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4,06

sur 4002 notes
Les machines dévoreuses de pièces, qui déforment les poches, ou qui font défaut..., la pub à outrance, sur tous les supports que les yeux rencontrent...On du sacrément casser les pieds à Philip K Dick....Et il s'est sacrément bien vengé...
Un récit qui évolue sans cesse dans le passé et le presque présent.... celui d'un futur antérieur...ce qui ne manque pas d'un charme presque désuet...c'est toujours avec un regard tendre que je lis ce que les auteurs de SF des années "utopistes" 60, 70 imaginaient dans les 30 ou 40 années futures.
La conquête de l'espace ouvrait des horizons "supra terrestre". Hélas, la Lune n'offrant que ses "pierres", les deux "géants" de l'époque, ont préféré continuer à se battre ici bas....et les voitures ne volent toujours pas, nous ne mangeons toujours pas de pilules ( bon de cela je ne me plaint pas...)
Philip K Dick nous "ballade" dans ce cauchemar . Ce que nous vivons est ce réel ou "implanté", ce roman a inspiré d'autres récits, mais il est dans un jus primeur délicieux.
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Je me réveille d'un cauchemar. J'ai vu le passé ressurgir quand la porte de l'ascenseur s'est ouverte. Un ascenseur pour l'échafaud. Je savais que si je montais dedans, c'était fini de mes tripes, de mon corps, de mes sensations. Alors j'ai préféré souffrir, à genou, grimpant jusqu'à la dernière marche, celle qui me permettra d'atteindre une chambre au fond du couloir de cet hôtel de Des Moines. Que m'arrive-t-il ? J'ai beau lire les indices que Runciter, mon patron, a laissé dans les chiottes ou sur une contravention, je n'y comprends rien. Et Ubik... qu'est-ce que c'est que cette fichue pommade ? Je viens du 21ème siècle et aujourd'hui, je lis un journal de 1939. Pat ? Est-ce toi qui manigance tout ce merdier ? Je sais que tu es capable de modifier le passé. Si seulement je pouvais lui parler à Runciter. Mais il est dans une capsule, gelé comme un glaçon et rien n'y fait. Même en semi-vie il n'arrive pas à communiquer avec moi. Et mince... J'oubliais qu'il est mort dans cette explosion sur la Lune. Ou bien est-ce nous ? Mais pourtant, il m'adresse ces messages. Il doit bien y avoir un lien entre ce qui est arrivé sur la Lune, quand toute l'équipe, dont j'assurai la direction, pourchassait Melipone. Melipone... encore un qui nous échappe tout le temps. Bref, tout a explosé. Et mes certitudes aussi. J'écris encore quelques lignes sur le papier fourni par cette machine mais dans quelques secondes tout s'arrêtera.. 25 cents. Il me faut 25 cents pour maintenir la communication. M.er...credi ! Je n'ai plus un radis et la seule pièce qui me reste ne pourra intéresser qu'un numismate. A bien la regarder, sur le verso ..mais c'est la tête de Runciter qui est dessus ?! j'envoie ce message à l'avenir. Lisez Ubik, vous le trouverez partout.
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Ça y est, j'ai lu Ubik.
Mes ami.e.s babeliotes, qui ont fait sur ce site des analyses absolument remarquables m'avaient informé que c'était le meilleur roman de Philip K. Dick, mais je ne pensais pas que c'était à ce point là!
Parce que, là, vraiment, j'ai eu le sentiment d'être en présence d'un sommet, un Everest de la littérature de SF, et de la littérature tout court.

Et il a fallu que je laisse mes neurones tourner un certain temps, je dirais même un temps certain, pour essayer de faire un commentaire acceptable de ce roman absolument ébouriffant, bluffant, stupéfiant, hallucinant, les adjectifs qualificatifs me manquent.
Un roman fascinant aux multiples facettes, aux multiples interprétations et aux multiples mystères.

J'avais certes déjà perçu, dans mes précédentes lectures de l'auteur, à quel point Dick utilise le mode de la SF pour aborder des questions métaphysiques, questionner la notion de réel dans le Maître du Haut Château, questionner ce qui fait d'être un humain dans Blade Runner.
Mais ici, c'est vertigineux, j'ai trouvé tant de grilles de lecture, et sans doute beaucoup m'ont échappé.

Quelques mots tout d'abord du récit.

