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sur 4113 notes
Un incontournable dans la littérature féministe, dans lequel la forme (franche, sans remords, frondeuse) complète merveilleusement le fond. La forme vient nous secouer, avant même que l'on ne réfléchisse aux sens profond de ce qui nous est exposé. L'autrice puise dans sa propre expérience pour illustrer les idées exprimées. Cela ne laisse pas indifférent, ça dérange, ça met mal à l'aise et surtout, ça reste actuel. Malgré les 18 ans qui sont passées depuis son apparition, malgré les luttes et les avancées incontestables. Pour citer Zoé dans « Cher connard », je peux aussi dire « je suis féministe avec Despentes ».


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C'était mon premier Despentes et j'ai pris une bonne claque ! Ce roman est un cri de guerre, de ras-le-bol, un manifeste que toutes les femmes devraient lire. On peut être pour ou contre ; partagée ou convaincue par son argumentaire. L'important est de s'exprimer ! C'est d'ailleurs ce que Virginie Despentes a fait. Elle a osé parler à sa façon et dire tout haut ce qu'elle pense de la condition féminine. Et ça, c'est réjouissant.

Avant de la lire, j'avais en tête l'image d'une femme qui aime provoquer, choquer, pour faire le buzz (et alors ?).
Je n'ai jamais lu ses romans, juste vu les adaptations ciné de "Baise-moi" et "Les jolies choses". Des films tout à fait regardables (et inoubliables), mais qui ne m'ont jamais donné l'envie de me ruer lire les livres. En revanche, je m'étais noté de lire un jour cette auteure pour me faire mon propre avis. Franchement, je suis agréablement surprise et satisfaite d'avoir commencé par ce manifeste.

J'aimerai dire à Virginie Despentes un gros bravo ! Merci ! Merci d'avoir écrit ce livre. J'admire le courage d'avoir mis les mots qu'il fallait pour s'exprimer en tant que femme sur l'image que la société se fait de la gent féminine. J'ai été touchée par son vécu, je comprends mieux pourquoi elle tient à s'exprimer sur certains sujets. J'ai aimé sa façon de dire les choses : brutale, directe, sincère.

C'est un petit livre qui se lit rapidement et que j'aurais pu surligner dans son intégralité. Je suis ravie d'avoir découvert Despentes avec ce livre.
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Virginie Despentes crie sa colère face au sexisme, aux violences sexuelles, à la construction sociétale de ce qui fait une "femme" acceptable et de ce qui fait un "homme" correct.

Essai sur le genre, sur la sexualité, sur l'hétérocentrisme, la culture du viol et le patriarcat, "King Kong Théorie" est autant un pamphlet de la société qu'un témoignage d'un vécu dans les violences sexistes et sexuelles mais aussi dans l'épanouissement personnel et sexuel.

Ce livre est cash, va à l'essentiel et évoque plusieurs débats de société qui, aujourd'hui encore, ne sont pas prêts d'être apaisés mais qui méritent d'être approfondis.
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J'ai ouvert ce livre avec un a priori défavorable. J'avais tenté de lire Vernon Subitex il y a quelques années et j'avais assez vite abandonné, trouvant le roman trop racoleur, trop trash pour être sincère, trop artificiel, et uniquement façonné pour plaire et vendre à un public qui rêve de marginalité et d'atmosphère destroy. Ce (bref) livre m'a fait changer d'avis. Cette Virginie Despentes a des choses intéressantes à dire et elle n'hésite pas à le faire. C'est déjà un très bon point. Pour ma part, j'ai été heureux de réviser mon jugement sur cette écrivaine. C'est toujours une petite satisfaction personnelle de changer d'avis, ça prouve que mon cerveau n'est pas encore congelé dans de la glace…

Je ne parlerai pas du style. C'est un style parlé, volontiers provocateur, usant et abusant de mots crus, pour choquer les bonnes âmes sans doute (moi, ça m'a plutôt amusé), mais peut-être aussi pour donner de la rage et de la force à ce qu'elle dit. Au moins, elle ne s'embarrasse pas de périphrases.

