Si
La Promesse de l'aube a fasciné des générations de lecteurs, émus par l'autobiographie romancée de cet écrivain à la mère aussi attachante qu'étouffante, bien peu, sans doute, se souviennent de M. Piekielny, ce petit homme effacé qui semble le seul à croire Mina Kacew lorsqu'elle annonce que son fils sera l'un des plus grands écrivains du siècle, et auquel Gary lui-même ne consacre que quelques lignes dans son ouvrage.
François-Henri Désérable, lui, s'en souvient, ou du moins fait semblant de s'en souvenir, et décide de mener son enquête par tous les moyens pour reconstituer l'existence de cet énigmatique personnage secondaire, quitte, parfois, à broder lorsqu'il n'a pas suffisamment de matière.
le moins que l'on puisse dire, c'est que Désérable a du talent. À seulement trente ans, il possède une écriture bien affirmée (cela dit, on s'en doutait, pour être publié chez Gallimard, et dans la "Blanche", qui plus est), dynamique, un peu cuistre parfois, défaut compensé par une belle part d'humour qui donne lieu à des passages d'anthologie et des éclats de rire pour le moins inattendus (le repas chez les Kennedy en est un exemple savoureux).
Son enquête sur le "fameux" Piekielny n'est peut-être pas toujours des plus fascinantes, d'autant qu'il tend parfois à tomber dans les clichés faciles, mais l'auteur parvient tout de même, au fil de ses recherches, à nous entraîner aisément dans la biographie moitié réelle, moitié fantasmée, de ce petit homme.
Et surtout, il nous plonge avec délices dans la biographie d'un autre homme, un grand homme celui-là,
Romain Gary, dont il connaît l'oeuvre et la vie en détail, et qu'il parvient à restituer sous sa plume d'une manière passionnée et passionnante, nous donnant envie, plus d'une fois, de relire les oeuvres de Gary / Ajar. Car c'est finalement peut-être lui, le véritable héros du livre, ce Roman Kacew devenu
Romain Gary, et à qui Désérable redonne si bien vie.
Alors certes, Désérable se perd un peu dans son roman, nous perd aussi un peu parfois dans ses trop nombreuses digressions, et se complaît sans doute un peu trop à parler de lui, de sa vie et de son oeuvre, mais ce léger narcissisme ne gâche pas pour autant le plaisir du lecteur à suivre cette enquête chaotique, farfelue et, finalement, fort plaisante.
Ouvrage reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Merci à Babelio et aux éditions Gallimard.
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