Il débute de la façon assez classique d'un roman d'anticipation. L'auteur, qui publie ce roman en 1966, place l'intrigue dans un monde futur, en 1992!!!. Bon, nous savons que ce n'est pas comme cela, ce futur qui est pour nous un passé (encore que, j'y reviendrai), mais cela n'a aucune importance.

Dans ce monde où l'on se déplace sans problème de la Terre à la Lune (dénommée Luna), des Agences dites prudentielles sont chargées de contrecarrer d'autres Sociétés (dont celle d'un certain Ron Hollis) qui cherchent à influencer le cours du monde, à s'introduire dans d'autres entreprises, grâce à des télépathes ou psis ou precogs.

L'une de ces Agences prudentielles, dirigée par Glen Runciter qui se fait assister de temps en temps par son épouse Ella (maintenue en « demi-vie » dans un état cryogénisé!), est sollicitée par un gros client pour venir sécuriser ses installations lunaires contre une intrusion psychique. Runciter rassemble ses meilleurs «inertiels », capables de contrecarrer les pouvoirs des psis, dont son chef d'équipe Joe Chip, un anti-héros, toujours fauché, et Pat Conley, récemment embauchée, dont les autres se méfient, et qui est capable de changer le passé.
Mais ce déplacement sur la Lune se révèle être un piège. Un attentat à la bombe atteint (semble atteindre?) mortellement Runciter, alors que, curieusement, l'équipe des inertiels s'en sort sans trop de dégâts. L'équipe le rapatrie en catastrophe sur Terre pour le placer en demi-vie, mais sans succès, Runciter est décédé.
A partir de là, le roman bascule d'une façon extraordinaire, et je ne voudrais pas la « divulgacher » pour vous laisser la laisser découvrir, et, j'espère, éprouver l'émerveillement qui m'a pris au fil de la progression de cette intrigante intrigue. Disons que parmi les ingrédients, on trouve, un retour progressif dans le passé avec un arrêt à l'année 1939, des apparitions de Runciter déclarant, entre autres «Je suis vivant et vous êtes morts », des interrogations sur la réalité, sur qui est vivant et qui est mort, et enfin, se révèle le spray magique Ubik!, aux super-pouvoirs, et dont l'incipit de chaque chapitre nous parlait déjà.
Dick nous balade vraiment, entre plusieurs mondes qui semblent parallèles, ou plutôt plusieurs branches indécises de ce que pourrait être la réalité, avec des interrogations, des soupçons qui se résolvent plus ou moins au fil des pages, jusqu'à une fin abrupte et énigmatique. Et cela écrit dans un récit virtuose, avec de nombreux rebondissements.

Mais en plus d'une intrigue bien menée, Ubik est habité par de nombreux thèmes sous-jacents, en fait difficiles à dénombrer.

Il y a, d'abord, de toute évidence, une critique acerbe et ironique du monde capitaliste, (qui est plus que jamais actuelle, je trouve). La Terre est aux mains de magnats tout puissants (Elon Musk, Jeff Bezos, Mark Zuckerber, ça ne vous dit rien?) les dirigeants politiques sont absents ou inexistants (c'est ce qui nous attend, peut-être). Tout se monnaye, il faut même payer pour ouvrir une porte, (mais nos « héros », dont surtout Joe Chip, ont de nombreuses astuces pour contourner ce problème!).

Il y a, de plus, une réflexion extraordinaire sur la réalité, sur la vie et sur la mort.
Sur ce que sont réellement les êtres humains, d'abord. Ainsi, Pat Conley nous apparaîtra de différentes manières au cours du récit, de même Glen Runciter et Ella son épouse.
Et puis, sur la notion de l'existence de plusieurs niveaux de réalité:
D'abord, la réalité de tous les jours, avec ses composantes sociales et politiques.
Et puis une autre réalité: est elle virtuelle, hallucinée, ou un après la mort au sens religieux? On ne sait.
On pourrait ainsi être à la fois vivant et mort, une situation qui m'a fait penser à ce chat de Schroedinger, je ne sais si Dick connaissait cette expérience de pensée du physicien.

Dans Ubik, aussi, plusieurs univers parallèles coexistent.
Mais ici, aucun univers n'est idéal. Il n'y a pas de paradis, puisque dans le monde des morts, ou plutôt celui des semi-vivants, certains sont des êtres maléfiques, tel ce Jory aux allures d'adolescent (j'ai pensé immédiatement, allez savoir pourquoi, à Mark Zuckerberg) qui se maintient en forme en mangeant ses congénères.

