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sur 1294 notes
Je ne connaissais pas Diderot. Je croyais qu'il avait fait une encyclopédie et que vu le travail que ça avait du demander qu'il n'avait sans doute rien pu écrire d'autre. ^__-

Que cela fait du bien de lire un écrivain de talent. Et je n'ai moi même pas assez de talent pour exprimer le bonheur que j'éprouve à lire chaque ligne d'un tel auteur. Hormis l'histoire ce sont chaque phrase que l'on lit comme on dégusterait lentement un bon cocktail ou le plus savoureux des mets, tellement les mots sont bien choisis pour nous communiquer toute l'émotion,la justesse des pensées, des sentiments, relater les faits ou encore nous décrire les lieux, les ambiances et bien sur les personnages. Une richesse qui plus est n'est pas pompeuse...

Le plaisir de lire c'est bien cela !

Il y a des auteurs qui partent pourtant d'une bonne idée et qui, parce qu'ils ne maitrisent pas tout l'art d'écrire et la magie du vocabulaire, réalise un ouvrage médiocre et il y a ceux qui grâce à un talent divin (?) sont capables de tout raconter. Quand bien même l'histoire serait des plus simples, il resterait le plaisir de la langue... le talent.

Et pour ne rien gâcher l'histoire de cette petite religieuse cloitrée de force qui va subir de ses paires les pires humiliations et sévices est juste passionnante, un rien de sulfureuse, scandaleuse, saisissante, poignante. le gout amer que nous laisse ce roman est celui des hommes qui depuis toujours abiment, salissent, déforment, l'unique message de paix et d'amour de dieu (s'il existe ;). La dépravation et la férocité de l'église face à la pureté véritable de l'âme et du coeur de cette petite Suzanne.

Mon seul bémol est que j'aurais voulu savoir ce qu'allait devenir Suzanne ou Marie. Je suis presque inquiète pour elle lol


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La religieuse est l'histoire de Suzanne Simonin, forcée de rentrer dans un couvent par ses parents. le texte est particulier, c'est une lettre qu'elle écrit au marquis de Croismare auprès duquel elle implore de l'aide. Dans ce courrier, elle témoigne, explique sa vie, la manière dont on l'a forcée à entrer dans les ordres, la raison de cet enfermement et sa bataille pour en sortir allant jusqu'au procès.
Elle décrit un monde clos où règne harcèlements, punitions et tortures. Lors de son transfert dans le troisième couvent, elle vit dans l'incompréhension de l'amour de sa mère supérieure, un amour interdit, qu'elle ne comprend pas par naïveté et incompétence des plaisirs de la vie.
Petit à petit, elle relate ses moments d'horreur à ceux du vice, sa vie n'est que perdition.

Denis Diderot avec ce texte, publié à titre posthume, dénonce l'aliénation que provoque l'enferment dans la religion d'un individu contre son gré. Il fait le portrait d'une institution perverse et inadaptée. Un écrit superbe sur une vie gâchée, un procès à la contrainte et aux souffrances que provoque l'impossibilité de choisir librement son chemin de vie.

Surprise par le propos, je m'attendais à une histoire un peu ennuyeuse de la vie d'un couvent au 18e. Un texte riche que je pris plaisir à lire.
Lien : http://metaphorebookaddict.w..
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Hésitant entre témoignage et fiction, cet ouvrage violemment anticlérical nous plonge au coeur des turpitudes qui règnent dans les couvents du XVIIIe siècle. Brimades, privations, sévices divers, violences physiques et mentales... Rien n'est épargné à la pauvre Suzanne, jeune femme innocente et naïve, dont la seule faute est d'avoir osé s'élever contre un noviciat qui lui était imposé par des parents cruels.

Loin de la narration fantasque qui faisait le charme et le génie de Jacques le Fataliste, Diderot choisit ici un autre registre, plus sombre, plus désabusé, mais tout aussi corrosif et efficace, faisant de ce roman une critique acerbe des dérives de l'Église, de ses silences et de ses scandales.

