Le titre annonce déjà la couleur .
D'ailleurs ça ressemblerait presque à un traité de sociologie si
Sophie Divry n'avait pas pris la peine de nous planter une Emma Bovary des temps modernes .
Comme quoi , finalement rien n'a bien changé : l'insatisfaction permanente de la gente féminine !
Ah bon ? Faut-il s'arrêter à cela en lisant les jérémiades de MA (oui , excusez du peu , c'est son coup de génie à Miss Divry , entendez "Emma" bien sûr . Sous entendu que tout le monde connait ses classiques ) ?
Ou alors entendre la plume qui grince furieusement , enfin le clavier maintenant balançant des phrases sêches , courtes , teintée d'humour noir penchant plus volontiers vers le vitriol .
En quelques 300 pages "emballé c'est pesé ',
Sophie Divry nous raconte la vie de cette MA , de son enfance jusqu'à son dernier souffle .
Alors pour les grandes âmes romantiques qui ont percuté "
Flaubert" à l'évocation d'Emma , passez votre chemin : C'est une narration très factuel , sans sentimentalisme et recherche d'analyse psychologique . Agrémenté de quelques petits dialogues caricaturés assez jubilatoires où chacun s'y reconnaitra hélas dans le trivial de sa vie .
Et elle excelle dans l'art de forcer le trait , d'appuyer sur le pathétique de nos miséreuses vies de peu : grandir , s'affranchir de l'autorité parentale et donnant à nos parents le droit d'être fier de leur progéniture avec un bac plus quelque chose , tomber amoureux et se reproduire ....une fois , deux fois , trois fois ....il faut bien passer le temps , combler le vide . Alors les couches à changer , les biberons , et les crises d'ados , ça occupe . Vient un moment d'essoufflement quand même et de flottement . Et comme la nature à horreur du vide , voilà notre MA qui s'offre la grande parenthèse de sa vie , une grande (ou sordide) histoire d'amour (ou de c..) avec le DRH de l'entreprise où elle bosse . Mais on sait bien que "les histoires d'amour finissent mal en général " si vous connaissez vos classiques musicaux des années 80 , alors quand il s'agit d'une banal histoire de c.... , c'est tué dans l'oeuf .N'en déplaise à ceux qui souhaiteraient voir notre MA rebondir dans une autre aventure sulfureuse ou dans le repentir de la mère de famille juste victime de la crise de la quarantaine , c'est dans le développement personnel et les associations caritatives ( Ben voyons , allons y jusqu'au bout dans la caricature et puis faut bien "donner du sens ", c'est tendance ! ) que notre héroine des temps modernes tentera un dernier sursaut pour pimenter sa petite vie dans sa petite maison de petit quartier de petite ville de petite province . La suite ? je vous laisse deviner . Regardez autour de vous . Bingo vous avez gagné
Et si on reprenait la même histoire et on l'écrivait avec un autre regard ? Je vous laisse imaginer et j'ose espérer deviner un sourire sur vos lèvres et des yeux remplis de plénitude . Mais cette histoire là n'intéresse pas
Sophie Divry .
Bon , je ressors plombée
Pas convaincue par la facilité de l'exercice de
Sophie Divry . Même si , comme diraient certains , "tout n'est pas à jeter". clown
Car
Sophie Divry se vautre dans le désenchantement avec un appétit féroce, et c'est ce qui lui confère un certain talent .
Préparez la tablette de chocolat , les anxiolitiques quand même si d'aventure vous vouliez en savoir plus .