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3,39

sur 175 notes
J'ai adoré ce petit livre tout simple dans lequel Agnès Desarthe raconte son désamour de la lecture jusque tard dans sa scolarité (licence!), puis la révélation qu'un livre a eu sur elle et le fait qu'elle n'a plus arrêté de lire et d'écrire après cette rencontre avec un livre de Flaubert.
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Agnès Desharte parcourt les étapes douloureuses de son rapport à la lecture. Jusqu'à l'âge adulte, elle ne pouvait pas ouvrir un livre sauf certains de la collection Série noire de Gallimard.
Esprit très créatif, elle ne supportait pas d'être enfermée dans le cadre d'une fiction. le déclic est venu de découvertes littéraires impromptues qui ont inversé la situation. Elle est devenue une lectrice boulimique.
Cette absence de lecture ne l'a pas empêché de réussir le concours d'entrée à l'École normale supérieure après avoir passé les étapes d'Hypokhâgne et de Khâgne.
Je ne remets pas en cause ses propos mais j'avoue que cela me laisse stupéfaite et peut-être un peu perplexe.
Si elle ne lisait pas, elle écrivait. Dès son plus jeune âge, elle a voulu exercer le métier d'écrivain. C'est la traduction qui se présente la première. Agnès Desharte livre les arcanes de ce métier dans des anecdotes passionnantes.
Dans cet essai, elle cherche et trouve, semble-t-il, des explications à son rejet de la lecture. Elles émergent de son histoire familiale mais aussi des aléas de ses affectations scolaires.
Quelques pistes peuvent être extraites de ce texte érudit pour amener ses enfants à la lecture. Cependant, aussi fascinant soit-il, il est loin dans sa forme et son fond d'être assimilable à un manuel d'aide à l'éducation littéraire. C'est plutôt un témoignage personnel, une analyse introspective qui ne peut être appliquée à personne d'autre.
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COMMENT J'AI APPRIS Á LIRE d'AGNÈS DESARTHE.
Petit livre sans intérêt ( pour moi!) On dirait de l'auto promotion un brin prétentieuse. Je ne crois pas que je lirai autre chose d'elle, pour un livre court je l'ai trouvé interminable. Points positifs : elle aime Faulkner et Isaac Singer!!
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Comment j'ai appris à lire ? "
Curieuse question de la part d'une écrivaine si érudite, si talentueuse, si enrichissante...


Agnès Desarthe petite fille riche de cultures variées, différentes, à mes yeux tant pleines de couleurs qu'elles en rehausseraient l'arc-en-ciel, apprend à lire rapidement pour faire comme son frère !
Mais lire est-ce simplement assembler les lettres, les mots pour en faire des images ? Lire c'est accepter le texte, les idées, accepter que la "personnalité" du livre vous envahisse et vous enchante et si Agnès, enfant, apprend très vite à ordonner les lettres, elle n'est pas prête à laisser les livres, qu'on va lui imposer durant les années qui s'écoulent de l'enfance à l'âge adulte, la conquérir dans son entièreté.

Mais pourquoi ? Dompter les lettres, les mots est une chose mais il faut aussi le trousseau des clefs qui ouvrent les récits, qui permettent de se les approprier et d'en être ébahi.


Dans un style vif et souvent drôle, Agnès Desarthe nous raconte la petite fille qu'elle était, l'adolescente farouche, et la jeune femme originale qu'elle devient. le tout en rapport étroit avec la compagnie choisie ou imposée des livres et des interactions douloureuses dont ils sont responsables.
Je pourrais vous dire pourquoi, comment, Agnès Desarthe va devenir la lectrice qu'elle est mais c'est mieux de l'écouter nous le raconter.

Comme ses romans, cet essai est plein de fantaisie, d'humour, mais cela devient vite plus profond que cela. Derrière l'entêtement se cache un questionnement sur l'exil, derrière le pouvoir des mots se cachent les sonorités et la richesse des langues, derrière l'instruction des Classiques de la Littérature Française surgissent les apprentissages d'une culture et un héritage littéraire dont elle est dépositaire sans en avoir pris conscience au début.
Les clefs lui seront données, à différents étapes, différents rencontres, au prix d'une réflexion lente et parfois difficile mais pour nous permettre de lire cette écrivaine si douée, de faire nôtres ses récits, pour nous faire également trouver le chemin qui mènent aux livres qu'on a nous-mêmes rejetés pendant les temps des études.