Et précisément, c'est un scandale que provoqua la parution de ce livre, sans doute moins pour les réflexions philosophiques de l'auteur concernant la liberté, qu'en raison des nombreuses attaques portées contre les communautés religieuses, où règnent l'ambition, la jalousie, la cruauté, la dépravation et l'hypocrisie. Sans parler de la deuxième partie du roman, où la pauvre Suzanne tombe sous la coupe d'une mère supérieure aux penchants inavouables, et qui a instauré dans son couvent un climat de doux libertinage avec favorites, disgraciées et extases quotidiennes.

Avec un ton volontairement sulfureux et le choix d'une héroïne particulièrement pure et innocente, qui ne voit pas le mal même lorsqu'il est juste sous ses yeux, les infortunes de Suzanne annoncent celles que connaîtra Justine environ dix ans plus tard, sous la plume d'un certain marquis, lui aussi très virulent dans ses attaques contre la religion et l'Église...

(la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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Ecrit en 1760 et terminé 20 ans plus tard, ce roman anticlérical féroce, est à l'image de l'athéisme dont a fait preuve toute sa vie Denis Diderot. Rédigée sous la forme de mémoires à la première personne, La Religieuse est en fait un subterfuge destiné à faire revenir à Paris le marquis de Croismare. Ce n'est qu'une plaisanterie mais cela permet à Diderot d'égratigner et faire le procès des institutions religieuses. Ce livre traine derrière lui depuis sa parution il y a plus de deux siècles une réputation sulfureuse que je ne comprends pas. Anticlérical, il sert bien évidemment la cause de l'athéisme mais il prône surtout la liberté individuelle, en particulier pour les femmes. Diderot n'était pas un féministe à proprement parler mais il aimait les femmes indépendantes et instruites comme Madame d'Epinay qui tenait salon et était l'auteur de mémoires très intéressants sur la vie littéraire de cette époque ou Sophie Volland (par ailleurs sa maitresse attitrée) qui était une grande épistolière. Mais je digresse encore, ce billet va durer des heures si ça continue, revenons à notre religieuse.
Suzanne Simonie prend la plume pour narrer au bon marquis de Croismare ses nombreuses mésaventures afin qu'il lui vienne en aide. Née d'une liaison adultère de sa mère, ses parents décident de condamner leur fille au couvent et exigent qu'elle devienne novice. Condamnation, le mot est peut être un peu fort, mais c'est pourtant le cas : spoliée de sa dot, elle séjourne dans trois couvents successifs, contre sa volonté, car la jeune fille ne veut pas prendre le voile, elle va le scander tout au long du récit et demandera même l'arbitrage de la loi pour rompre ses voeux, en vain. La première supérieure est cupide, la deuxième est ascétique, la troisième est débauchée. Elle est tour à tour choyée ou honnie tout au long du roman. La littérature érotique des 1è et 18è siècle est d'ailleurs emplie de religieuses et de moines particulièrement licencieux, faisant courir le bruit que les couvents et les ordres religieux abritent de fameux pornographes.
L'enfermement forcé au couvent peut nous apparaître totalement exagéré au 21è, il n'en était rien sous l'Ancien Régime. Les cadets, filles et garçons, de famille noble étaient promis aux ordres, puisque seuls les ainés comptaient pour la continuité du nom et du titre et pour les alliances maritales, les autres étaient sacrifiés ni plus ni moins.
Lien : http://deslivresdeslivres.wo..
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Un livre sous forme de témoignage

La force de ce livre, c'est que nous lisons le récit de Suzanne Simonin sous forme de lettre à un Comte. Ce n'est pas une romance, ce n'est pas une vie gaie. C'est la vie d'une jeune femme élégante, intelligente, qui se demande pourquoi ses parents préfèrent ses soeurs ainées. C'est l'histoire d'une jeune femme qui va littéralement payer les fautes de sa mère. Et on ne peut s'empêcher de se demander tout le long du livre s'il s'agit d'un vrai témoignage ou d'un récit tourné pour critiquer l'institution de l'Eglise. Devant la beauté du texte mais aussi devant ces poignantes descriptions, on se surprend à avoir envie qu'une telle personne aussi noble ait existé. Mais devant la méchanceté dont les gens et les institutions font preuve, on préfèrerait que cela ne soit qu'un argument de l'auteur.

