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3,44

sur 126 notes
Ce roman est superbe. J'ai été saisie par l'écriture. On tourne les pages, sans pouvoir s'arrêter, peut-être un peu par voyeurisme aussi. C'est l'histoire de cette adolescente en obésité extrême. Elle naît à 10 kg, bébé hors-norme et très glouton, loin de ce qu'avait imaginé sa mère très mince et jolie. le bébé dévore, il est pendu aux seins de sa mère, la blesse, la vide. La mère finit par quitter le foyer familial et abandonne sa fille ainsi que son mari. le père de la narratrice quant qu'à lui, adore sa fille… enfin plutôt « ses » filles. Il est persuadé d'une chose : que sa fille a dévoré sa propre soeur dans le ventre de sa mère, ce qui expliquerait sa taille gigantesque. Il nourrit donc sa fille à l'excès, lui prépare de très bons repas et double les rations pour la jumelle absente. C'est l'orgie de nourriture. Pour l'adolescente, c'est le désastre, en plus des moqueries à l'école, elle doute, entretient une relation et des discussions avec sa soeur fantôme. Elle trouve l'apaisement dans la nourriture. Elle est hyperphage, a toujours faim, et son père la rassure, lui disant qu'elle est belle et continue de la gaver. Elle pèse jusqu'à 200 kg et ne peut plus se lever, ses membres ploient sous la masse de sa graisse. Un jour, l'héroïne se coince dans une porte, elle a tant et tant grossi qu'elle ne peut plus sortir de sa chambre. Après une longue agonie, son père revient et la retrouve. Les secours arrivent, et c'est René, le charpentier, qui trouve la solution. En enduisant son corps d'huile, il la font glisser hors de son étau. Honte ultime. La jeune fille entame une relation (sexuelle et basée sur la nourriture) avec René. Ils se découvre des points communs. René, ancien SDF, a souffert du regard des autres et de la solitude. Ensemble, ils se réchauffent et réchauffent leur solitude. L'adolescente est heureuse et se sent belle. Mais comme le pressentait la jeune fille, ça ne va pas durer et le bonheur et la volupté vont cesser. La fin est extrême et clôt la métaphore.
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Un livre déroutant... le récit d'une ado de 16 ans "obèse" (le terme est faible selon ses mots) qui a tellement grossi qu'elle ne peut plus sortir de sa chambre.
Une réflexion sur notre société d'aujourd'hui et ses standards du paraître, sur l'amour et ses mystères, sur les normes, la solitude et la vie virtuelle.
Le premier chapitre dessine les contours du dernier, qui pousse à son paroxysme l'obsession dévoratrice de la narratrice.
Impressionnant de maîtrise stylistique, il dérangera néanmoins plus d'un lecteur par les transgressions des tabous les plus ancrés.
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Tout dévorer sur son passage. Les aliments, l'espace autour de soi, l'essence de tout, l'absence des êtres chers, la culpabilité et l'incapacité de savoir quoi faire pour ceux qui restent, voilà tout l'esprit de ce roman. Dur, sans fard, nullement accommodant, le récit est celui d'une enfant qui grossit et grossit au fil des ans et qui n'arrive plus à s'arrêter, à se sustenter. Face à cette enfant obèse, où se trouve la normalité ? Existe-t-elle ? Et si oui, est-elle présente afin de ranger les êtres humains dans des cases ou de pointer encore plus facilement du doigt et plus rageusement ceux qui ont franchi depuis longtemps la limite ? Sans réellement se morfondre où s'apitoyer sur son sort, la jeune narratrice fait face à ses difficultés et à ses travers. Regardant en face sa vie sur terre depuis sa naissance, elle relate l'évolution gigantesque de son corps, les surplus qui s'ajoutent peu à peu sans qu'elle y fasse attention pour que finalement ils ne puissent plus jamais disparaître. Conte de l'excès, de la dévoration de tout, de la haine d'autrui pour sa différence, Ananda Devi réussit avec beaucoup de justesse à nous retranscrire l'avancement d'une enfant jusqu'à l'adolescence fortement marquée par le regard venimeux et/ou apeuré des autres et par le sien tout aussi destructeur.

Ce roman ne sera sûrement pas facile à lire face à la multitude d'émotions que la narratrice et que le lecteur, par le regard parfois acerbe de la jeune fille face cette société dont elle ne fait peu à peu plus partie, peut ressentir. Face à son obésité, la majorité des gens vous montrer du dégoût, de l'incompréhension, de la peur. Et il y a ceux comme son père qui vont tenter de trouver une explication plus ou moins rationnelle afin d'accepter l'état de sa fille. Tel un ogre, la jeune fille dévore tout sur son passage, les forces de sa mère qui s'amenuisent peu à peu jusqu'à ce que celle-ci disparaisse de sa vie, ses défenses face au monde extérieur qui ne fait que la rejeter toujours un peu plus, ses forces personnelles physiques et mentales, jusqu'à ce qu'elle ne ressente que solitude et fatalité. Heureusement, la vie offre de nombreux cadeaux et le sien sera René. Par son regard tendre est différent des autres, elle arrivera peut-être à mieux s'accepter en tant que fille, en tant que femme et en tant qu'amante. Ce roman de l'excès propose quelques moments de douceur parmi toute cette constatation de la société contemporaine : l'abus des nouvelles technologies avec les réseaux sociaux, une image de la femme parfaite ancrée dans la majorité des esprits par la société de consommation, les relations humaines parfois régies uniquement par les apparences,…

