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Non ce n'est pas le nord des ch'tis, c'est celui de la desindustrialisation. C'est le nord mais cela aurait pu être l'est, l'activité portuaire en moins. D'ailleurs heureusement qu'il est là le port et ses minéraliers..Pascal Dessaint​ brosse un tableau en clair obscur de ces personnages presque normaux. C'est noir mais pas froid, c'est sombre mais pas glauque....bref c'est humain et c'est la force de ce livre. Soigneusement décortiqué le présent et le passé de chacun, les coups durs, le monde dans lequel nous vivons n'est peut-être pas si loin ( est très proche) de ce nord fantomatique
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Le Nord, encore et toujours.
Tout autant que cette région, Pascal Dessaint aime ces gens qui ont dans le cœur le soleil qu'ils n'ont pas dehors. Avec Enrico, ils sont deux.
Enfin, soleil, soleil, c'est vite dit pour certains.
Si les anges y avaient élu domicile, ça se saurait.

Ils sont autant que les sacrements, les nains, les mercenaires...la renommée en moins. Pour ce qui est des péchés capitaux, certains auraient même tendance à cumuler.
Perdus entre ciel et mer.
Survivant pour la plupart en cette contrée sauvage balayée par les vents.
Oubliés de la croissance, les délocalisations ont oeuvré en ce sens.
Aide-toi, le ciel t'aidera qu'il disait.
Sympa Aesope mais visiblement le facteur a égaré la riposte céleste. Accusé de réception au tarif lent, j'imagine.
C'est pourquoi ils vivotent.
Se démènent dans un morne quotidien qui exacerbe désormais les penchants les plus vils.
Cependant, si tous n'ont pas baissé les bras, ils possèdent unanimement cette noirceur annonciatrice du pire.

Décidément, Dessaint confirme cet admirable talent découvert il y a peu.
Deux atouts récurrents : des particularités régionales dépeintes avec brio et l'Humain dans toute sa splendeur, voire son indignité.
Le récit est lent, authentique et structuré.
Tel un maître queux, l'auteur élabore sa recette avec raffinement et savoir-faire.
Dessaint ne se dévore pas, il s'apprécie, se savoure posément.
Aussi tragique que fascinant, Le Chemin S'arrêtera Là dépeint le combat journalier de ces damnés de la terre.
Aussi lumineux qu'un soir d'éclipse en plein tunnel pour un adepte du braille, il parvient toutefois à vous inoculer la dose d'espoir nécessaire à votre intégrité mentale pourtant à deux doigts de verser dans le côté obscur de la force.
L'homme est un loup pour l'homme.
Dessaint est son berger.
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Un ciel gris, un vent qui fait tourner à plein régime les pales des éoliennes et s'envoler le sable, une côte qui se désindustrialise, une écluse qui voit passer d'énormes minéraliers, un vieux blockhaus pour terrain de jeu. Des hommes et des femmes survivent ici, dans cette région du Nord. Il y a d'abord Louis qui vit avec son oncle Michel depuis que sa mère s'est fait renverser par un camion en pleine nuit il y a 10 ans. Jérôme et sa maison dans les dunes qui dépérit au fil des saisons. Sylvie qui a quitté Michel et qui se meurt aujourd'hui d'un cancer. Cyril et sa fille, Mona, qui vivent dans une caravane au milieu de l'ancienne zone industrielle. Cyril qui regarde un peu trop Mona faire sa toilette le soir. Wilfried, pêcheur en surcasting, qui semble fuir sa maison et surtout sa femme tyrannique. Gilles, lui, fuit autant que possible les coups de son père. Des vies qui s'entremêlent. Des vies presque en friche...

Tout est gris dans ce roman, le paysage enlisé, les personnes embourbées, les vies ravagées. Pascal Dessaint n'a pas son pareil pour raconter la vie des gens et dresse le portrait de 6 hommes et 1 femme au passé tragique. Qu'ils se connaissent ou non, chacun est lié à un autre. le malheur et la misère pèsent et semblent les envelopper. Dans ce roman social profondément noir, l'on étouffe presque sous cette chape de plomb. Pas l'ombre d'une étincelle. Pas une once d'espoir. Seulement des blessures et des souffrances pour ces laissés-pour-compte. Pascal Dessaint décrit brillamment, avec humanité et profondeur, ce quotidien qui mine et nous livre un roman choral à l'écriture à la fois enragée et poétique.

Le chemin s'arrêtera là pour certains. Pascal Dessaint, on l'espère, lui, continuera...
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Pascal Dessaint, le chemin s'arrêtera là. Rivages thriller.

Pascal Dessaint tient fermement son lecteur, comme Josiane tient Wilfried « coincé entre ses jambons ». Bon gré mal gré, on subit la violence, vient le plaisir, et on en voit de toutes les couleurs… surtout du noir, encore que le ciel s'éclaircisse et qu'on devine une nouvelle aurore.

