur que tu croises de plus en plus souvent dans les journaux, ou sur le ouaibe, puisque c'est devenu notre moyen principal d'information.
Plusieurs histoires reliées à la grande, celle qui nous raconte des horreurs. Tu te souviens des rafles, des camps, des hommes et des femmes enfermés derrière des grilles, des barbelés.
C'est l'histoire de ces barbelés, sans doute, qui empêchent ceux qui sont derrière de sortir. Les barbelés qu'on a parfois dans la tête, qui nous interdisent de vivre et de grandir parce que quelqu'un les y a mis et refuse de les enlever.
Tu vas rencontrer Atrimen, et tu vas sans doute avoir envie de l'aider un peu quand tu vas comprendre ce qui lui arrive. Atrimen a quinze ans. C'est petit pour avoir des barbelés dans la tête, ces barbelés qui l'empêchent de vivre.
Tu vas croiser cette jeune femme, chassée par des chiens, et tu vas imaginer que ça se passe il y a longtemps, au Moyen-Âge, que ça existe plus aujourd'hui. Aujourd'hui, on ne chasse plus les gens, plus pour de vrai. Enfin, je crois.
Tu vas suivre Agathe. Elle est flic. Elle travaille à Nîmes. Et elle aussi croyait que la chasse à la fille, ça se pratiquait plus depuis longtemps.
Un notaire, un peu vieux, qui décide de suivre la piste de son enfance, parce qu'il est jamais trop tard pour rencontrer ses parents.
Je t'en dirai pas plus. Pas la peine, et tu me connais, ça m'énerve les internetistes qui te racontent le bouquin…
Alors on cause de quoi, dans ce roman ?
De ces drôles d'histoires dont tu as sans doute entendu parler. Ces histoires de lavages de cerveaux, d'endoctrinement, de sectes toutes plus hallucinantes les unes que les autres, ces meurtres collectifs liées à des croyances absurdes, ces hommes dont tu as tenté d'imaginer comment leur intelligence avait pu permettre ces exactions, comment leur conscience avait autorisé ces fameux barbelés.
Le pari d'emporter le lecteur durant 650 pages, c'était pas un pari gagné. Surtout qu'en ce qui me concerne, tu connais mon adage sur les romans policiers, et pourtant.
J'ai tout bien lu. J'ai tout bien tourné les pages, les unes après les autres, sans en sauter une seule.
Je me demande combien de kilos de documentation Céline a dû avaler et coller sur son mur pour arriver à ça. Ça, c'est un roman parfaitement maîtrisé, avec une écriture, elle aussi, parfaitement maîtrisée. Des pages qui s'emboitent, les unes dans les autres, sans jamais que tu te mélanges les pinceaux. Un scénario sans aucune faille qui va te faire retenir ta respiration toutes les dix pages… Juste pour ça, bravo M'dame.
Alors bien sûr que ce n'est pas le genre de roman qui va me laisser des traces pendant des mois, auquel je repenserai parfois au fil d'un mot entendu, ou d'une image croisée qui me remettra en mémoire un passage, un arbre, des pas dans la neige, mais finalement, qu'est-ce qu'on demande à la littérature aujourd'hui ?
Qu'est-ce que moi, je lui demande ?
Mes premières émotions étaient liées au « Comte de Monte-Cristo », à « L'appel de la forêt », ces histoires que j'aimais, ces personnages auxquels je finissais par m'identifier, et c'est peut-être ce qui est le plus difficile à trouver aujourd'hui, à travers ces romans préfabriqués pour faire des piles chez les libraires.
Tu sais, ces bouquins « lus et approuvés » par le club de ceux qui font partie du club de la ligue de je sais plus quoi… Et c'est pas le cas de Céline Denjean. Ma libraire la connaissait pas, et je lui ai dit de commander, de lire, et qu'on en reparlerait.
Je suis pas en train de te dire que Jack London a trouvé un successeur, mais juste que si tu as envie de passer un vrai bon moment, de te laisser raconter une super histoire, sans temps mort, n'hésite pas.
Je suis sûr que tu vas te régaler, si toi aussi, comme moi, tu demandes à la littérature de te prendre par la main et de te dire :
« Viens, assied-toi. Il était une fois… »

Lien : http://leslivresdelie.org

Découverte pour ma part, je ne connais pas l'auteur.

La 4ème de couverture m'a promis une aventure sans nom et sans limite dans le "mal" me rappelant un peu le Chattam de ses débuts.

