Excusez-moi par avance pour cette critique, que j'aurais aimée plus riche et exhaustive, mais l'affaire étant que j'ai lu ce bouquin il y a quelques mois de cela, et mes idées ne sont plus aussi claires qu'en fin de lecture. Ce qui est clair, en revanche, c'est que j'aime beaucoup P. K. Dick.
Je ne me permettrai pas de juger
Philip K. Dick sur un angle purement SF, n'étant pas un grand lecteur du genre. Je ne critiquerai pas non plus
Philip K. Dick dans ses concepts philosophiques, puisque je ne suis pas un foufou de philosophie. Je ne le jugerai pas non plus en rapport avec son oeuvre, n'ayant lu que trois ouvrages pour le moment. Vous comprenez bien que je n'ai pas beaucoup de clés pour fournir une critique intéressante, j'en resterai donc à mon ressenti de lecteur (le seul truc qui importe, en vérité).
Il faut bien commencer par signaler quelque chose: il faut prendre P. K. Dick avec confiance, sereinement. Parce que dans tout ce que j'ai lu de lui pour l'instant, et
Loterie Solaire est probablement un des exemples les plus frappant, il y a de quoi être sacrément désarçonné dans les premières pages. C'est toujours la même sensation: on commence l'histoire, on comprend rien à qui fait quoi comment et pourquoi. Ca part dans tous les sens, avec des néologismes en veux-tu en voilà, des théories dont tu ne comprends même pas l'énoncé, des règles complètement décalées, des façons de vivre inexplicables, des classes sociales perturbées... Bref, le début d'une histoire de
Philip K. Dick, c'est pas du gâteau. Mais ce qui est beau avec l'auteur, c'est qu'il retombe toujours sur ses pieds. Il faut lui faire confiance, et au fur et à mesure que les pages défilent, le contexte de l'histoire s'affine et devient clair. Et là, ça vaut vraiment le coup.
Particulièrement dans
Loterie Solaire: gros bazar à l'historique pas clair, probablement sanglant, où tout est régi sur le hasard. le président est élu aléatoirement, de même que la plupart des valeurs marchandes. Tout n'est qu'aléatoire. Rajoutons à cette étrange société un côté profondément féodal, avec des principes d'asservissement, d'appartenance aux élites, et un retour à la superstition et voilà: on a la grosse image de
Loterie Solaire. Mais tout est évidemment plus complexe, surtout lorsque la bouteille (sorte d'objet distribuant le pouvoir "au hasard") fait des siennes et bouleverse l'ordre politique.
Alors K. Dick fait une nouvelle fois très fort avec cette dystopie. C'est extrêmement riche en questionnement, bien ficelé et servi par un intrigue intéressante. Mais on ne m'enlèvera pas que ce bouquin a un côté brouillon, inabouti, qui empêche de l'apprécier comme on a pu le faire dans "Blade Runner" ou ses nouvelles. C'est bien sûr très loin d'être désagréable, on passe un très bon moment. Mais difficile d'adhérer à fond à cette histoire sans véritable personnage qui se démarque. Ils sont tous très froids et étonnamment automatiques, déshumanisés. Les dialogues sont plats et sans apport pour la plupart, les réactions des protagonistes sont parfois complètement décalées... Et il faut bien avouer que ça m'a un peu refroidi. Cela m'a en fait empêcher d'"adhérer" pleinement à cette histoire.
Mais bref, passons! C'est encore un très bon livre de
Philip K. Dick, extrêmement original mais peu abouti. Pas besoin pour autant d'être un fan absolu pour se lancer dedans: cela reste plutôt accessible, et vous fera passer un bon moment. Et évidemment, vous vous en rendrez vite compte, "peu abouti" est à prendre avec nuance chez
Philip K. Dick, puisque ça grouille d'informations et de concepts. C'est leur finalisation, sa façon de les présenter, que j'ai trouvée grossière.