Ce sera sans doute avec une nouvelle génération, ou quelques survivants de l'ancienne, une fois dissipés les malentendus. Car dans la majeure partie des personnages, « pas un pour racheter l'autre ! ». C'est un concentré de misères sociales, de méchanceté et de bêtise humaines, avec parfois un sentiment de culpabilité, une mauvaise foi patente, et tous les comportements déviants exacerbés par l'alcool et les circonstances. Pertes d'emploi, habitats précaires, règlements de comptes, rancunes tenaces, et raids expéditifs.

Pourtant dans toute cette pénombre, des joies intermittentes : une partie de surf casting, un regard sur les phoques, sur un faucon prédateur, tandis qu'apparaissent, majestueux et imposants, d'énormes navires qui traversent les mers du globe, méthaniers, minéraliers, vraquiers…

Nos personnages, eux, vivent en vase clos, entre ponts et écluses, digues et jetées. Prisonniers d'un milieu industriel, de friches donnant sur une centrale nucléaire, un port. On entend le vapocraqueur dégazer. Tout est en action ou en sommeil agité, sans description pesante, mais partie prenante dans le récit.

« Par-dessus le chuintement habituel, s'est fait entendre un souffle de chalumeau, une respiration de dragon. Une cheminée a lâché un gros panache de fumée. Un calamar n'aurait pas craché une encre aussi noire. le nuage s'est étiré sur l'azur. L'usine était toujours vivante. Personne n'allait s'en plaindre. »

On se pose pourtant des questions : « qu'est-ce qui était pire ? Tuer un homme, un seul, un parmi la multitude, même d'une façon affreuse, ou bien fermer une usine et plonger du même coup dans le désarroi des centaines et même des milliers de pauvres gars ? Qui était le plus coupable ? Celui qui tuait ou celui qui licenciait ? Pour moi, c'était vite vu. »

dit un personnage.

Car dans ce roman choral, chaque chapitre donne la parole en soliste, à un protagoniste. le lecteur entend donc l'avis de chacun dans un grand puzzle soigneusement construit. Ainsi le lecteur se trouve en immersion dans ce bassin industriel, en contact constant avec ses rejetés, et les victimes collatérales de ses pratiques.

le titre indiquerait une impasse : « le chemin s'arrêtera là. ». On verrait plutôt, à la fin du livre, une ouverture, un itinéraire à emprunter.
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"Noir c'est noir; Il n'y a plus d'espoir". C'est rarissime qu'une chanson de Johnny me vienne à l'esprit lors d'une lecture, mais là elle s'est imposé. Il ne faut pas avoir le moral à zéro au moment de livre ce roman, sinon c'est le fond du trou assuré !
Le paysage, les personnages, les situations, tout est décrit avec beaucoup de réalisme. Et je dis ça alors que ce Dunkerquois me paraît être un Dunkerquois de caricature, pas celui que je connais ! Oui, on a de la misère et le paysage n'est pas jojo, mais pas à ce point tout de même ! Il y a plus de lumière, plus de positif. Mais cela n'enlève rien à ce roman. Car c'est un roman, alors si l'auteur prend des liberté avec la région (ou du moins avec l'image qui est a mienne) et bien tant pis ! C'est bien écrit, bien prenant, et c'est cela qui compte au final.
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Ces pages ne respirent la joie de vivre, loin de là. L'auteur nous emmène dans une lande battue par les vents, polluée par le vapocraqueur qui rythme les journées, sans espoir de travail.

Roman choral, les premiers chapitres sont arides, il m'a été difficile d'entrer dans la petite musique de l'auteur. Puis l'histoire prend forme et les liens entre les personnages apparaissent.

C'est triste, noir, d'autant plus qu'une certaine réalité se cache derrière.

Seule poche d'espoir, la présence des phoques que d'aucuns aperçoivent parfois. Mais est-ce une bonne nouvelle, finalement ?

L'image que je retiendrai :

Celle de Michel se passionnant pour les super-tankers entrant et sortant devant ses yeux.
Lien : https://alexmotamots.wordpre..
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Dans le Nord, sur une zone industrielle portuaire, là où les usines, les friches et les entrepôts abandonnés forment un paysage hors du temps, les habitants vivent au jour le jour.
Mona qui vit avec son père,
Cyril, dans une caravane.
Wilfried dont le seul plaisir est le surf casting.
Gilles qui cherche à tuer un phoque pour enfin faire plaisir à son père dévasté par ses années de chômage.
La misère économique et affective est partout.
Sauf peut-être chez Louis qui est élevé par son oncle Michel et reçoit beaucoup l'amour...

Pascal Dessaint décrit un univers désespéré où le malheur des gens vient autant de leurs difficultés financières que de leur misère affective.
Peu d'amour réel et généreux mais des petits arrangements, des hasards malheureux et des vengeances tragiques. le tout forme un tableau très noir.
Seuls les trois adolescents gardent un peu d'espoir dans l'avenir malgré l'atmosphère sombre.
Pour deux d'entre eux il y aura une lueur...

L'auteur a décidément beaucoup de tendresse pour ses personnages paumés, un peu à la "Olivier Adam", et il a le grand mérite de faire de ces "invisibles" de réels personnages de roman !