J'ai vraiment adoré ce livre.
Il est énorme mais chaque page contient en fait une mine d'information.

La recherche sur les lieux, les détails des soins, des différentes divisions des corps de Police, la psychologie des personnages : tout est travaillé.

Comme déjà évoqué plusieurs fois, je ne suis pas fan des histoires mélangées. Même si elles ont toujours une bonne raison : ça me frustre de suivre un personnage puis un autre, puis un autre encore.

Evidemment, plus la lecture avance plus le puzzle se met en place.

Un vrai bon thriller/polar.
Apparemment il y a eu un autre avant, mais ça ne gâche rien à la lecture de ne pas l'avoir lu. Il y est fait référence, sans plus.

À lire!

Un titre qui annonce la couleur de l'horreur de ce que l'on va y lire. La folie d'une sociopathe qui, par soif de vengeance, par une haine profonde envers des innocents, va constituer son propre Cheptel, son élevage de personnes destiné aux pires êtres de la race humaine.

Un récit que l'on va suivre sur différents fronts et qui va nous horrifier quant à la facilité avec laquelle les atrocités sont commises. On va ressentir une haine profonde pour la prêtresse et pour ces riches qui utilisent le pouvoir de l'argent pour assouvir leurs jeux, leurs envies. Et puis, une tendresse pour ces personnes qui vivent comme dans un autre temps, simplement, mais avec la peur d'être raflé.

C'est à travers la quête de Louis pour retrouver sa soeur jumelle dont il a été séparé à la naissance que l'on va découvrir les fondements de cette « secte ».
Les investigations policières, elles, nous dévoileront toute l'horreur de la traite de ces êtres humains. Les mots de Virinae nous dépeindront l'étendue de sa folie. Et enfin, un petit garçon, Bruno, dont l'arrivée va tout faire basculer.

Un récit très dense dans lequel j'ai ressenti quelques petites longueurs sans qu'elles soient incommodantes. L'auteure ne va pas ménager ses protagonistes et nous les rendra (pour les bons) très attachants. Des moments de tension, de crainte, mais aussi des instants de frustration lorsque les choses n'évoluent pas comme on le voudrait. Quelques petites prévisibilités que je regrette sur certains rebondissements mais un final qui m'a surprise.

Je n'ai pas lu le précédent ouvrage de l'auteure « La fille de Kali » et, même s'il est plusieurs fois fait référence à cette première affaire du Capitaine Eloise Bouquet, je n'ai pas trouvé cela dérangeant.

J'ai bien aimé ce livre même si j'ai mis beaucoup de temps à le lire car il parle d'un thème, l'exploitation d'humains assez dur. le livre comme le précédent, jongle avec plusieurs personnages qui finissent tous par converger au même endroit. Il y a aussi des changements de style, avec des "tu" dans certains chapitres. Il y a beaucoup de suspense et du cynisme, même si l'on sait assez vite qui est / sont le, la, les coupable(s).

très bon thriller,j'ai vraiment passé de bons moments avec ce livre qui m'a tenu en haleine,j'avais toujours envie d'en lire un bout...ceci dit,l'ayant pris sur la liseuse,je n'en ai pas la taille mais c'est un pavé,aussi j'ai mis une semaine pour en venir à bout
juste un bemol sur la fin,j'aurais aimé accompagner un peu plus les héros de cette histoire après le dénouement ,je suis restée un peu sur ma fin....

Deuxième enquête du capitaine Eloïse Bouquet, après "la fille de Kali", ce roman est une belle réussite. Celine Denjean nous emmène dans le sud de la France, dans les merveilleux paysages des Pyrénées. Mais c' est dans les cévennes qui l' enquête débutera avec la découverte du corps d' une jeune femme. D' abord confié au soin du sergent Mathieu Vicenti, l' ampleur des découvertes va vite amener les forces de l' ordre à créer une TEH (Trafic d' être Humain). Avec ce roman, le lecteur est happé dès les premières pages. L' autrice nous plonge dans l' horreur de la manipulation mentale et les effets néfastes d' une secte. Avec une plume acérée et incisive. Nous découvrons encore une fois les bassesse de l' humanité. et la noirceur de certaines personnes au nom de la cupidité

Grâce au clubsang Bepolar, j'avais lu avec grand plaisir le cercle des mensonges de Celine Denjean et j'ai décidé de me plonger dans le cheptel, qui est également une réussite. C'est un pavé de 930 pages que j'ai lu en seulement quelques jours.

