«
Ma vie de Maitresse SM » est un récit témoignage de Diane Maris, domina belge depuis 20 ans. Découpé en une multitude de chapitres, le livre reprend tout aussi bien l'histoire de sa vie que les différents personnages qui fréquentent, assidument ou pas, son donjon.
Diane Maris, 64 ans en 2013, année de parution du livre, raconte son parcours de vie difficile qui la conduite à exercer ce « métier » peu banal. Elevée à la dure, à « l'anglaise » sans affection dans un pensionnat catholique, abusée sexuellement par un membre proche de la famille, enceinte après son tout premier rapport sexuel très jeune, l'auteur a vécu son lot d'histoires inhumaines qui ont fait d'elle la meneuse, rebelle à toute forme d'autorité. « On ne naît pas maîtresse BDSM, ce sont les aléas de la vie, de ma vie, qui m'ont amenée dans les travées obscures de la Domination – Soumission »
Les personnes qui ont recours à ses services sont des hommes. « […] ce sont les hommes qui se laissent prendre au jeu de la domination. Ce sont eux, le sexe dit « fort », qui aiment être accrochés à une croix de Saint-André, menottés ou baillonnés, un mors à cheval en bouche, fouettés ou abandonnés dans mon cachot. Ou simplement à mon service, travestis en soubrette. ». Ce sont des messieurs bien comme il faut, mariés, pères de famille respectables, notaires, banquiers, pilote, juge, avocats…Leurs demandes sont de deux ordres : douleur psychologique et / ou physique. Ils ressentent le besoin d'obéïssance, d'être salis, humiliés, de souffrir à l'extrème, de se transformer en femmes.
Dans le donjon s'exerce une dramatisation. Comme au « théâtre, un jeu de rôle, qui est parfois dangereux car l'homme, alors, se joue de ses limites et se donne en toute confiance ». Elle dispose d'un boudoir, d'un donjon, d'un « cabinet médical », d'une nurserie et d'un cachot. Dans chacun de ces endroits se joue un scenario particulier. Dans les décorations de l'espace scénique , on retrouve des chaines et des poutrelles, une Croix de St André peinte en rouge, une table noire, un chevalet, une gwendoline, cage en fer qui épouse les contours d'un homme debout, une cage horizontale avec une ouverture façon guillotine pour la tête, une table de gynécologie, du mobilier pour bébé à taille adulte. .. Pour les accessoires, on a le choix : des masques de latex, cuir ou de fer, cravaches, fouets, cannes, pinces de tout calibre, des scalpels, des aiguilles, des poires à lavements, des sondes urinaires, des simulateurs électriques mais aussi des culottes de PVC, des grenouillères roses ou bleues, des tétines, des chaussons ….
Chaque relation se passe entre adultes consentants et est conclue selon un accord tacite verbal. Les interdits sont définis et un mot clé sert à mettre fin prématurément à une séance. J'apprends qu'il existe des contrats de soumission, des contrats d'esclaves avec numéro inscrit sur un site web international. Contrats très régentés.
Diane Maris est la dominatrice, à la fois psychologue et comédienne qui concoit cette dramatisation.. Elle accompagne son sujet, le guide car elle comprend ce qu'il ressent, ce qu'il désire au plus profond de lui, elle entend tous les non-dits. Il n'y a aucune relation sexuelle. La dominatrice n'est pas une prostituée.
Selon l'auteur, le jeu de domination est pour ces hommes une sorte de thérapie pour combattre de vieilles blessures d'enfance ou toute autre souffrance jamais exprimée. D'autres viennent pour se déstresser car ils assument de grosses responsabliltés. D'autres enfin, veulent retourner en arrière, très loin, dans leur enfance, et même se replonger dans le ventre de la mère.
Son rôle de comédienne, Diane Maris le prend sérieusement : maquillage, coiffure, vêtements sont étudiés. le ton de sa voix, ses remarques , ses regards seront fonction du sujet. Ses mains sont dures. Elle sait frapper. Elle a une imagination débordante et surtout elle fait preuve de patience. Car l'attente, l'incertitude, la théatralisation procure l'excitation de ses clients. D'autre part, sa vie, ce sont les tortures, le fouet, le cachot, l'urologie, la scatologie… cela la laisse parfois au bout de ses forces, épuisée physiquement et psychologiquement.
Diane Maris avoue qu'elle a trouvé son fantasme dans ces jeux imaginés pour enlever « leur masque d'homme ». « Je jouis de ma puissance quand je mets les hommes à mes pieds, quand mon regard les hypnotise, quand, devant moi, ils se décomposent jusqu'à la perdition. »
Le livre se termine sur un entretien avec un psychologue cognitivo-comportementaliste interessé par les mécanismes de fonctionnement des attitudes humaines.