N'oublions pas son humour, très noir bien sûr; à la manière de Pascal Garnier.
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Pascal Dessaint nous rappelle, au cas où nous l'aurions oublié, que la nature est belle, souveraine et qu'elle peut abriter non pas des spectres en quête de leur ombre mais des êtres désespérément humains. Ce récit est cruellement éblouissant. Bouleversant.

La suite : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2015/05/desesperement-humains.html
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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Le port de Dunkerque n'a rien d'un charmant petit port de pêche,. Imaginez plutôt un espace de 4000 ha couvert d'usines ( acieries, raffineries, centres thermiques, gazoducs, vapocraqueur etc) La proximité d'une centrale nucléaire n'embellit pas l'ensemble. C'est un vrai décor de science fiction absolument effrayant ! Il faut avoir traversé cette zone, s'être promené le long des 17 km de la digue du Break pour bien réaliser à quel point l'endroit est cauchemardesque, inhumain au possible.
C'est dans ce cadre que Pascal Dessaint met en scène ses personnages, , là où ils se sont échoués, là où leur chemin s'est arrêté.
Ils sont sept à prendre la parole, à tour de rôle. Chacun nous raconte son quotidien fait de chômage, de pauvreté, d'alcool, de misère affective, de violence et nous livre ses souvenirs, ses secrets inavouables.
Louis, seize ans, vit avec son oncle Michel depuis le décès de sa mère. Son père est aux abonnés absents depuis longtemps.
Michel est un éclusier mis sur la touche depuis que le fonctionnement des portes a été automatisées. Il continue d'habiter sur le port dans une vigie, son logement de fonction. Sa compagne l'a quitté il y a dix ans, à l'arrivée de Louis.
Jérôme vit dans une bicoque délabrée surnommée " la maison de le folle" nichée dans les dunes. Il ne s'est jamais marié pour s'occuper de sa vielle mère. Il aime porter en permanence une perruque de carnaval rouge et argent. A croire que les vapeurs d'éthylène de l'usine de vapocracage où il travaille lui ont rongé le cerveau.
Cyril sans emploi vit au crochet de sa fille Mona. Il fait "du camping sauvage en zone industrielle". C'est un vrai salaud.
Mona a18 ans, elle vend du parfum bon marché dans un centre commercial.Elle vit dans la caravane de son père.
Gilles est un ado maltraité qui n'a qu'un rêve, celui de tuer un phoque avec son fusil. C'est un ami de Louis et Mona.
Wilfried pêche en surfcasting de jour comme de nuit sur la digue pour fuir les ardeurs de son obèse d'épouse.
Tous se connaissent, ont un lien qui les unit sans qu'ils en aient forcément connaissance. C'est ce que va nous dévoiler ce roman sombre comme un ciel plombé sur la mer du Nord. L'intrigue bien ficelée le rend tout simplement captivant.
A travers ce récit on sent toute la tendresse de l'auteur pour cette région qui l'a vu naître. Il la connaît bien et arrive à faire apparaître la poésie, inattendue dans cet environnement hostile: l'envol d'un oiseau, un phoque sur plage, un bande rouge qui claque sur le flanc d'un cargo.... de la tendresse aussi pour ces laissés pour compte qu'il nous décrit si bien avec parfois beaucoup d'humour.
Pour tous ceux qui risquent d'être effrayés par ce tableau, je tiens a préciser qu'il suffit de tourner le dos à la centrale nucléaire, de s'éloigner juste un peu en se dirigeant vers la côte belge pour retrouver une nature intacte et sauvage dans la réserve naturelle nationale de la dune Marchand.


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Dans le Nord de la France sur un littoral flanqué d'un bassin minéralier, d'une centrale nucléaire, d'anciens blockhaus et d'usines qui ont fermé, des personnages habitent dans ce paysage désolant. La mer et l'air sont polluées dans ce coin mais les personnages s'y accrochent. Ils n'ont rien connu d'autre, ont perdu leur emploi pour la plupart ou sont ouvriers et semblent subir les journées. Certains d'entre eux portent en eux des faits inavouables, se trouvent des excuses comme pour s'en dédouaner mais aussi des espoirs. Ces laissés pour compte se débrouillent, se croisent, connaissent les habitudes des uns et des autres.

En donnant la parole à chacun des personnages accidentés par la vie, les histoires mais surtout les vies de chacun et la passé nous sont révélés. Mais l'auteur ne s'arrête pas une situation globale à un moment donné, il les lie par plusieurs actes. Des faits exécutés quand on n'a plus rien à perdre mais aussi des élans de solidarité ou des envies de changer le futur.
Avec une écriture franche, sans fioritures qui colle aux personnages et rend à merveille l'ambiance et ce paysage où même la nature semble sordide, Pascal Dessaint nous entraîne dans ce roman/polar social noir. Ca secoue, ça fait mal, ça prend aux tripes, ça serre la gorge... Il nous dépeint une réalité que l'on oublie trop souvent, le quotidien et les préoccupations de certaines personnes mais aussi une vraie humanité pour certaines. Et le tout sans aucun pathos.
Un livre saisissant lu en apnée totale !

Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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