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Citations sur Effondrement (61)

D'autres échecs s'expliquent par le «comportement irrationnel», c'est à dire le comportement dommageable non plus à certains ni à la majorité mais à tous. Un tel comportement irrationnel survient souvent quand chacun, individuellement, est travaillé par un conflit de valeurs : on veut ignorer un mauvais statu quo parce qu'il résulte de l'application des valeurs auxquelles on tient profondément. «La persistance dans l'erreur», «le raidissement», «le refus de tirer les conclusions qui s'imposent à partir de signes négatifs», «l'immobilisme», «la stagnation mentale» sont les causes que Barbara Tuchman recense. Les psychologues, eux, parlent d'«effet de ruine» pour désigner un trait voisin : l'hésitation à abandonner une politique - ou à vendre une action - dans laquelle il a déjà beaucoup été investi.
Certaines motivations irrationnelles courantes tiennent au fait que l'opinion peut ne pas apprécier ceux qui perçoivent un problème les premiers et le dénoncent - comme le parti vert de Tasmanie qui a le premier protesté contre l'introduction de renards en Tasmanie. Ou bien, les avertissements peuvent ou non être entendus du fait de mises en garde antérieures qui se sont révélées de fausses alertes. Ou bien encore, l'opinion peut décider de n'avoir tout simplement pas d'avis sur la question.
Mais il est un facteur clé : les valeurs religieuses. Profondément implantées, elles sont donc de fréquentes causes de comportement désastreux. Par exemple, une bonne partie de la déforestation dans l'île de Pâques résultait d'une motivation religieuse : il fallait disposer de troncs d'arbres pour transporter et ériger les statues géantes de pierre qui étaient des objets de vénération. Au même moment, mais à six mille kilomètres de là et dans l'autre hémisphère, les norvégiens du Groenland suivaient simplement leurs valeurs chrétiennes. Ces mêmes valeurs qui leur permirent de survivre pendant des siècles les empêchèrent d'opérer des changements drastiques dans leur style de vie et d'adopter certaines technologies inuits qui les auraient aidés à survivre plus longtemps.

[Chap. "Pourquoi des décisions catastrophiques" p. 668-669]
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" Quel est le problème environnemental et démographique le plus important aujourd'hui ? " demande-t-on souvent. Une réponse rapide serait : " Notre tendance erronée à vouloir identifier le problème le plus important : ". Car chacun de nos douze problèmes [listés précédemment par l'auteur], faute de solutions, nous causera un grave dommage et que tous interagissent les uns avec les autres. Si nous en résolvions onze, mais pas le douzième, nous serions encore en danger, quel que soit le problème non résolu. Nous devons donc les résoudre tous.

(Chapitre "Le monde est un polder", p. 756)
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[Chapitre Crépuscule sur l'île de Pâques]
Ainsi, de même que pour les Anasazis et les Mayas, [...] l'effondrement de la société pascuane suivit rapidement le moment où elle avait atteint un pic démographique, où la construction de monuments était intensive et où l'impact humain sur l'environnement était le plus marqué.
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[Chapitre Crépuscule sur l'île de Pâques]
Telles furent les conséquences immédiates de la déforestation et d'autres actions de l'homme sur l'environnement. Les conséquences ultérieures prirent la forme d'une famine et d'une chute dramatique qui firent sombrer la population dans le cannibalisme. Les récits faits par les insulaires survivants de cette famine sont graphiquement confirmés par la prolifération de petites statues appelées moaï kavakana, qui montrent des individus affamés aux joues creuses et aux côtes saillantes. Le capitaine Cook, en 1774, décrivit les Pascuans comme des êtres "petits, maigres, effarouchés et misérables". Le nombre de sites d'habitation sur les basses terres côtières, où se concentrait la majorité de la population, diminua de 70% par rapport à son chiffre maximal atteint en 1400-1600 et les années 1700, suggérant une diminution identique du nombre d'habitants. Pour remplacer leurs anciennes sources de viande sauvage, les Pascuans se tournèrent vers la source la plus abondante et qui jusqu'alors n'avait pas été exploitée : les humains, dont on vit apparaître fréquemment les os non seulement dans les cimetières mais aussi (brisés pour en extraire la moelle) sur les tas de détritus des Pascuans de la fin de la période. La tradition orale des insulaires est riche de récits hantés par le cannibalisme; la pire injure que l'on pouvait lancer à un ennemi était : "la chair de ta mère est coincée entre mes dents".
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Les processus par lesquels les sociétés anciennes ont causé leur propre perte en endommageant leur environnement sont au nombre de huit, dont l'importance relative varie selon les cas : la déforestation et la restructuration de l'habitat; les problèmes liés au sol (érosion, salinisation, perte de fertilité); la gestion de l'eau; la chasse excessive; la pêche excessive; les conséquences de l'introduction d'espèces allogènes parmi les espèces autochtones; la croissance démographique et l'augmentation de l'impact humain par habitant.
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Lire des abstractions sur "l'explosion démographique" est une chose: rencontrer jour après jour des rangées d'enfants tout au long de la route, en Afrique de l'Est, réclamant aux touristes de passage un stylo pour écrire à l'école en est une autre. L'impact du nombre d'habitants sur le paysage est bien visible: dans les pâturages, l'herbe est clairsemée et des troupeaux de vaches, de moutons et de chèvres paissent en nombre. Des ravines d'érosion toute récentes sont visibles, au fond desquelles s'écoulent des flots noirs de boue descendus des prairies dénudées.
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Le destin d'une société est entre ses mains et dépend substantiellement des choix qu'elle fait.
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p.570.

Il est empiriquement prouvé qu’une population plus nombreuse et une croissance démographique plus forte impliquent plus de pauvreté, et non pas d’avantage de richesses.
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[...] Du fait même que nous suivons de plus en plus cette voie [de développement] non durable, les problèmes mondiaux d'environnement seront bel et bien résolus, d'une manière ou d'une autre, du vivant de nos enfants. La seule question est de savoir si la solution ne sera pas trop désagréable, parce que nous l'aurons choisie, ou désagréable, parce qu'elle se réglera sans que nous l'ayons choisie par la guerre, le génocide, la famine, les épidémies et l'effondrement des sociétés. Autant de phénomène endémiques au cours de l'histoire de l'humanité, mais dont la fréquence augmente avec la dégradation de l'environnement, la pression démographique, ainsi que la pauvreté et l'instabilité politique qui en résultent.

(Chapitre "Le monde est un polder", p. 756)
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Ce sont les problèmes des Mayas, des Anasazis et des habitants de l’île de Pâques qui jouent dans le monde contemporain. Aujourd’hui comme par le passé, les pays qui subissent une pression environnementale ou dėmographique, ou les deux, sont menacés d’avoir à subir une pression politique et de voir leur gouvernement s’effonfrer.
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