Vérité ou fiction, je vous laisse vous en faire votre propre conviction, votre propre opinion. Mais cela fait une quinzaine d'années que ce livre me bouleverse. Vous avez là un bel exemple de destinée imposée, de l'exemple de la vie des femmes de l'époque. En effet, Suzanne, ici, n'a pas le choix et doit aller au cloître sous la pression de la famille. Et pourtant, elle montre par elle-même qu'elle ne peut y vivre, car elle s'en rend malade littéralement. Mais sa famille l'obligera tout de même à prendre le voile. Et l'Eglise elle-même sera complice alors qu'elle sait très bien que Suzanne n'a pas la vocation.



Une vie tragique pour critiquer les institutions de l'Eglise

La vie de Suzanne est tragique car elle est profondément pieuse. Et elle se remet sans cesse à Dieu pour sauver sa vie et ses choix. Mais au delà de Dieu, il y a l'Eglise. On voit la vie dans différents cloîtres à travers Suzanne. On se rend compte que les prêtres et les soeurs ne sont pas si pieux que cela. Nous avons la description exacte de membres de l'Eglise qui vont emprisonner Suzanne jusqu'à ce qu'elle accepte de prendre le voile, sous la pression seule de la famille. La vie monacale de Suzanne est sous le signe d'un pur mensonge mais les perversions de l'Eglise vont bien au delà.

Tout au long du roman, nous voyons Denis Diderot citer les écrits de l'Eglise pour les mettre en contradiction avec ses actes. Et c'est ce qui fait toute la force de ce livre. Nous voyons Suzanne prise littéralement de Passion en priant Dieu. Et c'est toute la contradiction de cet écrit. Nous avons l'image de Suzanne qui incarne la Foi et l'innocence face aux défauts des institutions car sa prise de position face à l'Eglise va la rendre non seulement illégitime de par sa naissance mais aussi hors la loi au devant de la justice des hommes.


La religieuse de Diderot, un roman toujours aussi actuel.

On pourrait penser que ce roman engagé ait pris de l'âge mais il n'en est rien. Quand on regarde les institutions de l'Eglise, on se rend compte que rien n'a vraiment changé ces dernières années. Elles continuent à nous dicter des lois interprétées des écrits de la Bible, mais données par des dirigeants. Diderot nous conseille de suivre notre coeur de chrétien, de vivre la Foi selon des principes de vie, mais non en fonction des lois des institutions qui nous enferme et nous peuvent nous empêcher de vivre pleinement nos croyances.

Quand nous regardons les actualités, avec le débat du mariage des prêtes, du mariage des homosexuels, du port du préservatif, des écrits cachés du Vatican, rappelez vous que ces modes de fonctionnement sont décriés dans la Religieuse de Diderot. Ce livre n'apporte aucune réponse mais sert à mettre en lumière ce que nous cachons chaque jour. La Foi, que vous l'ayez ou non, et sous quelque confession qu'elle soit, n'est pas affaire d'hommes mais affaire de divinités, de coeurs. Et ceux qui nous dirigent dans la Foi devraient se soucier de leur spiritualité plutôt que de pouvoir.