À l'image de tout ce récit, la fin se trouve montre particulièrement fort et déchirante. L'auteure n'espère pas par son récit apporter une certaine complaisance ou un espoir surdimensionné face à un avenir potentiellement meilleur mais une véritable constatation de ce que peut être la vie d'un être vivant en surpoids, en proie à une obésité morbide qu'il n'arrive pas à contrôler, à réfréner. Manger l'autre semble être un roman important qui s'adonne à signaler comme tant d'autres les maux d'une société occidentale (ici, spécifiquement la société américaine) tournée trop fortement vers les apparences. Je remercie donc fortement la maison d'édition Grasset et NetGalley pour m'avoir fait découvrir ce récit poignant et pas toujours aisé à apréhender face aux sentiments de la narratrice et à l'introspection souvent très rationnelle qu'elle opère continuellement.
Lien : https://entournantlespages.w..
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Croisement étrange entre Rabelais et le fantastique, dénonçant les diktats de la beauté, le harcèlement notamment via les réseaux sociaux et l'amour parental toxique. On y suit une toute jeune héroïne née hors norme dont la mythologie familiale raconte qu'elle a dévoré sa jumelle in utéro. Rejetée par sa mère, adulée par son père, elle ne fera que croître entre fascination morbide et curiosité malsaine envers le monde extérieur et elle-même.
Une lecture noire et lumineuse sur ce qui créé l'enfer, pavé de bonnes intentions et parfois de soi.
Une lecture que je recommande à un public averti.
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Un roman qui m'a donné la nausée par le sujet même mais aussi par l'écriture qui amène cette impression de trop plein, de débordement. J'ai trouvé d'ailleurs intéressant ce style qui colle au thème.
J'ai trouvé le roman riche. le traitement de la maladie, l'autodestruction mais surtout la relation père fille amène une autre dimension au roman. Cette dernière m'a mise en en colère, m'a intrigué et m'a accroché.
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Il s'agit d'un conte contemporain assez déroutant, comme en témoignent le titre et la couverture. Une adolescente obèse qui pesait 10 kg à la naissance, ne cesse de grossir. Sa mère, horrifiée, l'abandonne très tôt. Son père lui cuisine des plats succulents dans des quantités astronomiques car il est convaincu qu'elle a dévoré sa soeur jumelle in utero et qu'il doit les nourrir tous les deux. A l'école, elle est constamment humiliée, harcelée et prise en photo par ses camarades pour nourrir l'oeil d'Internet. Elle souffre beaucoup de solitude et de la méchanceté des autres. Quand elle découvre l'amour et les plaisirs de la chair, elle commence à s'accepter, mais elle n'est pas au bout de ses peines ...
Au fil des pages racontées par l'adolescente, on se gave de montagnes de nourriture jusqu'à l'excès et on frôle l'indigestion. On subit aussi de plein fouet la honte et le regard acerbe des autres.
Cette fable glaçante se veut une allégorie puissante de notre société de consommation à outrance, obsédée par le culte de l'image et l'intrusion des réseaux sociaux. Avec ce roman qui se dévore, Ananda Devi nous assène un coup de poing d'une violence inouïe et pourtant addictif !
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Plus de dix kilos à la naissance ! Et elle voit le jour déjà affamée avec le soupçon affreux d'avoir dévoré sa soeur intra-utérine.
A partir de là, c'est un long monologue sur le calvaire de la vie d'une obèse, ses réflexions sur son état, sur la façon dont elle perçoit le mépris, les railleries,la méchanceté et parfois la pitié dont elle fait l'objet.
La faim perpétuelle, la graisse envahissante et la honte permanente sont les compagnes incessantes de celle qui n'est plus, pour elle et pour les autres qu'une ruine saliveuse qui sans trêve poursuit son oeuvre solitaire de dévoration.
Et finalement, celle que l'on n'appelle plus que "La Couenne" a la fonction de dégoûter ou d'amuser et finalement de consoler les autres d'être ce qu'ils sont.
Alors à 16 ans, au fil de dialogues avec sa soeur jumelle imaginaire, elle va décrire sa vision du monde où l'on voit que la soi-disant normalité n'est qu'une vue de l'esprit.
C'est profond, bien écrit et passionnant.
"Nous avons inventé l'enfer".
C'est un roman totalement atypique et la quasi absence de dialogues n'est absolument pas gênante. Un livre tout simplement incroyable dont la fin, hallucinante est tout simplement l'allégorie ultime représentant notre civilisation.
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Ce roman est un conte dans lequel Ananda Devi met en scène une jeune fille obèse. Elle pesait 10 kgs à la naissance, bébé complètement hors normes, elle avait l'apparence d'un bouddha chinois. Sa mère déserte le foyer, son père, passionné de cuisine, la gave. Incapable d'admettre le problème de sa fille, il invente le mythe selon lequel elle aurait dévoré in utéro sa soeur jumelle, du coup le père appelle sa fille "mes chéries". Quel poids fait-il porter à la jeune fille qui va entretenir des conversations imaginaires avec sa jumelle anorexique !

