Je connais mal la musique classique et je n'ai pas d'exemple à donner où malgré la partition, deux interprétations professionnelles d'une même oeuvre peuvent être de qualité bien différente.
Un chant de Noël a été traduit plusieurs fois. Dès la première page, on peut trouver :
"Le vieux Marley était aussi mort qu'un clou de porte.(1)
Attention, je ne veux pas dire que je sache par moi-même ce qu'il y a de particulièrement mort dans un clou de porte. J'aurais pu, quant à moi, me sentir porté plutôt à considérer un clou de cercueil comme le morceau de fer le plus mort qui soit dans le commerce; mais la sagesse de nos ancêtres éclate dans les similitudes, et mes mains profanes n'iront pas toucher à l'arche sainte; autrement le pays est perdu. Vous me permettrez donc de répéter avec énergie que Marley était aussi mort qu'un clou de porte."
(1):Locution proverbiale en Angleterre.
Mais également dans une autre traduction :
"Donc, le vieux Marley était mort comme un clou de porte.(2)
Attention ! Je ne veux pas dire par là que je sais, par expérience, ce qu'il y a de particulièrement mort dans un clou de porte. Pour ma part, j'aurais été tenté de considérer que l'article de quincaillerie le plus mort qui soit dans le commerce, c'est le clou de cercueil. Mais la sagesse de nos ancêtres réside dans cette comparaison et mes mains profanes n'iront pas la troubler, ou c'en est fait de notre pays. Vous me permettrez donc de répéter, avec insistance, que Marley était mort comme un clou de porte.
(2) : Comparaison très courante (dont l'équivalent français serait "raide mort"), qui est commentée avec humour dans les ligne qui suivent.
La première traduction vient d'une édition du Livre de Poche Jeunesse, la 2ème des Classiques de Poche en Livre de Poche.
Toujours réconfortant de trouver des raisons au fait de ne pas avoir été un bon lecteur enfant, misère puisque je ne le suis tjrs pas adulte.
Car après l'avoir acheté, j'ai commencé à le lire chez moi et me suis arrêté net dès la 1ère page : mais comment un enfant peut-il y comprendre quelque chose ?
"Bien que Dickens ne l'ait jamais conçu pour un jeune public", note d'introduction de
Christine Huguet, cette histoire est néanmoins classée jeunesse.
Soit le texte original était ainsi, soit la traduction était mauvaise, non appropriée.
Après une petite recherche en librairie, c'est la traduction qui m'a paru à défaut. La révision de la traduction, l'intro et les notes de
Christine Huguet sont celles qui m'ont bcp plu, eu ma préférence.
Mais malgré tout, autant une adaptation visuelle me parait correspondre à un jeune public, c'est bien leur vecteur privilégié. Autant, sauf erreur, des parties de ce texte leur seront difficiles.
J'avais aimé les explications sans compromis, lues je ne sais où, de
Françoise Giroud concernant l'écriture et "l'accroche d'un texte".
Quelle idée, quelle liberté traverse Dickens pour digresser dès le début sur quelque chose d'aussi insignifiant. Mais n'est ce pas ce que l'on retrouve tout au long du roman ?
Babélio a-t-il une liste des meilleures premières pages de romans ? Ca ne dit pas tout bien sûr et pourtant. Comme en musique (pop, rock, jazz et non ici classique), ces premières notes n'en disent-elles pas long ?
J'ai ce souvenir pregnant de l'entame excellente de Matilda de
Roald Dalh lu à ma fille lorsqu'à l'école élémentaire. Et d'un régal, moi à lire et elle à écouter ce roman jusqu'à la dernière page.
Très bonne lecture que ce chant de Noël.