Mais aussi, il y a cette notion de régression dans le temps qui m'a donné beaucoup d'interrogations.
En effet, au fur et à mesure que les protagonistes retournent dans le passé, les objets vieillissent anormalement, les forces physiques déclinent, au contraire d'un rajeunissement. Comme si la flèche du temps avait changé de sens.
Mais grâce au spray Ubik, on se maintient, on ne vieillit plus! Il y a là, avec cet humour déjanté qui est toujours présent (il faut lire par exemple la description des accoutrements loufoques des personnages!) cette critique de l'espoir de rajeunir avec un élixir de jouvence, une obsession fondamentalement américaine.

Et puis, il y a, je trouve, une dimension quasi religieuse dans Ubik. Glen Runciter, après sa «mort », se comporte comme un dieu qui vient au secours des humains; il y a un combat entre le bien incarné par Ella Runciter et le mal incarné par Jory Miller.

Et enfin, ou presque, parce que ce livre me semble inépuisable, j'ai aussi ressenti, peut-être me trompe-je, que ce roman a quelque chose de « camusien », se faisant description de l'être humain confronté à un monde absurde, incompréhensible, dans lequel la solidarité humaine (les inertiels doivent rester proches les uns des autres pour se maintenir en vie) est essentielle, et le fait de penser, de prendre conscience de ce qui est, en est la clé pour continuer à exister. (L'homme est un roseau, le plus faible de la nature…., mais c'est un roseau pensant, disait un certain Blaise Pascal).

Et puis, et puis,…., Ubik fait partie de ces romans qui ne livrent pas tout d'un coup, dont l'intrigue et ce qui la sous-tend se dévoilent peu à peu, et dont on a l'impression que l'on n'en fera jamais le tour. Bref, tout ce que j'aime et que nous sommes un certain nombre à aimer, je crois.




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C'est le premier roman que je lis de cet auteur et je n'imaginais pas un tel page-turner.
Ubik c'est une expérience de lecture : on se cogne aux cadres, on tâtonne, on recule, on se perd, on pense tenir enfin le fil d'Ariane et… Retour en arrière, littéralement. Mais une chose est sûre, on ne peut pas décrocher de ces pages.
Joe Chip, le personnage principal de ce récit halluciné, est un peu le Monsieur tout le monde dans une société qui nous ressemble en dépit de personnes dotées de pouvoirs psychiques. Loin d'être un héros, ce recruteur de talents particuliers est complètement dépassé par les évènements. Il subit tout ce qui arrive, à commencer par sa porte d'entrée récalcitrante. Que ce soit l'accès au frigo, à la cafetière ou entrer et sortir de chez soi, tout, absolument tout est payant dans ce New-York proche, jusqu'à la mort elle-même. Moyennant une somme d'argent, vous aurez en effet la possibilité de discuter avec vos proches défunts, dont les corps conservés dans des endroits spéciaux peuvent encore dialoguer par la pensée grâce à une technologie particulière.
De nouveaux métiers ont émergé dont les télépathes, très utiles pour espionner votre concurrent et lui dérober sa formule ou ses dernières avancées technologiques. Heureusement Glen Runciter a la solution pour vous. Son agence a les personnes pour vous aider à lutter contre les intrusions psychiques. Et c'est sur la Lune que lui donne rendez-vous son prochain client.
Sauf que… le retournement de situation qui s'ensuit, aucun de ses psi ne l'a vu venir…
Philip K. Dick nous entraîne dans un récit aux frontières de la psychose.
J'ai été bluffée et subjuguée par son roman.
Il livre une critique particulièrement cynique sur la société de consommation et le capitalisme forcené.
C'est brillant, addictif et dépaysant.
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Un classique de la science-fiction, sur la liste des incontournables…

L'histoire se passe à une époque où fleurissent des pouvoirs psys : lire dans l'esprit de l'autre, prédire l'avenir, etc. Imaginez si une personne pouvait lire les pensées d'un politicien lorsque, tout souriant, il est interrogé par des citoyens! Et puis, s'il y a des pouvoirs psys, il y se développe des anti-psys, des gens qui neutralisent les psys dangereux. C'est une guerre entre les deux clans, une guerre de pouvoirs…

La manipulation de l'esprit ne s'arrête pas là. La science a trouvé le moyen de prolonger la vie de l'esprit humain, même après la mort du corps physique. Immédiatement après la mort, les cadavres sont placés dans des caissons spéciaux pour les préserver pendant un certain temps, pendant lequel l'esprit continue à « vivre ». Il peut même communiquer avec les proches qui lui rendent visite.