Ce n'est pas un essai au sens propre du terme. Nous ne sommes pas face à une recherche universitaire s'attaquant à un sujet, développant les tenants et les aboutissants d'une problématique, fouillant l'avers et le revers des concepts, ouvrant des pistes de travail et de réflexion avec la hauteur de vue qui sied au chercheur cultivé. Non, Virginie Despentes part de son expérience propre et en fait l'alpha et l'oméga de sa vision du monde et, en l'occurrence, parce qu'il y a tout de même un sujet, un sujet brûlant même, la place des femmes dans nos sociétés. En d'autres termes, il y a autant de distance entre elle et Mona Cholet (par exemple) qu'entre un théoricien et un expérimentateur dans une discipline scientifique. Place donc à l'expérimentatrice. Qui, du reste, avant de connaître le succès, a vraiment vécu la « vraie » vie, celle des gens sans fric et de ses turpitudes.

Pourtant, dans ce livre, malgré ce que je viens de dire et sans craindre la contradiction, Virginie Despentes se fait théoricienne de la libération des femmes dont elle décrit en moult cru détails l'aliénation. Pour survivre dans un monde dominé par les hommes, une société patriarcale en un mot, la femme doit de se plier aux codes qui lui sont imposés et dont elle n'a pour ainsi dire guère de moyens de sortir, sinon à vivre seule et misérable, isolée et méprisée. La féminité, voulue et organisée par les hommes, est un piège dans lequel elle tombe (pas le choix à vrai dire) si elle veut trouver une place qui ne soit pas un calvaire. Féminité tout azimut, de la manière de s'habiller et de se maquiller dans le seul but de plaire aux hommes, d'axer donc sa communication sur la séduction, de se marier, de servir de boniche à son mari (le linge, le ménage, la reproduction, l'élevage des enfants, etc), et enfin de ne pas trop l'ouvrir, surtout quand elle devient vieille et donc « inutilisable ».

Virginie Despentes revendique la part masculine des femmes et fait l'injonction aux hommes, qui pour la plupart s'y refusent, d'accepter leur propre part de féminité. Assume que la virilité n'est pas qu'une affaire d'homme, mais appartient au genre humain, que les femmes doivent s'en saisir comme tout ce que l'homme lui a confisqué.

Une part importante du livre est consacrée au droit de la femme de vendre son corps contre de l'argent. Elle l'a fait elle-même, elle sait de quoi elle parle. Bien sûr, il ne s'agit pas des réseaux de prostitution sordide où les femmes sont parquées, battues, violées, déstructurées et privées de leur passeport. Mais de la volonté librement consentie de se vendre pour gagner sa croûte comme toute autre transaction commerciale. En free-lance, si je puis dire, c'est-à-dire sans qu'un maquereau ne vienne ramasser le pognon. Non, le pognon, elle le garde, c'est pour elle. Elle est très convaincante sur ce point et démontre que cette manière de travailler pour les femmes est insupportable et inadmissible dans une société patriarcale, car ainsi les femmes échappent à leur destinée (mariage, bonne de maris, postes subalternes, asservissement financier, etc) et deviennent véritablement indépendantes. Elle explique en détail la lutte hypocrite contre ce droit élémentaire, avec le jeu pervers de la morale qui s'introduit, alors que de telles relations tarifées sont claires, saines et sans ambiguïté (personne ne fait semblant d'aimer l'autre…).

Il y a pas mal d'autres choses évoquées dans ce livre dont, par exemple, des réflexions intéressantes sur le viol (Virginie Despentes a été violée dans sa jeunesse), sur les fantasmes des hommes, sur leur malaise aussi. A ce sujet, il faut noter que le livre oscille entre une nette animosité envers les hommes, mais aussi une grande compréhension de la source de leur problème (parce qu'ils en ont aussi…).

Au final un témoignage important, des prises de position inhabituelles qui poussent à la réflexion. Bref, un livre utile.
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Ce court essai pose plusieurs problèmes. Il y a déjà la prostitution : comment glorifier cela alors que la prostitution représente justement la domination patriarcale ? Il faudrait plutôt interroger le fond du problème, à savoir le modèle économique et social. de même, l'image de la pornographie est abordée de manière superficielle, condamnant les bien-pensants.

Le problème, c'est que Virginie Despentes aborde une très grande quantité de sujets sans les approfondir. Chacun d'eux demande un véritable travail historique, une recherche de fond. Il faut ajouter à cela un ton provocateur, trash, vulgaire qui donne ce côté "coup de poing" qui plait au lectorat en recherche de sensations fortes et d'idées pas trop complexes et à la mode.

