Ce tome "House of Hush" contient les épisodes 12 à 14 et 16 à 21 de la série "Streets of Gotham". Il fait suite à Leviathan.
Épisodes 12 à 14 - À Gotham, le taux de criminalité élevé a permis le développement de petits boulots inhabituels. Par exemple, Jenna Duffy s'est spécialisée dans l'aménagement de repaire secret pour les supercriminels. Justement le Courtier (Broker) a un contrat bien juteux à lui proposer : le réalisateur (Director) souhaite transformer un théâtre désaffecté en un piège mortel pour Batman.
Épisodes 16 à 21 - Judson Pierce sort de la prison Blackgate, après 37 années d'emprisonnement. Il est attendu à la sortie par Anthony Marchetti, le neveu de Sallie Guzzo, et Zzz, le gros balaise somnambule. Pendant ce temps, Thomas Elliot (dont la chirurgie esthétique a transformé le visage en un sosie de celui de Bruce Wayne) continue de jouer le rôle de ce dernier sous l'oeil vigilant de plusieurs membres des Outsiders et de la JLA qui se relaient à ses cotés pour s'assurer qu'il ne profite pas de son usurpation d'identité pour faire des dégâts. Or, par une convergence de coïncidences dont les comics ont le secret, beaucoup d'individus ayant des attaches avec la famille Wayne et la famille Elliot se recroisent dans des circonstances complexes, avec des intérêts divergents qui présentent cependant un point commun : éliminer Bruce Wayne.
Attention, avant de vous lancer dans cette histoire, il faut déjà avoir lu Hush pour bien comprendre qui est Thomas Elliot. Ensuite, il faut avoir lu Heart of Hush et Hush Money, également écrit par
Paul Dini, pour comprendre comment Elliot en est arrivé à se substituer à Bruce Wayne. Et puis, il vaut mieux jeter un coup d'oeil du coté des Gotham City Sirens (également de
Paul Dini) pour savoir à quoi joue Catwoman. Enfin, il faut avoir une petite idée de ce qui est arrivé à Bruce Wayne au cours de
R.I.P. et Batman Reborn. À partir de là, le lecteur sera surpris de constater que finalement cette histoire concerne peu Batman, et beaucoup plus Bruce Wayne et ses parents, leurs liens avec la famille Elliot, le docteur Leslie Thompkins, et quelques éléments de la pègre avant que les monstres (les supercriminels) ne s'installent à Gotham. le récit est partagé entre ces retours dans le passé et les magouilles de Thomas Elliot pour manipuler plusieurs criminels et supercriminels afin de faire avancer sa vengeance contre Bruce Wayne.
En fait
Paul Dini refait le coup de "Heart of Hush" en exhumant des relations jusqu'alors ignorées entre les générations précédant celles de Bruce Wayne et Thomas Elliot. Et il entremêle ces découvertes avec le parcours de Hush, se frottant à des ennemis de Batman, de troisième ou quatrième ordre. Il est d'ailleurs surprenant de constater que ces derniers sont d'autant plus intrigants qu'ils sont peu développés.
Jane Doe (une femme sans épiderme, ne me demandez pas comment c'est possible) accomplit des actions répugnantes. Bedbug (à peine esquissé) évoque la phobie des insectes et une forme de possession inquiétante. Doctor Death (Karl Hellfern, Detective Comics 29, juillet 1939) est le prototype des savants fous ayant mis leur intellect au service du mal.
Paul Dini maîtrise ce genre de personnages comme peu de scénaristes et leur porte une affection qui transparaît au travers de leur mise en scène. Seulement le fond du récit réside dans les liens entre Thomas Wayne, Martha Kane (future épouse de Thomas), et les parents de Thomas Elliot. Et le lecteur sait d'avance qu'à peine il aura finit de lire ce récit, que ces relations seront oubliées par tous les futurs scénaristes de Batman.
Paul Dini s'intéresse beaucoup plus à cette partie du récit, qu'à la vengeance de Hush qui promène le lecteur de situation en situation, sans grande conviction, sans arriver à convaincre le lecteur d'une éventuelle chance de réussite.
Dustin Nguyen illustre l'intégralité des épisodes. Il réalise de magnifiques couvertures avec un sens de la composition et de la dramatisation formidable. Il y insère des éléments non figuratifs qui renforcent les sensations du lecteur. Pour le contenu des épisodes, Nguyen mélange 2 influences. Dun coté, son rendu des visages évoque régulièrement l'épuration stylistique des visages de dessins animés : de rares traits les plus expressifs possibles, sans tomber dans l'exagération avec un sens de la nuance assez difficile à réussir. À part pour les façades qui peuvent être plus sophistiquées, il utilise la même approche graphique pour les décors. Ce style rend les personnages éminemment sympathiques, sans les transformer en faire-valoir comiques. Mais le lecteur a souvent l'impression que l'illustrateur s'adresse à un public jeune. Et l'autre moitié du temps, Nguyen utilise une approche très travaillée de l'encrage qui fait penser au travail de
Kevin Nowlan : une approche esthétisante intellectualisée des ombres qui deviennent expressives. Pour le coup, dans ces cases, Nguyen s'adresse à des adultes ayant acquis un goût pour ce type de rendus.
À nouveau,
Paul Dini prouve son amour pour les personnages dans un récit mal équilibré qui à vouloir honorer le passé et faire avancer le présent propose un mariage de la carpe et du lapin pour 2 époques qui tirent le récit dans des sens opposés, plutôt que de se répondre. Les illustrations sont déchirées un autre type de dichotomie : entre les influences du dessin animé Batman (avec le même sens de l'épure), et un style plus noir, parfois tenté par l'abstraction d'aplats géométriques.