Et par cette écriture simple et touchante à la fois que ce roman me pince le coeur à chaque fois que je le lis.
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Dans ce texte superbe de force et d'émotion, Denis Diderot fait le procès des institutions religieuses contraignantes et prône la liberté de choisir son chemin de vie.
Alors que la véritable religion devrait mener les êtres, qui s'y engagent de leur propre volonté, vers un état de sérénité intérieure, celle que dénonce Diderot les emmure dans un enfer terrestre où se perdra leur âme.
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J'avais lu ce roman au lycée et il m'avait laissé une forte impression. Cette relecture fut pour moi l'occasion de me frotter à nouveau à la langue ordonnée et démonstratrice du Philosophe. Beaucoup de narration franche et directe, parfois même des résumés. Pourtant, avec peu d'effets déployés, Diderot raconte des horreurs et la presque froideur du ton les rends plus horribles encore. On verra une jeune fille trainée dans les corridors à moitié consciente, marcher sur des éclats de verre répandus devant sa porte à dessein, privée de chaussures, de drap, réduite à manger du pain gâté avec du charbon, et en dernier recours, privée de sa Bible et interdite d'office. La scène de l'exorcisme est absolument poignante, et l'on voit à quel point Diderot a en horreur la vie monastique subie, épinglant au passage le fanatisme entraîné par une réclusion soumise à une autorité religieuse.
Mais lorsqu'elle parvient, grâce à l'intervention d'un avocat outré par de tels agissements, à changer de couvent, ce n'est que pour tomber de Charybde en Scylla: la nouvelle mère supérieure se montre tendre, attentionné. Bien trop, d'ailleurs. Mais la jeune, l'innocente Suzanne, n'y voit aucun mal, ne comprend pas ces caresses pressantes et ces baisers, même si le lecteur comprend qu'il y a là non seulement ce qui à l'époque relève de la perversion, mais surtout que la supérieure se sert de son autorité quasi totale sur Suzanne pour assouvir ses envies. Cette seconde partie m'en a semblé presque pire que la première puisque Suzanne ne se rend pas compte de ce à quoi elle est livrée. La critique du monde reclus est sévère, creuset de toutes les dérives et de tous les délires.
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J'avais envie de lire quelque chose de « classique » et je m'étais récemment procuré ce livre. J'avoue que je m'attendais à une histoire ennuyeuse et un style plutôt lourd, mais j'ai été très surprise.



L'histoire est un moyen pour l'auteur de critiquer la religion, il ne faut donc pas s'attendre à ce que la vie de Suzanne soit très gaie. Et effectivement, cette fille va en voir de toutes les couleurs à cause de ses supérieures (et donc des soeurs qui suivent celle ci). Je ne détaillerai pas toutes les épreuves qu'elle traverse du fait qu'elle n'a pas la vocation et veut quitter son état, mais sachez qu'elle en subit beaucoup et qu'elle se montre plutôt courageuse. J'ai beaucoup aimé ce personnage, c'est une jeune fille innocente, courageuse et qui, même si elle ne veut pas être religieuse, se comporte de façon irréprochable (elle assiste aux messes, prie, etc.) Sa seule « rébellion », c'est de vouloir être libre. Cette jeune femme m'a beaucoup touchée même si en refermant le livre, je l'ai trouvée un peu trop bien pour être crédible mais ça renforce les défauts des autres et ça la rend attachante.



Les autres personnages sont peu marquants, ce sont plutôt leurs actes qui restent en mémoire. Je ne sais pas quelle est la part de vérité dans les événements décrits mais connaissant un peu l'histoire de différentes religions, plus rien ne m'étonne dans ce domaine. J'ai beaucoup aimé suivre une partie de l'histoire de cette religieuse malgré-elle et j'ai vraiment été surprise de m'y intéresser autant.



Le style est assez difficile mais c'est l'époque de l'auteur qui veut ça, on ne pouvait pas demander à Diderot d'écrire dans un style plus fluide pour les années 2000 ^^ J'ai donc eu beaucoup de mal avec certaines phrases et j'ai dû les relire plusieurs fois avant de comprendre. La lecture a donc été longue mais très agréable.
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Je l'ai aimée cette religieuse rebelle.........
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Une histoire forte et cruelle pour dénoncer quel poids peuvent avoir les traditions, les non-dits. J'ai aimé alors que je n'aurais jamais imaginé lire un jour du Diderot.
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