Elle ne cesse de réclamer à manger et grossit, grossit... Elle ne vit que pour manger, "prisonnière de ses besoins... entre faim et honte, le choix est vite fait" et doit faire face à l'école aux moqueries et à la haine de ses camarades de classe qui la surnomment "La couenne"... Sa vie n'est que souffrance et solitude jusqu'à ce qu'un homme s'intéresse à elle... Va-t-elle réussir échapper à sa vie de recluse?

Je ne pense pas que j'aurai lu ce roman s'il n'avait pas été finaliste du prix Orange. J'ai été ravie de découvrir la magnifique plume de cette auteure que je ne connaissais pas. Dans ce roman très sombre qui est une sorte d'allégorie de notre société de consommation Ananda Devi pose la question de la norme, du diktat de la minceur, des préjugés et de la solitude dans nos sociétés. Un roman plein de noirceur allégé par de nombreux traits d'humour.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Il m'aura fallu un temps de digestion avant de pouvoir venir vous parler de ce roman.
L'écriture y est forte, dévorante, on est littéralement aspiré, happé par cette vie hors norme que l'auteure nous invite à côtoyer.

On s'attache à l'héroïne, on peut même s'y retrouver à qui aura connu les joies du harcèlement scolaire ou du surpoids, on a envie de la voir se sortir de sa situation mais le personnage est hors norme, son cadre de vie l'est tout autant, son environnement est par ailleurs psychologiquement dérangé.
Un père qui distille l'idée dans la tête de sa propre fille qu'elle aurait aspiré in utero sa soeur jumelle avec pour résultat l'obésité qu'elle aura connu dès sa mise au monde (un éléphant rose de 10kg), qui la fait grandir avec l'idée qu'elle serait deux en lui donnant double ration de nourriture à dose épicurienne, comprenez que d'ors et déjà le décor schizophrénique est planté.

Alors soit, vous fuyez comme la mère de cette enfant soit vous restez avide de savoir comment elle finira par se sortir de cette prison, autant corporel que psychologique. La solution première est difficile à faire, l'intrigue est menée avec ruse recelant un humour parfois noir mais nécessaire, je vous le disais plus haut ce livre vous happe.

L'auteur nous bouscule, nous dérange, suscite en nous des réactions vives de dégouts ou d'empathie, déblayant à la pelle les putrescences de notre société, ces dictats du corps parfait, du big brother et des dangers de l'internet, la dégénérescence d'un monde qui veut plus, toujours plus comme pris de folie, folie qui se retrouve partout dans les yeux du père, de la mère, des professeurs, des élèves « harceleurs » , au sein même de la ville devenue havre de l'ultra sécurité où la misère se doit d'être cachée. Folie qui se joue de notre héroïne au limite de la pathologie psychiatrique, elle est née hors norme et sa fin sera tout autant sidérante.

Je ne peux vous en dire plus si ce n'est que je suis restée choquée, bouleversée, j'avais cet espoir d'une lumière lors de l'arrivée de son premier et unique amour dissipant les maux qui l'entourent mais…il y a un mais…et ce mais vous tombe dessus comme la folie s'emparera d'elle une dernière fois.

Un roman puissant, fort, une écriture hypnotique qui nous entraîne dans les boyaux de notre monde, dans ses souillures. Je découvre l'auteure avec l'envie de lire d'autres de ses romans s'ils sont tout aussi électriques et percutants que celui-ci.
Lien : http://dreamlittlebirdsadoad..
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Difficile de parler après Ananda Devi, je vais juste emprunter ses mots.
« Commencer, donc, par l'orgasme du vivant. »
« C'est là que débute le mensonge de ma vie duelle »
Mais, « Nous ne sommes pas faits pour le jeûne ou l'abstinence, sauf comme forme de punition et d'autoflagellation. Et je ne suis pas prête à m'autoflageller. »
Aussi, je peux « me livrer à cette caresse qui pourrait presque être la première après la naissance, tant le silence entre nous a été long ; ma mère me renaît. »
Il y a aussi mon amour qui « sait si bien mentir. J'adore tes mensonges. Je n'en connais pas de plus beaux. Mens moi encore »
Et enfin mon père qui « ne mesure pas l'étendue du monde virtuel. On ne peut pas en sortir. Il est éternel. Il est partout. Infini. Il n'y a pas d'oubli possible puisqu'il est en dehors du temps et de l'espace.
Nous avons inventé l'enfer. »

Ananda Devi a l'art de me faire ressentir l'innommable, de me permettre de rentrer dans la peau de personnages torturés, hallucinés, criminels, non seulement en les comprenant et en les acceptant mais en allant jusqu'à adhérer totalement à leur folie.

« Au commencement était un éléphant rose et bâfreur »
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