Je recommanderai, malgré ses défauts, la lecture de Mona Chollet sur ces sujets, plus documentée, plus avertie.
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Virginie Despentes nous raconte comment elle est devenue Virginie Despentes après l'écriture de son livre Baise moi.
Dans cet essai féministe, l'autrice n'oublie rien : son viol, sa prostitution, la puissance des hommes sur les femmes.
Un très bon essai à lire. Premier livre de cette autrice que je lis. Peut-être pas le dernier.
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"J'écris de chez les moches, pour les moches", les premières lignes de ce livre lues à la fnac. Il n'en fallait pas plus pour me convaincre de l'acheter. Amatrice d'essais féministes, je connaissais King Kong théorie de nom, quelle erreur de ne pas l'avoir lu plus tôt! C'est une grosse claque. L'autrice est pertinente, percutante, elle ose dire les mots justes, les vrais. Les thèmes explorés sont très intéressants: le viol et sa représentation dans la société, la façon dont on en parle, la prostitution loin des clichés, la pornographie, le sexe, l'éducation des filles et des garçons, formatés depuis la naissance à être comme ceci ou comme cela.
J'ai beaucoup aimé ce texte qui je pense est l'essence des autres essais féministes que j'ai pu lire (Beauté fatale de Mona Chollet, La terreur féministe de Iréné ou encore le regard féminin de Iris Brey).
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Mon premier Despentes, après la série de podcasts "Les couilles sur la table" de Binge radio (septembre/octobre 2019). J'avais été frappée par son débit rapide, dense, servi par sa voix un peu rauque, assurée. Je m'étais dit voilà quelqu'un qui a des choses à dire et qui n'y va pas par quatre chemins. le livre confirme, réflexion personnelle et documentée sur ce que c'est qu'être une femme en France, aujourd'hui. Je n'adhère pas à tout mais suis invitée à y réfléchir, c'est déjà pas mal. Je vais lire "Baise-moi".
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Avec ce manifeste féministe, Virginie Despentes nous met littéralement un coup de poing dans la gueule, pour parler crument. Elle nous secoue par les épaules, nous sommes de nous réveiller, nous tacle, nous pique. Bref, elle nous assomme à coups de nos propres préjugés, contradictions et non-dits.

Elle commence par nous raconter son histoire ou plutôt comme elle est devenue Virginie Despentes, autrement dit une auteure assez incontournable tant par la critique que l’éloge. Puis, elle enchaine avec une longue anaphore « Je suis de celles qui… » et énumère tout ce qu’elle est, ce à quoi elle s’assimile ou bien ce à qui ou à quoi l’a assimilée la doctrine majoritaire, le regard des autres. Elle ne fait pas dans le simple et concret. Elle est à la fois celle qu’elle est et celle qu’on pense qu’elle devrait être. Elle écrit pour elle, pour nous, pour les femmes « J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf ».

Comme tous les précédents romans que j’ai lus de l’auteure, son langage est cru mais je ne la trouve pas spécialement grossière. Elle emploie des mots rarement écrits mais souvent oralisés, notamment entre amis. Choquante par son trop plein d’honnêteté ? Je ne trouve pas, je pense au contraire que cela sert au récit. Sa plume écorche nos préjugés bien ancrés pour y laisser une marque indélébile. Elle s’en prend à nos croyances populaires erronées « l’idéal de la femme blanche (…) je ne l’ai jamais croisée, nulle part. Je crois bien qu’elle n’existe pas ».

Elle commence par parler de la révolution sexuelle qui a eu lieu et qui a eu pour conséquence de libérer les mœurs et surtout les femmes. Elle critique la place des femmes dans notre société, malgré cette révolution, la vision de la femme assimilée à un objet, les diktats esthétiques imposés aux femmes, la maternité comme objectif de vie. Mais parallèlement, et c’est ce qui m’a beaucoup plu dans cet essai, elle se place aussi du côté des hommes dont le statut souvent enviable ne se révèle pas être parfait non plus. Elle décrit le machisme qui leur est imposé : être viril, insensible, ne pas pleurer, ne pas paraître faible, ne pas se maquiller, être courageux, réussir socialement… Ce qui nous pousse à nous demander : à quand l’émancipation masculine ? Quand les hommes réussiront-ils, eux aussi, à se libérer des stéréotypes dans lesquels ils sont enfermés ? Quand en parlera-t-on ?