Écrit dans les années 60, le roman n'est pas démodé. La seule chose qui nous semble un peu archaïque, c'est l'utilisation systématique de pièces de monnaie. L'auteur n'a pas imaginé la carte à puce…

Même si l'intrigue à plusieurs niveaux peut être déroutante, le texte n'est pas une lecture ardue. La prose est agréable et même teintée d'humour.

Un roman, où la réalité n'est pas toujours ce qu'on croit.
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Mazette ! Par où commencer...
Pas simple pour moi de dire tout ce qui m'a enthousiasmé dans ce livre sans trop en dire pour préserver la surprise aux futurs lecteurs. Et pourtant, il y en a des choses...

Si vous aimez perdre pied, ne plus savoir sur quelle réalité s'appuyer, être dérouté par des rebondissements qui se succèdent à la pelle et remettent à chaque fois en cause vos suppositions sur l'histoire... ce livre est fait pour vous !

Mais commençons par le début...
1992. Joe Chip travaille pour une société de protection particulière. En effet, certains individus étant télépathes ou ayant la capacité de lire l'avenir (on les appelle les psy), ils peuvent constituer une menace pour les entreprises ou les particuliers. Aussi, lorsque un client contacte cette société, la mission de Joe est de déterminer la nature du danger et de constituer l'équipe d'anti-psy adéquate capable de «nullifier» ces pouvoirs intrusifs.
C'est ce qu'il fait lorsqu'un client demande ses services sur un site lunaire. Mais l'expédition ne se passe pas comme prévu et à leur retour sur Terre, des phénomènes étranges et angoissants se produisent...

Pour Joe, c'est le début d'une course contre la montre pour comprendre ce qui se passe et sauver sa vie...

«Gardez le moral, Joe !»

Pour le lecteur, c'est partager les interrogations, tourments et souffrances de Joe. Oh que oui ! Je félicite l'auteur pour la narration de son récit, il ne nous laisse pas souffler une minute et nous emporte dans un tourbillon de folie avec une angoisse croissante. On ne cesse de spéculer sur les évènements, on bascule d'une réalité à une autre, c'est déroutant et addictif, un vrai ascenseur émotionnel.

Dans ce livre, l'auteur nous confronte à notre perception de la réalité, alors...

«Sortez de votre routine en essayant Ubik ! Sans danger si l'on se conforme au mode d'emploi.»

Lu dans le cadre des challenges :
«2019, l'année Jack Vance - Philip K. Dick»
«Défi de l'imaginaire (SFFF) 2019»
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Vous n'en pouvez de certaines critiques ?
Des critiques qui racontent toute l'histoire ?
Des critiques d'une ligne qui n'en sont pas ?
En aimant cet avis, Ubik, le placera au niveau supérieur afin de masquer tous les autres avis déjà donnés.
Grâce à Ubik plus de spoil !
Conformément au mode d'emploi en vigueur.
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Un petit bijou de science-fiction que ce bouquin. Dick nous plonge dans un monde futuriste (du moins, pour son époque à lui) où certaines gens ont le pouvoir de lire dans les pensées des gens. le personnage principal en fera son gagne-pain… mais à ces dépends. Une descente aux Enfers pour lui. L'action du roman démarre dès les premières lignes, pour ne pas perdre en intensité. L'histoire est pleine de rebondissements. le seul hic, c'est que j'ai trouvé les personnages un peu plats. Je suis tout de même contente d'avoir enfin sorti ce pilier de la SF de ma PAL. Une bonne lecture… à donner froid dans le dos !
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« Runciter déclara : - Cette situation est très complexe, Joe. de simples réponses ne suffisent pas.
- Vous ne connaissez pas les réponses, dit Joe. C'est là le problème. »

J'ai extrait ce bout de dialogue entre les deux personnages principaux du roman pour vous donner d'emblée mon impression sur Ubik : c'est complexe. Brillant, mais complexe ! Et difficile à résumer et à chroniquer…