Et quand Agnès Desarthe parle de son travail de traducteur, alors là, elle donne envie de lire tous les livres auxquels elle a permis un voyage à travers différentes langues pour qu'on puisse s'en imprégner de manière aussi subtile que l'aurait voulu l'écrivain d'origine. Rien n'est perdu entre les traductions, tout nous est offert dans le respect de la création.
C'est passionnant à lire, ce regard sur les mots et les idées à faire passer...


Un très beau livre pour commencer l'année ! Merci Madame Desarthe !
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Ah, ah, comment apprend t on à lire ? question plus qu'intéressante, posée par Agnès Desarthe dans le titre. Cependant elle ne pose pas en fait de question, mais affirme,et je vais essayer de comprendre ce mélange de vantardise et de névrose avouée.
A 3 ans, je ne comprends rien , dit elle.(C'est normal, ma grande.)
Pour elle, lire c'est mourir un peu. Elle se sent personnellement attaquée par ces histoires. L'écriture est dangereuse. Et comme elle voit un thérapeute, il en ressort qu'elle est névrosée mais géniale. D'ailleurs, elle le dit elle même, elle a honte de lire Prévert à 10 ans, c'est si facile. Puis le livre devient une épreuve qu'on lui afflige : » termine ton assiette, termine ton livre ».Alors, elle lit des livres policiers à 12 ans dont elle aime « l'argot léger, l'érotisme désabusé » dans les années 50 ? érotisme d'Agatha Christie ? Et puis son père ( le grand psychiatre Aldo Naouri) préfère l'arabe, le passé , son passé, plutôt que ses enfants. Il dévalue le français, et elle, elle hérite de cette haine paternelle vis à vis de la langue française.
A 13 ans, elle comprends déjà Salinger au delà de la traduction (la prostitution, le décrochage scolaire, l'obsession de la sexualité.) Mais c'est qu'elle est vraiment géniale, cette petite ! de plus, et c'est tout à son honneur, elle refuse la facilité : « Dès que je comprenais ou croyait comprendre, je ne pouvais poursuivre ( la lecture) . Bien sûr , elle passe par des moments de honte sociale, par exemple quand elle avoue aimer Camus , elle a 15 ans, âge auquel elle lit Faulkner .C'est honteux d'aimer Camus à 15 ans, non ? NON ? Mais elle ne lit pas Flaubert, ni Balzac.

Avec une obsession pathétique sur elle même, Desarthe cite Genette, mais n'est pas sûre de l'avoir lu, veut s'intégrer, être comme les autres, et aussi être à la marge, être différente. Accumule les vantardises sur son génie incontesté, assorti de ses lectures dont elle choisit les plus ardues, et dans le même temps de son dégoût pour la lecture. Pourquoi écrit elle, d'ailleurs, pour nous dégoûter à notre tour ? ou pour qu'on l'admire ? ou pour qu'on se sente vraiment minables d'essayer de se mettre à son niveau, alors qu'on ne lui arrive même pas à la cheville ? Lire Faulkner à 15 ans, pour une jeune fille qui n'aime pas lire ! Mais c'est admirable !
Venons en aux raisons qui l'ont poussée à détester la lecture : parce que son grand père maternel a été déporté , parce que la famille de son père avait été contrainte de quitter la Lybie et l'Algérie, « parce que, malgré nos efforts, nous n'étions pas suffisamment français » ( faux : Aldo Naouri a dû quitter le Lybie et l'Algérie parce qu'il est français, justement, pas malgré. ) Une fille peut elle méconnaitre son père à ce point : OUI, elle l'avoue elle même : « j'ignore ce qu'il en était réellement pour lui et ne prétends pas le savoir ».
Deuxième raison à mourir de rire : elle se décrit en fille d'émigrés, de bougnoules dit elle, alors qu'elle se fantasme en blonde aux yeux bleus. Et comme elle a peur des garçons, elle a peur de lire car la lecture est la pénétration d'un cerveau dans le sien ! Raisonnement logique et imparable, vous en conviendrez ! Et comme l'alphabétisation commence avec la fin de l'indifférenciation sexuelle, c'est le début du corps féminin comme proie qui s'offre avec l'apprentissage de la lecture. Comme si seules les femmes qui savent lire se font violer.
Et pour mettre un peu de piquant à son propos, elle parsème son propre éloge de mots que tout le monde connaît : intradiégétique, stichomythie, syntagme. Elle est géniale, je vous dis. Et elle n'aime pas lire ? moi non plus je n'ai pas aimé la lire.
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Une 2ème lecture m'a été nécessaire ; je n'avais pas tout compris et en plus je n'avais pas beaucoup aimé les autres livres jeunesse ou adulte de cette "autrice" mais le titre m'interpellait...Je savais qu'Agnès Desarthe avait été traductrice avant même de publier son premier roman; la réflexion sur la traduction est très à la mode et intéressante; mais le livre s'interroge beaucoup sur les raisons qui ont conduit à ne pas aimer lire jusqu'en hypokhâgne.
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J'ai failli abandonner ce livre plusieurs fois car je n'arrivais pas à y entrer. J'ai eu du mal à intégrer ses « je ne lisais pas - je n'aimais pas lire – j'ai un problème avec les livres, pas avec la lecture » qui reviennent comme un leitmotiv tout au long des pages. En fait je vivais exactement ce qu'elle écrit (page 49) :
« … C'est un peu comme s'il assistait à un dialogue privé entre l'écrivain et son double …
Je crois pouvoir dire que le lecteur est simplement exclu du jeu à l'instant où cette voix secrète s'élève entre les pages… »
Je résumerais ces 172 pages en quelques mots : elle savait déchiffrer les mots mais ne leur donnait aucun sens. Jusqu'au jour où le déclic se produisit…
Elle qui affirme ne pas avoir aimé lire est tout de même devenue une traductrice (agrégée d'anglais) et écrivain à part entière : nombreux livres pour enfants, romans pour adultes, essais, chansons et pièces de théâtre.
Je me suis ennuyée tout au long de ces 172 pages.
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Incroyable pour moi qu'une telle auteure ait eu du mal à apprendre à lire et qu'elle n'ait aimé cela que très tardivement! Un petit livre remarquable sur comment on en vient à aimer la lecture!
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Ca commence un peu comme une blague - comment une autrice (notamment de livres jeunesse) doublée d'une traductrice a-t'elle pu ne pas aimer lire jusqu'à ce qu'elle atteigne l'âge adulte?
Il y a beaucoup d'humour et de dérision dans les premiers chapitres, un peu trop même, mais petit-à-petit, Agnès Desarthe nous plonge dans le monde merveilleux des romans et de l'apprentissage de la lecture, pas B-A BA mais celle où il faut accepter de se laisser aller, celle où on entre dans un univers dont on ne sortira pas indemne.