Ensuite, elle parle avec une clarté indicible du viol qu’elle a subi. Elle dénonce le fait que ses agresseurs ne se voient pas comme des criminels et les propos ahurissants de la majorité : elle n’avait qu’à pas s’habiller comme ça, elle aurait dû faire ceci, elle aurait pu faire cela. Elle décrit le comportement à adopter après un viol aux yeux des autres pour être légitimée, crédible et on entraperçoit la double victimisation dont ces victimes font l’objet (le viol d’abord et le regard des autres ensuite). « Je suis furieuse contre une société qui m’a éduquée sans jamais m’apprendre à blesser un homme s’il m’écarte les cuisses de force, alors que cette même société m’a inculqué l’idée que c’était un crime dont je ne devais pas me remettre ».

Puis, elle désacralise nos opinions envers la prostitution, qu’elle considère être un métier comme un autre. Elle parle en connaissance de cause puisqu’elle l’a exercé. Elle revendique le droit pour les femmes le droit de disposer de leurs corps dans un but financier, sans pour autant être rejetées par la société. Elle remet en cause nos idées reçues selon lesquelles les femmes exerçant ce métier seraient des victimes. Elle critique la prétendue morale majoritaire, la censure du plaisir et des fantasmes, ainsi que la législation de prohibition qui l’accompagne « Interdire l’exercice de la prostitution dans un cadre légal adéquat, c’est interdire spécifiquement à la classe féminine de s’enrichir, de tirer profit de sa propre stigmatisation ».

Enfin, elle s’étonne des conditions de travail des acteurs dans l’industrie pornographique, des tabous comme la soumission qu’on interdit de montrer, des silences à propos du plaisir, notamment féminin, de la masturbation féminine.

Le style est incisif. Elle fait un monologue et tient le récit de bout en bout, sans prendre une inspiration. Elle débite. Elle en a gros sur le cœur et elle l’exprime. Elle n’a pas peur. Elle ose, elle dit tout.

Un nouveau féminisme qui donne à réfléchir, et vous, femmes, hommes qui me lisez, quel genre de féministe êtes-vous ?
Lien : https://littecritiques.wordp..
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Sans réserve, Virginie Despentes livre un essai intime et virulent sur le féminisme. A travers son expérience dramatique du viol lorsqu'elle avait 17 ans, de ses années de prostitution, de ses errances professionnelles ou de son appartenance au mouvement punk-rock, elle élabore un discours argumenté (qu'elle étaye de ses lectures) éreintant les théories bien-pensantes sur le viol, la prostitution et la pornographie.
De ses mots crus et francs, elle aborde également les relations homme-femme, insistant sur l'infantilisation des femmes dont on entrave le libre-arbitre, la pression subie par les hommes, les supervisions abusives de l'Etat dans les choix que l'on est apte à faire. Elle écrit ce qui se tait, ce qui se cache, ce qui se juge. Elle ose raconter les stéréotypes, les convictions de masse suscitées par les médias (par exemple, le reportage sur la prostitution dont elle critique le manque d'objectivité), l'accueil de ses écrits dans la presse… Elle décortique les idées reçues qui conditionnent le regard de chacun sur le sexe, le couple, la liberté, l'indépendance, la violence, les pulsions. Elle interpelle.
Le discours de V. Despente, pertinent et articulé autour de son vécu – se taire, minimiser le viol dont on tait le mot, culpabiliser mais vivre, se relever – interroge sur les perceptions de chacun et sur les cheminements sociaux et éducatifs qui ont induit ces perceptions, cautionnant les violences faites aux femmes. L'ensemble est complexe. Néanmoins, ce discours peut parfois heurter par son extrême – ou par l'idée d'une pensée juste et unique- lorque V. Despentes aborde la prostitution dont la liberté de jouissance maitrisée et tarifée s'oppose à celle emprisonnée et gratuite au sein du couple. C'est un peu comme affirmer que l'une est libre, l'autre non, sans envisager que tout n'est ni noir, ni blanc, mais qu'une multitude de nuances s'appliquent à chacun de nos choix.
Il est difficile en quelques mots d'écrire ce que cet essai évoque. Je pense qu'il est important de le lire et de s'en faire une opinion propre en fonction de son vécu, de ses choix, de ses expériences, et de réfléchir sur les nombreux sujets d'actualités que les médias révèlent. Je m'interroge surtout sur le fait que cet écrit a été édité en 2006 et que, 10 ans plus tard, la situation des femmes demeure rigoureusement semblable…

Lien : http://aufildeslivresblogetc..
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