Dans une société dystopique, des individus disposent de pouvoirs parapsychologiques. Les précognitifs devinent le futur, les télépathes lisent dans les pensées. Ces pouvoirs peuvent se révéler dangereux s'ils sont utilisés à mauvais escient. Ainsi, un criminel dénommé Hollis recrute les plus puissants d'entre eux pour mener des opérations d'espionnage. Des sociétés anti-psis ont été créées dans le but de détecter ces attaques et de les neutraliser. La firme la plus importante est dirigée par Glen Runciter, elle emploie une quarantaine de « neutraliseurs » et un expert en détection nommé Joe Chip. Runciter, Chip et une équipe d'anti-psis partent sur la lune pour une opération grassement rémunérée. Mais très vite, le piège se referme sur eux…

La suite ? Difficile de la raconter sans trop en dire. Oui, je sais, cela ressemble à l'esquive d'un rédacteur empêtré dans les méandres de la SF. Disons que les personnages vont se trouver dans une confusion totale et que l'intrigue consistera pour eux à comprendre ce qui leur arrive, à deviner qui tire les ficelles et s'il est possible d'y remédier.

La confusion est d'abord temporelle. Deux époques, 1939 et 1992 (année du futur pour ce roman publié en 1969), coexistent. Les personnages sont témoins d'un étrange processus : les objets suivent une contre-évolution et prennent leur forme passée, la chaîne Hi-Fi se mue en gramophone par exemple. Cette dégénérescence est parfois positive car la société imaginée par Philipp K. Dick est soumise au marketing et au commerce à outrance, les objets parlent et imposent leurs conditions.

La réalité se trouble et d'ailleurs, la question qui se pose est : "qu'est-ce qui est vrai ?" Joe, le narrateur, est-il en pleine hallucination ? Ses pensées sont-elles guidées par une personne extérieure ? La frontière entre la vie et la mort est elle aussi imprécise. Il faut dire que dans ce futur, il existe un état intermédiaire, il est possible de mettre un proche en « semi-vie » : le corps est conservé par cryogénisation et la conscience reste accessible et peut-être contactée par un vivant.
Cela m'a fait penser à « La vie est un songe » de Pedro Calderon de la Barca : « Qu'est-ce que la vie ? Une illusion, une ombre, une fiction ; et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe et les songes sont des songes. »
La réalité est aussi tangible, la consicence aussi lucide pour un esprit en vie ou en semi-vie. Cela renvoie à une question philosophique éternelle : existe-t-il un monde hors de ma perception ?

J'ai avancé à tâtons dans ce roman en prenant des notes. J'ai conscience que des subtilités m'ont échappé. Si le style de K. Dick est sec, Ubik surprend par la richesse des problématiques traitées et par le champ laissé libre à l'interprétation. Rares sont les romans à vous retourner ainsi l'esprit et qui, une fois terminés, appellent à une relecture.
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Un monde bizarre, qui me laisse avec un étrange sentiment de malaise.

Pendant la lecture, rien à dire : j'ai été happée, je l'ai lu d'une traite, un suspense de dingue, des doutes, des incertitudes...

Mais une fois le livre refermé... Brrr ! Je n'aimerais pas avoir M. Dick pour voisin dans un de ses moratoriums...

Glen Runciter dirige une firme qui assure la protection contre des intrusions psychiques. Il accepte une mission sur le Lune, lui qui s'était pourtant juré de n'y jamais fourrer les pieds, et emmène avec lui ses douze meilleurs agents, dont son meilleur testeur, Joe Chip. Mais une fois sur place, il s'avère que c'est un guet-apens, et qu'une bombe leur explose au visage...

Le héros du livre, c'est le testeur, Joe, personnage attachant bien qu'en prise avec son époque : il n'a jamais un sou vaillant sur lui dans ce monde futuriste où même les portes demandent à être payées pour s'ouvrir.

Ubik, on ne saura jamais vraiment ce que c'est, même si on y trouve quelques utilités plus vitales que les pubs en incipit de chaque chapitre ne nous le laissent penser : café, bière, appareils électriques, médicaments...

Philip K. Dick joue sur les niveaux de réalité et leur perception par ses personnages. Par certains côtés, l'ambiance était parfois proche de celle d'Inception.

Un roman bien écrit, qui se lit d'une traite, et un univers incroyablement dense et riche, mais voilà, je n'aime pas trop qu'on joue comme ça avec mes nerfs, en fait, cette sensation de malaise une fois le livre refermé.
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