Ce polar est composé de 4 histoires, qui finissent par s'imbriquer :
- celle de Louis Barthès : notaire de 73 ans qui, suite à la mort de son père, tombe sur son acte décès datant de 3 jours après sa naissance et qui décide de découvrir ses origines et sa véritable identité ;
- celle de Bruno : un adolescent tombé dans un torrent en montagne et qui se retrouve dans un endroit étrange coupé de tout ;
- celle d'Atrimen : une jeune fille qui semble venue d'une autre époque ;
- celle de la cellule de police TEH - Trafics d'Etres Humains chargée d'élucider une série de meurtres sur une période de 25 ans en France et à l'étranger.

Le passage à chacun des personnages est facile grâce à une écriture adaptée.

L'histoire est très bien ficelée. Je conseille la lecture de ce roman machiavélique !

Dans le genre "gore", il y a Karine Giebel, mais Céline Denjean est pas mal non plus. Avec le deuxième tome de sa série, le Cheptel, elle nous entraîne dans une enquête dense, complexe et abjecte, celui du trafic d'êtres humains (TEH).
En fait, trois enquêtes se mélangent dans l'histoire : L'équipe d'Eloïse ( nous retrouvons notre enquêtrice de la Fille de Kali) qui cherchent à savoir qui mènent ce trafic d'êtres humains, celle de Louis Barthes, un sexagénaire qui recherche sa soeur après avoir découvert la vérité sur sa naissance, et celle de Bruno qui disparaît après une chute dans un torrent.
Ces trois histoires vont bien évidemment s'entremêler et avoir un lien avec ce Cheptel, ce qui rend le roman haletant parce qu'on a toujours envie de savoir ce qui se passer.
La fin est cruelle, il y a des morts, des vies sauvées et encore une fois la disparition de la coupable..et bien sûr on attend une suite dès la dernière phrase prononcée.
La seule critique que je pourrais émettre, est qu'il y a quelques longueurs, notamment dans le déroulé de l'enquête, j' ai ressenti quelques répétitions...sinon c'est très bien.

2e Céline Denjean au compteur après "matrices"
Cheptel : ensemble du bétail d'une exploitation.......de là à passer à l'exploitation d'un bétail humain...il aura suffi à C Denjean de l'imaginer du bout de sa plume .
Point de départ : une jeune femme qui fuit, pourchassée, puis qui s'écroule, mortellement blessée.
Des indices rapprochant ce meurtre de plusieurs cold cases, tous aussi sauvages les uns que les autres.
Des investigations menées de front par 2 équipes d'enquêteurs qui s'orientent rapidement vers un trafic d'êtres humains.
Thème déjà traité dans "matrices", sous un autre angle.
S'y rajoute un vieux notaire qui n'est pas celui qu'il croyait être (!?) et qui part à la recherche de ses origines et de son identité. Savoir d'où l'on vient pour savoir qui l'on est . La quête de cet homme est émouvante.
Vous y rajoutez le jeune Bruno, qu'une presque noyade fait débarquer dans une inquiétante communauté, vivant hors du monde, totalement dévouée et soumise à la grande prêtresse Virinaë.
Eh bien voilà les ingrédients de base que Céline Denjean tricote, enchevêtre et diabolise pour échafauder son roman.
Ses personnages sont les pièces d'un puzzle qui petit à petit se reconstitue au coeur d'une histoire dont les racines plongent dans la honte et l'ignominie de la grande Histoire, en l'occurrence celle du Vél' d'Hiv', invisible à l'époque, inoubliable aujourd'hui. Des personnages qui, sans s'en douter, convergent vers l'heure zéro prévue de longue date par la grande prêtresse, la psychopathe du roman....
Intéressante démonstration du fonctionnement d'une "secte", de l'emprise de la figure-mère, à la fois charismatique, autoritaire et cruelle, sur des adeptes plus ou moins décérébrés, vidés de tout esprit critique.
Même si espoir pas mort d'une réflexion salvatrice....
"Je pense et tu suis" ironisait P. Desproges à ce sujet !
C. Denjean tisse avec efficacité la trame déroulante de son roman, avec un savoir-faire indéniable, ménageant suspense et révélations avec subtilité.
Difficile d'en dire davantage, au risque de spoiler.
Reste qu'à mon avis, une bonne centaine de pages en moins n'aurait nui ni à la fluidité de l'intrigue, ni à sa cohérence.
le poids des mots, peut-être ???