Léger au début, profond ensuite, Agnès tente de comprendre pour quelles raisons, longtemps, elle s'est empêchée de lire: quelques années de psychanalyse sans doute lui ont permis de comprendre que le passé et les origines étrangères de ses parents y ont une part non négligeable, comme un refus de valider la langue française. Ce sont les polars qui la sauveront tout d'abord, Jacques Prévert et quelques autres.

J'ai énormément apprécié le style d'Agnès Desarthe ainsi que sa réflexion personnelle sur la lecture et l'écriture, un vrai bonheur pour tout grand lecteur!
Le livre se termine par un petit bijou: Agnès Desarthe nous fait entrer avec délice dans les coulisses de la traduction. Je finis en citant un extrait qui m'a plu, parmi beaucoup d'autres:

"Parfois, à cause de cette drôle de maladie, je vois le visage d'un traducteur ou d'une traductrice se dessiner en filigrane au-dessus ou au-dessous de celui d'un auteur. Tiens, me dis-je, il ou elle (le traducteur, la traductrice) a oublié de s'absenter. "
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Agnès Desarthe, auteure reconnue, nous relate les difficultés qu’elle a eues avec la lecture dès le début. Non pas des problèmes d’apprentissage, mais des problèmes de sens.

» Si c’est moi qui produit l’effort de lecture, rien n’advient. Pourtant cet effort me coûte peu. Je lis sans difficultés, vite et bien, à voix basse comme à voix haute, mais avec un chaînon manque entre le parcours de mes yeux sur la page et celui de mon imagination. »

Et cette imagination qu’elle a débordante lui procure bien plus de satisfaction que la lecture.

Elle soulève par ailleurs le problème de la lecture à l’école : » le plaisir de lire, car justement c’est un plaisir, ne peut être prescrit. La contrainte scolaire et les enjeux de réussite qui y sont attachés, bloquent, inhibent, voire abîment la relation individuelle du jeune lecteur à l’ouvrage dont il sait qu’il va devoir le décortiquer, le régurgiter sous la forme de contrôle noté ».

Agnès Desarthe a vécu la lecture comme une prédation et pose la question de sa propre identité. Ce n’est que la découverte des oeuvres de Isaac Basevish Singer bien plus tard qui lui donnera enfin l’envie de lire.

Ce livre est passionnant car il permet de comprendre qu’apprendre à lire ce n’est pas seulement connaître les combinaisons de lettres et de sons, c’est aussi donner du sens à qui l’on est, d’où l’on vient. J’avoue que c’est un aspect qui m’avait jusque là échappé.

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