«
Cher connard » c'est un livre qui sauve, je ne vois pas comment le dire autrement. Il te sauve de doutes, de décalage et de souffrance, d'inaptitude à vivre en paix dans une telle société vouée aux désastres humains en te racontant qu'en fait ça va, c'est normal de ne pas être heureux dans un monde pareil et que ce n'est pas grave, si tu te sens parfois mal et nulle malgré tes efforts et tes quelques éclatantes victoires. En extraits :
Nous sommes dans le monde des centaines de milliers à dire la même chose et ils sont des centaines de milliers de patrons à le prendre à la rigolade. Ils convoquent des féministes mortes et enterrées pour dire qu'avant c'était mieux. Puisque même le féminisme leur appartient. le bon vieux temps de la domination bien comprise par les dominées. L'émancipation masculine n'a pas eu lieu. Ne vous libérez surtout pas de vos chaînes, vous risqueriez de briser les nôtres dans le mouvement.
La peur de perdre sa respectabilité, ça c'est bourgeois. Au sens péjoratif du terme. Dire qu'on est un artiste et vouloir être aimé, ça n'a pas de sens. Je n'ai jamais privilégié l'amour du plus grand nombre à ma sincérité. C'est mon courage d'être sincère que je vends. D'être précisément moi, que ça te plaise ou non. Ce qui fait qu'on m'a choisie, c'est que j'ai le cran de ne pas ressembler à tout le monde. Tu ne peux pas marquer les esprits si tu crains d'être qui tu es. La seule provocation qu'on supporte, c'est celle qui vient du pouvoir. (le cancre était à l'opposé de la logique des RS d'aujourd'hui, de la pêche aux likes)
Le monde, si tu l'envisages comme un consommateur de crack, ça fonctionne. Si tu remplaces crack par « rémunération des actionnaires », ça marche. Tout le monde sait que cette économie nous conduit à la catastrophe. Les gens aux manettes répondent exactement comme des tox frénétiques : « je n'irai pas en réhab, plutôt crever. »
Qu'est ce qu'on peut faire pour l'ami qui veut retomber ? Pour l'amie qui rencontre la mauvaise personne et ça se voit qu'elle va prendre une trempe carabinée et on sait qu'elle n'en sortira pas indemne mais elle est possédée, aimantée, et n'a que faire de notre mise en garde. On attend. On répond aux textos un peu vite. On suggère. Rien. Pourvu que ça passe. Être là. En priant pour qu'il reste quelque chose de l'ami qu'on avait.
Ce qui est bon pour le coeur est fatal pour l'économie et vice versa – c'est quand même un problème, cet antagonisme.
Se pardonner le mal qu'on nous a fait, ça c'est indépassable. Si nous nous y étions pris autrement. Coupable d'avoir laissé faire, permis de faire, surtout de ne pas avoir su inventer une autre façon, avoir manqué l'occasion de permettre à l'autre de cesser d'être un bourreau. La victime est toujours celle qui croit qu'elle a raté quelque chose. Moi, au moins, je peux me dire je n'ai pas fait de famille je n'ai pas trouvé de travail régulier j'ai été une déception sur tous les plans. Toi, je te détestais parce que tu échouais aussi lamentablement que moi. C'est le mal que tu as mérité qu'on te faisse, et on ne sait pas comment sortir de cette imbécillité néfaste.
Lien :
https://www.rd-coaching.com